Inspiré de l'univers de la saga "La Passe-Miroir" écrit par Christelle Davos.
Le calme après la tempête. Ils y avaient cru, un instant. Qu'ils auraient droit au répit après leurs tribulations à travers les Arches. Oh, s'ils savaient...
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Asma
Ven 14 Avr - 16:08
Orion
J'ai 27 ans et je suis originaire de l'arche de Zéphyr. Dans la vie, je suis pilote d'aérostat et je m'en sors très bien. Sinon, j'étais célibataire et je le vivais très bien, mais on m'a arrangé un mariage, je l'ai vécu un peu moins bien jusqu'à ce que je réalise que je ne pouvais pas vivre sans elle.En savoir plus.
La vie les avait unis de force. La vie les avait séparés de la même façon. Après tout ce qu'ils avaient affronté, Orion et Erika s'étaient finalement retrouvés. Elle était là, dans ses bras, dans ce moment hors du temps, et plus rien d'autre n'existait.
- Tu m'as manqué. - Ne me quitte plus jamais, lui répondit-il dans un souffle, leurs deux fronts collés l’un contre l’autre.
Orion enveloppa son visage de ses mains, glissant ses doigts dans ses cheveux. Il embrassa son front, ses yeux encore clos et reprit possession de ses lèvres. Il avait l’impression de revivre. Comme si une partie de lui lui avait été amputée et qu’il en recollait les morceaux. Comment ce petit bout de femme si exaspérant s’était-elle frayé un tel chemin jusque dans son cœur ?
Soudain, la réalité le rattrapa de toutes ses contingences. Le Boréal repartait demain. Il avait tellement de choses à lui dire. Il avait tant de questions à lui poser. Il tenait à savoir par le menu tout ce qui lui était arrivé au cours des deux derniers mois. Les deux mois les plus gris de son existence. Comment était-il venue jusqu'ici, d’ailleurs ? Où résidait-elle ? Et ce fichu Boréal qui repartait le lendemain matin. Tout juste venait-il d'admettre qu'il ne pouvait pas vivre sans elle qu'il réalisait à quel point leurs vies étaient incompatibles. Il y avait ce léger souci qu'Erika lui avait fait comprendre qu'elle détestait les voyages en aéronef et qu'Orion, pour sa part, n’était pas fait pour vivre éternellement à terre. Ça avait d'ailleurs été rapidement un motif de friction lors de leur première rencontre. Plutôt un motif d’entente, en réalité, à l’époque où ils se seraient très bien satisfaits de ne plus se voir. Parce qu'Orion était attaché à son mode de vie et à son Boréal. C'était un Navigateur, et il ne savait rien faire d'autre. Parce qu'Erika ne souhaitait que pouvoir retourner parmi les siens et couler des jours tranquilles sur son arche. Avait-elle eu l'occasion de le faire au cours de ces deux mois ? Revoir sa famille et ses proches ? Tant de questions et si peu de temps. Une bouffée d'angoisse l'envahit.
Pour se donner du courage, Orion posa un ultime baiser sur ses lèvres avant de reprendre la parole. Il ne voulait pas être celui qui brisait leur petite bulle de bonheur. Mais il fallait être réaliste. Par où commencer ? Le grand brun jeta un œil autour de lui. Sur l’aérostation du Port-des-Airs, la nuit était tombée depuis longtemps. La foule s’était dispersée. Les derniers passagers du Chinook avaient fini de débarquer et l’équipage s’attelait à la remise en condition de l’appareil pour son prochain départ. A l’issue d’une longue tournée, les aérostiers avaient droit à une relâche prolongée sur Zéphyr mais le plus souvent, à l’instar d’Orion et de son équipage, les passionnés qu’ils étaient s’empressaient de rembarquer pour repartir. Voyager, découvrir le monde. La vie dans le ciel. Entre les arches, ils étaient les maîtres de la mer de nuages.
Il n’arrivait pas à réaliser que cela faisait deux heures à peine qu’il avait dîné comme si de rien n’était avec son amie Rhona. Sa visionnaire amie Rhona. « Tu n'as jamais pensé à essayer de la retrouver ? ». C’était Erika qui l’avait retrouvé… S’était-elle installée quelque part sur l’arche ? Depuis combien de temps ? Sinon, où vivait-elle en ce moment ? S’efforçant de ne pas l’effrayer par un interrogatoire poussé, il se contenta de quelques questions choisies.
- Je te croyais sur Arc-en-Terre, commença Orion à voix basse.
Précaution inutile. Il n’y avait plus personne autour d’eux.
- Comment es-tu venue jusqu’ici ? Quand es-tu arrivée ?
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Jen
Ven 14 Avr - 19:27
Erika
J'ai 24 ans et je vivais à Sidh, XVIème arche majeure. Dans la vie, je ne sais plus trop ce que je suis et je m'en sors comme je peux. Sinon, grâce à ma malchance, j'ai été mariée par arrangement et je le vivais plutôt mal, avant de comprendre que c'était la meilleure chose qui me soit arrivé.
"- Il y a deux heures à peine à bord du Vendavel", répondit Erika du tac au tac, réalisant l'improbabilité de la situation.
En deux heures, sa vie avait pris un tournant à 180 degrés. Elle n'avait plus beaucoup de certitudes avant ça, mais désormais il ne lui en restait plus aucune. Non, une seule pensée s'était ancrée dans son esprit, faisant écho aux paroles d'Orion : elle ne voulait plus le quitter.
Pourtant il fallait se rendre à l'évidence. Le lieu même de leurs retrouvailles était l'illustration parfaite de ce qui les attendait : une vie à aller et venir, de brèves haltes, et des absences prolongées. Elle ne voulait pas y penser tout de suite.
Il la croyait sur Arc en Terre. La jeune fille sourcilla légèrement avant de se rendre à l'évidence : lui non plus ne savait plus rien depuis qu'elle était passée au travers de cette porte avec Alba. Il avait tout naturellement pensé qu'elle avait été emmenée sur Arc en Terre, tout comme elle l'avait cru avant de réaliser le sursis que lui avait accordé l'Arcadienne. Alba avait sûrement cru bien faire, et qu'elle serait à l'abri de retour auprès des siens. Si seulement elle s'était douté de ce qu'était devenu son foyer...
"- Je n'ai jamais mis les pieds sur Arc en Terre", commença t-elle douloureusement.
Alors elle entreprit de tout lui raconter. Les mots exacts d'Alba, qui ne lui étaient jamais sortis de la tête. La réalisation que sa famille avait été déchue. La quête insensée de son père. Ses amis qui n'étaient plus les mêmes. Sa déchirante réalisation qu'elle n'avait plus de foyer sur Sidh ni nulle part ailleurs.
Elle l'avait cherché, incapable de se résoudre à abandonner, puis avait arrêté en le voyant repartir à bord du Boréal. Elle avait aussi appris à maîtriser son pouvoir d'Aiguilleur, elle n'en était pas peu fière d'ailleurs. Et puis c'est comme ça qu'elle l'avait retrouvé ce soir. C'était à cause ou plutôt grâce à Bertille qu'elle avait essayé. Ha oui, et si elle était montée à bord du Vendavel c'était pour rejoindre son frère sur Babel. A l'initiative de ses parents, mais elle comptait profiter de l'occasion pour prolonger son séjour loin de Sidh. Parce qu'elle ne voulait plus vraiment y retourner. Sa boussole interne lui avait indiqué qu'il se trouvait sur Zéphyr, alors elle n'avait pas hésité longtemps pour sauter sur l'occasion bien trop belle. Elle pensait pouvoir et vouloir tourner la page définitivement.
Elle allait volontiers faire l'impasse sur son numéro de voyeurisme au restaurant, mais décida finalement de le lui avouer aussi. Plus de secrets. Sa colère noire, sa tentative ratée de marcher pour se calmer. La foule, son pouvoir qui faisait des siennes.
"-... et évidemment, il a fallut que ça tombe sur toi", s'amusa t-elle avec un sourire moqueur.
Elle laissa le silence s'installer un moment. Le jeune homme venait d'être noyé sous une pluie d'informations qu'elle n'avait même pas pris le temps d'organiser correctement. Elle avait parlé d'un long flux continu. Ressasser certains évènements des derniers mois n'avait pas été plaisant. Mais elle se sentait libérée. Il savait tout désormais.
La brunette leva les yeux aux alentours, en frissonnant. La nuit était bien avancée et la passerelle s'était complètement vidée. Elle posa doucement la main sur celle d'Orion. Elle avait aussi mille questions pour lui. Mais ça, il l'avait sûrement bien compris. Son coeur inquiet parla avant sa raison.
"- Et toi, quand repars-tu ?"
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Asma
Ven 14 Avr - 20:40
Orion
J'ai 27 ans et je suis originaire de l'arche de Zéphyr. Dans la vie, je suis pilote d'aérostat et je m'en sors très bien. Sinon, j'étais célibataire et je le vivais très bien, mais on m'a arrangé un mariage, je l'ai vécu un peu moins bien jusqu'à ce que je réalise que je ne pouvais pas vivre sans elle.En savoir plus.
Deux heures ? Elle n’était là que depuis deux heures ? Orion en était abasourdi. Il le fit plus encore par le récit qu’elle lui fit de ses péripéties au cours des deux derniers mois. L’échange que la brune avait eu avec sa mère. Orion ne put s’empêcher d’en ressentir une certaine amertume, même si, en cet instant précis, il ne pouvait que se féliciter qu’elle ne l’ait pas directement emmenée avec elle pour ce voyage sans retour. Sans ça… il préférait ne plus y penser. Il caressa de nouveau sa joue. Au fil de son histoire, le grand brun passa par toutes les émotions possibles. La tristesse, la colère, la surprise, le dépit, la joie. Soudain, il éclata d’un rire franc et sincère.
- Rhona ? Ne put-il s’empêcher de s’exclamer. Mon amie Rhona ? Poursuivit-il en insistant lourdement sur le mot « amie ». Tu veux dire la Rhona qui m'a prêté son Harmattan pour que je te recherche à travers toutes les arches de ce fichu monde ?
Elle avait été jalouse. Ce n’était certes pas la plus importante composante de son récit, mais il n’empêchait que la simple idée le faisait rayonner de bonheur.
- Evidemment, conclut-il à son tour, son sourire se faisant le miroir de celui de la jeune femme.
Son sourire s’effaça progressivement, à mesure qu’il prenait conscience de l’ampleur de toutes ces révélations. Lui qui s’était si profondément convaincu que la nécromancienne coulait des jours heureux sur Arc-en-Terre. Ce qui lui était arrivé était bien loin d’être réjouissant. La voyant frissonner, et ne sachant si c’était dû à son récit ou au fond de l’air qui s’était rafraîchi, Orion retira aussitôt sa veste et la lui passa sur les épaules. Il reprit la main qu’elle avait posé sur la sienne quelques instants auparavant, entremêlant ses doigts aux siens et serrant fort. Il ne la lâcherait plus jamais. La question de la jeune femme le fit vaciller.
- Demain matin, concéda-t-il.
Il hésita. Tout était si soudain. Deux heures qu’elle était sur l’arche et elle avait déjà de nouveau chamboulé son existence. En cet instant précis, Orion avait l'impression que le temps était son ennemi. Si les deux derniers mois qui s’étaient écoulés lui avaient semblé une éternité, il lui apparaissait maintenant que la lune progressait bien trop rapidement dans sa course à travers la voûte étoilée. Il aurait aimé que le temps s’arrête, qu’il ait le temps de réfléchir rationnellement… ou tout simplement de profiter indéfiniment de sa présence. Erika avait dit qu’elle envisageait d'aller retrouver son frère. Sur le Vendavel. Qui décollerait juste avant le Boréal.
Était-ce de la folie de lui proposer... ? N'était-ce pas égoïste de sa part, en particulier après le récit qu’elle avait fait du sort qui avait été réservé à sa famille sur son arche natale ? Ne préfèrerait-elle pas retourner auprès de ses proches ? En particulier de sa sœur à laquelle elle semblait si attachée ? Tout ce qu'il avait à lui offrir était un nouvel exil loin des siens. Mais près de lui, susurrait la voix égoïste.
- Est-ce que tu repartirais avec moi... nous... Le Boréal ?
Orion baissa les yeux sur leurs mains toujours attachées l’une à l’autre.
- Au moins jusqu'à Babel ? S'empressa-t-il de préciser.
Le temps de s'accorder un peu de temps. De prolonger encore un peu cet instant de bonheur. En sa compagnie.
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Jen
Ven 14 Avr - 21:59
Erika
J'ai 24 ans et je vivais à Sidh, XVIème arche majeure. Dans la vie, je ne sais plus trop ce que je suis et je m'en sors comme je peux. Sinon, grâce à ma malchance, j'ai été mariée par arrangement et je le vivais plutôt mal, avant de comprendre que c'était la meilleure chose qui me soit arrivé.
Orion lui passa sa veste sur les épaules et le coeur d'Erika plus que son corps, se réchauffa immédiatement. Elle ne s'habituait pas encore à le voir si attentionné, si doux avec elle.
Elle se sentait bousculée par tant d'émotions contraires. Une joie pure et sans appel, mais aussi une forme d'angoisse profonde et latente. Il lui était si difficile de réaliser pleinement qu'ils s'étaient enfin retrouvés. Mais pour combien de temps ?
La réponse tomba comme un coup de massue. Demain matin. Elle aussi, était censée repartir demain matin... Elle leva sur le grand brun un regard rempli de peine. C'était bien trop tôt. Elle n'était pas prête à le quitter si vite, après tant d'efforts pour en arriver là. Mais au fond, elle le savait déjà. Il était navigateur, et son Boréal avait besoin de lui. Elle aussi avait besoin de lui, s'insurgea une voix en son fort intérieur.
Et puis il lui fit une proposition qui ne lui avait même pas traversé l'esprit. Son regard qui s'était fait attristé s'éclaira d'un seul coup. Elle s'empressa d'acquiescer silencieusement, un sourire reconnaissant aux lèvres. Un petit sursis dans le bonheur qu'ils venaient de trouver. Ensemble.
"- Merci", souffla t-elle émue.
Instinctivement, elle le serra fort dans ses bras et huma son parfum avidement, comme pour ne plus jamais l'oublier. Chaque parcelle de son corps revivait au contact d'Orion. Elle réalisait combien elle n'avait été que l'ombre d'elle-même ces derniers temps.
A cette pensée, Erika se sentit soudain épuisée. Elle était passée par tant d'émotions bien trop fortes, bien trop contraires, en à peine quelques heures. Elle ferma les yeux et soupira. Il était temps. Difficilement, elle se détacha de l'étreinte du grand brun et réprima un bâillement. L'air frais de la nuit ne suffisait plus à la maintenir alerte.
Elle avait pourtant encore tant de questions pour lui. Mais son frénétique besoin d'information s'était momentanément apaisé. Le plus important était qu'il était là, maintenant, et avec elle. Ses questions attendraient bien le lendemain.
"- On devrait peut-être y aller", suggéra t-elle en masquant son épuisement comme elle pouvait. Je te laisse un sursis d'une nuit avant de te soumettre à mon interrogatoire."
Elle lui saisit le bras et sans y réfléchir, fit appel à sa boussole interne pour se diriger vers le Boréal. Ses pas la portèrent le plus naturellement du monde. Il avait cet appel familier si rassurant.
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Asma
Sam 15 Avr - 13:24
Orion
J'ai 27 ans et je suis originaire de l'arche de Zéphyr. Dans la vie, je suis pilote d'aérostat et je m'en sors très bien. Sinon, j'étais célibataire et je le vivais très bien, mais on m'a arrangé un mariage, je l'ai vécu un peu moins bien jusqu'à ce que je réalise que je ne pouvais pas vivre sans elle.En savoir plus.
Orion se mit à sourire béatement. Il était loin d’être dans son état normal. Mais son état normal n’avait jamais été aussi heureux de son existence. Il la garda un long moment proche de son cœur. Autour d’eux, le temps continuait à dérouler son long cours nocturne. Erika étouffa un bâillement. Orion réalisa à quel point il devait être tard.
- Tu as raison, lui répondit-il.
La petite brune accrochée à son bras, il reprit la direction du Boréal. Au bout de plusieurs pas, il réalisa que ce n’était pas lui qui guidait la marche, mais elle qui les entraînait. Orion lui lança un petit regard mi-amusé, mi-circonspect. Des images des Sables-d'Opale lui revinrent en tête. Il y avait quelque chose de si adorable à la regarder chercher son chemin, revenir sur ses pas, elle et son épouvantable sens de l'orientation. Certaines choses avaient changé. Il resserra subrepticement sa prise sur son bras. Certaines choses avaient changé, en effet, et pour le mieux.
Ils atteignirent rapidement le Boréal. L’imposant aérostat reposait tranquillement le long de son quai. Plus rien ne trainait sur le quai. Le chargement avait été terminé en début de soirée et il n’embarquerait pas de passagers avant sa prochaine escale, sur Parnasse, l’une des arches mineures de Zéphyr.
- 'soir Cap', l'accueillit le garçon qui assurait la garde à l'entrée de l'appareil pour la nuit. - Bonsoir Joram. - Mam'zelle, sourit-il à l'attention d'Erika, avec une œillade pour le capitaine.
Ce dernier fit mine de ne pas relever, bien que son regard s’assombrisse quelque peu. Il fit signe à Erika de passer la coupée devant lui et la rejoignit de l’autre côté.
- Dès demain matin, tout le monde sera au courant que tu es à bord, lui souffla-t-il d'un air faussement exaspéré, lorsqu'ils furent suffisamment éloignés de l’entrée.
Retrouvant sa main, il la guida à travers les coursives jusqu'à la salle à manger.
- Je vais faire passer la demande aux Consignataires que tes affaires soient transférées du Vendavel jusqu'ici et je te ferai préparer ta propre cabine dès demain.
Le milieu de la nuit était déjà passé et la plupart à bord devaient dormir à poings fermés depuis bien longtemps, surtout en prévision du départ du lendemain matin. Il ne se voyait donc pas réveiller qui que ce soit à cette heure-ci pour faire préparer le nécessaire pour la jeune femme. Il lui fallait également admettre, en toute sincérité, qu’il était bien incapable de dire où se trouvait le nécessaire pour préparer la literie d’une cabine.
- Prends ma cabine pour ce soir. Sans discussion, s'empressa-t-il d'ajouter avec un rictus.
Pour cette nuit, il se reposerait sur la banquette de la salle à cartes, voire dans son fauteuil en passerelle. De toute façon, il était certain de ne pas dormir. Il se sentait encore électrisé par décharges régulières. Tous ses sens étaient à vif. Et au fond de lui, un petit quelque chose craignait de fermer les yeux pour se réveiller à la découverte que tout cela n'avait été qu'un rêve, une illusion de son esprit. Non, il ne dormirait certainement pas cette nuit.
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Jen
Sam 15 Avr - 14:39
Erika
J'ai 24 ans et je vivais à Sidh, XVIème arche majeure. Dans la vie, je ne sais plus trop ce que je suis et je m'en sors comme je peux. Sinon, grâce à ma malchance, j'ai été mariée par arrangement et je le vivais plutôt mal, avant de comprendre que c'était la meilleure chose qui me soit arrivé.
Plus que ses yeux, ce fut sa boussole qui reconnut le Boréal. Un jeune garçon les salua à l'entrée de la coupée, et Erika ne put s'empêcher d'esquisser un sourire moqueur à la vue de l'oeillade qu'il lança à son capitaine. Il allait en prendre pour son grade, c'était certain. Les commérages iraient de bon train parmi les membres de son équipage. Elle se reprit à penser aux quelques membres dont elle avait gardé un souvenir. A commencer par le jeune commis, sur lequel elle avait fait une probante démonstration de son pouvoir lors de leur première entrevue à bord. Ernst si ses souvenirs étaient bons. Quelques visages différents lui revinrent à l'esprit, mais elle était incapable de se souvenir d'un seul nom. A l'exception de Bartolomé, bien évidemment. Elle se réjouissait de retrouver le joyeux second au sempiternel sourire doré.
"- Alors tu auras intérêt à les terroriser deux fois plus que d'habitude si tu tiens à les garder disciplinés", se moqua t-elle en réponse à sa remarque.
C'était pourtant à l'exact opposé que résidait toute la force du capitaine. Il lui semblait que son équipage le suivait et lui obéissait avant tout par loyauté plutôt que par devoir. Elle l'avait déjà remarqué lors de son premier passage à bord, mais ses subordonnés paraissaient lui porter un respect sans faille, qu'il le leur rendait tout autant. Cela le rendait encore plus noble à ses yeux.
Ils arrivèrent dans la salle à manger et Erika ne put s'empêcher de lancer un long regard à la ronde. Cet espace lui rappelait tant de souvenirs mitigés. Lorsqu'il y a quelques mois de ça, elle pensait être la femme la plus malheureuse de toutes les Arches. Et elle l'était peut-être, à l'époque. Lorsqu'ils étaient chacun monté sur leurs grands chevaux avant même de se donner la moindre chance. Leur première rencontre restait mémorable. Avec le recul, cela avait de quoi être comique. Il avait un caractère épouvantable, qui faisait bien écho au sien. Elle était à mille lieues de se douter des épreuves interminables qui les attendaient. Qu'ils embarqueraient ensemble pour l'aventure d'une vie, pour le meilleur et pour le pire. Et qu'elle finirait par ne plus le détester de tout son être. Impensable, et pourtant.
La voix d'Orion à ses côtés la tira de sa brève rêverie. Il lui assura le transfert de ses affaires à bord, et lui promit une cabine pour le lendemain. Il ne perdait pas le Nord, il restait le capitaine avant tout. Puis il lui offrit sa propre cabine pour la nuit, ce qui n'était pas sans rappeler l'un de leur - nombreux - sujets de désaccords passés. L'évocation de cette altercation lunaire à bord de l'Harmattan la rendit presque nostalgique.
"- Rêve toujours, rétorqua t-elle avec un rictus teinté de défi. Vous avez une longue journée de navigation devant vous demain, Capitaine."
Mais son corps la rappela bien assez vite à la raison. Elle étouffa un nouveau bâillement. Et les chaises de la salle à manger dépassaient la limite de l'inconfort qu'elle était capable d'endurer ce soir. Alors elle céda, et leva un regard vaincu sur le grand brun.
"- Bon, juste pour ce soir alors."
Elle ne réalisait toujours pas comme la chance venait de tourner. Elle venait de retrouver celui qu'elle n'espérait même plus revoir en rêve un jour. Et avec la promesse de passer les quelques prochains jours en sa compagnie. D'entendre enfin le fin mot de cette machination. La certitude de pouvoir apaiser son coeur et son esprit. La fin de son calvaire insoutenable. Son coeur était rempli d'une gratitude incommensurable.
"- Merci, souffla t-elle avec une rare sincérité. Merci pour tout Orion."
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Sam 15 Avr - 15:12
Orion
J'ai 27 ans et je suis originaire de l'arche de Zéphyr. Dans la vie, je suis pilote d'aérostat et je m'en sors très bien. Sinon, j'étais célibataire et je le vivais très bien, mais on m'a arrangé un mariage, je l'ai vécu un peu moins bien jusqu'à ce que je réalise que je ne pouvais pas vivre sans elle.En savoir plus.
- Je n’en attendais pas moins de vous, mademoiselle Erika, se moqua gentiment Orion en retour.
Comme il s’y attendait, Orion ne dormit pas de la nuit. Après avoir remis rapidement un peu d’ordre à l’intérieur, il avait cédé sa cabine à la petite brune qui semblait tomber de sommeil. Il était ensuite parti s’installer en passerelle. Il tenta de lire un peu. En vain. Il relisait les mêmes phrases en boucle, mais aucune ne parvenait à s’imprimer durablement dans son cerveau bien trop occupé à ressasser les évènements des dernières heures. Il mit un peu d’ordre dans sa documentation de bord, fit quelques corrections. Ce fut à peine s’il somnola un peu. Lorsque les premiers rayons du soleil apparurent sur l’horizon, Orion était déjà pleinement réveillé, une tasse de café à la main, à finir de signer la paperasse administrative à remettre aux Consignataires pour le départ. L’heure du départ approchait.
- Bonjour, Cap’, tombé du lit ? Il paraît que t’as de la compagnie ? Ricana un Bart un peu trop fier de lui.
Pour toute réponse, le grand brun maugréa sans lever le nez de son bureau.
- Corvée de patates pour Joram.
Son second éclata de rire.
- Tiens, puisque tu m’y fais penser, reprit Orion d’une voix égale, il faudra lui faire préparer une cabine. Je lui ai prêté la mienne pour la nuit. - Prêté ? Répéta le petit homme au sourire clinquant en arquant un sourcil. - Je n’aime pas beaucoup tes sous-entendus, Bart, reprit le grand brun, nettement moins aimable. Fais-y installer ses affaires. J’ai demandé à Erik de se charger de les faire rapatrier du Vendavel avant son départ. Il s’occupe des formalités de déclaration du transfert de passager. Toute cette paperasse, soupira-t-il en portant la tasse fumante à ses lèvres.
Il savait que son second brûlait de lui poser des milliers de questions. Il le voyait à sa façon de trépigner, mais il ne lui accorderait aucune réponse. Il n’avait qu’à harceler Erika, si le cœur lui en disait, mais il doutait qu’il ne l’attaquât d’emblée sur le sujet. Du moins pas frontalement. Il était trop retors pour cela. En tout cas, son sourire semblait sincère. Orion savait qu’il appréciait profondément la jeune femme – et pas comme il appréciait généralement les jeunes femmes –, avec déférence. Il défiait quiconque d’oser essayer de lui manquer de respect. Après tout, elle était toujours sur le papier l’épouse du capitaine. Tellement certain de ne plus jamais croiser sa route, Orion n’avait jamais pris la peine d’entamer des démarches de dissolution de leur union de son côté. Était-ce vraiment la seule raison, finalement ?
Orion rejoignit la coupée où il remit toute la documentation idoine et ses instructions au consignataire. Il jeta alors un coup d’œil à sa montre à gousset et fit signe à son équipage de se mettre en place. Le Vendavel devait être en train de décoller, ce serait leur tour dans la foulée. Le capitaine retrouva sa passerelle et se mit en position. Il termina son café d’une traite. Il s’était rendu compte que la caféine réduisait les migraines et donc le risque qu’une crise ne se déclenche à l’utilisation de son pouvoir. Cela ne marchait pas à tous les coups, mais il lui semblait que ça aidait, dans un certain nombre de cas. Il souffla un grand coup, se mit en position et commença à faire souffler un léger vent ascendant et décollant du quai.
- Contrôle de Boréal, paré au départ. - Boréal de Contrôle, le Vendavel est en fin de manœuvre. Au « top » pour le décollage. Et…. Top.
Les amarres furent larguées. La voix leur donna les instructions et l’appareil s’éloigna doucement du Port-des-Airs et de Zéphyr. Direction Parnasse.
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Jen
Sam 15 Avr - 20:22
Erika
J'ai 24 ans et je vivais à Sidh, XVIème arche majeure. Dans la vie, je ne sais plus trop ce que je suis et je m'en sors comme je peux. Sinon, grâce à ma malchance, j'ai été mariée par arrangement et je le vivais plutôt mal, avant de comprendre que c'était la meilleure chose qui me soit arrivé.
Des bruits de pas étouffés la tirèrent de son sommeil. Elle ne se souvenait pas de la dernière fois qu'elle s'était sentie aussi reposée. Erika parcourut curieusement du regard le décor inhabituel tout autour d'elle. Le lit était si confortable qu'elle se serait bien rendormie là, tout de suite. Son cerveau mit quelques secondes à recoller les morceaux et soudain, son coeur s'accéléra. Elle avait embarqué sur le Boréal avec Orion la nuit dernière. Elle l'avait retrouvé. Enfin. Elle n'avait plus du tout envie de se rendormir.
Gênée en prenant conscience de l'intimité de l'endroit, la jeune fille bondit hors du lit et jeta un oeil à l'horloge murale. La matinée était déjà bien avancée, le Boréal avait dû décoller depuis un bon moment. Elle s'approcha de la porte et se figea en mettant la main sur la poignée. Il lui semblait entendre deux voix échanger de l'autre côté.
"- Joram dit que le Cap’ a passé la nuit dans la passerelle, fit le premier sur le ton de la confidence.
- Pas possible, répondit l’autre avec un rire gras.
- Tu crois que..."
Erika ouvrit la porte subitement, et fusilla les deux compères du regard. Ils se figèrent si brusquement qu’elle douta un instant les avoir pétrifié sur place. Puis ils bredouillèrent des mots inintelligibles avant de s’enfuir chacun de son côté. Elle allait pivoter sur ses talons lorsqu'une voix frêle à sa droite l'interpella. N'y avait-il donc pas moyen d'être tranquille seulement une minute ? Son regard se posa sur un garçon à l'allure très jeune, qui se triturait les doigts nerveusement.
"- Votre cabine est prête, Madame. Si vous voulez bien me suivre…"
Erika tiqua. Avait-elle la mine si mauvaise qu'elle en était vieillie au point d’en être appelée Madame ? Non, réalisa t-elle, en théorie il n’avait pas tort. Elle était mariée à leur capitaine, bien qu’elle-même ne parvenait pas vraiment à le concevoir ainsi. La situation était étrange mais la brunette ne l’aurait changée pour rien au monde. Avec un hochement de tête, elle emboîta le pas au jeune garçon qui la mena à travers les coursives jusqu’à une cabine bien plus agréable que celle qu’elle avait eu à bord du Vendavel. Ses affaires l’y attendaient déjà.
Avec empressement, la jeune fille se mit en quête de sa trousse de toilette. Pour la première fois depuis de longs mois, il lui importait d'être jolie. Elle en profita pour changer sa robe et coiffer soigneusement ses cheveux. Tout en fixant son reflet dans le petit miroir, elle apprécia ce moment de solitude, comprenant qu'elle serait épiée de partout tant qu'elle serait à bord. Comme pour lui donner raison, à peine eut-elle posé le pied en dehors de sa cabine qu'une voix familière la héla. Mais cette fois-ci, un sourire radieux se dessina sur son visage.
"- Bartolomé !"
Elle l'enlaça fort dans ses bras, heureuse de retrouver celui qu'elle considérait désormais comme un véritable ami.
"- J'ai eu le temps de faire quelques nouveaux ajouts à ma collection de disques", lui annonça t-il tous sourires.
- Je suis impatiente de les écouter", répondit-elle sur le même ton enjoué.
Ils échangèrent quelques paroles, puis il s'enquit de savoir si elle était bien installée à bord, ou s'il lui fallait quoique ce soit. Erika fut touchée de sa prévenance et lui assura qu'elle n'avait besoin de rien. Elle voyait à la gestuelle du petit homme que mille et une questions le démangeaient, mais il eut l'élégance de ne lui en poser aucune contrariante. Il l'accompagna jusqu'au petit salon, où Ernst lui apporta une tasse de café fumante. Elle lui adressa un sourire gêné qu'il lui rendit à l'identique. A l'air hilare de Bartolomé, elle sut que personne n'avait oublié l'épisode glacial de la salle à manger. Peut-être était-ce aussi pour ça qu'elle avait droit à des regards de biais depuis ce matin.
"- Bartolomé, reprit-elle une fois de nouveau seuls. Combien de temps avons-nous avant d'arriver à Babel ?
Le second fit mine de réfléchir un instant puis répondit avec assurance.
- Très exactement quinze jours, en prenant en compte les haltes prévues en route. Déjà pressée de retrouver Babel ?
- En fait j'y débarquerai.
S'il arbora une mine surprise, il ne fit aucun commentaire, ce qu'Erika apprécia fortement.
- Le Cap' doit être en salle des cartes à l'heure qu'il est, lâcha t-il, son éternel sourire retrouvé. Ce fut un plaisir."
Il esquissa un baisemain qui fit rire Erika, puis tourna les talons pour la laisser seule dans le petit salon. La jeune fille soupira. Quinze jours. C'était bien plus que ce qu'elle avait espéré - elle oubliait que le Boréal ne tenait pas le même rythme que l'Harmattan - mais cela semblait également bien trop court. Elle ne voulait pas perdre une seule minute. Alors elle se leva et partit en quête de la salle des cartes. Elle tenta de se repérer à l'aide de sa mémoire mais finit par tricher et fit appel à sa boussole, bien plus efficace. Et elle n'était pas particulièrement à l'aise à l'idée de vagabonder joyeusement parmi les membres de l'équipage qui ne cachaient pas leur curiosité.
En arrivant devant la salle des cartes, elle s'arrêta un instant pour observer la silhouette assise de dos à travers la porte entrouverte. Elle n'avait pas rêvé. Alors elle poussa doucement la porte, dont le léger grincement signala sa présence.
"- Seulement cinquante-six regards de travers ce matin, fit-elle en guise de salutation. Merci pour la cabine et mes affaires d'ailleurs. Tu es libre de retrouver la tienne.
Elle s'adossa contre l'embrasure de la porte, son café toujours à la main, et lui adressa un sourire serein.
- Comment vas-tu depuis ?"
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Préférence de jeu : Les deux
Asma
Sam 15 Avr - 21:13
Orion
J'ai 27 ans et je suis originaire de l'arche de Zéphyr. Dans la vie, je suis pilote d'aérostat et je m'en sors très bien. Sinon, j'étais célibataire et je le vivais très bien, mais on m'a arrangé un mariage, je l'ai vécu un peu moins bien jusqu'à ce que je réalise que je ne pouvais pas vivre sans elle.En savoir plus.
Lorsque le Boréal atteignit enfin son altitude de croisière et se cala confortablement dans le Flux, Orion céda les commandes et quitta la passerelle. Erika n’était toujours pas levée. Il se rappela que la marmotte n’était pas du matin et qu’elle s’était couchée particulièrement tard. Ne supportant de ne rien faire, surtout dans ces circonstances très propices à se questionner et ressasser sans fin, le grand brun vaqua à ses autres occupations. Le tour fut toutefois assez rapidement fait. Chacun connaissait parfaitement son rôle à bord et Orion était loin d’en être à sa première traversée. Qui plus est, il n’y avait aucun passager à bord, donc personne à devoir entretenir pendant le voyage. Enfin, à l’exception notable de la petite brune au fond de son lit.
Installé en salle des cartes, Orion semblait concentré sur son plan de vol, grignotant un biscuit d’un air absent. Grignoter l’aider à réfléchir. Il avait quinze jours devant lui. Quinze jours pour arriver à Babel. Pourquoi avait-il fallu qu’il précise « jusqu’à Babel » ? Aurait-elle accepté de le suivre sans cette condition ? Il avait surtout quinze jours pour déterminer précisément ce qu’ils représentaient l’un pour l’autre. Quinze jours pour déterminer s’il existait un terrain d’entente durable pour eux. N’allaient-ils pas se remémorer tous leurs motifs de discorde et se sauter à la gorge au bout de quelques heures ou de quelques jours ? Quinze jours pour la convaincre de véritablement rester avec lui et ne plus le quitter. A quel prix pour l’un comme pour l’autre ? Orion soupira.
Main dans les cheveux, il était concentré sur sa carte, comme si la solution allait en émaner comme par magie. Il ne l’entendit pas arriver dans son dos, jusqu’au grincement de la porte qui lui signifia une présence. Orion se retourna et la découvrit dans l’encadrure. Comment avait-il pu ne pas réaliser dès la première fois qu'il l'avait vue à quel point elle était belle ? Il la détailla du regard, gravant son image dans son esprit. Une image sereine, apaisée, souriante. Pour rejoindre la collection bien plus consistante de souvenirs de moments d’exaspération, de dépit ou de colère. Réalisant qu'il la dévisageait depuis plusieurs minutes, le grand brun se reprit.
Orion ne savait pas bien comment se comporter face à la jeune femme. Avait-elle été assez réveillée lorsqu’ils avaient discuté la nuit précédente pour se rappeler de tout ce qu’ils s’étaient dit ? Y avait-il un quelconque motif de regret à avoir de sa part ? Fallait-il faire comme si de rien n'était ou reprendre là où ils s’étaient arrêtés ? Orion se sentit étrangement mal à l'aise. Il essaya de n’en rien laisser paraître. Il avait envie de se lever, d'aller à elle, de la prendre dans ses bras et plonger son nez sans son cou et ses cheveux. Il avait envie de la toucher pour s’assurer qu’elle n’était pas un mirage, un tour de son esprit. Il s’abstint, tentant de faire preuve de retenue. Quand bien même ce n’était pas un rêve, il ne voulait pas se faire étouffant. Ne pas l'effrayer. Il resta assis, se contentant de faire pivoter le tabouret pour lui faire face.
- Beaucoup moins de regards de travers que toi, lui répondit-il avec un rictus taquin. A l’exception notable de Bart, je crois qu’ils ne s’y essaient pas. Je les terrorise peut-être, tout compte fait.
Orion esquivait soigneusement l’autre question. Comment allait-il depuis ? Il était extatique. Il n'arrivait plus à dormir. Il était heureux. Il angoissait. Il était habité d’un complexe maelström de sentiments. Au milieu de tout cela, il essayait de garder l'apparence de quelqu'un que rien de l'étrangeté de cette situation n’atteignait et il affectait de ne pas entendre les bruits et chuchotements persistants de son équipage fébrile depuis leur départ. Cela se tasserait bien assez vite.
- Je m'occupe, répondit-il tout de même.
Pour éviter d'avoir à trop cogiter, s’abstint-il de préciser.
- As-tu passé une bonne nuit ? L’interrogea-t-il aussitôt en retour pour détourner l'attention de lui. As-tu besoin de quelque chose ?