Dans d’autres circonstances, Rafael aurait sûrement affiché un sourire stupide sur ses lèvres alors qu’il quittait l’appartement de Bonnie à l’aube. Mais les évènements qui s’étaient produits la veille avec Elena venaient quelque peu obscurcir ce petit moment d’intimité qu’ils s’étaient accordés tous les deux. Il rejoignit son 4x4 en bas de l’immeuble et dans lequel attendait patiemment l’adolescente qui leva les yeux vers son père lorsqu’il prit place au siège conducteur « Tu l’as embrassé ? ». Rafael garda son geste en suspens alors qu’il insérait les clefs de contact, et tourna la tête vers Elena non sans un sourire amusé qui le trahissait avant même qu’il ne réponde, et tourna la tête « Peut-être… Oui » et regarda à nouveau sa fille qui laissa un bref instant silencieux avant de répondre « Tu as mis le temps quand même ! » ce qui fit rire le beau brun et sourire l’adolescente alors qu’il prenait la route vers leur appartement. En arrivant, elle se doucha et troqua sa tenue pour quelque chose de plus approprié et finir par rentrer après le dépôt de plainte au commissariat dans lequel Rafael avait passé la majorité de sa précédente vie. En rentrant, Elena rejoignit les bras de Morphée alors que le barman se mit à tourner en rond dans son appartement, se raisonnant pour ne pas aller tuer ce dénommé Juan. Il envoya donc un message à Bonnie et sourit en voyant sa réponse : Merci.

Rafael prit le soin de laisser un mot pour l’adolescente afin qu’elle ne panique pas en trouvant l’appartement vide à son arrivée, et enfila sa combinaison de surf sous un short et un t-shirt, puis installa sa planche sur le toit de son 4x4 et rejoignit la plage. Il gara la voiture sur le parking et n’eut pas de mal à reconnaître Bonnie au loin. Il récupéra sa planche et la rejoignit sur le bord de mer, lui souriant déjà au loin. Il enfonça ladite planche dans le sable aux côtés de celle de la jeune femme et retira ses vêtements qu’il déposa dans un coin, et s’approcha de Bonnie « Merci d’avoir accepté de me voir » et ajouta « Je ne t’ai pas réveillée au moins ?! » en se rendant compte qu’elle aurait pu se rendormir après tout. Il pencha légèrement la tête et demanda « Tout va bien ? Tu regrettes ce qui s’est passé tout à l’heure ? », puis baissa ses yeux sur l’eau qui venait recouvrir ses pieds. Il n’avait pas envie de prendre la mer tout de suite tout fin de compte. En fait, il avait seulement envie de voir la jolie blonde et de passer du temps en sa compagnie « J’ai repensé à notre conversation tout à l’heure en rentrant, et je n’aurais pas dû t’embrasser… » et se rendit compte que sa phrase pouvait porter à confusion et aussitôt renchérit « Je ne parle pas de ce matin. Je ne regrette pas ce qui s’est passé tout à l’heure. Je parle de la dernière fois dans le taxi… Tu étais en colère contre moi et c’était prévisible que tu me repousses après mon geste… Alors je crois que je dois te présenter des excuses aussi pour ça ». Il se tourna ensuite vers les planches de surf, puis posa son regard sur Bonnie « Et si on se posait seulement dans le sable ? L’eau doit être froide et… Je n’ai pas envie de surfer finalement ».

Bonnie savait très bien qu’elle serait incapable de trouver à nouveau le sommeil après tout ce qui venait de se passer ce soir. Entre la venue d’Elena, sa panique et sa peur, puis la conversation avec Rafael, sans parler du fait qu’il l’ai embrassé… non, impossible de dormir. Alors lorsqu’elle avait reçu le sms, elle n’avait pas hésité à répondre directement et à prendre la route de la plage. La belle blonde savait parfaitement qu’ils n’allaient pas passer un moment romantique tout les deux. Rafael devait être au plus mal. Mais elle pouvait être présente pour lui et lui apporter son soutien. Après tout, c’était à ça que servait les amis. Alors elle l’attendit avec patience, les pieds dans l’eau.

« -t’as pas à me remercier. » répondit la jeune femme alors qu’il lançait déjà des remerciements qui n’avait pas lieu d’être. « -oh non, ne t’en fais pas. Impossible de trouver le sommeil après… après tout ça. » elle n’avait pas envie de remettre le sujet de la tentative de viol sur le devant de la scène. Même si cela viendrait dans la conversation. « -oui… oui, oui ça va. Et non, si j’ai pu être d’un quelque soutien pour Elena, alors tant mieux. » elle savait parfaitement qu’il ne parlait pas de ça. Un léger sourire, avant qu’il ne s’envole rapidement. « pardon ? » demanda Bonnie qui ne comprenait pas le revirement de situation. Où voulait-il en venir ? Un pas en avant et deux en arrière en l’espace d’une heure ? Elle n’arrivait plus à le suivre. « -ah.. oh… » commenta la jeune femme en comprenant enfin ce qu’il voulait dire. « -non, tu n’as pas à t’excuser. C’est moi la fautive dans l’histoire alors… oublions ça tu veux ? » c’était du passé, de l’histoire ancienne. Elle ne voulait plus penser à ça.

Un hochement de tête et elle le suivit pour aller s’asseoir dans le sable, à coté de leurs planches. « -ça va toi ? » demanda Bonnie après quelques secondes de silence. « -maintenant tu comprends pourquoi je ne pouvais pas t’en parler ? C’était à Elena de le faire. Et je… je suis contente qu’elle se soit confié à toi. » peut-être que la hache de guerre n’était pas encore enterrée mais toute cette histoire avait permis au père et sa fille de se rapprocher. C’était un mal pour un bien en quelque sorte. « -tu l’as emmener voir les flics j’imagine… » ajouta la belle blonde. « -tu crois que ça va servir à quelque chose ? »

En garant son 4x4 sur le parking qui longeait la plage et en posant son regard sur Bonnie qui se trouvait au loin, Rafael sut qu’il avait fait le bon choix. Il était mieux ici avec elle, sur le bord de mer que chez lui à tourner en rond tel un lion en cage en attendant que sa fille ne se réveille. Ici, au grand air, avec la jeune femme, il parviendrait sûrement à atténuer la colère qu’il avait en lui. En arrivant à sa hauteur, il planta sa planche de surf dans le sable et ôta les vêtements qui cachaient sa combinaison, puis fit les derniers pas pour arriver jusqu’à Bonnie. Il lui sourit tout en la regardant avec douceur « J’en ai envie… » et l’interrogea, espérant ne pas l’avoir réveillé avec son message. Il hocha lentement de la tête tout en fixant l’horizon sans fin devant eux « Oui… Moi non plus je n’arrivais pas à dormir… ». Apprendre que sa fille aurait pu se faire violer la veille au soir… Non, le beau brun n’avait pas envie de fermer les yeux pour dormir paisiblement. Il en était tout bonnement incapable. Il fronça les sourcils tout en tournant la tête vers Bonnie alors qu’elle évoquait Elena alors qu’il parlait de leur baiser. Était-ce volontaire ?! Était-ce sa manière à elle de lui dire qu’elle regrettait ce tournant dans leur relation ? Ou était-ce sincère et elle pensait réellement qu’il parlait d’Elena ?! Il décida donc d’opter pour une réponse qui empêchait le moindre malaise entre eux « Oui, tu l’as vraiment aidé et elle t’en ai reconnaissante. Elle ne te le dira pas tel quel, mais elle l’ait ». A n’en pas douter.

Sa réaction vis-à-vis de ses regrets le rassura sur le fait que Bonnie était en accord avec ce qui s’était passé entre eux ce matin, mais il précisa tout de même qu’il ne parlait pas de ce matin. Non, Rafael regrettait d’avoir tenté de l’embrasser dans le taxi après leur dispute. Il était prêt à reconnaître sa part de responsabilité dans cette histoire, mais ce n’était pas un avis partagé par la jeune femme « Je… Bien. Ok. Oublions ça alors » répliqua Rafael avec hésitation, presque perplexe de la voir assumer l’ensemble des torts. Ils finirent par prendre place sur le sable à la demande ce dernier. Il plia les genoux presque contre son torse et posa ses bras sur ses genoux « Tu n’as pas une autre question ? » demanda-t-il avec un sourire. Parce qu’il n’était pas certain d’avoir la réponse à sa question, aussi simple soit-elle. Il laissa passer un silence que vint briser Bonnie et il baissa la tête tout en acquiesçant, puis releva son regard vers elle en l’entendant évoquer le pas en avant qu’avait fait Elena vers lui « Je suis content aussi et… je pense que si tu m’en avais parlé, j’aurais regretté que ça ne soit pas Elena qui l’ait fait ». Il tourna ensuite le visage vers le bord de mer pour en observer ses allers-retours sur le sable blanc et fin sur lequel ils avaient pris place « J’ai quelques contacts à la police de Miami. Ils vont faire le nécessaire » et ajouta « Si je n’avais pas confiance, je n’y serais pas allé et j’aurais rendu justice par mes propres moyens ». Il finit par poser son front contre ses bras et inspira profondément, avant de tourner la tête vers Bonnie sans décoller son front de ses avant-bras « Tu regrettes notre baiser de ce matin ? » et ajouta « Tu peux, tu sais. Je veux dire, tu peux avoir décidé qu’on ne serait que des amis après notre dispute et… Je l’accepterais… Tu n’as pas répondu tout à l’heure quand je te l’ai demandé. Alors soit tu pensais vraiment que je parlais d’Elena, soit tu regrettes, mais tu ne sais pas comment me le dire » et se mit à sourire avec douceur « Je te donne la possibilité de revenir en arrière si tu le souhaites sans conséquences sur notre relation. Alors ? Est-ce que tu regrettes ? ».

Normal qu’il ne parvienne pas à trouver le sommeil. Elena n’était pas la fille de Bonny, mais elle s’était vraiment senti concerné. Elle avait éprouvé de la colère, de la haine même vis-à-vis de ce Juan qui avait osé touché la jeune femme. Alors elle n’imaginait pas ce que pouvait ressentir Rafael. Mais il savait être plus sage que Bonnie… il avait envoyé un sms pour aller prendre l’air et pouvoir parler plutôt que d’aller faire justice lui-même. « -elle m’a serré dans ses bras… alors c’est tout comme. » Bonnie savait qu’elle avait été utile, qu’elle avait su apporter du soutien à Elena. Et c’était tout ce qui importait. Si la relation de Rafael avec sa fille s’en voyait alléger, alors c’était encore mieux.

Est-ce que Rafael avait l’intention de lui faire vivre des ascenseurs émotionnelles pareil à chaque fois qu’ils allaient se voir ? Je t’embrasse, je regrette, je n’aurai pas dû… Cela finit par la faire rire, un peu nerveusement. « -t’es au courant que… que ce que tu viens de dire portait à confusion n’est-ce pas ? » précisa-t-elle avant de balayer leur engueulade d’un revers de main. C’était du passé. Maintenant ils avançaient. Cela lui avait permis de prendre conscience de certaines choses. Rafael sembla hésiter à accepter, mais se résigna. Une fois assis l’un à côté de l’autre dans le sable, Bonnie osa lui demandé comme il allait. « -non… c’est important… » souffla-t-elle avec douceur. Après un léger silence, elle évoqua Elena et sourit à Rafael, toujours avec cette même douceur. Maintenant il comprenait pourquoi elle n’avait pas voulu lui dire à la place d’Elena.

Elle hocha la tête lorsqu’il évoqua le dépôt de plainte, ainsi que ses contacts dans la police. Elle ne nota dans un coin de son esprit. En vérité, même s’il était en train de lui dire qu’il serait capable de faire justice lui-même, comme elle l’avait dit à Elena, Bonnie n’imaginait pas Rafael faire cela. « -heureusement que tu fais confiance aux flics alors… » souffla la belle blonde en détournant les yeux vers la mer. Encore une fois, il lui prouvait qu’il était différent des autres… enfin de ceux qui étaient passé dans la vie de Bonnie. Elle posa ses deux mains derrière elle, et s’y appuya, les deux jambes allongées sur le sable.

Elle baissa le visage, et releva uniquement les yeux en entendant la question de Rafael. Elle n’eut pas le temps de répondre qu’il enchainait avec des explications. « -j’avais compris de quoi tu parlais. » précisa-t-elle en relevant le visage, adressant un sourire à Rafael au passage. « -et encore une fois tu essaies de penser à ma place. Elle se tourna légèrement vers lui, et reprit : « -donc de un, je n’ai pas de regret. De deux, je n’ai pas envie de revenir en arrière. De trois… je crois qu’il faut qu’on définisse un peu ce que tu appelles par relation. Et de quatre… » elle le regarda avec intensité : « -j’ai très envie de recommencer… juste pour être certaine que c’était pas seulement pour me remercier. » elle se foutait de lui bien sur… et son sourire le prouvait.

Debout devant le bord de mer, le flux des vagues venant s’écraser contre leurs chevilles, Rafael tourna la tête vers Bonnie avant d’acquiescer lentement, puis de joindre la parole au geste « Oui. Ça signifie beaucoup ». En effet, Elena n’était pas d’un naturel tactile, et encore moins avec les gens qu’elle connaissait peu. Mais il fallait croire qu’un lien de confiance s’était rapidement lié entre eux pour que l’adolescente décide de trouver refuge chez cette dernière alors qu’elle était terrifiée. Une décision que Rafael avait légitimement condamnée, avant de prendre du recul sur tout cela. Finalement, il la remerciait d’avoir pris cette décision. Cela leur avait permis de se rapprocher, mais ça avait également permis à Rafael de parler avec Bonnie. Dans d’autres circonstances, il n’aurait peut-être pas fait le premier pas, et encore moins clôturé cette conversation avec un baiser. Il n’en restait pas moins que Rafael n’était pas encore tout à fait à l’aise avec tout cela et cela se ressentit dans les mots utilisés et qui, en voyant la réaction de Bonnie, le fit rapidement réagir. Au moins ça a eu le pouvoir de faire rire la jeune femme « Oui… Je m’en suis rendu compte… désolé ». Devait-il comprendre que de son côté, elle ne regrettait rien ? En tout cas, Bonnie souhaitait avancer et mettre leur dispute de côté. Une décision qui le laissa perplexe. Rafael n’était pas habitué à ce qu’une femme accepte de mettre une dispute comme la leur de côté pour avancer. Généralement, il reprenait un revers de bâton quelques semaines après au détour d’une autre dispute sans aucun lien.

Ils finirent par prendre place sur le sable, délaissant leurs planches de surf qui étaient restés enfoncées dans le sable depuis le début. A la question de Bonnie, le beau brun n’avait pas vraiment de réponse. Il tourna la tête vers elle et poussa un soupir « Je suis partagé entre l’envie d’aller tuer ce gamin de mes propres mains pour avoir osé toucher ma fille, et toi… notre réconciliation qui me fait du bien ». C’était un vraiment ouragan de sentiments contradictoires qui sévissaient à l’intérieur de lui actuellement. S’il s’écoutait, il se rendrait chez Jay pour obtenir l’adresse de ce Juan et lui ferait regretter son geste envers son enfant. C’était pour cela qu’il était là avec Bonnie sur le bord de mer. Pour éviter de succomber à cette rage en lui et laisser faire la police. Il émit un petit rire nerveux en entendant la remarque de la jeune femme « Je ne peux pas dire que c’est une question de confiance… Je sais que le lien ne sera pas difficile à faire si je le tue. Alors j’irais en prison et abandonnerait encore ma fille. Je n’ai pas le droit de lui faire ça ». C’était davantage l’amour qu’il portait à Elena qui le retenait en réalité. Son passé en tant que flic importait peu dans l’équation. Il l’observa changer de position sur le sable, sa tête contre ses avant-bras et changea de sujet. C’était mieux de parler d’autre chose.

Un sourire se glissa sur les lèvres du barman quand Bonnie lui montra qu’elle était perspicace même lorsqu’elle manquait de sommeil comme aujourd’hui. Il fit ensuite une légère grimace lorsqu’elle le surprit à penser encore une fois à sa place. Il plaidait coupable. Il la fixa alors qu’elle énumérait les points les uns après les autres, puis sentit le regard de la jeune femme changer, devenir plus intense lorsqu’elle évoqua son envie de recommencer. Il se mit à rire doucement tout en allongeant à son tour ses jambes dans le sable, ses coudes dans le sable pour prendre appui, et la tête tournée vers elle « Un merci ?! Tu as raison. J’embrasse toujours cette vendeuse au Starbucks quand elle me sert mon café le matin, et Jason aussi lorsqu’il travaille bien au bar » et se tourna vers elle entièrement, réduisant ainsi l’espace entre eux, et approcha son visage du sien, tout en observant chaque détail de son visage « Je suis content de savoir que tu ne regrettes rien » et glissa ses doigts sur ses joues, puis l’embrassa à nouveau. Ce même baiser qu’il avait donné dans sa cuisine le matin même, avant de l’approfondir peu à peu, venant coller son corps au sien, et se recula légèrement « Tu ne m’as pas dit comment tu voulais définir notre relation toi » alors qu’il posa sa main sur la taille de Bonnie.

« -tu as bien fait de m’envoyer un sms. » confia Bonnie alors que Rafael avouait avoir envie de tuer à ses mains l’homme qui avait osé toucher sa fille. Il avait des contacts dans la police et la mère d’Elena bossait également dans le domaine de la justice. Bonnie savait d’avance de Juan serait punis. Surtout qu’il sortait juste de prison d’après les dires d’Elena. « -et moi aussi je suis contente… pour notre réconciliation. » précisa Bonnie avec un petit sourire toujours aussi tendre. « -je peux le faire pour toi si tu préfères… » souffla Bonnie au sujet d’aller étriper Juan. Il y avait une touche de plaisanterie dans sa voix, même si en vérité, elle en était capable. Enfin… ça Rafael n’avait pas à le savoir. « -tu es un homme plein de sagesse tu sais… » s’amusa Bonnie qui admirait son résonnement. Il ne se laissait pas aveugler par sa colère. Ça n’était pas donné à tout le monde.

Bonnie fit mine de s’offusquer : « -hé ! Je suis pas une simple vendeuse de café ! » puis elle rit de bon cœur : « -j’imagine de là la scène ! Il doit adoré ce petit moment d’intimité ! » ça faisait du bien de retrouver un peu de légèreté entre eux. Comme au début. Elle l’observa se rapprocher. « -je te l’aurais fais savoir tout de suite… » précisa Bonnie. Alors non, elle n’avait pas de regret, elle était même heureuse qu'il ait prit les devant, même si cela lui faisait toujours peur. Parce qu’il était différent et qu’elle n’avait jamais eut de relation avec un homme comme lui. Au bout du compte, c’était peut être Rafael qui aurait des regrets. A nouveau elle le laissa approcher, son regard jonglant entre ses yeux et ses lèvres. Et puis il y eut un nouveau baiser, un peu plus long, un peu plus profond. Elle lui sourit avant de baisser les yeux quelques instants. Un haussement de sourcils parce que là tout de suite elle n’était plus vraiment sur de rien. « -et bien… » commença-t-elle enfin, sachant parfaitement que son hésitation était palpable. « -je sais que tu veux quelques choses de sérieux. Sans que ça soit trop précipité… donc… » elle hocha la tête en se mordant la lèvre inférieure. « -tu te souviens de notre conversation sur cette plage ? Nos visions du couple… ba… » elle remonta encore ses épaules comme si elle hésitait à le dire : « -on pourrait partir sur ça. Chacun sa vie, chacun son côté et quand on a envie de se voir… » elle posa sa main sur celle de Rafael : « -je vais pas te le cacher, je pensais pas que ça prendrait cette tournure sérieuse… et je… je suis pas la meilleure dans ce genre de relation. Mais ! » elle leva son index rapidement avant qu’il ne se fasse de mauvais films : « -mais j’ai envie d’essayer. De voir ce que ça peut donner. » elle n’était pas certaine d’être très claire dans ses explications…

Rafael était tiraillé entre sa volonté de faire justice lui-même ou faire confiance au système dans lequel il avait servi une bonne dizaine d’années. Avant d’être un ancien policier, il était avant tout un père et on avait fait du mal à son enfant. Pour autant, il savait également qu’en rendant justice lui-même, il risquerait de perdre le plus important, et ce n’était pas la liberté, mais bel et bien sa fille. Elle avait besoin de son père à ses côtés, et pas d’un vengeur masqué. Alors pour éviter de succomber à la rage qui grandissait en lui en repensant aux évènements de la veille, Rafael avait rejoint Bonnie sur le bord de mer, et la jeune femme était en accord avec sa décision. Elle non plus n’avait peut-être pas envie qu’il finisse ses jours en prison pour meurtre. Il lui sourit alors avec douceur « Tu n’aimes pas l’idée des visites conjugales au pénitencier de Miami ? ». Il préférait en rire plutôt que de se laisser gagner par la colère. S’il avait appelé Bonnie pour se voir sur cette plage, c’était parce qu’il savait qu’elle saurait l’apaiser par sa seule présence, par leur conversation. Un nouveau sourire se glissa sur les lèvres du latino, avant de rire doucement « Non, je ne suis pas un adepte des visites conjugales en prison, et puis je n’ai pas non plus envie que tu trouves plus joli que moi dans tes camarades de cellules ». Il baissa ensuite son regard sur le sable et reprit avec plus de sérieux « Si la justice ne fait pas son travail, je ne serais pas aussi sage… » et releva son regard sur Bonnie pour lui faire comprendre que, cette fois-ci, il ne plaisantait pas. Il n’irait peut-être pas jusqu’à le tuer de ses mains, mais il lui ferait passer définitivement l’envie de violer une femme, quelle qu’elle soit.

Le fait d’évoquer le baiser comme un geste de remerciement aida Rafael à penser à autre chose et entra dans le jeu de la jeune femme en plaisantant sur le sujet « Tu as raison. Mais j’achète plus de café que de lingeries donc… » et haussa les épaules avec une petite moue amusée pour lui faire comprendre que c’était un exemple plus adéquat au vu de sa situation. Il se mit à rire de nouveau « Oui, beaucoup. Il attend toujours cela avec beaucoup d’impatience », puis acquiesça « Bien. Bien ». D’un côté, il aurait dû le savoir vu qu’elle n’avait pas hésité à le repousser la fois dernière. Pourquoi aujourd’hui aurait été différent ?! Il s’approcha donc d’elle, prenant le temps de l’observer un moment, de détailler ses traits et déposa finalement ses lèvres contre les siennes, lui confirmant ainsi que ce n’était pas qu’un remerciement. Il savoura cette proximité avec Bonnie, sans klaxon pour lui faire comprendre que c’était l’heure de partir. Ils avaient le temps devant eux ce matin. Il ne se recula pas davantage après le baiser, posant sa main sur sa taille et nota son hésitation quand il lui demanda comment il voyait leur relation. Il n’eut pas de mouvement de recul. Rafael la laissa seulement mettre des mots sur sa pensée. Lorsqu’elle évoqua son absence de talent pour les relations sérieuses, il ouvrit la bouche, puis sourit tout en la refermant alors qu’elle le retint de parler, devançant d’ores et déjà sa réaction.

Sa main descendit lentement jusqu’à la hanche de Bonnie sans vraiment y prêter attention alors qu’il la fixait avec un petit sourire en coin « Tu pensais qu’on allait juste coucher ensemble et terminé ? » et ajouta « Je dois vraiment être différent pour bousculer ainsi tes plans ». Il détourna le regard vers un joggeur qui passait à proximité d’eux, et se reconcentra sur Bonnie « Je n’ai pas envie qu’on sorte les chandelles, qu’on prévoit d’aménager ensemble, et tout le tralala. J’ai envie que tu me dises que non, ce soir, tu as envie de rester seule chez toi pour regarder un film quand je te proposerais de passer ou que tu dois sortir avec des amis. Comme parfois, j’aurais aussi envie d’être seul ou avec Elena ». Rafael aimait sa liberté, sa tranquillité et souhaitait la maintenir. Il ne souhaitait pas d’une relation comme il avait eu avec Angie et les obligations qui allaient avec. « Donc je peux toujours coucher avec mon ex-femme ou… » et se mit à rire, se penchant pour l’embrasser de nouveau, souriant contre ses lèvres avant de se reculer « En fait, maintenant qu’on en parle. Est-ce que tu veux qu’on soit libre sur ce point ? Ou quand tu parles d’une relation sérieuse, c’est juste nous deux ? ».

« -on sais l’un comme l’autre que ce n’est pas moi qui aurait ce droit de visite. » répondit Bonnie mêlant plaisanterie et réalité. Pour le moment, elle n’avait aucun statue vis-à-vis de Rafael, et elle n’était pas certaine d’avoir envie que cela change. « -qui te dis que je me ferais prendre ? » ajouta la belle blonde avec un sourire en coin presque suffisant. Elle plaisantait mais encore une fois, Rafael ne connaissait pas tout de son passé… « -si… parce que tu es un type posé et intelligent. » en vérité, Bonnie avait quelques contactes de son côté, qui n’était pas dans le police et qui pouvaient rapidement se charger de Juan. Mais elle se garda bien de confier ce détail à Rafael. Il n’avait pas à connaitre ces détails.

« -c’est plutôt rassurant, comme ça je suis certaine de ne pas te voir débraquer en porte jarretelle ! » lança Bonnie en riant, l’image s’imposant à son esprit. « -quel patron attentionné tu fais ! » c’était du grand délire, mais ça faisait du bien de rire un peu. Elle éprouvait cette sensation, et elle espérait qu’il en était de même pour Rafael. Elle aima encore plus ce qui suivit. Un baiser plus appuyé et moins timide. Ensuite elle tenta de mettre les choses au point entre eux, sur cette relation dans laquelle ils étaient prêt à se lancer. Elle grimaça, fautive. « -j’avoue que j’avais plus envisagé une histoire basé seulement sur le sexe. » puis elle hocha la tête. « -oui, et c’est ce qui m’effraye. » souffla-t-elle avec sincérité. Sans doute la peur de ne pas être à la hauteur. A sa hauteur à lui. Elle apprécia le fait que Rafael semblait être en accord avec ce qu’elle proposait. Une sorte de relation de couple tout en gardant leur liberté respective. Comme ce qu’ils avaient imaginé l’autre jour sur cette même plage. « -je croyais que ce n’était plus ton problème ? » demanda Bonnie avec une pointe de sérieux dans la voix. Elle lui rendit son baiser du bout des lèvres, parce que de son côté ça ne la faisait pas vraiment rire. « -je ne pensais pas qu’on aurait besoin de mettre les choses au point là-dessus… » avoua-t-elle avant d’ajouter : « -comme si tu allais avoir envie d’aller voir ailleurs… » ajouta Bonnie avec assurance, certaine qu’une fois qu’ils auraient couché ensemble, Rafael oublierait bien vite son ex-femme. « -enfin… plus sérieusement, si c’est ce genre de relation que tu veux, c’est sans moi. Je ne suis pas du genre prise de tête mais, je n’aime pas partager. » elle n’était pas jalouse ou possessive mais lorsqu’elle laissait un homme entrer dans sa vie, elle appréciait d’être la seule qui passait dans son lit. « -et je… je n’ai pas envie non plus que notre relation t’apporte des problèmes supplémentaires avec Elena. » et ça elle y tenait vraiment.

Un sourire timide s’afficha sur les lèvres de Rafael qui fixa le sable sous lui « Je t’imaginais seulement venir entièrement nue sous ton manteau pour me rappeler pourquoi je dois m’évader au plus vite » et releva ses yeux noirs sur la jeune femme avec un sourire en coin, taquin. C’était la seule idée qui lui était venue à l’esprit en l’imaginant lui rendre des visites conjugales en prison, et il avait l’impression que cette précision allait rassurer Bonnie sur son état d’esprit. Ce n’était pas parce qu’ils s’étaient embrassés que le beau brun était déjà prêt à l’épouser dans l’année à venir. Il ne savait pas encore ce qu’il en serait d’eux le lendemain matin, alors dans plusieurs mois… Il en était tout simplement incapable et ne le souhaitait pas non plus. « Tu aurais des talents cachés d’assassin ?! Dois-je m’inquiéter et commencer à rédiger mon testament ? » répliqua-t-il en riant de bon cœur alors qu’il aimait la tournure de cette conversation. Le sujet était grave, mais leur manière de le gérer était léger, et ça fit du bien à Rafael qui ne voulait pas se laisser gagner par la colère et la culpabilité de ne pas avoir su protéger Elena comme il l’aurait dû. Toutefois, le latino ne tirer par un trait définitif sur la possibilité de rouer de coup le jeune homme. Ce que ne semblait pas croire Bonnie. Il posa son regard sur elle et resta un moment silencieux avant d’acquiescer lentement de la tête « Je suis surtout un père qui croit encore à nos institutions et en la justice de ce pays… ». En tout cas, aujourd’hui, il avait besoin d’y croire. Pour sa fille.

Sans vraiment savoir le pourquoi du comment, la conversation prit un tournant surprenant, les menant à parler de lingerie, ce qui fit rire de bon cœur la jeune femme et plisser les yeux du beau brun qui ne pouvait pas se départir d’un sourire amusé malgré lui « Je rêve ou tu es en train de m’imaginer en lingerie sexy ?! », puis ajouta « Tu en doutais ?! » concernant sa capacité à être un patron attentionné à l’encontre de son employé. Enfin, en réalité, la seule personne qu’il avait envie d’embrasser, c’était elle et le fit sans attendre. Le baiser fut moins chaste que celui qu’il lui avait donné de bonne heure ce matin et en savoura chaque seconde, jusqu’à se reculer légèrement pour évoquer le devenir de leur relation, ou plutôt sur la manière dont Bonnie la concevait. Ils semblaient être sur la même longueur d’onde, ce qui rassura le latino « Je m’en suis douté ». Après tout, la jeune femme ne s’en était pas cachée jusqu’alors. Il l’observa un instant alors qu’elle lui confiait avoir peur de l’effet qu’il avait sur elle « Je vais faire en sorte de faire taire cette peur, ok ?! ». Il ne promettait pas toujours de beaux moments, mais il ferait en sorte de rester lui-même, parce qu’apparemment, c’était cela qu’elle aimait chez lui. Il espérait qu’avec le temps, elle se laisserait guider par lui et finirait par mettre cette peur de côté.

Apparemment, Rafael commençait à comprendre le fonctionnement de la jeune femme au fur et à mesure qu’il était à son contact, car la question qu’elle posa ne laissait aucun doute sur sa manière d’apprécier sa plaisanterie concernant son ex-femme « Tu as raison, ce n’est plus mon problème », et il le comprit davantage en sentant sa manière de lui rendre son baiser. Elle n’avait pas aimé la plaisanterie. Il la fixa avec une certaine intensité quand Rafael aborda le sujet de la sexualité, et plus précisément l’exclusivité de leur relation « Je vois que tu ne doutes pas une seconde de tes talents en la matière » et ça faisait croître une certaine envie alors qu’il ne pouvait pas y répondre sur cette plage. Il faisait trop jour et il y avait trop de monde. Enfin, le désir redescendit bien vite en sentant que le sujet était plus sérieux qu’il ne l’aurait pensé « Ce n’est pas le genre de relation que je souhaite. Mais je me disais que c’était peut-être le tien… » et fronça les sourcils « Pourquoi notre relation poserait des soucis avec Elena ? », puis se souvint de la conversation qu’elle avait eu avec sa fille au bar « Oh… Elena sait qu’on s’est embrassé tout à l’heure. Elle n’est pas pour autant obligée d’en savoir davantage. On peut dire qu’on a discuté et qu’on a décidé de rester de simples amis ». Cela ne dérangeait pas Rafael qui n’était pas réellement exigeant sur les points de leur relation. Il posa ensuite son regard sur sa main posée sur elle, et demanda « Tu n’as pas aimé ma plaisanterie au sujet d’Angie, je me trompe ? » et releva son regard sur elle « Je ne voulais pas te blesser en disant cela, ou faire surgir une quelconque jalousie… » et posa sa main sur sa joue « On a arrêté notre liaison depuis notre discussion sur la plage. Elle n’est plus mon problème et j’aimerais que lorsque je te dit quelque chose qui ne te plaise pas, tu me le dises sincèrement au lieu de me rendre à peine mon baiser. Oui, je l’ai senti très chère ».

Bonnie ouvrit de grands yeux : « -t’es sérieux ? » elle avait du mal à imaginer Rafael avoir ce genre de pensées, mais cela la fit sourire un peu plus encore : « -c’est limite cruel quand même non ? La frustration de fou ! » comme si l’option était vraiment à envisager. « -tant que tu restes sage tu ne risques rien. » répondit la jeune femme avec un petit sourire énigmatique. Elle savait que Rafael ne se laisserait pas emporté. Il n’était pas du genre à enfreindre la loi. Plus à se ranger derrière. Une raison supplémentaire qui la forçait à garder bien planqué son secret. Une raison de plus qui faisait de lui un type différent de ceux qu’elle avait connu avant. « -un fois de plus, tu prouves être un bon père en résonnant ainsi. » commenta Bonnie qui sentait bien que Rafael s’en voulait d’être si impuissant.

« -non ! Non non voyons ! » mais elle pouffa de rire. « -que tu l’embrassais pour le remercier ?! » lança-t-elle en riant de plus belle. « -pardon… je suis désolée, mais ça fait du bien de rire un peu… » souffla la jeune femme. Quelques minutes plus tard, ils s’embrassaient de nouveau. « -non… je veux pas que tu ai besoin de faire des efforts. C’est à moi d’en faire. » elle ne tenait pas à ce que les rôles s’inversent. C’était elle qui pour le moment n’était pas à la hauteur, alors elle allait faire en sorte que ça fonctionne plutôt bien, et surtout ne pas tout faire foirer. Parce qu’elle ne souhaitait vraiment pas le faire souffrir.

Elle apprécia moyennement qu’il évoque ses aventures avec Angie. Bien sur elle comprenait que c’était de l’humour mais ça ne la fit pas rire. Un léger sourire alors qu’elle s’était un peu tourné vers lui, un coude dans le sable. « -non. J’aime être libre, chacun chez soi mais… non, ce n’est pas ce que je veux. Je ne peux pas te promettre un relation classique, mais quelque chose avec des sentiments réels… ça oui. » elle évoqua également Elena. « -parce que y’a encore deux semaines elle me mettait en garde. Qu’elle a besoin de toi plus que jamais… et que je n’ai pas envie d’être une probable source de conflit entre vous. » un haussement de sourcils : « -elle l’a deviné ou tu lui as dit ? » demanda Bonnie comme si ça avait la moindre importance. « -tu as vraiment envie de lui mentir ? » parce que Bonnie n’avait pas envie de se lancer là-dedans. Question de confiance mutuelle peut-être.

Bonnie soupira en regardant ailleurs. « -nope… » puis elle ajouta : « -je ne suis pas jalouse. Je sais seulement que je ne suis pas comme elle. Et je te l’ai déjà dit, ça me mets un complexe. » même si elle ne doutait pas de sa propre valeur, si on faisait un rapport, Bonnie se sentait forcement, encore une fois, pas du tout à la même hauteur. Bonnie releva les yeux sur Rafael et esquissa un léger sourire : « -c’est noté… » il allait devoir faire preuve d’un peu de patience… La belle blonde observa le barman durant quelques secondes : dans quoi étaient ils en train de se lancer ? Elle décida de se rapproché et demanda : « -est ce que je peux me rattraper ? » avant de lui sourire et prendre l’initiative du baiser cette fois-ci.