Messages : 329
Date d'inscription : 06/01/2019
Région : Grand Est
Crédits : "Have you seen the Yellow Sign ?" Chambers
Univers fétiche : Fantastique, SF
Préférence de jeu : Homme
Cassius Moro, dit Souffle-Vent J'ai 29 ans et je vis à la cité-état d’Alfaran. Dans la vie, je suis mestre alchimiste et je m'en sors au gré des vents. Sinon, grâce à ma situation, je suis devenu professeur à l’Académie.
Pour le commerçant moyen, le festival des aconits n’était pas réellement synonyme de période « agréable ». Du nom des petites sommités pourpres qui peuplaient les vallées environnantes, la seigneurie d’Alfaran en avait fait un symbole puissant et connu de tous. Un ancien mestre avait même suggéré de l’intégrer à l’héraldique locale, proposition répondue favorablement par l’Académie. Depuis, c’était une période de la saison qui pouvait tout autant faire disparaitre une boutique qu’amener son propriétaire à une richesse indécente. Au milieu des rameaux installés sur chaque porte et à tous les coins de rue, une compétition rude faisait donc rage. Le pire était certainement que rien ne pouvait laisser présager de ses grands gagnants tant l’influence d’éléments extérieurs à leur bonne volonté semblait prépondérante. Il pouvait suffire que deux maitres s’esclaffent dans sa boutique pour faire la fortune d’un boulanger ou qu’un apprenti trébuche sur un pavé légèrement mal placé devant l’étal d’un poissonnier pour en ruiner la vie. Ainsi, pendant que les banderoles les plus fines qu’on ait jamais vues étaient installées dans la grande rue, la seule chose que tous les clients de l’Auberge des Cinq Couronnes avaient à l’esprit était la démonstration pyrotechnique des archimages de la cérémonie d’ouverture. Réputée pour être l’un des spectacles les plus extravagants, c’était un rendez-vous que nul ne raterait pour rien au monde. Ils évoquaient également les joutes verbales de l’année passée avec vivacité en pariant volontiers sur la revanche de telle ou telle personnalité de l’Académie. Personne n’était dupe et il était de notoriété commune que les maisons nobles soutenaient fréquemment des mages de renom qui avaient leurs faveurs. Ainsi, c’était autant de l’évolution de l’Union que de la renommée des mages dont il était question. Malgré tout, un domaine de la connaissance était jugé comme étant à part des autres. L’alchimie était l’art des sages, celui capable des plus grands miracles. Parfois subtil et parfois spectaculaire, elle était jugée élitiste et exigeante. C’était avant tout resté une science d’initiés que le commun des mortels feignait de comprendre. Peut-être du fait de cette ambiance, les dernières années y avaient vues subvenir les compétitions et les débats les plus virulents et acharnés. Le public raffolait de ces événements et les discutait avec passion. Au milieu du capharnaüm, le professeur Moro se contentait de suivre les dernières nouvelles du monde en s’entretenant avec le tavernier. Peu lui importait la marche des puissants mais leur sillage dictait le cours des ingrédients dont il avait besoin. Ainsi, il lui semblait nécessaire d’en être informé. De plus, sa présence avait été requise parmi les représentants de l’Académie de par sa fonction. Apprendre l’état de la politique devait lui permettre d’éviter les faux pas les plus grossiers et de pouvoir retourner à ses travaux sans encombre. Lorsqu’il se décida à quitter le bar, il nota la présence accrue de gardes à chaque recoin de la cité. Il était connu que les vols allaient bon train en cette période. La perspective de réunir certains des hommes les plus riches et puissants en une cité aussi circonvolue qu’Alfaran devait en faire ressortir tous les malandrins… Les préparatifs pour les membres des chairs de l’Académie étaient facétieux et inutilement chronophages. Contrairement aux autres, il lui convenait de se présenter dans sa cape noire habituelle et ses confortables vêtements de voyage sans apprenti personnel. Les redingotes, le parfum et la soie l’horripilaient alors il omit de se présenter dans les salles qui avaient été reconverties pour l’usage de ces « nécessités » dans la section. Il se contenta simplement de la médaille qui marquait son appartenance aux chairs, se disant que cela suffirait amplement. Il préférait ne pas être regardé, ne pas être étudié et, finalement, ne pas être connu du grand public. Seul comptait pour lui l’alchimie, la mère de toutes magies. Toutes sortes de choses faisaient également partie de ses attributions et dont il se moqua allégrement dans la matinée. Il avait eu l’occasion de confirmer auprès du recteur que cela faisait partie du décorum et c’est en pleine conscience qu’il se livra à ses études de manuscrit et ses essais habituels. Lorsqu’enfin les premiers feux retentirent dans toute la ville, il se décida à se diriger vers les lieux de toute l’agitation. Malgré l’importance de ce moment, il ne parvenait pas à sortir son esprit de toutes les conjectures qui le hantaient. Chacune avait son lot d’imprévus, de discussion et d’arguments et pourtant, aucune ne lui convenait pleinement. La stabilisation des essences riches ne verrait pas le jour avant longtemps, il le savait, mais il espérait tout de même que son nom tracerait son chemin dans l’histoire de cette problématique épineuse. Malgré toute sa bonne volonté, il ne put arriver à temps pour précéder la cérémonie d’ouverture. La foule était trop impénétrable pour le lui permettre et il semblait difficile à croire qu’il soit effectivement attendu sur la place du marché, aux côtés du recteur Oliverans, du Bourgmestre Hubert Sevran et du Marquis de Crécy. Encore une fois, comme s’il était nécessaire de le démontrer, les apparences s’avéraient trompeuses. Taillant sa route tant bien que mal, il parvint sur l’estrade par l’arrière pour y prendre place au milieu de ses pairs, au seul siège resté encore vacant. Son arrivée fut remarquée, tant par son apparence que par l’incongruité de la situation. Le recteur, qui prononçait le dernier discours, se décida à en prendre compte dans ses paroles. - (…) Eh bien ! Merci de nous avoir rejoint finalement, Mestre Moro, s’amusa-t-il alors que les regards de tous se braquèrent sur lui. Comme je l’exprimais jusqu’ici, notre Académie fait peau neuve avec l’arrivée de nouveaux enseignants ! Comme toujours, le maitre mot reste la gratitude à tous les aimables membres de l’Union et leurs généreuses participations sans lesquelles rien de tout ceci ne serait possible. Et sur ceux, je vais laisser la place au bouquet final de nos collègues de la section des arts de bataille.
Le professeur Moro soupira et croisa les bras en sentant le regard et les discussions menées à voix basse sur son manque de savoir vivre et de respect des traditions. Certaines choses sont inévitables, finalement…  |