J'ai 25 ans et je vis comme je peux. Dans la vie, je suis une prostituée et je m'en sors c'est tout. → 25 ans, elle croit. → Abandonné vers l'âge de 10 ans avec des cicatrices sur le côté droit. → Ne respect pas son corps. → Ne vis que parce qu'elle n'a pas le courage de mourir.
Elle fit un mouvement de la tête. Ainsi contre lui, la tête sur son épaule et prête à fondre en lui, il n’était pas exactement facile de dire si elle avait dit oui ou non. Ainsi, laissa-t-elle échappé un minuscule « d’accord » pour donner son accord à ce jeu fou. Dire ce qu’elle ressent. C’était plus compliqué que d’écarter les jambes. Cela faisait plus mal, aussi. Dire ce qu’on ressent, c’était découper sa cage thoracique pour avouer des choses que l’on aimerait avoir enfoui en soi. Mais elle accepte. Donnant-Donnant. Il fallait donc une question après l’autre. Il valait mieux pour lui qu’il n’attend pas à grand-chose d’elle. Mais elle accepta simplement. Il finit par caresser une des marques sur son bras, et elle se sentit… apaisée. Pour la première fois de sa vie, elle ressentait un bienêtre qu’on la touche sur ses marques venus d’un passé oublié. D’ordinaire, les quelques hommes à avoir sentit ses aspérités avaient fini par y voir quelque chose de sexuellement attractif… Elle ne comprendrait jamais les hommes qui s’excitent sur une femme brisé, mais ça lui avait rapporté, au moins. Là, lui… il la touchait avec délicatesse et douceur. Il la touchait avec un tel respect que si elle n’était pas totalement certaine de le regretter, elle serait déjà caché dans un autre coin de leur « nid d’amour » pour qu’il ne la touche plus. Parce que le respect et la douceur lui faisait bien plus peur que de dire ses sentiments. Elle réfléchit à la question, bien qu’elle devrait être simple à répondre, elle ne voulait rien oublier qui lui donne l’impression qu’elle lui mente.
- Pas physiquement, finit-elle par dire. Une grande partie de mes marques, j’ai oublié leur provenance et le moment où on les a faites en moi… mais elles me font mal, quand je les regarde.
Elle avait plusieurs fois eu envie de se couper le bras et la jambe. Parce que, si sa jambe avait les mêmes tatouages, ce n’était pas pour une question d’esthétique. Elle avait voulu couvrir son corps des marques pour ne plus les voir. Il lui avait fallu cacher tout ce qu’elle avait… pour ne plus y penser. Même si elle y pensait toujours. Alors, non. Elles ne faisaient plus mal. Mais oui, elles lui faisaient encore mal. Parce que c’était la preuve qu’elle n’était capable de rien. Elle laissa un petit silence. Puis, elle choisi une question… Pas importante, mais qui lui importe pourtant.
- Est-ce qu’il y a une femme que tu aimes ? Une épouse ou bien une petite amie ? Quelqu’un que tu as voulu quitter pour ton dernier voyage mais à laquelle tu penses ?
Elle avait eu son lot d’homme adultère… Elle en avait même eu plus que son compte qui venait la voir pour se faire du bien… Et elle avait toujours trouvé cela triste pour la personne trompait. Même si Gabriel avait choisi de partir, en la quittant… elle aimerait pouvoir faire quelque chose pour cette peut-être inconnue. Lui dire qu’elle avait été aimée par un homme bien. Elle aimerait bien avoir été aimée par une personne bien. D’être protégé par lui… Il lui avait dit qu’il voulait la rendre heureuse, mais ce n’était pas possible. Elle était incapable d’être heureuse. Elle le savait au fond d’elle. Parce qu’elle n’avait jamais été aimée. Ses parents, la personne qui l’a mordu, les foyers qu’elle avait traversés, les hommes qui l’avaient dominée. Elle n’était pas une personne que l’on pouvait aimer. Mais, si Gabriel aimait quelqu’un, alors elle ferait en sorte d’aller lui dire, à cette personne… De lui dire qu’elle avait été aimé par Gabriel et que, même s’il n’était plus là, elle devait chérir ce sentiment.
Concentré sur le trajet de ses doigts sur la peau marquée de Swan, il l’écouta sans trop la regarder. Il ne voulait pas la mettre mal à l’aise, et il savait que pour lui, être observé dans les yeux en attendant une réponse était vraiment désagréable. La réponse mit quelques longues secondes à passer les lèvres de la jeune femme, ce qui suffit à Gabriel pour instantanément regretter sa question. Comme il s’y attendait, la réponse ne fut pas des plus joyeuses. Il aurait aimé remonter le temps pour lui venir en aide, pour empêcher de briser une jeune femme aussi belle à l’intérieur. Il ne comprenait pas d’où pouvait venir tant de haine chez les êtres humains. Quel joie peut-on éprouver en brisant la vie d’un semblable ? À l’époque, Gabriel en parlait beaucoup avec ses proches. Ils lui reprochaient d’être trop sensible, à fleur de peau. On lui disait qu’il devait s’y accoutumer, que ce monde n’était pas celui des bisounours. Peut-être avaient-ils raison…
Il ne trouva rien de correct à lui répondre à part un silence doux et un contact un peu plus fort, lui montrant qu’il était là pour elle. Il se demanda si ses autres tatouages cachaient eux aussi des marques douloureuses de son passé. Il espérait que non, car sa peau en était presque recouverte.
Puis vint son tour. Son interrogation le surprit, ne s’attendant pas vraiment à ce genre de question. Avait-il vraiment l’air d’un homme qui est capable d’avoir une femme dans sa vie ? Lui était convaincu que non, en tout cas.
- Il y a eu, mais plus maintenant, dit-il en souriant.
Une pensée pleine de regret et de nostalgie s’envola pour la seule femme qu’il avait aimé de cette façon. Leur relation s’était terminée brutalement. Il ne l’avait pas vu venir, elle l’avait brisé comme on brise une brindille. D’une facilité déconcertante. À cet instant, il avait espéré l’oublier elle et tout ce qu’ils avaient vécu. Il ne se doutait pas à cette époque que son vœu allait être exaucé.
- Je suis certain qu’elle ne pense plus à moi, alors je devrais pas non plus mais… c’est compliqué. C’était il y a deux ans, c’est encore trop récent.
Depuis sa rupture, sa vie avait été complexe. Il avait mis plus d’un an à s’en remettre et il savait que ce n’était pas encore totalement fini. Après elle, il n’y avait plus eu de contact avec d’autres femmes. C’était un souhait de sa part, à ce moment-là, la solitude était sa meilleure amie. Enfin… Si, il restait bien une femme qui le hanterait jour et nuit.
- Mais c’est Lauren à qui je pense le plus. Ma sœur. Elle a dû lire ma lettre ce matin, elle doit se faire un sang d’encre et me rechercher dans toute la ville. Demain, elle aura déposé des affiches et appelé les centres médicaux les plus proches. Elle ne s’arrêtera pas, malgré mes demandes de ne pas me chercher. Si elle me retrouve, elle me tuera.
Un petit rire s’échappa de sa gorge, puis un flot de souvenir dévala son esprit. Les courses-poursuites dans la maison, les batailles, les jeux, les discussions, les éclats de rire, les câlins et les tirages de cheveux. Il parvint à peine à retenir ses larmes et l’une d’elle coula le long de sa joue.
- Elle… elle va tellement me manquer…
Et pourtant, il savait qu’il n’allait pas en souffrir longtemps.
Après quelques secondes, il essuya ses joues et reprit conscience du monde actuel, un peu gêné par l’ambiance qu’il venait de jeter.
- Ah… Excuse-moi ! Je suis un gros sensible, parait-il. Il marqua une petite pause pleine de réflexion. Je me demande… qu’as-tu quitté pour venir voyager avec moi ?
Il n’arrivait toujours pas à concevoir le fait de quitter une vie entière pour la partager avec un mourant inconnu.
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Préférence de jeu : Les deux
Clionestra
Mer 7 Aoû - 22:53
Swan Doe
J'ai 25 ans et je vis comme je peux. Dans la vie, je suis une prostituée et je m'en sors c'est tout. → 25 ans, elle croit. → Abandonné vers l'âge de 10 ans avec des cicatrices sur le côté droit. → Ne respect pas son corps. → Ne vis que parce qu'elle n'a pas le courage de mourir.
Ce jeu de question-réponse était dangereux. L’un comme l’autre devait le savoir. Il y avait là la possibilité d’arracher à l’autre des paroles qu’on ne dirait pas. Mais elle avait accepté en toute connaissance de cause. Elle se doute que l’homme ne s’attendait pas à des vérités aussi brutes de sa part… pensait-il avoir trouvé une compagne de voyage dont la vie avait tout de rose ? Alors, pourquoi serait-elle venue ? Elle frissonna de son toucher et elle se demanda ce qu’il pouvait bien penser. Cet homme dont la douceur se décline même dans sa manière de la tenir contre lui. Elle aimait bien cela. Elle écouta solennellement sa réponse et sourit. Il y en a eu, forcément. Elle doute que la douceur ne soit pas désirée, elle. Elle le voyait bien que les hommes violents en couche se payer des prostitués, n’est-ce pas que les femmes qui pouvaient se passer de l’acte refuser les bourrins et les pervers ?
- Elle pense encore à toi, même si c’est une connasse, fit-elle en haussant les épaules, tu marques les esprits, j’en suis sûr.
Ce n’était pas un compliment en l’air. Elle pensait réellement que l’homme avait dû marquer la jeune femme, quoi qu’elle est fait pour arrêter leur relation dans la mauvais nostalgie qui enserrait le cœur de Gabriel. Si Swan la trouve, elle lui dira ce qu’elle pense de sa stupidité. Swan observa au loin leur tableau des premières fois, et les photos du polaroïd qui s’y trouver déjà.
- Je lui offrirais ton dernier voyage, je t’en fais le serment, souffla-t-elle comme pour sceller ce vœu à travers les étoiles.
Même si elle comptait venir avec lui dans la mort, elle préparerait un de ses livres avec tout de coller un peu en vrac pour lui envoyer à l’adresse avant cela ! Même plusieurs, si cela est possible. Demain, elle demanderait de s’arrêter dans un fourre-tout pour prendre ce qu’il faut. Elle ne laisserait pas la sœur de cet homme se sentir déprécié. Il pourra lui écrire des lettres, à l’intérieur, y rajouter des dessins. Laisser sur cette Terre la preuve de son passage pour la seule personne qui compte réellement pour lui. Elle fait un tendre sourire.
- Ne t’excuse pas. Si tu veux pleurer, mes bras sont là pour toi. Tu as le droit. Et les sensibles sont toujours plus doux.
Elle caressa son visage avant douceur, utilisant à peine la pulpe de ses doigts pour en caresser l’épiderme. Elle passa sur sa mâchoire, ses pommettes, ses sourcils avant de descendre le long de son nez. Il avait posé une question, et elle lui devait une réponse.
- Je vais te poser une question, pour répondre à ton interrogation… mais promet moi de ne pas arrêter de me regarder comme tu le fais, comme maintenant, avec ta chaleur et ta détermination qu’on aille, ensemble, au bout de ce voyage…
Elle continua son voyage sur sa peau. Elle le regardait de ses grands yeux clairs et les plantes sur lui. Elle ne voulait pas partir de leur étrange coopération jusqu’à la mort. Elle voulait aller jusqu’au bout avec lui. Au bout du monde. Au bout de la vie. Elle caresse cette peau et cille. Devait-elle vraiment lui dire ce qu’elle avait du quitter ? Ne pouvait-elle pas lui mentir ou diminuer la vérité pour qu’il ne sache pas le détritus qu’il avait pris avec lui. Pour la première fois de sa vie, elle avait honte plus que de raison, et elle ne voulait pas le décevoir. Cet homme dont la chaleur irradie dans leur câlin. Elle se rapproche et pose son front sur le sien.
- Je t’ai parlé de basse besogne, de travail au black…
Elle ne savait pas comment lui dire, elle pinça ses lèvres. Elle pensa un instant à se mettre à califourchon sur lui, à enlever son haut et à le faire caresser son sein gauche, remplit de marque pour qu’il comprenne sans avoir besoin de dire la moindre parole… mais il était trop pur. Cet action le ferait se recroquevillé comme une huître alors qu’elle sait que son toucher serait le plus doux qu’elle n’eut jamais connu. Elle finit par lancer un soupir.
- Gabriel… Que crois-tu qu’une femme pas très belle, pas très intelligente, avec un corps tout rapiécé et aucune famille fait dans la vie ?
Elle se resserre. Elle ne veut pas qu’il la lâche. Non. Elle refuse qu’il la lâche, elle n’y survivrait pas. Comme un enfant battu, qu’elle avait été aussi, elle sait que la moindre douceur devenait d’or.
- La réponse est simple. J’ai quitté le trottoir pour toi. Est-ce que tu veux bien toujours de moi ?
Elle ne le regarde très clairement pas à cette question. Elle se sentait d’un coup toute petite… un peu comme quand elle avait compris que la famille d’accueil qui était censé l’aimer ne pourrait que l’enfoncer un peu plus et qu’elle avait pris le choix de la rue.