musique d'ambiance:

Il était une fois deux princesses...

Je n'eus étonnamment aucun mouvement de recul lorsqu'il s'approcha de moi. Ses mouvements étaient doux et délicats, emprunts de bonne volonté. Je le regardai avancer avec des yeux ronds, surprise. C'était la première fois que je ne me sentais pas menacer par un vampyr. L'ambiance était aux antipodes de ce qu'elle fût dans l'autre salle, avec l'invitée vampyrique. Et, alors qu'il me saisit pour me porter telle une princesse, je m'accrochai à lui, les bras autour de son cou. Ses yeux brillant d'un éclat doré se reflétaient dans les miens.
"Je croyais que les humains étaient sales…?" soufflais-je, surprise d'autant de proximité avec sa personne.
Et, je pensais que les vampyrs l'étaient tout autant. Pourtant, là, tout de suite, maintenant, j'étais dans ses bras.
C'est alors qu'il dévoila le projet de ses congénères: anéantir les chasseurs. Je devins aussi blanche que lui. On, enfin, les chasseurs, n'y étaient pas assez préparés: trop disparates, une alliance vampyrique nous prendrait de court. On avait trop l'habitude du fait que les vampyrs étaient des chasseurs solitaires trop fiers. Bien sûr, cela avait déjà été évoqué en réunion. En revanche, jamais rien avait été fait en ce sens, car on ne sentait pas une guerre arriver.
Putain, qu'est-ce qu'on avait tort.
Je serrai les dents. Même si je m'échappais, je ne serais jamais le poids qui ferait pencher les choses en notre faveur.
Ma famille et mes amis étaient en sérieux danger de mort.
Et, je voyais désormais que l'on avait pris le mauvais chemin: la haine appelle la haine. Cela ne s'arrêtera qu'à l'extermination complète d'un des deux camps.
Et, cela ne pouvait être les vampyrs.
On ne savait pas tuer les sangs purs, juste les emprisonner. Et, le raid X002 était un exemple de notre pathétique échec.
"Skumring... on doit tout changer." déclarais-je en fixant ses yeux dorés, qui semblaient purs. "On doit faire la paix et faire en sorte que les autres fassent la paix. Là, ça ne marche pas, on ne fait que se tuer et se réduire en esclavage."
Je portai la main à son visage, mais resta à un centimètre de ce dernier pour ne pas le toucher, encore un peu hésitante.
"Si tu m'aides à empêcher ce génocide, je... ⁣ferai ce que tu désires depuis le début: je... resterai à tes côtés."
Pour sauver ma famille et pour le bien de l'humanité, j'allais changer. Après tout, il était suffisamment influent pour m'aider, non ?

musique d'ambiance:

Quant à la seconde princesse...

J'eus à peine le temps de finir mon verre qu'il me saisit dans ses bras, pour me porter comme une princesse, contre son torse. Naturellement, je me débâtis. Après tout ce qu'il m'avait fait, il ne pensait quand même pas que j'allais être une gentille petite chose fragile ! Mais, malgré le fait que je venais de manger, il était plus fort que moi, et, il lui suffit de me serrer un peu plus contre lui pour que j'abdique. Sentir sa présence, sa froideur, ses muscles, tandis que je me blottissais doucement contre lui me rappela le seul sentiment de sécurité que j'avais pu avoir autrefois. Ainsi, lorsque nous arrivâmes dans ce qui semblait être une bibliothèque, j'étais à demi assoupie.
Sa voix me sortit de ma torpeur et, c'est alors que je compris l'étendue de sa souffrance. Il se détestait, persuadé que ses pêchés le définissaient. Je l'écoutai sans l'interrompre — l'avantage d'être muette, c'est que l'on apprenait très vite à être patiente et écouter, même si cela pouvait parfois s'avérer frustrant.
En plus de se détester, il paraissait préféré vivre dans l'ombre de son jumeau, se privant de son propre bonheur... Oh, Daggry. Ne comprenais-tu pas ? Même le plus terrible des prédateurs avait besoin d'amour. Le lion tue les gazelles, mais ne se prive pas de sa lionne. Son regard brisé et désolé me chagrina et c'est alors que je remarquais: ils étaient différents de lorsque que nous étions dans la cellule... probablement parce que là, contrairement à l'époque, il n'était pas affamé. Si j'avais remarqué plus tôt, j'aurais pu le distinguer de son frère plus facilement.
Et, tandis que sa main caressait ma joue, je la saisis délicatement pour embrasser doucement chacun de ses doigts. Ils avaient l'odeur du sang et de la mort, mais cela me dérangeait pas. J'avais été un monstre autrefois. J'avais appris à me pardonner.
Je cherchai du regard Zéro, mais compris rapidement que Daggry avait dû le planter là, pour préserver notre intimité. Je me mordis lentement la lèvre, et du sang perla faiblement sans que je le réalise. J'étais rapidement perdue sans lui. Mais... Je me blottis davantage contre mon ancien sauveur. Entre nous on avait l'habitude de faire sans, pas vrai ? Un jour, j'aurais le courage d'essayer d'entrer dans son esprit... mais pas ce soir.
Aider de geste je lui fis progressivement comprendre, parlant silencieusement:
"Je... Te... Choisis... Tu... Es...Mon...Héros." avant d'ajouter. "Je... Te... Pardonne... à... Ta ... Place."
Et, par le sang, si j'avais eu plus de courage je l'aurais embrassé à ce moment.

Skumring avait sa princesse dans les bras. Il l’observe. Regarde ses yeux si purs. Elle ne le juge pas comme les autres. Il y avait quelque chose de plus « beau » dans ses yeux que dans le reste du monde. Pourquoi il la porte, en faite ? Pourquoi il la tient ? Pourquoi il la soulève ? Pourquoi l’idée de la lâcher la dérange ? Il ne voulait pas la lâcher, jamais. Il avait envie de l’enrouler dans ses bras, de la porter, de la toucher, de l’embrasser.

DOUCEMENT GASTON ! Il la pose sur un canapé, dans son aile, dans son lieu, dans sa chambre, il la regarde et se perd dans ses yeux. Il ne pouvait pas laisser à Daggry … Il ne pouvait pas laisser Daggry lui faire perdre cette lumière au fond de ses prunelles. Il ne pouvait pas le laisser prendre ça. Il devait la protéger…, il remonta à peine les yeux vers sa chambre. Il pourrait la garder enfermé ici. Ouais. Il doit la garder enfermer, la protéger… Mais pourquoi ? Pourquoi est-ce que c’était si important pour lui que de la sauver de ce « monde ». Elle n’était qu’une inconnue, une prisonnière, elle n’était rien, en théorie… mais il se sentait lié à elle.

- Les humains sont sales, affirma-t-il à nouveau, mais crois-tu vraiment en la paix entre nous ?

Hier encore, elle serait prête à lui cracher au visage. D’ailleurs, elle lui avait littéralement craché dessus. Mais maintenant elle lui demandait de l’aide ? Il la regarde encore, s’accroupit à ses pieds et penche la tête vers elle.

- L’empêcher ? Depuis le raid, les vampyrs ont une dent contre les chasseurs. Vous avez tués des enfants, des jeunes qui n’avaient pas encore eu le temps de se contrôler pour les faire s’entretuer, le plus jeune avait seulement 3 ans. Je ne pourrais pas empêcher leur haine.

Leur soeur était morte, avant que Daggry se fasse enlever. Leur soeur avait 6 ans… et il y avait de très grande chance pour que la dame vampyr avec son jumeau soit celle qui a tué leur petite soeur. Daggry était venu à se faire kidnapper dans l’espoir de la retrouver, la sauver, la protéger. Ce qui n’avait pas été le cas. Daggry avait fini par protéger Isadora … Parce que ? Skumring n’en savait rien. Il pince ses lèvres.

- Mais je peux protéger quelques un… Je peux les enlever, comme pour toi. Ici… Ils seront protégés. Je ne leur ferais pas de mal.

Et Daggry était occupé avec sa propre princesse, non ? Il ne le remarquera pas s’il se retrouve avec … combien ? Trois ou quatre humains de plus rien qu’à lui ? Cela ne serait pas bizarre non ? Si. Bon, il se débrouillerait.

Daggry aime l’idée d’avoir cette femme dans les bras. Il la tient comme il peut. Il la soutient. Il est assit, elle, sur lui. Et il a envie de la toucher encore plus. Il a bien envie de passer ses mains sous cette robe. Et elle est une vampyr. Il déteste les vampyrs. Mais il a envie de griffer ce corps et d’y lécher son sang. Il avait envie de lui écarter les jambes et d’y aller, de la prendre avec force, de la remplir et il la regarde. Oh. Il avait envie de la souiller. Il avait tellement envie. Et cela depuis le début.

Il n’avait jamais eu envie de toucher une femme comme ça. Il avait envie de blesser les humains, les petits moutons qu’il utilise pour baiser et se nourrir. Il n’était pas gentil. Il ne serait pas gentil. Il n’était pas le genre à pouvoir être gentil. Alors pourquoi se sentait-il exciter comme ça ? C’était à cause de sa position ? De son odeur si délicate ? De son regard sans peur ? Il voit son sang sur ses lèvres. Il comprend ce qu’elle dit. Elle était à la lumière maintenant, elle était dans cette lumière, ce monde propre et rangé.

Les dômes protègent les vampyrs. Et la lumière est propice à voir cette peau si douce. Il avait mangé, il avait prit le sang d’un mouton … et maintenant ? Il avait BESOIN de se nourrir de la jeune femme. Il en avait besoin comme d’éviter le soleil. Il se penche vers elle, la langue dehors, il se mit à lécher le sang qui perle sur sa peau. Il immisce sa langue dans la bouche de la jeune femme, utilise sa salive pour le mélanger au sang de la jeune femme et il grogne. Il enfoui sa langue plus profondément en elle, attrape la langue de la jeune femme et se mit à jouer avec. Il la tient, toujours dans ses bras. Il la tient et il ne bouge pas plus… parce qu’il sait déjà ce qu’il veut faire d’elle. Il veut la toucher.

Et elle l’avait choisi.

C’était stupide … La jeune femme avait dit qu’elle le choisissait … LUI. Pas son frère, qui était propre et bon. Elle avait choisi le mec que tout le monde connaissait comme le connard. Celui apte à arracher la gorge d’un enfant, sans même sourciller. Il était un tueur, et il ne voyait pas de soucis à tuer. Mais elle… Elle, il aurait voulu la sauver, vraiment. Ce jour là. Tout le temps avec elle… Il recule sa bouche d’elle et il réalise ce qu’il vient de faire …. Il la pousse sur le canapé et se relève.

- Isa, fit-il en reculant, je suis un tueur. Je suis le meilleur tueur des vampires, je tue et sans cœur. Arrête de penser pouvoir m’aimer, mon frère est meilleur que moi. Il est plus doux, plus propre, plus sage. Tu n’es pas une femme que l’on met avec un homme comme moi. Je ne suis pas une bonne personne. Et tu l’es. C’est stupide de me choisir !

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Il me pose délicatement sur le canapé. Il continue d'affirmer que les humains sont sales. Est-il conscient d'être un paradoxe en l'instant ? Mais, je n'étais pas mieux. Et, sa question me laissa dans le silence. Est-ce que croyait en la paix entre nos deux espèces ? Je ne sais pas. Il y avait un sacré faussé entre nos deux espèces. Je regarde son visage foutrement parfait. Il était là, à mes pieds, si doux avec moi. Je me perdis dans ses yeux. Oui, je voulais y croire, à la paix. Et, c'est ce que j'ai voulu lui répondre.
Mais, tout fut brisé par la suite. Telle une harmonie dissonante.
"Tu es sérieux là ?" la colère explosait dans ma voix. "Tu veux même pas essayer ?"
Je me levai d'un bond du canapé tel un chat à qui on aurait jeté de l'eau.
" Ce n'est pas une solution ! Tu crois quoi ? On en sauve quelques un et le reste, on les laisse se faire massacrer ? À quel moment c'est acceptable ?!"
Notre version de l'histoire était trop différente. On ne voyait pas le monde du même point de vue. Naïve idiote... la paix, hein ? Comment faire quand chaque camp compte les points ?
"Écoute..." fis-je enfin après un long silence qui semblait également avoir fait tomber ma voix de quelques tons. "Oui, c'est arrivé. On a utilisé d'horribles moyens." avouais-je en m'incluant de nouveau dans le groupe des chasseurs bien que l'événement ait eu lieu cent trente ans plus tôt. "Mais vous aussi, vous le faites..." J'abaissai ma robe dévoilant mon tatouage de bétail. "J'étais une enfant..."
Ma voix cassa sur le mot enfant et j'inspirai à fond, chassant les mauvais souvenirs qui remontèrent comme à chaque fois que j'évoquais mon foutu passé. Je remontai et replaçais correctement ma robe.
"Si tu ne veux pas essayer..." repris-je. "Laisse-moi partir. Juste sauver quelques-uns ça me va pas, en plus, ils me haïraient pour ça. Je refuse d'être ton bétail, Skumring, si ça ne change pas les choses, au moins."
Je me dirigeai vers la sortie de la chambre, le cœur en miette, les membres tremblants. Pendant un instant, j'y avais vraiment cru, à cette paix.
La porte se referma sous mon nez, électroniquement.
"Skumring, la putain de porte, s'il te plait. Oh et mes implants."
Vu comment je m'étais habituée à leur absence, les reprendre n'allait pas être un plaisir, mais il le fallait, n'est-ce pas ? Néanmoins, je pense que je n'arriverai jamais à oublier. La fois où un vampire et moi, on avait presque fait la paix.
Presque.
Pourquoi ça me brisait autant ?

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Le soleil illumine ses yeux et je souris tandis que je suis toujours plongée dans ce sentiment de sécurité que lui seul pouvait me procurer. Soudainement, je sentis sa langue sur mes lèvres et mon bas ventre fut assailli de mille et une sensations. Si j'avais pu, un grognement se serait échappé de mes lèvres. Sa langue plongea indécemment dans ma bouche, me faisant gouter à mon propre sang. Je me laissai complétement aller à se baiser, me calant contre son torse, la tête le plus en arrière possible tandis que ma langue suivait cette valse langoureuse.
Mais, tout s'arrêta.
D'un seul coup, le baiser était fini. Pire, je n'étais plus sur lui. Il recommença à me faire la leçon. Je ne l'écoutai même pas. Je savais ce que je voulais. C'était lui. Pour l'éternité.
"Tu. Comprends. Pas." mimais-je des lèvres. "Je. Me. Fiche De. Ça."
Je me levai du canapé pour me planter devant lui avec conviction. Son regard était si différent de celui que j'avais connu auparavant. Je ne pensais pas que la faim pouvait faire autant de différence. Étais-je différente également ? Tant d'années ont passé…
" Arrête. De. Me. Prendre. Pour. Une. Sainte. J'ai. Tué. Aussi." le sermonnais-je avec aplomb.
Un souvenir me revint, plus vif que les autres. Une petite vampyr. Si jeune. Ma première colocataire durant mon emprisonnement.
J'inspirai à fond.
Je l'avais tué, rendue folle par la faim et l'emprisonnement. C'était le but de l'opération mené par les chasseurs après tout. La pauvre gamine, c'était coupé sur un clou rouillé et j'étais devenu sauvage. J'avais tellement pleuré après ça.
"C'est. Toi. Qui. M'as. Consolé. Après. Ça. Laisse. Moi. Faire. Pareil. Pour Toi."
Bon sang s'était si compliqué de communiquer de la sorte. Je comprenais pourquoi il avait viré Zéro mais honnêtement, je commençais à en avoir marre, surtout pour une dispute si futile. Heureusement, mes projets n'incluaient pas de parler. J'allais dompter la bête par ses désirs.

Skumring la regarde. Cette femme lui prenait la tête … et pourtant, il n’arrivait pas à avoir le même sentiment de dégoût qu’il avait pour le reste des femmes. Il lui semblait que cette femme était … différente. Elle était pure. Il l’avait touché, pris dans ses bras … il l’avait regardé et pourtant … malgré tout ça, il n’avait pas envie de se laver. Et ça le dérange. Cela lui fait étrange. Il était trop vieux pour être un jeune vampyr attiré par l’envie de caresser une peau délicate et en arracher l’épiderme. Il était trop vieux pour ne pas se contrôler. Il était trop vieux pour tout ça… Mais … Il avait des envies qu’il n’arrivait à définir, même en la voyant flamboyante et en colère. Il se fiche de ça. Alors il ferme la porte et la regarde. Cette colère, cette lueur dans son regard… Il avait envie de la posséder. Elle et cette lueur. Il avait envie de la comprendre et de la toucher. Il se recula pour s’assoir sur le canapé avant de soupirer. Même s’il aimait ce feu en elle, il ne pouvait pas la laisser partir comme ça… C’était impossible.

- Je veux essayer pour ta famille. Il me serait impossible de sauver tous les chasseurs ou d’arrêter le raid. Si j’arrête le raid, que se passera-t-il alors ? Les humains continueront à tuer des enfants simplement pour nous éliminer. Mais maintenant j’ai une question pour toi …

Il croise ses longues jambes et la regarde avec le regard le plus froid du répertoire « jumeau ». Il savait que Daggry et lui avaient le même regard froid et sans émotion.

- Si c’était des vampires à sauver, essaierais-tu seulement d’en sauver un ? L’innocent vampyr de trois ans, Mike Asborg, trois ans. Il n’avait même pas encore ses crocs quand les chasseurs l’ont tué. Et je sais qu’il a demandé pitié avant même de savoir qu’il allait mourir. Il a demandé son père et sa mère.

Les chasseurs avaient fait des vidéos de quelques meurtres. Ils les avaient envoyés à la famille. Skumring a eu celle de sa sœur. Il ne l’avait jamais regardé. Il sait ce qu’il aurait vu. Il ne veut pas le voir. Il l’avait caché à Daggry parce qu’au moment de la recevoir, il était déjà kidnappé. Cela signifié qu’il avait dû remplacer leur sœur dans le quota. C’était cruel, vicieux, sans cœur. Si Skumring venait à sauver tous les chasseurs… Alors quoi ? Les chasseurs n’arrêteront pas de tuer les enfants. Et il aura juste donné la possibilité de continuer cette souffrance. Il jette une main vers l’épaule d’Ama.

- Je peux changer ça. Pas tout de suite, pas demain, mais je peux le faire. Daggry et moi, nous sommes les prochains héritiers de toute la dynastie. Mais à l’heure actuelle, je ne peux pas changer la haine des vampyrs contre les chasseurs, même si je le voulais. Je peux te proposer de protéger ta famille, c’est tout.

Il se lève, s’approche et plaque la main contre la porte pour obliger Ama à se reculer pour être dos à la porte. Il se rapproche d’elle. La regarde dans les yeux.

- Je ne ferais pas de ta famille du bétail. Je peux les protéger. Mais qu’eux. Je ne peux pas faire plus, même si je le voudrais ce n’est pas moi qui conduis le raid. Si je fais quoi que ce soit contre, on saura que j’ai à voir dedans et les traîtres ne sont pas mieux loti que le bétail. D’ailleurs, je te le répète, mes employés sont tous là de leur plein gré. Ce que l’autre a pu te dire sur nous est faux. Elle nous a trahi parce qu’elle voulait l’immortalité. Allison a tué trois femmes avant de partir. Elle a mérité de mourir.

Daggry était un tueur, et il l’avait tué. Il avait aussi tué les gens qui avaient fait du mal à leur sœur, sauf Isadora. Et c’était un de ceux qui avaient mis en place le raid. Mais Skumring ne pourrait pas mettre son frère en danger pour … pour les beaux yeux de la demoiselle. Il ne pouvait que sauver sa famille à elle. Rien de plus. Et si elle ne veut pas. Tant pis pour elle.

- Tu ne sortiras pas d’ici.

Daggry la regarde avec froideur, inconscient qu’au même moment, son frère faisait le même genre de regard à une autre personne. La famille. C’était quelque chose de compliqué que la famille pour eux. Leur famille se composait de son frère et lui. Avant, de leur sœur avec. Ils l’avaient aimé tout de suite. Daggry avait ressenti de l’amour pur pour la première fois de toute sa vie. S’il aimait son frère, Skumring était plus comme une extension que lui qu’un être à aimer … alors que sa sœur … Sa sœur était une personne a aimer… et il l’avait aimé et l’aimait encore. Se retrouver face à sa meurtrière avait été compliqué… Mais … Il ne sait pas ce qu’il a pu se passer dans cette prison de sang et de souffrance. L’amour qu’il avait pour sa sœur s’était changé pour l’amour pour sa tueuse. Il voulait sauver Isadora. Et lui, il se contrôlait parfaitement. La vieillesse avait eu se mérite. Et Skumring. Si l’un avait soif, l’autre pouvait boire. Daggry sait que son frère déteste ça. Il déteste devoir se nourrir, mais il la fait. Durant tout le temps où Dag était emprisonné, son frère s’est nourri pour lui. Il s’est calmé pour lui. Les deux, leur lien. C’était plus que ce que quiconque pourrait penser. C’était à la limite du divin. Mais, quand Daggry avait parlé d’Isadora à Skumring, son jumeau n’avait ressenti que de la haine pour la tueuse de leur sœur. Skumring lui avait alors demandé de pardonner. C’était la première fois qu’il se sentait réellement différent de son frère.

- Tu ne devrais pas t’en ficher ! cria-t-il avant qu’il se calme en mettant sa main dans ses cheveux.

Merde. Il n’était pas bon pour les disputes. Encore une fois, la différence entre les jumeaux pouvait se sentir. Là où Skumring était froid et distant, Daggry était explosif. Il la regarde. Elle devrait le haïr. Il était prêt à la tuer au début pour la mort de sa sœur… mais maintenant il espérait qu’elle ne le sache jamais. Elle avait tellement souffert de ça. Elle lui avait dit. Il l’avait consolé d’avoir tué sa propre sœur. Si ce n’était pas ironique. Il plante ses yeux sur elle, essaie de comprendre ce qu’elle peut avoir à l’esprit et reste interdit devant son effeuillage.

La colère était une émotion. La culpabilité en était une autre. Mais j'étais plus douée pour gérer l'un que l'autre, et, coincée ainsi entre la porte et le corps de Skumring, j'étouffais dans ma propre culpabilité. "Si c'étaient des vampires à sauver, essaierais-tu seulement d’en sauver un ?", m'avait-il demandé
tout en me couvant d'un regard glacial. Il avait soulevé un point qui dérangeait ma conscience désormais: si ç'avait été une question de vampyr, je n'aurais pas chercher à l'avoir cette paix. Et, des vampyr, j'en avais tué, enfants inclus. Je levai la tête vers Skumring. Il avait changé mon point de vue. J'avais été entrainée à tuer, sans conscience. Skumring l'avait ramenée à la surface. Et c'était douloureux. Prendre au piège, neutraliser, viser, tuer. Un schéma appris depuis mes dix ans. Ils avaient fait de moi une tueuse en échange d'un foyer.
M'aimaient-ils vraiment ?
Je glissai contre la porte froide qui demeurait fermé, ce froid pénétrant à travers cette robe de luxe dans laquelle je n'aurais jamais pensé être un jour. Je me retrouve assise dans cette froideur en face de mon geôlier. Je ne devrai pas me poser cette question. Elle faisait trop mal.
"Non, un enfant vampyr, ou même un vampyr à la place de ma famille, je n'aurai pas essayer de les sauver. Je me serais contentée de suivre le schéma habituel. Même encore maintenant, je..."
Ma voix s'étrangla. Même encore maintenant, je n'étais pas sûre de pouvoir épargner un vampyr. Si Skumring me rendait mes implants, là, présentement et que je pouvais rentrer chez moi, qu'est-ce que je ferai, au juste ?
J'avais quitté la peur et le sang juste pour en propager davantage. Était-ce vraiment ce que je désirai ?
Peu importe, ce que je sais, c'est que je tiens à cette famille étriquée. Mais eux, ne voudrons jamais vivre parmi des vampyrs. Ils vont tenir à lutter jusqu'au bout. Mais moi, je ne voyais qu'une issue défavorable.
" Tu as fais de moi une faible, Skumring, regarde-moi si bien parée et en train de remettre en question ma vie plutôt que de foncer et de lutter. Je n'sais même plus faire la différence entre le bien et le mal. Je n'sais même plus si ma vie avait un sens. Je déteste ça. J'arrive pas à réfléchir.  
Inspirant un bon coup pour chasser les parasites qui me servaient de pensées, je finis par me mordre les lèvres avec entrain. Comment sauver ma famille sans me faire haïr ?
Tandis que je réfléchissais, la neige, dehors commençais doucement à tomber, douceur dans un pays en lutte.

Skumring la regardait, l’observait, et oui, il la jugeait. Les vampires étaient, à l’origine, des riches qui avaient trouvé un moyen de prendre le pouvoir et de devenir immortel. Maintenant ? Les enfants de ceux qui étaient immortels naissaient immortels. Les vampires étaient une race à part entière, l’évolution logique de l’humain et de ses déviances. Qu’on les accuse d’être des monstres alors qu’ils sont nés ainsi, n’est-ce pas tout simplement du racisme ? Il n’avait pas demandé de naître, comme tous les enfants, et il avait eu besoin de survivre. Avec le sang. Parce que c’était ce qu’il avait besoin. Et maintenant ? Il vivait c’est simple. Il ne pouvait pas mourir pour le plaisir d’une autre espèce, inférieur, qui ne supporte pas ce qu’il était. Parce qu’il ne l’a pas demandé.

Il n’avait jamais demandé d’être addict au sang. Il n’avait jamais demandé de « devoir » boire du sang pour survivre. Il n’avait jamais demandé tout ça. Il était ce qu’il était, et il avait besoin de sang. Et tous les autres vampyrs de sang en avait besoin. Qu’est ce qui légitimisme la mise en à mort d’un cochon pour des humains, et pas la mise à mort d’un humain pour un vampyr ? Le cochon aussi a de la famille, des amis, des codes sociaux. Il la regarde froidement.

- Tu l’aurais tué. Même encore maintenant. Alors, dit-moi, en sachant que tes compatriotes continueront à tuer des personnes innocentes, comme ma sœur, comment pourrais-je accepter de tous les sauver ? Comment pourrais-je me mettre entre moi et des parents endeuillés pour sauver les monstres qui n’ont pas hésiter à nous tuer avec souffrance et douleur ?

Il s’approche, il se met à genoux devant elle pour relever ses yeux vers elle. Il lui demande son regard, il quémande son attention comme il ne l’avait fait pour personne avant. Il cherche à voir ses pensées, à la comprendre et surtout, à lui parler. Il s’adoucit légèrement en la regardant ainsi détruite par la réalisation de la vérité. Dans cette pièce, il y a deux monstres, il suffit simplement de demander selon les points de vue.

-  Je peux kidnapper ta famille. Avant le jour J. Tu sais où ils sont. Je les kidnappe et je les ramène. Ils seront un peu effrayés, pas content, mais je peux les soumettre, et une fois la raid terminé je les laisse partir. En faisant semblant qu'ils s'échappent.

Eux. Elle, il ne la laissera pas partir … et ce n’était même plus à cause de la pression que son frère pourrait, ou non, exercé sur lui. C’était qu’il n’en avait simplement pas envie. Il ne voulait pas laisser la jeune femme. Il ne pouvait pas… tant pis pour elle. Après tout, il était un monstre, non ?

*
Daggry reste à observer, lui aussi, mais il est bien plus critique, et occupé, que son frère. Il observe et il veut qu’elle s’enfui. Il veut qu’Isadora se barre en comprenant l’énormité de sa décision. Il y avait Skumring, prêt à se marier avec elle pour lui… et elle le préférait lui ? L’univers était si étrange alors qu’elle était si proche de lui. Mais… Mais il ne pouvait pas l’avoir à ses côtés. Il était un tueur, il était un torturé, et tortureur. C’était étrange de le dire non ? Il avait tué tellement de personne sous le couvert de son devoir … Et maintenant, ce métier qui ne l’avait jamais fait souffrir avant le fait rougir. Il n’aimait pas toucher la jeune femme, surtout elle, avec ses mains. Et il avait envie, ironiquement, de tuer toutes les autres personnes autour d’elle pour se faire du bien. Pour se sentir mieux. La savoir en sécurité, ici, entre ses bras, ça le détends, et ça l’inquiète. Parce que si elle était là, il devait la garder, la protéger, et tuer. Et tuer alors qu’elle était bien plus douce, c’était mal. Il observe ses lèvres qui miment les mots. Il arrivait à lire sur ses lèvres. Même si elle n’utilisait nulle magie mentale, il pouvait l’entendre dans son âme. Il pouvait l’entendre et la comprendre. Il le sentait. Cela vibrait en lui comme une sirène qui hurle le feu. Il attrape la jeune femme, la pose, pose ses lèvres sur celle de la jeune femme et laisse sa langue danser avec celle de la jeune femme. Il l’approche encore. Il voulait fondre en elle. Il voudrait se fusionner avec elle. Il voulait ne faire qu’un. Quand elle se met à le caresser, il lâcha un grognement de contentement. Il sent qu’elle hésite. Alors, il passa sa main pour attraper celle de la jeune femme, la repousser doucement et enlever son haut dans le même mouvement. Il se reprend la main de la jeune femme et la pose sur une marque de torture qu’il avait sur le cœur. Daggry, à l’inverse de son frère, avait été marqué par la souffrance. La preuve qu’on l’avait affamé, pour le torturer… A une époque où lui et son frère ne savaient pas se nourrir de l’autre. Ils avaient appris pour se protéger. Il l’avait fallu. Parce qu’on l’avait affamé, puis torturer … On l’avait torturé parce qu’il ne craquait pas. Parce qu’il était toujours en train de tenir, il contrôlait sa soif. Un lien avec son frère ? Qui pourrait le dire ? Il ne savait pas. Il savait juste que les mains de la jeune femme sur son corps le fit grogner. Il était sûr elle et il l’embrassa à nouveau, dans la profondeur.

- J’ai envie de te manger, dit-il alors que ses canines se mirent à grignoter la joue de la jeune femme avec douceur, j’ai envie de toi. Et je vais te détruire, je vais te détruire chaque parcelle de toi. Je vais te grignoter et tu ne seras plus personne. Tu es sûr de ton choix, parce que lorsque je trouve une proie, je ne la lâche pas.

Et il se mit à prendre la lèvre inférieure de la jeune femme entre ses dents, alors que sa main remonta le long de son dos pour la tenir. Même si elle disait … pourrait-il s’arrêter ?

Mon attention fût accaparée soudainement. Comment ça, comme sa sœur ? Mon cerveau embrumé par mes récentes émotions supposa que ç'avait quelque chose à voir avec le raid, mais, honnêtement je n'étais pas sûre. Son ton glacial me frappa néanmoins suffisamment pour que je m'abstienne de poser des questions. De plus, aussi égoïste que cela puisse paraitre, je culpabilisais déjà suffisamment pour ne pas avoir à rajouter. Il m'explique encore une fois à quel point il ne peut s'interposer contre le massacre à venir et je mords si fort ma lèvre inférieure que je sens le goût du sang s'infiltrer dans ma bouche. Pourrait-il le sentir ? Je ne pus m'empêcher de repenser au baiser au baiser forcé avec son frère, tandis que le sens se mélange et je fronce les sourcils de dégout en reculant. Son frère n'était certes pas du tout la même, mais, je ne connaissais toujours pas sa réaction face au sang. Des années de traumatismes et de méfiance, à intégrer qu'il ne fallait jamais saigner devant un vampyre, ça ne s'efface pas comme ça.
Mais, j'avais beau chercher à l'éviter, lui au contraire, cherchait mon regard et ma présence. Je le sentis se mettre à genoux devant moi et je croisai son regard. Et je le vis se radoucir. Je lui faisais pitié, avec ma culpabilité ou quoi ? Il me répéta avec cette même douceur qu'il pouvait sauver ma famille, m'expliquant encore une fois le procéder. Et je compris bien une chose: Moi, je ne pourrais pas m'échapper avec ma famille. Il avait dit "ils" pas "vous".
"Ils sont dans la planque dans le quartier des plaisirs à SunCity, derrière le bar "Cherry Kiss"... murmurais-je, une partie de moi espérant qu'il ne m'entende pas tant mon égoïsme m'écœurait. "Pardon, j'dois aller dans la salle de bain."
Et aussitôt qu'il se décala, je filai, comme si le diable était à mes trousses. Sauf que le diable ici, c'était moi.
Je m'accrochai au lavabo si fort que mes jointures en devinrent blanches. Je n'osais me regarder dans la glace. Cette fille dans la glace, ce n'était pas Amaterasu. Je l'avais dis, non ? À SunCity, les principes faisaient de nous ce que nous sommes, et j'avais trahi tous les miens. Un par un. Il ne restait donc plus rien d'Amaterasu.
Je ressortis après avoir passé quelques instants à souffler:
"Bon, et maintenant, quel avenir pour moi…? " Demandais-je en sortant.
J'appréhendais la réponse avec appréhension, un creux dans l'estomac, tandis que je revoyais l'humain docile près de la vampyre en colère de tout à l'heure.

Il avait un regard de prédateur. Le lion et l'agneau. Mais l'agneau s'était épris de celui qui pourrait mettre fin à sa vie, et, sans plus aucun instinct de survie, il se jeta dans les pattes du lion. Le baiser ? je l'accueillis à bras ouvert. Et, quand il ôta son haut pour poser ma main sur son cœur, je me laissai faire.
Mon amour, mon désir, mon espoir. Sous sa peau froide, je pouvais sentir son cœur, bien qu'il soit mort par sa condition, et, je me mis à espérer qu'un jour, ce cœur soit mien.  Il m'embrassa passionnément à nouveau, prenant ma langue, coupant mon souffle. Chacun de ses gestes transpirait la douceur, comme ses canines sur ma joue. Mais il me mit à nouveau en garde. Mon lion ne se voyait pas comme je le vois. Mon lion est un vétéran de guerre qui craint ses griffes et ses crocs. Les cicatrices sur son corps, certaines si familières, d'autres non, faisait de lui un survivant et non un monstre. Ne réalisait-il pas à quel point j'avais envie qu'il se serve de sa puissance pour qu'il m'arrache mon cœur inerte de ma poitrine afin que je sois sienne pour le restant de l'éternité ? Il ne cessait de parler comme si un retour arrière était possible, mais, j'étais déjà, sa proie, depuis longtemps. Depuis l'époque où nous partagions la même cellule. Depuis l'époque où il m'a aidé à panser les blessures sur mon dos, qu'il tient présentement. Il ne cessait de me traiter comme une innocente alors que, mon aussi j'avais mon lot de cicatrices, tel l'agneau qu'on avait voulu sacrifier.
" Mange. Moi. Détruis. Moi. Je. Suis. à. toi." fis-je de mes lèvres, le plus fluidement possible.
Il avait tant mordillé ma lèvre inférieure que je sentais encore les pointes de ces dernières même lorsqu'il se stoppa. Je me collai à lui, nous faisant fusionner à nouveau tandis que ma main parcourait son torse, le découvrant délicatement. Après tant d'année, je retrouvais les bras de mon sauveur.
Mes dents parcoururent ensuite son cou, sans la pudeur que la bienséance que je m'imposais habituellement et je pouvais le sentir, là, dans ses veines.
Le sang que j'avais autrefois goûté.
Le sang qui m'avait sauvée.
Mes yeux virèrent aux rouges et mes veines à moi ressortirent. J'avais beau avoir mangé avant, il m'avait donné faim, rien que par ce souvenir qui venait de remonter.
Je reculai aussitôt. Demeurant néanmoins dans ses bras.
"Pardonne. moi."
Coupable jusqu'au bout, j'avais le souffle court et les crocs sortis.
Qui avait le plus envie de dévorer l'autre, au juste ?

Il était un monstre et décida de le rester. Il était un monstre et décida qu’en tant que tel, la jeune femme n’avait pas le droit de le quitter. Il allait déjà trahir une partie de sa race pour elle. Pour une famille dont il se fou complètement. Il allait la trahir, dont son frère… Même s’il allait devoir demander de l’aide à son frère certainement pour pouvoir sauver la famille de la jeune femme. Mince. Daggry le suivrait. Parce que son frère et lui, bien que torturer par deux parents différents, avaient toujours eu ce lien. Daggry l’aiderait, mais lui demanderait certainement une compensation de dingue. Comme le laisser baiser Amaterasu dès qu’elle aura accepté d’écarter les jambes. L’idée que son frère salisse cette femme le dérange. Mais il lui laissera le choix, à la femme, d’ouvrir ses jambes ou non. Daggry n’était pas un violeur, il ne la forcerait pas, mais il pouvait l’inciter fortement sans avoir du mal avec sa culpabilité. Il avait sentit le sang dans sa bouche, mais comparé à son frère, il ne fit aucun geste pour le goûter. Il n’avait pas faim. Il était parfaitement sous contrôle. C’était une nouvelle fois étrange … Il se demande quoi faire alors qu’elle lui donne la planque de sa famille. Il fait un signe de tête. Le raid allait avoir lieu dans une semaine. Le mieux serait d’avoir toute sa famille avant cela, pour que personne ne puisse mettre en doute les paroles des HelveMane. Il la laisse se lever. Il la laisse respirer. Il pourrait faire ça une fois qu’elle serait calmée. Il la regarde revenir avec douceur. Il allait parler … quand il sentit quelque chose d’étrange. Il fit un petit sifflement, posant sa main sur son cou. Son frère était en train de se faire saigner ? Il vérifie que ça va, reçoit une réponse suffisante avant de soupirer pour repouser la douleur qu’il avait sentie …

Son frère était en train de perdre du sang. Ce que Daggry ne laissait que rarement arrivé. Et lui, parce qu’il sentait le manque de sang de son frère, avait encore plus envie du sang de la jeune femme. Il fit un pas en arrière pour tourner autour d’elle. Il n’aimait pas toucher les gens. Il n’aimait pas ça. Même pour boire le sang … mais … il avait diablement envie de lui faire relever la tête pour sucer le sang qui se trouve sur sa langue dans un acte de pure pervertion. Il bloque le lien avec son frère, mais l’idée continue de le prendre par surprise … Oh…il avait envie de son sang. Alors la question posée était d’autant plus important.

- Accepte d’être ma servante. Accepte de me servir, d’être à moi. Mon frère ne pourra pas te toucher, si tu m’appartiens.

Et laisse moi te sucer, toute la nuit, réussit-il à ne pas dire… Parce que c’était beaucoup trop tendancieux, et que la voix et le rire de son frère s’entend dans son esprit. Il fallait qu’elle soit à lui. Qu’il puisse garder cette lumière rien que pour lui. Parce qu’elle n’était pas sale, son sang l’attirait et sentait le propre, le pur … Il avait envie de lui planter ses canines dans le cou pendant qu’elle joui. Parce que la morsure active, si l’on veut, une hormone de plaisir et ça fait du bien. Se faire mordre, il parait, il n’a jamais essayé, c’était quelque chose d’aphrodisiaque … C’était pour ça que la plupart des femmes du bétail de son frère était tout à fait consentant à venir se faire utiliser par Daggry. Parce que même s’il les coupait, les ouvrait, les faisait saigner, ils sentaient toujours l’euphorie incroyable de la morsure…

Il avait envie de la faire saigner. Il avait envie d’ouvrir ses veines en les écartant de ses dents, avec sa langue. Il avait envie de mordre et d’arracher la moindre parcelle d’elle. Il avait envie de la faire souffrir, de la marquer de bleu vampyrique pendant qu’elle aime ça. Il aimait ça. Daggry adorait faire mal. Il adorait humilier et soumettre. Et elle, elle était tellement soumise à lui qu’il ne lui restait plus qu’à prendre. Il allait lui arracher le cœur et en faire son repas. Il allait lui prendre sa vertu et en faire sa fierté. Il allait lui prendre son âme et le prouver. Oh. Il allait lui faire tellement de chose, très sale, que la jeune femme regrettera de ne pas être morte pendant le raid. Parce qu’il pouvait être pire que ceux du raid. Bien pire. Son frère s’occupe des papiers, de la comptabilité, il s’occupe de tout ce qui est propre et loin … mais lui … il n’avait aucune difficulté à aller tuer femmes, enfants, humains sans la moindre difficulté. Elle était bonne. Il était un monstre…

Les mots mimaient par la jeune femme était comme des attaques. Un canon contre un bateau. Il allait la manger, la détruire… Elle était à lui. Elle n’était pas à son frère … et alors qu’il sentait la soif de son frère d’ailleurs se réveillé dans sa propre tourmente … il sentit quelque chose de bien pire. La jeune femme caressait ses dents sur sa nuque. Il l’écouta demander pardon alors qu’il la laisse se reculer …mais dans un geste à la fois très lent et très rapidement, il remonta sa main sur son cou, et sans la moindre sommation ou hésitation, il s’arracha la peau et les muscles. Il se les arracha avec ses ongles alors que des goutes de sang perlé et tomber en cascade sur la jeune femme qui était sous lui. Il arracha la peau, les muscles, et tendit un doigt sanglant vers le visage d’Isadora. Il passa un doigt sur sa joue, laissant une trainée de son propre sang.  Il attend qu’elle l’attaque. Il veut qu’elle l’attaque alors que le sang dégouline en longues trainées, les rendant rouge, tous les deux. Trempée de sang qui colle et qui donne envie de se laisser lécher. Oh. Oui, il avait envie de lécher son décolleté où son sang coule doucement.

Je sens son regard sur moi, ce qui fait que je relève la tête. Je n'avais jamais vu autant de douceur dans le regard d'un homme. Surprise, je sentis mes joues s'échauffer. C'était tellement différent des amants et amantes que j'avais pu avoir après un peu d'alcool au "Cherry Kiss". Là, entre nous, il n'y avait eu qu'un contact inédit. Rien à voir avec le sexe, de près comme de loin.
Mais si ça n'avait rien à voir avec le sexe, pourquoi me sentais-je ainsi ?
Je ne savais pas… Je ne voulais pas savoir.
Un léger sifflement me fit sortir de mes pensées et je jette un regard curieux au vampyr qui porte la main à son cou. Il semble souffrir, mais je ne comprends pas très bien de quoi… ni pourquoi.
“Tout va bien ?” m’enquis-je, mi-perplexe mi-inquiète.
C’est à cet instant que tout se mit à changer. Son regard. Son regard était en train de devenir plus sombre. Signe de faim chez les vampyrs. Oh merde. Je le fixe sans le vouloir tandis qu’il me propose d'être sa servante. Je suis incapable de répondre et mon cœur s'emballe. Il a faim…
… Et je suis un repas.
Il ne fallait pas que je montre que j’avais peur. Pas devant lui. Pas devant un prédateur. Respire Ama’, respire. Mais instinctivement, je me mis à jouer avec mes ongles, manquant d’en arracher des bouts.
“ Je… j’ai besoin d’y réfléchir d’accord ? Ça fait beaucoup en une journée, tu vois. Quelle heure il est… j’ai l’impression que ça fait une éternité que je n’ai pas dormi. Tu m’ouvres ? Je… vais dormir. ”
Je m’étais rapproché de cette dernière doucement, le plus naturellement possible. Je n’avais presque pas menti: je n’avais pas besoin de réfléchir à sa proposition, car j’étais contre. Je ne finirai pas comme les pauvres humains qui se baladaient ici ou encore comme le pauvre con qui accompagnait la vampyr colérique de tout à l’heure. En revanche, je commençais réellement à ressentir les effets de la fatigue. Seule la peur me permettait de rester alerte à cet instant.
Et elle grandissait de plus en plus tandis que les souvenirs de la mère de Skumring “faisant un écart” au centre me revenait en mémoire. La douleur. L’impuissance. Et encore la douleur. Il paraît qu’on pouvait également ressentir du plaisir lors de la morsure, mais, j’étais trop jeune à l’époque. Ne restait donc que les mauvais souvenirs et cette putain de peur.

Skumring avait dû mal à ne pas succomber à l’appel du sang. D’ordinaire, quand il avait faim, son frère arrivait à le retenir. Et inversement. Mais Daggry était dans un état mental que Skum n’avait pas ressenti depuis des années. S’il n’était pas sûr que son frère était en train de kiffer sa vie, ce connard, alors il serait déjà en train de venir lui sauver la mise. Parce qu’il perd du sang et qu’il a soif. Et le corps tout entier de Skum réagissait à la soif de son frère. Merde.

- C’est Dag, répondit-il simplement avant de fermer les yeux pour se concentrer sur le moment présent, sa propre soif et ses propres instincts. Il déraille et me fait dérailler avec lui.

Avoir un frère au bord de la folie la plupart du temps, ça fait ce genre de réaction en chaine chelou. Lui, dans une pièce enfermé avec une fille dont le sang et les yeux lui renvoient de la pureté, et soumis à la soif d’un autre … Qui doit certainement être en train de pourrir son tapis ! Il allait le tuer ! SI quelque chose était inné chez Skumring c’était la propreté, il ne supportait pas le sale. Même quand, et ça n’arrivait que très peu de fois, il boit du sang, il fait en sorte de ne jamais en faire couler. Par économie et surtout par hygiène. Il respire doucement et finit par hocher la tête. Il avait toujours soif, maintenant. Connard. Avant qu’il ne sente la faim diminuer. Bah, enfin. Son frère mériterait bien d’être tabasser. Au moins un tout petit peu.

- Tu veux vraiment dormir dans la cellule de mon frère, demanda-t-il alors que ses yeux se calmèrent presque. Je peux très bien te laisser ma chambre et travailler à mon bureau.

Les vampyrs avaient besoin de dormir … mais ils n’avaient pas vitalement besoin de dormir. On va dire que c’était presque un caprice de continuer à avoir besoin de sommeil. Cela permettait aussi de voir qui était les fiables et ceux qui essayeront de les tuer dans son dos… Et puis… Il y avait aussi les chasseurs à aller kidnapper sous peu. Il la regarde, sens sa peur et regarde ailleurs. Il ne lui ferait pas de mal. Il ne pourrait pas. Mais comment lui prouver qu’il était digne de confiance ? Il n’était pas sa mère. Sa mère était … un brin psychopathe. Vraiment. Tellement que même ses enfants, les trois à l’époque, avaient préféré partir voir ailleurs. Sauf qu’elle avait rattrapé Daggry avant et l’avait changé en « ça », ce qu’il était devenu alors à l’époque. Un tueur sanguinaire. Puis, il avait dû sauver leur sœur, avait échoué, et avait changé en quelque chose de bien étrange. Entre le gentil et le connard. Très étrange. Un mélange qui dénote. Lui, il gérait les nombres et la finance, comme son père. De loin, il n’était pas au cœur de la guerre ni du sang.

- Je peux te laisser cette chambre, pour dormir. Mais si tu essaies de t’échapper je ne pourrais vraiment plus rien pour toi. On ne peut pas se permettre de laisser des gens s’enfuir de chez nous. Je suis sûr que tu sais pourquoi …

Pour se protéger. Autant d’eux des vampyrs que l’inverse. Ils sont plus vicieux que les vampyrs, du point de vue de Skumring, les humains sont pires. Parce que certains vampyrs sont nés ainsi. Et ils ont été tués simplement pour ceux qu’ils étaient. Sans même avoir causé de tord.