Avant -
Miskas était en train de regarder Rosalia sortir de la pièce avec empressement. Il pouvait voir Alaric attraper Arabella et la soutenir. Miskas savait ce qu’il se passait dans les relations de la meute. Il suivait Rosalia. Il pouvait sentir ses larmes et sa tristesse. Il pouvait aussi sentir sa rage et sa colère. Il la suivit, attrapa la jeune femme pour la calmer. Elle pleurait. Cela lui faisait du mal. Arabella était … Elle sentait le sexe. Elle sentait Alaric. Mais elle sentait aussi la violence dans le sexe qu’elle faisait. Il la prit dans ses bras et essaya de la calmer, et cela malgré le fait qu’elle le griffa, lui arrachant de la peau contre son dos dénudé. Il finit par attendre qu’elle se calme et s’endort pour la rendre à son chauffeur qui l’avait amené. Il mentit, à moitié, à disant qu’Alaric l’avait fait pleurer après l’avoir utilisé. Miskas croisa son alpha plus tard. Alaric savait. Miskas avait fait cela parce qu’il comprenait Rosalia. Lui aussi, il avait un père appartenant à une autre meute puissante et voulant le manipuler.

La différence était que Miskas avait coupé tous les ponts avec son ancienne meute, refusant d’être un homme qui possède un harem d’esclave sexuel. Il avait plus de trente frères et sœurs. Et chaque sœur serait offerte en mariage comme Rosalia, éduqué certainement pour plaire à des hommes. Heureusement, la virginité pour son père était importante, sinon il aurait craint pour elles. Ses frères, eux, allaient devenir des hommes au besoin insatiable et à la libido discutable. Miskas avait commencé à couché avec des femmes à l’âge de treize ans. Apprenant à prendre son plaisir de ses esclaves.

Il ne voulait pas penser de ce qu’il avait dû faire. Plus jamais. Et pourtant il brûlait de désir pour Rosalia depuis toujours. Depuis la première fois. Quand il avait vu Alaric l’humilier, la prendre par derrière et la baiser sans douceur. Quand il l’avait vu aimé ça. Rosalia avait aimé se faire prendre par Alaric. Mais Miskas savait que ce n’était pas réellement ça. Elle pensait avoir aimé ça, parce qu’on l’avait éduqué pour qu’elle aime ce qu’Alaric lui faisait … Et … Miskas le sentait. Il voulait tellement d’elle. Il tremblait de désir pour elle. Et il se détestait de sentir du désir sur une femme qui était si détruire, même mentalement. Il ne croyait pas aux âmes sœurs, mais il ne croyait pas plus au coup de foudre … et il avait eu le coup de foudre pour Rosalia.

Présent –
La nouvelle était tombée, étonnant peu de personne intérieur au manoir, choquant le monde entier pour le reste. Alaric avait choisi sa Luna. Indiscutablement, la Luna était consentante et désireuse d’être la femme de ce chien fou. Une fête en l’honneur du couple se fit. Melvin avait tout préparé, la meute était là, au complet, et tout le monde observait Alaric, le chien fou. Il n’était pas fou. Miskas le savait. Alaric fallait ce qu’il fallait faire. Alors qu’il était en train d’observer son alpha, qui ne sentait plus le sexe comme avant mais quelque chose de plus doux, plus tendre, pour sa luna, il restait à son poste d’observation alors que deux représentants d’autres meutes se mirent sous lui.

- Tu as entendu pour Rosalia ?
- Ouais, tout le monde pensait qu’elle allait devenir la Luna d’Alaric. Il parait que son père l’a très mal pris.
- Très mal pris, rigola le premier, il a vendu sa fille au tsar Malcom Ragdom. Elle va finir dans le harem de l’alpha. Baisé par les fils du Tsar et lui-même. Cela ne la changera pas.

Le Tsar Malcom Ragdom n’avait rien de l’ethnie que son statut indique. Il était un blond à la couleur de peau blanche. Miskas lui ressemblait. Miskas savait ce qui arriver aux femmes qui étaient vendus à son père. Elles étaient détruites, plus encore que maintenant. Son père écrasait leur émotions, il n’hésitait pas à les faire devenir de véritable esclaves, les soumettant. Il releva la tête vers les invités. Il trouva Rosalia au loin. Une arme à la main. Il se déplaça rapidement, arrivant juste avant qu’elle ne sorte du labyrinthe pour la plaquer contre les buissons. Il fit tomber son arme et la tient contre lui.

- Rosalia, qu’est-ce que tu essaies de faire ? lui demanda-t-il.

Mais il savait. Il savait qu’elle était là pour essayer d’avoir Alaric encore un peu… Parce que si elle n’avait pas Alaric, elle appartiendrait bientôt à Malcom Ragdom … et personne ne voulait appartenir à ce type. Plus jamais. Il posa sur elle un regard plein de tristesse alors qu’il mit sa main contre sa joue.

- Je suis désolé.

Et il l’était. Il était vraiment désolé. Il ne pouvait pas la sauver de son père …il ne pourrait jamais … Comment pourrait-il la sauver de son père ? Mais il ne pouvait pas non plus la laisser partir. Son père ne tuait pas ses femmes, il faisait bien pire. Il caressait la joue de la jeune femme en cherchant une solution, mais il ne voyait rien.

musique d'ambiance:

Le bruit de verre brisé résonna dans toute la pièce. Au sol, une photo de deux enfants riant dans un cadre éclaté. Sur ma joue, la marque rougeâtre de la gifle donnée par mon père quelques instants plus tôt. Depuis l'instant où il avait choisi Arabella plutôt que moi dans cette chambre, toute ma vie avait éclaté en mille morceaux. Plus rien ne pouvait me sauver. Même Zelda, son amnésie l'avait complétement changée et Melvin ne me laissait plus l'approcher. J'étais seule, complétement isolée. Plus personne et plus de plans. J'avais tout perdu, promise à un Alpha qui ne me traiterait que comme un morceau de viande juste là pour son plaisir. D'aucun me dirait que je connaissais déjà ça avec Alaric et ce n'était pas faux. Il pensait jamais à moi. Je me finissais seule, en rentrant. Parce que seule moi, pensais à moi. Comme toujours.
Ça ne se passera pas comme ça. Je n'irai pas à ce pseudo Tsar et ses fils. Oh non. Je l'aurais ma fin avec Alaric. Peu importe comment et peu importe les conséquences. Écrasant la photo de moi et Alaric enfant, je saisis la dague en argent qui trônait au-dessus de la cheminée de mon appartement. De base, c'était juste de la décoration. Ce soir, ça sera une arme. Ce soir, la Luna va tomber. Je ne serai pas une fille de Harem.
La fête battait son plein, Melvin et Zelda avait vraiment pas chômer. Je souris, de façon carnassière. Cette fête allait devenir mienne. Sous la lumière de la lune, ma lame se refléta. Adieu, pétasse d'Arabella. Ce soir, je reprends tout ce que tu m'as pris.
Mais, perdue dans mes idéaux de vengeance, je ne le vis pas arrivé. Cet homme qui était le seul à m'avoir vu pleurer. Celui qui m'avait récupéré le jour où j'avais tout perdu.
"Miskas..." murmurais-je le souffle court.
J'avais oublié qu'il pourrait être présent. Les souvenirs de ce jour-là m'assaillirent. Dans ces bras, en train de m'endormir après avoir passé ma rage sur son dos du bout de mes ongles manucurés.
Et, sans trop comprendre comment je me retrouvai contre son torse, ma lame dans sa main. Je ne pouvais nier c'était agréable. Mais fini d'être le bout de chair de tout le monde !
" Lâche-moi Miskas, tu sais très bien ce que je fais là ! C'est ma vie qu'elle a prise ! Je veux récupérer ma vie !" fulminais-je en restant néanmoins discrète, plantant mes ongles dans son bras.
Il posa sa main sur ma joue en expliquant qu'il était désolé. Je me figeai, relâchant la pression sur son bras. Il savait. Il savait la menace qui pesait sur moi.
"Pitié Miskas... J'ai peur. Je veux juste avoir ce que je mérite."
Je lâchai doucement son bras, les larmes aux bords des yeux et la voix tremblante, mais je refusai de pleurer.  

Miskas la regardait. La jeune femme... il pouvait lire sa souffrance dans ses yeux. Il savait ce que beaucoup ignorer. Miskas et Melvin étaient des rares à savoir TOUT de la vie d'Alaric. Surtout ses faiblesses. Alaric avait commencé à faire du mal à la jeune femme, sexuellement, pour qu'elle le quitte, qu'elle parte. Il l'utilisait pour se faire du bien parce qu'elle "aimait" ça mais il l'avait fait au départ pour la virer. Les deux seconds d'Alaric savaient qu'il la considérait comme une amie. Une amitié étrange, bien sûr.

Il fit un sourire rassurant donc. Il essayait de lui faire comprendre qu'il était là, encore. Alaric lui avait expliqué qu'il ne pouvait pas s'attacher à elle. Plus. Jamais. Pas après les prêtresses. Il avait commencé à faire du mal à Rosalia après ça. Alaric ne pouvait pas la garder proche de lui. Sauf si elle quitte sa meute, mais ce n'était pas possible.

- Ce n'est pas ta vie, Rosalia. Alaric ne t'a jamais aimé comme ça.

Tout le monde le savait. Tout le monde en avait conscience. Parfois, ils faisaient des choses de couples mais Alaric était un connard. Il le montrait comme il pouvait. Il le montrait et l'avait fait. Il avait abandonné son amitié avec la brune pour protéger sa meute.

- Tu mérites ta vie ... Tu ... Alaric ne voudra jamais de toi, surtout si tu tues sa Luna. Il a choisi, fit-il avec un voix sec et sans appel.

Courir après Alaric serait courir après le vent. Alaric ne voudrait jamais d'elle comme ça. Tout le monde le savait. C'était un fait. Il voyait la peur dans ses yeux. Il continua à caresser sa joue. Il sait qu'elle allait être donner au tsar. A son père, bordel. Et il avait vu ce que son père faisait aux femmes qui n'était pas ses filles. Et il avait vue comment il acceptait que l'on éduque ses filles. Miskas savait ça, et même si Alaric avait été violent avec Rosalia ... rien n'était comparable à ce que le tsar fera. Parce qu'Alaric faisait ce qu'il pouvait pour passer pour un connard et l'éloigner de lui. Le Tsar était un connard qui la voudra soumise et esclave. L'idée de Rosalia trainait avec une laisse et exposer dans son harem le dégouté. Il refusait. Il observa la jeune femme avant d'avoir une idée. Doucement, il mit un genoux à Terre.

- Rosalia Springle, je ne suis pas Alaric. Je ne le serais jamais. Mais je te serais fidèle, te chérirais et t'aimerais, dans le bonheur ou la maladie. Jusqu'à ce que la mort nous sépare, alors épouse-moi.

Il se releva et posa à peine ses lèvres sur la joue de la jeune femme avant de détourner les yeux en rougissant très clairement dans les lumières tamisés du labyrinthe.

- Sois ma femme, tu n'iras pas là-bas, si tu es déjà uni. Et je te rendrais heureuse.

Sans sexe. Il n'avait plus toucher une femme depuis ... Depuis qu'il était parti du palais du tsar et il n'avait aucune envie de le faire à nouveau. Sauf quand il regardait Rosalia. Mais ... non. Il se figea. Lui, il ne la laissera pas insatisfaite et ça lui donne envie autant que ça l'effraie.

 

musique d'ambiance:

Toujours contre son torse, il continuait de me caresser la joue et les larmes coulèrent cette fois, car les mots qu'il employa étaient aussi durs que la vérité qu'ils reflétaient. Alaric avait choisit sa Luna. Et ce n'était pas moi. Quand est-ce que tout avait dérapé de la sorte ? Nous partagions tout plus jeune, et même adolescent, nous avons découvert les joies du sexe ensemble et il me traitait bien. J'avais vraiment l'impression d'être précieuse à ses yeux.
Et puis il y avait eu les prêtresses.
Il était devenu un connard depuis ce jour-là.
Mes larmes continuaient de couler. Parallèlement, plus Alaric était devenu un connard, plus Miskas était devenu présent dans ma vie, au point que son odeur était devenu naturelle.
" J'ai réellement tout perdu cette fois, hein ?" fis-je la voix tremblante.
Il avait raison, tuer sa Luna ne changera rien. Je ne prendrai jamais sa place. Jamais. Un cri de rage et de désespoir resta bloqué dans ma gorge. Je me laissai aller contre ce garde si familier. Qu'allais-je faire maintenant ? Je ne pouvais rentrer chez moi. Le destin que me réservait mon père désormais était plus que lugubre. Si je ne pouvais pas lui servir politiquement, je lui servirais économiquement, n'est-ce pas ? Le Tsar était généreux envers ceux qui abandonnait leurs filles. Un haut le cœur me saisit en pensant à ce qui m'attendait si la vente, prévue demain, s'effectuait.
"Qu'est-ce que je vais faire ?" demandais-je alors, toujours prise de nausée.
Le sentant bouger je me retournai et ce qui se passa ensuite me sidéra: à genoux, il me demandait de l'épouser. Étais-je précieuse pour quelqu'un finalement ? Face à lui dorénavant, il ne tenait qu'à moi de prononcer les mots qui allaient sceller notre union. Suite à ça, les bracelets de liaisons allaient apparaitre, avec une pierre qui selon sa signification, déterminait si le couple avait un lien fort ou pas. Beaucoup de couples arrêtait là, se découvrant pas assez compatibles et rompaient. Mais si le couple désirait continuer, il ne suffisait plus que le rituel du sang et on était unis. Dans l'ancien temps, je crois que l'on appelait ça un mariage, mais je suis bien trop nulle en histoire pour être sûre.  
Vas-y idiote, prononce les mots.
Libère-toi.
Aie foi.
"Moi, Rosalia Springle, t'accepte toi, Miskas Ragdom, comme compagnon." fis-je, scellant notre union, avant d'ajouter, "Tu n'es pas Alaric et le sera jamais, mais je prie pour que notre union soit heureuse."
Le moment de vérité était là. Dans une lueur blanche, divine, un bracelet se formait. Ébahie, je retins mon souffle.
Un bracelet argent aux pierres vertes se révéla. Je n'y connaissais rien aux pierres mais, j'en savais suffisamment pour savoir que ce n'était pas une des deux pierres principales, qu'on considérait de bons augures: le diamant et l'or. Finalement, pour lui aussi je n'étais pas précieuse. Mais je pouvais m'estimer heureuse qu'il me sauve. Je ne pouvais pas être déçue, je n'avais pas le droit.
Peux on... attendre pour la fin de la cérémonie  ? C'est… assez soudain pour moi et… bref. De toute façon, il y a le bracelet, on devrait pas me faire de mal avec ça. Merci."
La fin de ma phrase resta coincée dans ma gorge. Je n'osais pas lui demander s'il regrettait. Car c'était évidant qu'il le regretterait. Les bracelets avaient parlé, je n'étais pas la femme qu'il lui fallait. L'étais-je pour quelqu'un sur cette planète ? Je commençais à en douter. Les larmes aux yeux et un sourire forcé aux lèvres, je me transformai et déguerpissais sans même attendre sa réponse. Je souffrais déjà trop.
Ma lame, preuve de mon délit avortée, était restée dans sa main.  

Miskas attendit. Patiemment. Il la regardait. Cette femme si belle en face de lui. Elle était comme une rose dans un jardin de mauvaise herbe. Comme un phare dans la nuit. Comme … Elle était incroyable. Simplement. Elle n’avait pas tout perdu. Lui, il était là. Il serait toujours là. Il ne comptait pas l’abandonner. Jamais. Elle était sa Luna. Mais elle l’ignorait, simplement. Elle était la lune dans sa nuit noire. Il la calma simplement et lui proposa de l’épouser. Elle accepta, et il sourit. Il sourit parce que maintenant, il avait la possibilité de l’aimer.

- Elle le sera, notre union sera heureuse.

Même si pour le moment, la jeune femme liait sa vie à la sienne par obligation, il ferait en sorte que ça change. Il ferait en sorte que cette fausse relation qu’il allait mettre en place aux yeux de tous devienne la seule vérité acceptable. Il voulait se relever pour l’embrasser. Il se fichait de voir la pierre qui leur serait choisi. Il regarda la jeune femme et fit un sourire.

- On peut attendre, ne t’en fais pas. Mais demain, tu seras protégé. Je te protègerais Rosalia.

Il avait envie de l’embrasser, s’en empêcher parce qu’il sentait qu’elle ne le voulait pas. Mais il en avait envie. Sa pierre, son bracelet, tout ce que le monde dira il s’en fichait. Il pensa un instant à son ami, Melvin, a qui on avait dit de lâcher sa copine depuis des années. Ouais. Il se promit de ne plus jamais rien lui dire, vue ses propres choix de vie. Il la laissa partir alors que sa phrase flotté dans l’air. Il rangea sa lame dans sa poche.

-

Le lendemain, Miskas accusa le coup. Le poing qui venait de s’abattre sur son visage était celui du père de Rosalia. Logique. Il avait prévenu Alaric et Melvin. Les deux hommes étaient venus à la vente pour le simple fait de voir Miskas se faire dérouiller. Non. C’est faux. Alaric était là pour aider, et aider son amie au passage. Melvin pour aider, juste aider parce qu’il n’aimait toujours pas Rosalia… Zelda lui en voudrait s’il ne l’aidait pas, n’est-ce pas ? Il soupira. Il préfèrerait être avec elle qu’au milieu d’hommes à la testostérone trop élevé en train de vérifier la taille de leur appareil. Surtout que tout le monde savait que la personne avec la plus longue, c’était Alaric. Ce dernier se rapprocha de son second et lui tendit la main pour le relever.

- Selon les lois de la déesse, une promesse de mariage équivaut à l’annulation de toutes les autres promesses. Voudriez-vous aller contre les lois divines pour votre profit ?

L’homme n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit alors que Miskas s’approcha de la jeune femme avec un sourire. Il lui tendit la main. Il se fichait du sang qui coulait le long de ses lèvres après le coup. Son père, le sien, le tsar, devait arrivé sous deux ou trois heures … Et Miskas n’avait eu aucune envie de se retrouver dans la même zone géographique que son père. Il lui fallait sauver Rosalia avant.

- Mon amour, amène-moi là où il y a tes affaires, nous te ramenons dans la meute.

Elle allait faire partit de la meute d’Alaric. Pas comme elle le voulait, mais c’était déjà pas mal. Zelda serait là pour l’aider ? Melvin espérait que non. Parce que prout. Alaric se demandait si Arabella aller vouloir aider aussi … après tout, Rosalia était une victime. Comme elle l’avait été. Comme Zelda l’avait été. Victime des machinations des plus forts sur leur vie. Alaric et Melvin gardaient un œil sur le père de la jeune femme pendant que Miskas la suivait pour prendre ses affaires. Il avait un appartement dans le manoir. Melvin, parce qu’il était rapide et efficace, avait réussi à leur trouver une petite maison dans les montagnes à proximité du manoir. Trop proche de la sienne. Ils sont voisins. Putain, ce qu’il ne ferait pas pour son ami.

Un cri m'arracha la gorge lorsque le poing de mon père s'abattit sur le visage de Miskas. La même chose m'était arrivée la veille, après le refus d'ôter mon bracelet, me laissant un coquard que je n'avais pu qu'à demi dissimuler sous le maquillage.  Je voulus me précipiter à ses côtés, mais mon élan fut stoppé: il l'aida à se relever et il me défendit en citant les lois sacrées. Il était là. Alaric. Qu'est-ce qu'il faisait là ? Je serrai les poings et inspira à fond. Il était là pour Miskas, pas pour moi. Impossible... pas vrai ? Les mots de mon fiancé me revinrent en mémoire: "Elle le sera, notre union sera heureuse.", Mais serait-ce vraiment possible ? Pourrais-je être heureuse dans un monde dans lequel je n'étais pas la Luna d'Alaric ? J'en doutais fortement. Arabella n'étais pas la seule à lui avoir dédié sa vie, je l'avais fais, et bien avant elle. Tout ça pour quoi, hein ?
Les mots de Miskas me firent sursauter autant qu'ils me saisirent ... "Mon amour" ? le pensait-il réellement ? Je regardai mon bracelet et sa pierre inconnue au bataillon... Non, il faisait sûrement juste semblant devant mon père... et j'en étais autant blessée que reconnaissante. Après tout, il m'avait sauvée.
"Par ici..." lui fis-je avant de le saisir par la main.
Je l'amenai dans mes appartements privés, autant pour fuir Alaric que parce que Miskas me l'avait demander. J'avais peur d'aller dans la meute d'Alaric, désormais. Ma seule amie là-bas ne se souvenait pas de moi, et, pour être honnête, je n'avais pas pris le temps de renouer non plus, trop obsédée par ma mission. Pourrais-je vraiment retrouver une place dans cette meute que j'avais pourtant si longtemps convoitée ? Ça aussi, j'en doutais. Mais je n'avais plus le choix: je devais fuir mon père et le Tsar, dorénavant. Je regardai en coin l'homme dont je tenais la main: il n'était absolument pas comme son père.
Nous arrivâmes dans mes quartiers et un détail que j'avais oublié sauta aux yeux: je n'avais pas ranger le désordre que j'avais fais la veille et tout ce qui avait un rapport avec Alaric jonchait sur le sol, parfois brisée des photos jusqu'aux fleurs conservées malgré leur aspect fanées... enfin tout, sauf un détail.
"Désolé pour le désordre..." grimaçais-je tout en le guidant à travers celui-ci. "Puisque que tu vas partager ma vie, je dois te présenter quelqu'un."
Hormis Zelda et Alaric personne ne savait que j'adorais les animaux. Ce n'étais pas un aspect de moi que je montrais, préférant me la jouer précieuse poule de luxe.
" Nocte ! Maman est là !"
Le pogona qu'Alaric m'avait offert un peu avant mes dix-huit ans reposait tranquillement sur la branche de son vivarium. La seule chose qui venait d'Alaric que je ne regrettais pas.
"Reste là."
Je partis dans ma salle de bain privée et revint avec compresse et désinfectant.
"Pour ton visage. Je suis désolée. Ça va ?"
Et en voyant ainsi, dans mes appartements privés, découvrant la femme que j'étais je me demandais comment serait notre relation... notre mariage...

Miskas observait la jeune femme et son univers. Il ne l’avait jamais vu hors d’une rencontre officielle entre les meutes. Il ne l’avait jamais vu hors de leur manoir, à eux. Parce qu’elle venait voir Alaric. Parce qu’elle voulait qu’Alaric l’aime. Et qu’elle tenait certainement à ce que la vérité marqué sur son visage reste un secret. Il la suivit doucement le long des couloirs pour venir dans sa chambre. Il pouvait comprendre le désordre et la haine qu’il ressentait entre les murs. Rosalia avait été spolié de ce qu’elle pensait mérité… Miskas adorait son alpha, mais Rosalia méritait quelqu’un de différent. Il ne disait pas qu’Arabella elle ne méritait « que » Alaric. Simplement que le monde était fait de gens et de relations différentes… Et que Rosalia avait la possibilité d’avoir mieux. Un homme amoureux depuis toujours qui la voit comme la personne la plus précieuse du monde. Il haussa les épaules.

- Pas de soucis pour le désordre, je comprends.

Il suivit la jeune femme et s’approcha de l’espèce de machin chelou qui était sur une branche. Il le regarde et fit un sourire. Miskas adorait les animaux, lui aussi. Mais à la différence de la jeune femme, ce n’était pas un secret, pour personne. Il avouait sans mal le bonheur qu’il avait à courir avec une meute de chien véritable, de loup, à s’amuser avec des chats, des insectes et tout ce qui n’était pas humain. Les animaux, avaient-ils appris, étaient parfois plus humain que les humains. Il s’approcha.

- Salut Nocte, c’est papa, fit-il avec un petit humour qui ne faisait rire que lui.

Le bras tendu, le pogona passa de sa branche au bras de l’homme sans la moindre difficulté pendant que la jeune femme disparu il ne sait où. Il regarde l’animal avec douceur. Il était un labrador, le genre de chien qui apprécie de protéger et non pas de chasser. Il observa la jeune femme revenir alors que l’animal restait sur son biceps.

- Ne t’excuse pas. Je m’en doutais que ça serait sanglant. Et encore, les lois semblent encore dissuader ton père. Et toi ?

Sa main libre vient délicatement caresser le visage de la jeune femme, là où elle avait caché bien mal une blessure qu’elle avait reçu. Il n’aimait pas ça, Miskas. Il détestait l’idée qu’elle puisse avoir été blessée par son père. Il caressa la zone sans la blessé et approcha ses lèvres pour faire un bisou magique sur son front.

- Désolé de ne pas être arrivé plus vite, mais maintenant plus personne ne lèvera la main sur toi, je te le promets.

Un bisou sur le front. Un bisou magique. Il n’avait connu ça qu’en arrivant dans la meute d’Alaric. Ce n’était pas Alaric qui l’avait embrassé, heureusement, mais Alma, une femme qui travaillait pour lui et prenait tout le monde pour ses enfants. Elle était le genre de femme à voir tous les hommes comme ses fils. Oh grand Damn de Berlock qui l’aime en secret depuis vingt ans. Miskas rit un peu. Une fois, lui et Berlock avait eu une discussion sur le fait que l’amour n’était jamais à sens unique toute la vie. Berlock certifiait qu’un jour Alma allait le remarquer, et que Rosalia en ferait de même… Si seulement il avait pu deviner la tournure des évènements, Miskas aurait peut-être fait autrement.

 Surprise. Surprise de voir Nocte au bras de Melvin. Surprise de sentir la rugosité de sa main puissante sur ma joue. Surprise de sentir ses lèvres sur mon front.
Je restai plantée là, avec mon désinfectant et mes compresses, perdue dans cet élan d'affection et de protection que je ne comprenais pas. Mais, je ne pouvais nier, à ce moment, je me sentis aimée, protégée... précieuse. Mais, pourquoi faisait-il tout ça pour moi ? Se pourrait-il qu'il…?
Non. Oui. Peut-être. Peu importe ! Même s'il m'aimait effectivement, je ne suis pas prête... et je le serai possiblement jamais vu notre bracelet. Car s'il m'aimait cela voulait dire que c'était moi qui avais tout ruiné et que c'était ma faute si nous avions des pierres de pacotilles. Il méritait mieux. Tout comme Alaric avait choisit mieux.
"Ne t'inquiète pas pour moi, d'accord ? C'est rien." fis-je plus froide que je ne l'aurais crue, ne sachant pas vraiment comment répondre.
Je me reculai légèrement pour m'occuper de sa lèvre meurtrie à coup de compresse stérile et désinfectante. J'y mettais toute la douceur dont j'étais capable, car ça avait l'air douloureux. Le sang imprégna rapidement la compresse et me fit froncer le nez. J'avais l'odorat digne d'un berger allemand et de ce fait, très sensible.
"Tu aurais dû parer ça, franchement t'es le second ! On s'en fout que ce soit un vieux en face, montre les crocs !"
Je lui tirai ensuite la langue avant d'aller ranger le matériel médical.

J'avais rapidement fait ma valise, n'emportant rien venant d'Alaric hormis Nocte qui était désormais dans la voiture, sur mes genoux. J'avais mis mes écouteurs, mais sans musique. Je ne voulais pas que l'on me parle, surtout pas Alaric, dont la présence me perturbait encore. Dire que j'allais aller dans sa meute. J'allais comprendre ce qu'avait ressentie Zelda toutes ces années, en tant que mal aimée de la meute. Un soupir échappa à mes lèvres tandis que je continuais d'ignorer la conversation des garçons. Je ne savais pas ce que ma vie allait être, n'ayant jamais eu de rôle à occuper au sein d'une meute. Avais-je des talents à proposer, pour commencer ? Bon sang, plus j'y pensais plus, j'admirai Zelda.

Cette dernière avait d'ailleurs laissé un panier garnit au pas de la porte de notre nouveau chez-nous. "Bienvenu, chers voisins !" disait la petite carte qu'il l'accompagnait. D'une main, je saisis le panier et de l'autre, je tenais la cage de transport de mon pogona. Je n'osais pas entrer, attendant Miskas. J'étais heureuse de ne pas avoir à supporter le couple alpha au quotidien allégeait mon cœur. Déjà que ça avait empesté le sexe et Arabella dans la voiture, je n'avais pas besoin de plus !
Tu n'es pas... Triste d'emménager ? Ça ne va pas te déranger pour le travail ?" m'enquis-je auprès de Miskas lorsqu'il arriva près de moi.
J'avais bien conscience de débarquer dans sa vie sans crier gare, et, je ne voulais pas être un poids. Mais, l'odeur d'Alaric, du sexe et d'Arabella mélangé flottait encore dans ma mémoire, me tordant l'estomac. Je n'arrivais pas à ne pas me sentir envieuse.

- Je m’inquièterais si je veux, dit-il avec douceur alors qu’il la laisse le soigner avec douceur. Et je n’avais pas envie de frapper ton père. Cela reste ta famille.

Il lui sourit et l’aida à prendre les affaires de la jeune femme, lui rendant son machin et finissant de revenir dans la voiture. Il n’avait pas plus sentit le sexe qu’Arabella dans la voiture, mais en regardant Rosalia, il s’en rendu compte. Il s’était glissé à côté d’elle sur la banquette arrière. Melvin conduisait pendant qu’Alaric était à côté. Il ne s’occupait pas plus de Rosalia que ce qu’il s’occuperait d’une fourmi qui traine dans un jardin. Il s’en fiche. Il fait croire qu’il s’en fiche mais il était heureux d’avoir pu attraper Rosalia à son père. Qu’il peut la protéger enfin, de cette espèce de relation toxique qu’il avait dû mettre en place.

Miskas avait parlé pendant la voiture. Il essaya plusieurs fois de mettre Rosalia dans la discussion mais la jeune femme resta silencieuse. S’ils étaient seuls, il lui aurait prit la main. Il l’aurait porté à ses lèvres. Il l’aurait embrassé … mais tout ça, c’était encore une réaction déviant. Il ne voulait pas être comme son père. Il ne pouvait pas être comme son père. Il ne voulait pas voir la jeune femme comme une … comme une femme capable d’assouvir ses désirs. Miskas donna un coup à Alaric dans le siège, dont il répondu par un doigt levé.

Une fois descendu de la voiture, il regarde « sa femme ». Il regarde sa femme et la trouve incroyablement magnifique et droite. La cage de son animal dans la main et le panier cadeau de Zelda de l’autre. Miskas n’avait rien contre Zelda. Ainsi, il serait ravi que la jeune femme vienne voir Rosalia. Il se dit même que ça lui ferait plaisir. Alaric se casse et Melvin rejoins sa propre femme de sa vie. Il la regarde attendre devant la maison. Se demande ce qu’elle attend … puis une idée le traverse. Les amoureux … ça rentre dans la maison avec une femme en princesse dans les bras. Il pose tout sur le sol. Il s’approche et pose le panier et la cage sur le sol avant de s’approcher d’elle.

Il passa sa main sous les jambes de la jeune femme et l’attrapa pour la prendre comme une princesse. Il la tient fermement contre son torse et s’approche à nouveau son visage de celui de la jeune femme. Il sent l’odeur de la jeune femme. L’odeur du sexe était aussi dans son esprit et il se bride avec la force de son déni.

- Cela ne me dérange pas du tout. J’avais envie d’être avec toi bien avant tout ça.

Il se mit à caresser la joue de la jeune femme de ses lèvres. Il avait envie de la couvrir de bisou. Et elle était sa femme. Ou allait le devenir. Il était si heureux. Il sourit contre sa peau en ouvrant la porte pour la faire rentrer dans le chalet qui serait leur maison.

- Nous sommes chez nous, ma chérie.