J'avais suspendu mon repas dans l'attente de ses paroles que ce soit pour mes compagnons ou ma liberté. Les deux, aussi important l'un que l'autre, me tenait en suspens. Si bien que lorsqu'il annonça la survie de mes équipiers, je poussai un long soupir de soulagement. Il les avait épargnés. Goro était en vie. Je regardai le vampyr avec intérêt. Depuis quand les vampyrs, de haut rang qui plus est, épargne les gens ? De même, il ne semblait pas manifesté ce même désir malsain et pervers envers les humains. En plus, il est était quasi d'accord avec moi...
Sa main se tendit ensuite vers moi, instinctivement et malgré toute la différence que j'avais pu découvrir à son sujet, je reculai, la peur dans les yeux. Cognant le plateau au passage, je rattrapai l'eau in extremis, réflexe de chasseuse conservé malgré le manque d'implants, que je regrettais chaque jour un peu plus. Tout comme ma liberté. Il me proposa un marché: de meilleures conditions, si j'étais sage. Je n'étais pas en état de m'enfuir de toute façon… et, dans le pire des cas, revenir sur ma parole était une spécialité. Ne pas être fiable était monnaie courante à SunCity. Dans quel genre de monde vivait-il pour pouvoir s'offrir le luxe de croire quelqu'un sur parole ?
"Marché conclu, sors-moi de là ! Je veux pas finir comme ces vaches." fis-je en désignant les femmes à l'autre bout du couloir.
Je me dépêchai donc de finir mon plateau et de boire un peu, attirée comme un insecte était attiré par la lumière à la promesse d'une douche. Me sentir propre et revivre. Mais je m'étouffai à sa question. Lui raconter ce que sa mère nous avait fait subir... il se foutait de moi, là, hein ?
"Ton frère a déjà visité l'entreprise, pourquoi me demander mon point de vue plutôt que le sien ? Et puis, je veux pas en parler, c'était horrible et dégradant comme là, sauf que j'avais peur en permanence… ah bah non, là aussi tiens. Les chiens font pas des chats, hein ?"
Assaillit par les souvenirs, je poussai le plateau de côté, écœurée par mon propre passée. Ne savait-il donc pas que son frère savait déjà ce que chère maman faisait ? Ils semblaient pourtant proches.
"Bon, on y va ?" m'impatientais-je en tremblant de froid.
Je voulais autant partir de là que chasser cette conversation, enveloppée dans ce drap, autant par pudeur que par honte de mon tatouage.

Skumring n’aimait pas tuer pour le plaisir, salir. Il n’était pas le genre. Pour tout avouer, il avait que peu de fois planter ses dents dans le corps d’un humain. Parce que … Son frère était toujours full plein et comme il pouvait utiliser leur magie de jumeau pour être stable, il ne s’en privait pas. Au départ, cela avait peur à ses parents. Qu’un vampire de son rang ne désire pas de sang ainsi … mais après, il y avait eu la réalisation de ce qui relier les deux frères. Quelque chose de beaucoup plus puissant. Si l’un était à l’ombre, il pouvait aider l’autre au soleil. Si un avait soif, l’autre pouvait se remplir pour lui. Si l’un avait mal, ou s’il n’avait plus d’énergie, et même se parler entre eux. Les deux jumeaux étaient devenus reconnu pour leur capacité. Parfois, les gens pensaient, à tort, que si l’un apprenait quelque chose, l’autre l’apprenait aussi. Skumring observa la porte et sourit avant de hausser les épaules.

- Elles sont consentantes et contentes de leurs sorts. Même si je dois avouer ne pas comprendre comment on peut vouloir coucher avec mon jumeau. Cela plait.

Leur bétail était toujours consentant. Parce que sinon, ça agace Skumring qui n’aimait pas plus la saleté que les gémissements et les disputes. Donc, tout le monde était heureux. Alisson l’avait été aussi. Elle n’avait simplement pas compris sa place et avait fui. Elle était stupide. Skumring n’aimait pas non plus les gens stupides. Il observa la jeune femme et à nouveau, haussa les épaules.

- Daggry a peut-être déjà visiter l’entreprise, mais il a une vision bien à lui de voir les choses. Les vampires n’ont pas la même méthode d’éducation que les humains. Cela fait que moi et mon frère ne sont pas pareil. Mon frère a la vision des vampires de ma mère, moi, celle de mon père.

Et il ne fallait pas être Einsten pour comprendre que les deux parents ne s’aimaient pas d’un amour pur et sincère. Ils s’envoyaient en l’air d’autres personnes, se niquaient de temps en temps … mais rien de bien amoureux. Ils ne seront clairement pas une histoire d’amour. Un enfant vampire était un enfant de choix, de pouvoir, de réputation, pas un enfant pour l’amour.

- Je veux ton avis.

Il se déplaça une fois qu’elle eut terminé de manger. Il l’observa encore et fit un signe de tête. D’une main, il approcha le drap et le toucha pour qu’elle puisse se mettre à l’intérieur et qu’il puisse la tirer sans avoir à la toucher. Il ouvrit la porte. Surpris le regard de plusieurs mais ne dit rien. Il marcha quelques couloirs, arriva dans un couloir bien plus luxueux encore et ouvrit une porte pour la laisser entrer. La chambre était trois fois plus grande, plus jolie aussi, plus chaleureuse à cause des plantes qui étaient un peu partout. Il s’approcha d’une autre porte et l’ouvrit. Il y avait une salle de bain fonctionnelle avec une baignoire.

- Il n’y a aucune issu pour s’échapper. Je le sentirais si tu tentes quelque chose et je viendrais directement, nue ou pas, compris ?

Les regards dans le couloir étaient désagréable, mais j'avançais la tête haute, sans aucun regard pour elles. Je méprisais le bétail comme je méprisais mon passé. Comme je méprisais l'enfant faible que j'avais pu être. Consentante, avait-il dit dans la chambre. Aberrant. Et, en un sens, effrayant. Moi non plus, je ne comprenais pas comment on pouvait aimer ça, de la part de son frère, le dégueulasse, en plus. Pas étonnant qu'Allison se soit enfuit, en fait.
Son appartement, car je supposais que ça l'était, était incroyable. Je n'avais jamais vu autant de plantes, surtout en si bonne santé. Ma main effleura l'une d'elle avec émerveillement. Les plantes, dehors, étaient essentiellement des "plantes parasites" comme j'aimais les appeler. En réalité, c'était de la mauvaise herbe. Il avait du goût et de la classe, ce con, je devais bien l'admettre.
Il me tenait la porte de la salle de bain, m'invitant à y entrer, non sans un dernier avertissement.
"Tu dis que tu veux mon point de vue sur l'empire de ta mère... Pourquoi je ferai ça alors que tu ne sais même pas dire "s'il te plait" ? De toute façon ce que je vais te dire est évident, non ? On était du bétail accroché à des machines pour être prélevé du matin au soir, nous mettant parfois dans le coma pour être sûr d'avoir la paix. Pas de nom, un chiffre pour l'appel. Tatoué sur nous comme des animaux. Ils ne nous donnaient du repos que si notre santé était réellement menacée... ma seule chance, c'était que j'étais l'une des préférées de ta mère alors, elle faisait un peu attention. Beaucoup sont morts, surtout les enfants."
Et sur ces mots, le visage crispé par la colère, je lui fermai la porte au nez.
Seul la douche apaisa quelque peu mes nerfs. J'étais encore faible, mais je n'avais pas vraiment de temps à perdre: qui sait quand l'autre jumeau reviendra à la charge ? Et bon, je ne savais pas jusqu'à quand la générosité, si on peut dire, de celui-ci allait durer. Et puis, je n'allais pas redevenir du bétail. Je serrai les poings. Plus jamais. J'étais la chasseuse désormais. Et je n'allais pas l'oublier. Je n'allais pas renoncer.
Je sortis de la douche et avisai les vêtements: Noir. Masculin. Trop grand. Mais je m'en accommodai. Je restai cependant juste en chemise: ça me faisait une robe, laissant entrevoir mon loup tatoué sur ma hanche. Je n'avais plus froid. Le pantalon empêchait les mouvements et ne faisaient que tomber.
J'avais laissé couler l'eau, car je cherchais une issue et je voulais être discrète. Si Allison avait pu s'enfuir je vois pas pourquoi moi, je pourrais pas. Soudain, mon visage s'éclaira. Une bouche d'aération au plafond. Mais il me faudrait des outils, elle était bien fixée. Aussi, retrouver l'appareil avec lequel il avait déconnecté mes implants serait un plus. J'éteignis l'eau et sortis, le cherchant du regard...

Skumring n’avait pas besoin de plante pour survivre. L’oxygène n’était pas le même besoin pour lui que pour les humains … Cependant, il aimait en faire attention. Malgré le risque de saleté des plantes, Skumring arrivait à garder des plantes propres, dans un espace propre et qui respire la propreté. Etrange mais véridique, il avait prit plus de deux cents ans pour faire en sorte de mettre cet art en place. Il aimait les plantes et aimait les voir. Il étire ses lèvres dans un sourire qui montre ses canines.

- Même si je suis mieux que mon frère, tu restes une prisonnière et une chasseuse ici, la politesse attendra que tu en fasses de même.

Elle n’avait pas remercié, dit bonjour ou autre. Ce n’était pas comme s’il lui devait quoi que ce soit. La seule personne que Skumring tenait en respect était son frère, et clairement Daggry en avait rien à secouer que son jumeau utiliser des formules de politesses. Pour le reste, il ne parla pas. Il acceptait le faire que sa mère était une femme sans cœur. Elle aurait pu tuer ses fils sans soucis. Elle mettrait même ses fils dans des machines si le pouvoir des vampires pouvait se transmettre par le sang. Heureusement, il avait été élevé par son frère. Malheureusement, son frère avait été élevé par sa mère.

Il la laisse se changer et reste à se déplacer parmi ses plantes. Il l’entendait se laver, il l’entendait s’habiller et il l’entendait chercher une échappatoire. Il savait exactement ce qu’elle était en train de faire et de voir. Il savait ce qu’elle pensait. Parce que ce n’était pas la première fois qu’il avait appris à entendre la joie d’un cœur qui pense pouvoir s’échapper. Il soupira alors qu’il finit de remplir le réservoir à eau d’une plante avant de se tourner vers elle.

- La dionée attrape-mouche. C’est une plante carnivore. Quand elle sent une mouche, elle peut modifier son comportement, elle s’adapte pour garder ses proies. Elle est une chasseuse et une tueuse appliquée. Mon frère est comme cette plante. Il ne te laissera pas partir, choisi ton combat, ou … attends la mort.

Il s’avance et lui tends une fleur étrange, elle était encore vivante, ses racines étaient contre les mains de Skumring et semblait boire le sang de ce dernier. La couleur de la fleur était rouge sang alors que des alvéoles blanches se trouvaient en son cœur.

- La vampirya martelon. Tant qu’elle est nourrie, elle reste calme. Elle ne tue que les insectes qui essaient de l’utiliser. Elle ne supporte pas la trahison et ne laisse que quelques espèces de coccinelles venir contre sa tige. Et elle, elle est comme moi.

Il sera gentil, jusqu’à ce qu’elle essaie de le trahir comme elle en avait envie. A ce moment-là, alors, il n’hésitera pas à l’éliminer en râlant sur la saleté du sang.

Une menace à peine déguisée sur fond floral. Ça avait un côté romantique tragique qui faillit me faire rire. Je me retins in extremis. Je ne voulais pas qu'il ait l'impression que je me moquais de lui. Mais, je ne savais pas vraiment que répondre. S'attendait-il à ce que docilement, j'abandonne ma vie pour devenir sa gentille propriété ? Évidemment que je voulais fuir, n'était-ce pas ... humain ?
"Je ne veux pas trahir quoique soit, je ne suis pas Allison, je suis pas conne. Mais, tu peux bien comprendre, non ? Je veux juste retourner à ma vie. Être une gentille propriété vampyrique ça m'intéresse pas hein. Et, puis tu as pas l'air d'avoir d'intérêt pour moi. La preuve, je connais pas ton nom, tu connais pas le mien. On est des étrangers, tu me gardes que pour ton frère, pourquoi te sentir blessé de mon envie de liberté, au juste ?"
Plus j'essayais de comprendre moins ça avait de sens. À moins que lui aussi ait envie de me garder, mais je ne voyais pas l'intérêt. De plus, il ne semblait pas être un accro au sexe et au sang comme son frère.
Je laissai tomber l'idée de trouver de quoi m'évader ou la tablette pour retrouver mes implants, du moins pour ce soir. Ça serait stupide et contre-productif: il m'avait grillée, il m'avait à demi menacée — avec poésie et classe, certes  —, donc il devait certainement être aux aguets. Serais-je si fourbe au point d'essayer de gagner sa confiance pour mieux l'endormir ensuite ? Je ne savais pas. J'étais du genre à cracher les quatre vérités aux gens. Les missions de ce genre, ça avait jamais été pour moi, et Goro le savait très bien.
Mais, si c'était pour ma vie ? Ma liberté ?
Je regardai un instant le vampyr en face de moi. Jouer un tel jeu avec un vampyr de cette puissance ? La peur me titilla doucement l'estomac à cette idée. À quel point j'étais prête à flirter avec le danger pour ma liberté ? Je ne saurais dire, pour l'instant, je n'étais pas assez désespérée pour me mettre en danger, ou plutôt, j'avais toujours le luxe d'être patiente...
Soudain, on frappa à la porte, me faisant sursauter.
Le propriétaire des lieux vérifia puis ouvra. L'humaine présente, totalement nue, n'entra pas, mais annonça:
"On m'envoie vous rappeler que Lady Helluva est en route et que votre présence est requise, Monsieur."
Un silence se fit durant lequel l'humaine me dévisagea, puis:
"Voulez-vous être accompagné de cette personne ? Je peux demander à l'habiller pour l'oca-"
"Pitié non, la dernière chose que je veux, c'est me retrouver dans une pièce remplie de vampyrs !"
La protestation était venue de mes entrailles, mais est-ce que mon ravisseur me laisserait vraiment ici seule ? Est-ce qu'il me ferait... confiance ? Il n'avait pas de raison. À sa place, je ne le ferais pas. Mais, s'il le faisait, j'aurais peut-être enfin la chance de partir...

Le voyage en navette vampyrique avait l'avantage d'être sécurisé, que ce soit d'un point de vue solaire ou protection anti-chasseur, mais bon sang ce que c'était long ! Je soupirai une énième fois tout en réajustant à nouveau mon chignon et m'épongeant les lèvres avant d'y remettre du rouge à lèvre. Sur le cou de Zéro, mon serviteur, la marque de morsure avant déjà disparu et il reboutonnait le haut de sa chemise. Propre, rapide et efficace, c'est comme ça qu'une Lady se devait de manger. J'avais préféré le faire avant ma rencontre avec les HelvedeMane, plutôt que pendant ou après, afin de me garantir d'être en forme. J'allais enfin pouvoir le revoir. Après tout ce temps. Et dire que nous n'avions même pas pris la peine de nous donner nos noms. La peur sans doute. Surtout que, nos échanges avaient surtout été silencieux. Je ne pouvais parler et je n'avais oser essayer d'entrer dans son esprit pour communiquer. Car entrer dans l'esprit d'un autre, c'était... intime. Non à l'époque, nos échanges avaient essentiellement été du réconfort puisé dans les bras l'un de l'autre, tandis que je m'accrochais aux quelques mots qu'il murmurait, parfois. Le réconfort avait été un luxe dans cette vieille prison rouillé ou seul trônait les bruits des rats et du désespoir. Ah, la jeunesse, pas vrai ? À l'époque je ne mangeais pas comme une lady, oh non ! Je massacrai des humains à tour de bras, obnubilée par la soif. On dit que les purs sangs ont un meilleur contrôle, adulte peut-être, mais jeune, je ne suis pas sûre... quoi qu'il en soit, j'avais finit par me faire suffisamment un nom pour que des chasseurs cherchent à m'avoir. Sauf que seul un autre pur sang peut en tuer un. Alors ces humains pourris avaient conçu une prison, nous entassent et nous affament... ma seule lumière se fût lui.
"Mademoiselle, nous sommes arrivés."
La voix de Zéro me sortit de mes pensées. Effectivement, la navette était garée. Un léger sourire étira mes lèvres. J'avais hâte.
Je descendis et Zéro nous annonça. Il était le seul humain en qui j'avais confiance, depuis cette tragédie. Je ne me nourrissais que de lui et il était ma voix. De ce fait, je le traitais avec égards.
On nous conduisit dans la salle de réceptions où l'on m'invita à m'assoir en me précisant que les jumeaux HelvedeMane n'allaient pas tarder. Je refusai poliment le sang que l'ont voulu me servir en attendant et patienta dans l'impatience, jouant nerveusement avec mes cheveux. Zéro me chuchota que tout allait bien se passer et je lui fis un sourire qui trahissait un peu ma nervosité en retour.

Skumring la regarde. Des yeux si purs et si prompts à partir. Sans être un chasseur, Skumring n’aime pas l’idée de pouvoir perdre sa proie… il n’aime pas l’idée de pouvoir la faire disparaître. Il n’était pourtant pas LE chasseur de la famille… Mais il n’avait pas envie de perdre la pureté de ses yeux. Il n’aimait pas l’idée de perdre ça. Alors, il allait faire en sorte de la garder aussi. C’était la première fois qu’il trouvait quelque chose d’aussi pur dans ce monde. Même les plantes qui l’entourent n’étaient pas aussi pures et magnifiques que ses yeux.

- Tu veux retourner à ta vie de tueuse de vampire ? Fit-il en haussant un sourcil. Et tu te trompes, j’ai un intérêt pour toi. Je ne sais juste pas pourquoi. Ce n’est pas la même chose. Pour mon prénom, je suis Skumring HelveMane. Je suis sûr que tu connais notre surnom avec mon frère. Et libre à toi de me dire ton prénom, ou pas.

Les jumeaux. C’était assez simple comme surnom, et tout le monde trouvait cela suffisant. Lui et son frère étaient pratiquement interchangeables. Et lui et Daggry avaient appris à utiliser ça à leur avantage. Leur seule différence évidente était un grain de beauté que personne ne remarque jamais.  C’était aussi la raison pour laquelle ils étaient aussi proches. Ils étaient les jumeaux.

- Je reste un vampire, et les tueuses de vampires sont mieux enfermées pour ma sécurité, ne crois-tu pas ?

Il répond à la porte et soupire en se souvenant de ça. Il prévient l’humaine toute nue, pitié il avait besoin de dire à son frère de les habiller, de prévenir son frère. L’humaine partie joyeusement. Bon. C’était une humaine consentante. Daggry avait l’habitude d’humilier et de haïr les humains, c’était pour ça, surtout, qu’il faisait toujours en sorte de les tuer. Depuis une expérience traumatique qu’on lui a mise sur son dos. Tout le monde pensait que le sauveur des vampires de la raide X002 était de son fait. Il n’avait rien faire, lui. Daggry était le jumeau kidnappé. Il était celui qui avait sauvé tout le monde. Mais Daggry avait donné cet exploit à son frère. Skumring l’avait prit pour lui faire plaisir. Il se retourne vers la jeune femme.

-Tu vas t’habiller, ordonna-t-il, et tu vas faire bonne figure, aussi. Daggry n’osera pas te forcer à quoi que ce soit, si tu es au milieu de ce beau monde.

Et quand il disait « beau monde » il parlait de cette vampyr qui arrive. Cette vampyr qui hante les rêves et les cauchemars de son frère… Skumring savait même que Daggry couchait plus facilement avec des brunes, et les empêcher de parler, pour avoir l’impression de coucher avec cette femme en particulier. Ce n’était pas de l’amour, qu’il dit, mais de la possession. Raison pour laquelle Daggry n’avait jamais rien fait pour la revoir. Sauf qu’elle allait devoir se marier, à l’un d’eux, pour une histoire de mariage arrangé. Et le pompon sur la Garonne, c’est vraiment le fait qu’elle pense que l’homme qui la sauvé, c’était Skumring… Il montre une autre chambre à la jeune femme et lui ouvre une armoire pleine d’habits en tout genre. Ici, dans cette aille, sa captive pourrait remarquer que les gens sont de plus en plus habillé. Certains non. Mais la plupart.

Putain de merde. Daggry arracha la jugulaire de l’animal avant de mâcher la chair fraichement morte. Il mâchait et avait l’impression de ne pas pouvoir calmer son cerveau. Elle. Elle allait venir. Si la chasseuse avait eu le mérite de détourner ses pensées … Il n’oubliait pas… Cette femme allait certainement se marier, coucher, faire des enfants, avec SON frère. Il n’avait jamais eu envie de coucher avec des vampyrs. Jamais. Sauf avec elle. Elle n’était pas en état d’être entre ses jambes … mais bordel. Il avait eu envie d’elle du début à la fin de cette putain d’histoire. Il approcha sa mâchoire de la biche qu’il avait traquée pour en enlever encore une autre partie.

La viande, pour les vampyrs, n’avait pas d’intérêt… Mais le sang, même animal, avait un goût. Pas le meilleur du monde, pas si nourrissant, mais l’agonie de l’animal, sa peur et sa souffrance, ça faisait du bien à Daggry. Il grogne alors qu’il continue de manger l’animal en sentant des loups s’approchaient. Il se leva. Complètement couvert de sang. Il avait laissé son haut dans le manoir et ne portait qu’un pantalon en jean qui était, jadis, bleu clair. Il était maintenant entre le marron et le rouge. Il soupira.

Elle allait se marier avec son frère.
Elle allait baiser avec lui.
Elle allait lui donner un hériter de sang pur.

Il crache la peau qu’il avait mâchouillée entre ses dents à côté de la carcasse de l’animal. Il avait envie de tuer quelqu’un. Parfois son propre frère.

- Evite. Je n’ai aucune envie de crever, dit son frère dans sa tête, et elle est là.
- Je sais.
- Alors, bouge ton cul.
- Va te faire foutre.
- Bois quelqu’un ou baise un truc, mais par pitié, bouges-toi le cul.

Il vira son frère de son esprit avec la puissance de son esprit et il se retourna dans le manoir. Il savait que son frère était avec la chasseuse. Il n’avait donc aucune raison de la retrouver pour se faire du bien avant de trouver cette femme insupportable. Il avance dans le dédale du manoir et ouvre la chambre. Il avait tué tellement de vampyrs pour la protéger. Il avait tué tellement de personne pour l’avoir dans ses bras, qu’elle arrête de grommeler, de greloter. Il avait même fait quelque chose qu’il ne pensait jamais faire… il lui avait donné de son propre sang pour la garder en vie. Il attrape une femme au passage dans le couloir et plante ses crocs, sans préliminaire. Il boit goulument avant que son frère ne lui rappelle à l’ordre. Skumring était un rabat-joie… mais il arrivait à calmer ses pulsions sanguinaires, sexuelles et meurtrières. Il laisse la femme tomber au sol, au bord de la mort mais elle pourrait aller mieux une fois une semaine passée. Il n’avait même pas pris le temps d’expulser l’autre pulsion qui lui brûler les reins. Il devrait le faire plus tard, sur cette chasseuse. Il fallait qu’elle écarte les jambes, ça lui ferait tellement du bien. Il se change et prévient son frère qu’il allait les rejoindre devant la porte.

Il remarqua la prisonnière au côté de son frère. Ils parlèrent mentalement avant que Daggry n’abdique, non sans s’approcher de la prisonnière pour lui caresser la joue.

- Laver, j’ai encore plus envie de toi.
- Dag, le réprimande son frère avant d’ouvrir la porte.

Skumring rentra en premier, en prenant Ama avec lui, et il fit une révérence vers la jeune femme dans un sourire. Il était habillé dans un costume trois pièces, très chic, très classe, il avait la peau et les cheveux impeccables. Une façon de voir les différences entre les frères. On pouvait voir son cou dans sa chemise blanche.

- Mademoiselle, je suis Skumring HelveMane, pour vous servir. Je vous présente mon frère, Daggry.

Daggry était habillé bien plus sobrement. Il avait mis un t-shirt en V, qui montrait lui aussi son cou, ainsi qu’un autre jean noir, cette fois-ci. Et il se rapprocha tout de suite du bar en ne la regardant pas. Surtout pas. Il ne pouvait pas la regarder. Parce qu’elle était aussi belle que dans ses souvenirs… Elle était là pour choisir son futur époux. Elle était là pour choisir Skumring. Il n’avait pas envie de voir ça.

Devant l'armoire remplie de vêtements, mes pensées se bousculaient. Comment ça ce Skumring avait un intérêt pour moi ? C'était insensé. Ces jumeaux étaient insensés. Je soupirai longuement. Dans cette armoire, que des habits cher et couteux et toujours aucun signe de ce que je portais avant le kidnapping. Bon sang, ils en avaient fait des chiffons ou quoi ? Je me résolus à choisir une robe, car je ne voulais pas continuer à me balader en chemise trop grande pour moi. C'était une longue robe noire et acier avec un décolleté en "V" et fendue dans un effet déchiré sur le côté droit. Pour compléter je prie un collant que je déchirai pour aller avec le côté déchiré de la robe et je prie des chaussures à talon — car il n'y avait que ça — avec effet miroir. Des servantes, habillées cette fois, virent également complétée le tout avec du maquillage assorti, accentuant mes yeux avec du noir et des paillettes, habillant mes lèvres avec une couleur acier clair et froid, rappelant l'effet miroir des chaussures. Elles me montrèrent le résultat, et, pour la première fois depuis mon arrivée ici, je souris. C'était donc ça se sentir jolie ? Alors que j'allais quitter la pièce, sans même penser à m'enfuir, on m'ajouta un foulard noué sur le côté, noir au léger filaments argent, qui ajouta un effet chic, Mon regard cru voir le logo de la marque "X.U", couturier de haut rang, qui avait la réputation d'incorporer des matériaux de luxe et rares dans ses vêtements. De quoi était fait ce foulard au juste ? Mais, je n'eus pas le temps de tergiverser plus que ça, on me poussa au côté de Skumring, habillé lui aussi pour l'occasion. Sa perfection vampyrique n'était que d'avantage mise en avant.
Je voulais toujours retrouver ma vie de chasseuse de Vampyr. Mais, je crois bien que je ne pourrais jamais revenir en arrière. Dire que j'oublierai avoir un jour ressentie cette sensation de confiance procurée par une telle tenue serait un mensonge...
... De même que de dire que je n'avais pas trouvé Skumring élégant à ce moment-là.
Mais, je chassais très vite cette pensée de mon esprit. C'était un vampyr. Et, les vampyrs, c'était dégoûtant, n'est-ce pas ? Et, son frère me le rappela très vite par son intervention lubrique lorsque nous le rejoignîmes devant une très grande et imposante porte.
"Me touche pas, stupide vampyr." grognais-je en me réfugiant de l'autre côté de Skumring.
"Au fait, moi, c'est Amaterasu." murmurais-je en faisant en sorte que seul lui entende.
Je me doutais bien que son jumeau finirait par le savoir aussi, mais, pour l'instant, j'aimais bien l'idée d'ignorer ce putain de vampyr pervers et donner mon nom qu'à celui qui m'a sauvé la vie. C'est pourquoi je lui ai soufflé mon prénom avant d'entrer.

La porte s'ouvrit enfin. Les deux jumeaux apparus dont un en costume avec une humaine qui se dirigeait vers moi en toute politesse. Skumring HelvedeMane, enfin ! Après tout ce temps, on se retrouvait enfin... enfin, c'est ce que je croyais.
Alors que je m'apprêtais à le prendre dans mes bras, un détail me chiffonna.  Son grain de beauté. Il n'était pas à la bonne place. Du moins, dans mes souvenirs, il était de l'autre côté. Confuse, je suspends mon geste avant de l'arrêter complétement et de regarder mon hôte, perplexe.
"Un problème Mademoiselle ?" s'inquiète aussitôt Zéro.
Bien sûr, Zéro connaissait l'envie plus que profonde de renouer avec celui qui autrefois, m'avait sauvé du fameux Raid X002, d'où son inquiétude.  
Je me tournai vers l'autre jumeau, occupé à boire comme si le monde autour de lui n'existait pas. Draggry HelveDeMane. Le chasseur des jumeaux. Mauvaise réputation, mouton noir de la famille. Se pourrait-il que…?
D'une vitesse et grâce surhumaine, je me déplaçai jusqu'à mon comparse solitaire, observant son cou.
Incompréhension.
Il était de l'autre côté. Le grain de beauté était de l'autre côté, comme dans mes souvenirs. Cela voulait dire que c'était lui. Mais, pourquoi avaient-ils voulu faire croire le contraire, et ce, même à moi ! Nous avions partagé une cellule miteuse dans lequel nous nous étions agglutinés avec nos espoirs et nos rêves et l'accueil auquel j'avais le droit après nos années de séparations... c'était ça ?  J'aurais voulu hurler. Foutu mal incurable qui me privait de cette opportunité. Des larmes aussi silencieuses que mon être coulèrent sur mes joues. Qu'il mente au monde, c'était son problème, mais par le sang, pourquoi moi aussi ? Pourquoi ?
Je le saisis par le menton sans ménagement et le forçais à me regarder avant de former le mot "menteur" de mes lèvres tremblantes... "pourquoi ?" continuais-je après avoir essuyer d'un geste rageur de la main mes larmes. Cela faisait aussi mal que le jour où il avait coupé tout contact avec moi, du jour au lendemain. D'ailleurs... était-ce lié ?
Je retenais de tout mon être mon cœur en pièce qui voulait aller se blottir contre mon sauveur caché, les poings serrés et tremblant, je ne cessais de me poser des questions. Et, je ne savais plus que faire de mes émotions.
Sentant un zéro de plus en plus perplexe, je lui expliquai mentalement la situation.
" Attendez, vous arrivez à les différencier ?" fit un Zéro qui avait répondu à voix haute, choqué.
Je fis un oui de la tête, ne pleurant plus, pour conserver le peu de dignité qui me restait. Mais, je restais à côté de ce menteur, attendant sa réponse en le fixant avec incompréhension et colère sourde. Je me sentais tellement trahie que j'hésitais à annuler l'accord entre nos deux familles

Skumring sentait les autres. Il sentait avec exactitude l’existence des autres. Il savait où ils étaient. Il savait comment ils étaient. Il savait même leur intention … Alors il n’était pas souvent étonné. Parfois, rarement, cela arrivait une fois par an, quelque chose comme ça, on l’étonnait. Alors qu’on l’étonne trois fois dans le même mouvement, c’était super, SUPER rare. Trop d’un coup. Il se sent opressé.

Mais revenons au début. Avant qu’on l’étonne et que son cerveau craque. Avant tout ça, il avait déjà failli craquer. Parce que cette femme, humaine et pure, avait fait naître en lui quelque chose de nouveau. Il avait eu du désir. Et ça, il n’en ressentait jamais. C’était peut-être sa robe, ou ses yeux ou … Son chuchotement contre lui alors qu’elle essayait de se repousser de son jumeau ? Il n’en sait rien. Il s’était bien apprêté pour parler à sa future femme… mais … Il ne pensait qu’à la femme qui était derrière lui. Mince. C’était quoi ça. Son frère lui lança un regard. Skumring lui envoya un fuck mental.

Daggry, ça le dérangerait pas de baiser avec la femme qui intéresse son frère. Et Skumring le savait. Lui, ça le dérange. La jeune femme avait quelque chose de pur que Skumring voulait protéger, devait protéger. Il avait déjà, donc, craqué dès le début. Amaterasu.

Puis. On l’avait étonné, par trois fois.

Un. Première chose qui l’étonna, se fut la réaction de la princesse vampyr. En plus d’avoir voulu l’enlacer (NOPE, merci) elle n’avait pas hésité à attaquer son frère alors qu’il était en train de se servir un verre.
Deux. Deuxième chose qui l’étonna, se fut la main qu’il sentit se tendre contre son costume quand Isadora avait commencé à s’énerver. Machinalement, son corps s’était mis entre les deux vampyrs et elle.
Trois. Troisième chose qui l’étonna, se fut la réaction de Daggry. Il se figea. Son frère, le super chasseur, tueur, froid comme une tombe, il se figea.

Alors, face à ces trois surprises… Face à ces trois stimuli, il fait la seule chose logique dans la situation. Et il laissa passer un éclat de rire et attrapa la main d’Ama par pur réflexe.

Daggry observait Ia scène de loin, au début. Il était déjà mal à l’aise de voir la joie d’Isadora pour voir son frère / lui en réalité… mais alors quand elle se planta devant lui, il arrêta tout ce qu’il se passait dans sa tête. Il observait ses lèvres, qu’il avait déjà désiré embrasser, même là-bas. Puis ses yeux. Il resta immobile. Il cherchait quoi répondre, surtout qu’après le serviteur de la brune y vocaliser ce que les deux jumeaux craignaient. Daggry observait cette femme, immobile comme un mort, jusqu’à ce que le rire de son frère le sorte de sa torpeur. D’un mouvement rapide, il envoya son verre plein dans la gueule de son frère. Ce dernier le repoussa d’un geste de la main et le verre s’éclata au loin alors que son sourire ne l’avait pas quitté.

- Elle t’a reconnu, fit Skumring avant qu’un grognement animal se fasse entendre.

Daggry lâcha un regard noir à son frère avant que ce dernier n’hausse les épaules. Le jumeau remarqua la main de son frère contre celle de la prisonnière. Il envoya des insultes mentales à son frère. Celui-ci s’approcha avant de faire une révérence, tenant toujours la main d’Ama.

- Dame D'Helluva, fit-il avec révérence, je vous laisse avec mon abruti de frère.
- Lâcheur, hurla Daggry dans la tête de Skumring avant de voir son frère faire un signe de la main pour sortir avec Ama.
- Il t’expliquera la vérité, si vous voulez de l’intimité, vous avez une pièce disponible dans la pièce plus loin, continua le frère pour tout le monde avant de jeter un regard à son frère.
- Je te déteste, dit-il pour tout le monde avant que Skumring rit à nouveau.

musique d'ambiance:

Je le sentais battre dans ma poitrine. Mon cœur. Mon cœur apeuré.
Je n'avais déjà pas été beaucoup assurée en découvrant cette vampyr de sang pur dans la pièce. Pourtant, j'avais suivi machinalement, car au moins, la présence de Skumring était sécurisante, parce que que je le veuille ou non ma sécurité en ces lieux était entre ses mains.
Pas beaucoup assurée donc, mais quand l'ambiance de la pièce fit un cent quatre-vingts degrés, mon instinct parla tout seul. Lorsque cette vampyr s'élança vers l'autre jumeau, et le saisis, je pus apercevoir ses crocs brillants et mue d'une peur instinctive liée à mon enfance, je saisis la manche de son costume. Suite à ce geste, le vampyr, c'était mis entre moi et la source de ma peur. Aussitôt, je me plaçai dans son dos, tel son ombre. Je me fichais pas mal de la situation, je voulais juste que ça s'arrête.
Soudain,
Alors que je venais de rouvrir les yeux, curieuse du rire de Skumring, ce dernier saisit ma main. Elle était tellement plus puissante et froide que la mienne. Tandis que les jumeaux s'engueulaient à moitié et qu'un verre volait dans la pièce, moi, je ne voyais que nos deux mains. Je ne savais plus que penser. Toute ma vie à me faire consommer par ma haine des vampyrs au point de ne vivre que pour ça. Mais, la haine, était-ce le bon choix ? C'était ce que j'avais voulu, mais était-ce ce dont j'avais besoin ?
Je suivis machinalement Skumring hors de la pièce, sans aucune révérence pour ma part. Sa main. Elle était toujours dans la mienne. Alors que nous traversions le couloir, mes jambes avaient de plus en plus de mal à porter mes pas.
Putain,
Qui je suis ?
"Attend..." soufflais-je d'une voix faible alors que je me sentais m'écrouler en plein milieu de ce fichu couloir.
Qu'est-ce que je fous, putain, là, bien habillée, à suivre docilement un vampyr, lui tenant même la main ? C'est sa mère qui a détruit ma vie ! Et si c'était son fils qui la reconstruisait ?
Je le sentais. J'étais à la croisée d'un chemin, dont l'un changerait ma vie pour toujours. Et, je n'aimais pas ça.
"Il faut que tu me ramènes à Night City, Skumring. Tout ça... c'est pas normal. Ce n'est pas qui je suis. Nous ne sommes pas compatibles, ça ne va pas... Ça ne va pas."
J'étais perdue, perdant doucement la haine qui autrefois brûlait mon cœur.

La voix de son frère signa ma victoire et la fin du mensonge. J'avais bien perçu la mascarade. J'avais vu clair dans leur petit échange et, ça me faisait mal. "Sois heureuse," ma mère avait-elle dit "On veut de toi alors que tu n'es même pas parfaite."
En effet, d'un point vu vampyrique, je ne l'étais pas. Et, c'était une tare pour la vampyr au sang pur que j'étais. Je n'aurais jamais, jamais, dû naitre muette. Et, par le sang, j'avais essayé de me soigner. J'en avais vu des médecins. Zéro explication, et pas de remède non plus. J'avais donc tout tourner dans la haine. La haine des humains. J'en avais massacré. Des tas. Mais, le problème avec la haine, c'est que c'est un feu qui se consomme, et pour l'éteindre, il fallait renoncer, purement et simplement.
Mais, présentement, la chose était difficile et je pouvais sentir le feu de mes émotions s'allumer en moi. Si bien que quand Skumring pris congé avec sa petite humaine tremblante, et que nous nous retrouvâmes seul, Draggy et moi, la gifle tomba toute seule.
"Menteur !" formèrent à nouveau mes lèvres silencieuses.
Je ne savais plus que faire. J'avais décidé de pardonner qu'il m'abandonne en cessant de me répondre du jour au lendemain, mais là, mais là, il poussait le bouchon tellement trop loin !
En fait, peut-être qu'il n'en avait jamais rien eu à faire d'elle, et qu'elle le dérangeait, cette vampyr imparfaite, honte de son espèce. Mais, alors pourquoi il lui avait donner son sang, ça ne collait pas ! Il avait été bien trop gentil et protecteur pour que ça colle. Ça ne collait pas non plus avec sa réputation d'après ce que j'avais lu sur internet. Rien de tout ça n'était logique.
Ce fut mon tour de me servir un verre. Du whisky. Inutile de le diluer pas vrai ? Je le bus d'un trait, me brûlant la gorge et l'œsophage tandis que Zéro s'avança afin de parler pour moi:
"Mademoiselle vous demande si vous comptez vous expliquer un jour.
Je m'installais au bar également, à côté" de l'homme que j'avais giflé, m'apprêtant à me servir un deuxième verre de whisky pur lorsque Zéro m'interrompis:
"Mademoiselle, ce n'est pas vraiment raisonnable."
En effet, ça ne l'était pas. Le système vampyrique guérissait vite et donc nous étions bourrées moins vite et moins longtemps que les humains, mais nous pouvions tout de même l'être.
Je chassai la main et les paroles de Zéro d'un geste de la main et me servit ce deuxième whisky, que je bus cul-sec par ailleurs, non sans une grimace.
Il m'avait vu dans un bien pire état que bourré.

Parfois, le monde est un parallèle. D’un côté, il y avait Skumring.

Il venait de traverser un couloir avec sa petite prisonnière, le cœur qui ne battait pas forcément battait dans sa cage thoracique. Il n’avait eu aucune envie d’être marié à la femme qui hante la vie de son frère. Il n’avait eu aucune envie de devoir la toucher, l’embrasser, être son mari. Elle était sale. Sale comme tout le monde. Impure, Imparfaite (et il ne parlait pas du tout de son handicap). Daggry ne comprenait pas pourquoi Skumring ne la trouvait pas à son goût. Selon Daggry, la jeune femme était la plus belle femme du monde, et la plus forte, et la plus magnifique. Selon Skumring, c’était une vampyr tout ce qu’il y a de plus oubliable, et sale.

Bref.

Skumring avait fui pour laisser son frère dans sa merde. C’était lui qui avait voulu mentir à tout le monde sur cette histoire. Daggry disait qu’il n’était pas une assez bonne personne pour que l’on croie qu’il était le bon jumeau. Ou un sauveur de vampire. Non. Il préférait qu’on le voie comme un monstre.

Bref. De ce côté, il y avait Skumring qui regardé la jeune femme. Ama était pure. Elle était bien plus pure que ce que ne pourrait jamais l’être Isadora. Il l’observe, cette prisonnière. Il se dit qu’il doit la protéger, alors quand elle se fige, dit qu’elle veut retourner dehors, tout son corps se fige. Il ne veut pas la laisser. Il ne peut pas la laisser. Alors, il la regarde. Son frère préférera la tuer que de la laisser partir. Elle, cette femme si pure. Il ne peut pas la laisser mourir. Alors il fait un pas, et avec délicatesse, il la prend dans ses bras comme une princesse. Il observe ses yeux si incroyable. Il avait envie de se plonger à l'intérieur. Il devait la protéger du génocide à venir, et de son frère. Il ne peut pas faire autrement.

- Je ne peux pas te laisser. Tu te ferais tuer par un vampyr. Surtout que bientôt, il y aura un génocide parmi les chasseurs, je ne peux pas te laisser partir.

Il la tient dans ses bras comme une princesse pour l’amener dans sa chambre, loin des yeux. Skumring tenait Amaterasu dans ses bras. Et il n’était pas le seul.

Parfois, le monde est un parallèle. De l’autre côté, il y a Daggry.

Qui, après s’être pris une gifle qu’il avait étonnement bien pris, attrapa Isadora dans ses bras comme une princesse et la regarde. Elle se défend, forcément, mais il la fait taire en la prenant plus fort contre lui.

- Toi tu restes là, dit-il à son serviteur alors que toute sa magie se déversé dans ses yeux. Je la comprendrais sans ton aide.

Il donne un coup dans la porte adjacente et l’ouvrit sur un petit salon. Il y avait une bibliothèque, avec de vieux ouvrages, et un canapé de cuir rouge. Il s’assoit dessus, mais il garde la jeune femme dans ses bras. Il la regarde, son visage de plus en plus proche. Il avait envie de l’embrasser. Il n’avait jamais envie d’embrasser des vampyrs. Il n’aimait pas les vampyrs. Il voulait tous les tuer. Mais pas elle. Elle, elle avait toujours été différente. Pour lui, dans son cœur. Et il la déteste. Il la déteste. Parce qu’il l’aime. Alors il la regarde.

- Non, je ne comptais jamais te le dire. Tu seras bien mieux marier avec mon frère qu’avec moi. Tu serais bien plus heureuse avec ce jumeau là. On est interchangeable. Il est mieux. Je suis le tueur de notre duo, pas lui. Moi, je te ferais du mal, je te briserais. Je n’ai jamais été un homme bien.

Et pourtant, au lieu de lui prouver, de la blesser, il remonte sa main le long de son visage, caresse sa joue avec douceur et la regarde avec un regard désolé et brisé. Il n’était pas le bon jumeau. Il ne pouvait pas mentir sur ça. Il n'avait jamais été un mauvais homme, il était pire. Il était un enfoiré. Il était le pire. Il tuait sans la moindre hésitation, il bouffait des enfants, des adultes, il s'en fou. Il tue, et ça fait du bien. Et il ne pouvait pas être digne d'elle. Il ne serait jamais digne d'elle. Elle était au-dessus. Son frère serait un meilleur mari, pas lui.

- Je suis désolé. Mais tu mérites mieux.