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LE TEMPS D'UN RP

Une souris et des hommes. [ft. Nemo]

Cheval de Troie
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Date d'inscription : 08/02/2020
Région : PACA
Crédits : Bazzart

Univers fétiche : Réel - Disney - Fantasy - Surnaturel - Mythologie
Préférence de jeu : Femme
vol de nez
Cheval de Troie
Lun 10 Oct - 10:19
Une souris et des hommes.


Souris des villes et souris des champs...


Une souris et des hommes. [ft. Nemo] Tom-hardy-emily-browning-gif-7

On a beau nous dire que l'herbe n'est pas forcément plus verte ailleurs, on ne peut s'empêcher d'avoir cette irrésistible envie d'aller le voir de nos propres yeux. C'est exactement le cas de Rose Williams qui a passé toute sa vie dans sa campagne natale. Le genre de campagne où quand tu rates le bus scolaire, tu peux être sûr que ta journée est perdue. Le genre de campagne où on apprend que son voisin a enfermé des dizaines de femmes pendant des années… Ce genre de campagne un peu glauque où on croit qu'il fait bon vivre. Pas de voisins avant des kilomètres, une mentalité plus qu'arriérée, bref, Rose en avait plus qu'assez. Bien qu'elle vienne d'une famille tout ce qu'il y a de plus aimante, elle sentait qu'il était temps pour elle de voler de ses propres ailes. Maintenant qu'elle a fraichement vingt-quatre ans, il est temps de découvrir ce que la vie lui réserve ! Et pour ça, rien de mieux que la grande ville ! Bon, pas si grande que ça, mais une ville quand même, avec des voitures qui se klaxonnent à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, des touristes, des Starbucks ! Tout ce qu'elle n'avait pas dans sa campagne ! Oui, sa vie va prendre un nouveau tournant, elle le sent !

***

Pourtant, en ville, elle apprendra à ses dépens que de vilains matous rodent. Comme dans toutes les villes, la criminalité bat son plein. Les trafics en tout genre sont monnaie courante et les différents gangs font la loi. La police peine à les arrêter ou à empêcher les règlements de compte qui coutent la vie aux différents membres des gangs, mais aussi à des innocents qui ont eu le malheur de se trouver aux mauvais endroits aux mauvais moments…
Rose va découvrir un monde qui lui était totalement inconnu, un monde où la réalité peut être dur, où la vérité peut conduire à la mort, où il n'y a que la détermination qui puisse nous garder en vie.... Un monde où il n'y a que la violence, la loyauté et l'orgueil qui compte... Un monde où l'amour et le bonheur ne sont que des rêves lointains de jeunesse.



Contexte provenant de notre insatiable envie de créer de nouvelles histoires encore plus fantastiques à Nemo et moi  :yata:
Cheval de Troie
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vol de nez
Cheval de Troie
Lun 10 Oct - 12:58

Rose Williams
J'ai 24 ans et je vis à ... Etats Unis. Dans la vie, je suis serveuse jusqu'à ce que je réalise mon rêve d'être fleuriste. Je suis célibataire car je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de m'intéresser à l'amour et je m'en sors plutôt bien, je me dis que tout vient à point.

Une souris et des hommes. [ft. Nemo] Tumblr_inline_pmjx6tbtCZ1uwoa5z_250

Gentille - Douce - Serviable - Juste - Sensible - Observatrice - Bornée - Impatiente -

Rose est une jeune femme qui a hâte de croquer la vie à pleine dent. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle a décidé de quitter sa campagne natale. Elle y était bien pourtant, c'est le genre de campagne où vous avez une maison au milieu d'un champ et votre premier voisin se trouve à au moins deux kilomètres ! Vous voyez ce genre de bail, c'est de là que vient Rose. Pour l'école, c'était compliqué, sans cesse obligée de se réveiller deux heures et demie avant pour pouvoir se préparer et arriver à temps grâce au car scolaire, qui dieu merci, passait par sa ferme. Ses parents ont toujours été très gentils et très aimants, dans sa campagne tout le monde se connait et vit en communauté. Pour autant, même si Rose a toujours aimé sa vie à la ferme, elle a toujours eu envie de voir à quoi pouvait ressembler le reste du monde. Aussi, c'est sans se retourner qu'elle a décidé de s'installer dans la ville la plus proche de sa campagne pour se faire une première expérience en territoire inconnu. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'une souris des champs n'a pas sa place en ville, au risque de faire dévorer par de vilains matous !

Une souris et des hommes. [ft. Nemo] SourUnconsciousAfghanhound-size_restricted


Alors que je referme le coffre du taxi, je tente péniblement de tenir mon téléphone contre mon épaule, tout en trainant mes valises sur le trottoir. Je soupire tout en essayant de chasser des cheveux de devant mon visage.

"Oui maman, je viens d'arriver." J'écoute les craintes et les plaintes de ma génitrice qui flippe à mort de me savoir si loin de la maison. "Non maman, je ne sais pas encore comment c'est à l'intérieur, je suis encore sur le trottoir. Oui ma... non ma..." Soupire...

À force de batailler avec le téléphone, les valises et ces fichues marches d'escaliers, je finis par relâcher la pression de ma tête contre mon épaule et mon téléphone glisse le long de mon corps jusqu'au sol.

"Super..."

Grommelais-je jusqu'à ce qu'un passant se penche pour le ramasser et me le tendre.

"Attendez, je vais vous aider."

L'inconnu ramasse mes valises et les monte en haut du porche. Je le regarde en rougissant, lui offrant un aimable sourire pour sa galanterie.

"M...Merci beaucoup."
"Avec plaisir mademoiselle."

L'inconnu retira son chapeau qui faisait très mafieux des années 60 pour me saluer avant de s'en aller. Je ne sais pas du tout pourquoi maman s'inquiète autant, les gens d'ici ont l'air formidables !

"Allo ? Allo ? Rose, Rose, tu m'entends ?"

Je reprends rapidement ma mère au bout du fil avant qu'elle ne tombe dans les pommes.

"Oui, maman, je t'entends, mais je vais devoir te laisser parce que ce n'est pas pratique de monter des valises dans les escaliers tout en étant au téléphone. Je t'appelle plus tard, quand je serai installée. Aller bisous !"

Et je raccroche rapidement sans attendre sinon elle allait encore me prendre la tête sur les consignes de sécurité à suivre pour m'installer, pour parler avec mes nouveaux voisins et même pour ouvrir et fermer une fenêtre ! J'adore ma mère, mais parfois, elle en fait un peu trop.... On dirait qu'elle croit que j'ai encore seize ans... Je ne suis plus cette adolescente timide et réservée qui avait peur de découvrir le monde. Non... qui avait peur que le monde découvre qui je suis… Mais maintenant, je n'ai plus peur. Je... Je sais que je suis une jeune femme formidable avec pleins de choses à offrir et à découvrir, finit de me cacher dans ma ferme !

Du haut du porche, j'observe mon nouveau quartier, les poings sur les hanches, je prends une grande inspiration.

"Bienvenue chez toi, Rose !"

Me dis-je à moi-même avant de sortir le trousseau de clef que le propriétaire m'avait envoyé. J'insère la première clef dans la serrure pour ouvrir le porte de l'immeuble et y faire entrer mes affaires.

J'étais loin de me douter que de l'autre côté de la rue, dans une ruelle sombre, entre deux bâtiments, des gangsters (est-ce que ça se dit encore ?! Maman dirait que oui.) avaient élus domicile. Apparemment, cette zone est le parfait endroit pour un point de gué, mais sert également de plaque tournante pour le petit trafique. Ma foi, je n'ai jamais côtoyé ce monde de près ou de loin… Je ne suis pas non plus un poussin qui sort de l'œuf, je...je sais ce que c'est que la drogue... Mon plus proche voisin, à la ferme, Randy Peterson, avait planté du cannabis dans son jardin. Il parait que son père lui aurait mis une sacrée dérouillée quand il l'a appris ! Je n'en ai jamais consommé pour ma part. J'ai déjà du mal à assumer que je fume quelques cigarettes de temps en temps… ma mère en faisait une syncope si elle le savait ! En tout cas, les hommes du trottoir d'en face ont remarqué mon arrivée...

Je roule des yeux à cette idée, maintenant, j'ai ma propre maison. Bon ok, c'est un petit appartement, mais c'est tout de même chez moi ! Je pourrais y faire tout ce que je veux ! Écouter de la musique, fumer des cigarettes ou même inviter des amis ! Bon.....Je n'en suis pas encore là… Je....Je n'ai pas vraiment d'amis... mais ça va changer ! Je suis ici pour ça de toute façon, pour avoir une nouvelle vie, une vie bien meilleure que celle que j'ai connue jusqu'à présent !

Je monte péniblement mes valises jusqu'au quatrième étages. Je suis au dernier étage de mon immeuble et mon propriétaire m'a dit que je pouvais utiliser le toit comme terrasse. Ça m'a valu un petit supplément dans mon loyer, mais ce n'est pas cher payer pour avoir ma propre terrasse en plein centre-ville !


Une fois sur mon palier, je ne perds pas de temps pour ouvrir la porte de mon appartement, je frétille d'impatience de le découvrir ! Une fois à l'intérieur, mon sourire s'efface rapidement. En fait, il n'avait rien à voir avec l'annonce qu'on avait vu sur le net avec mes parents. Les vitres sont tellement sales que j'en oublie s'il fait encore jour ou pas... La cuisine sent la crasse et la rouille, le canapé du salon est bosselé et troué, mon lit sent l'urine et mes toilettes…je ne veux même pas y penser sinon je vais me mettre à vomir. Je reste prostrée dans ce capharnaüm en me demandant comment mon rêve pouvait se transformer en cauchemar aussi rapidement…

J'ai envie de pleurer, de reprendre mes affaires et de retourner chez moi ! Mais si je fais ça, ma mère me dira qu'elle avait raison, que je suis beaucoup trop jeune pour vivre seule et que la meilleure chose à faire pour moi, c'est sans doute d'épouser Randy Peterson et de devenir une femme au foyer qui ne manque de rien. Quelle horreur. Randy est la personne la plus stupide que je n'ai jamais rencontré. Ce demeuré a essayé de me faire croire qu'il pouvait faire marcher le tracteur de son père avec des épis de mais… Résultat des courses ?! Son père a dû travailler tous les jours de l'année pour pouvoir rembourser les frais de réparation de la machine. Stupide, je vous dis. Et dire que cet abruti avait tenté de m'embrasser à la fête de Noël de notre village, quand on avait treize ans. J'ai reculé pour qu'il ne m'approche pas, j'ai glissé sur du verglas et je me suis démis l'épaule....

Je passe ma main sur mon visage, pourquoi je pense à tout ça..... Bon, il va falloir que j'appelle ma mère et que je la rassure, impossible de lui dire que je vais vivre dans un taudis...
Je sors mon paquet de cigarette et en allume une. Je prends mon téléphone et compose le numéro de ma mère. Avant même que ça sonne, elle avait décroché.

"Alors, Rose, comment c'est chez toi ? C'est propre ? Tu y es bien ? Et les voisins ?"

Je soupire avant d'inhaler une longue taffe de ma cigarette et de tenter de la recracher doucement.

"Je viens à peine d'arriver, maman, je n'ai pas vu les voisins encore…"
"Tu devrais aller te présenter ! Apporte-leur des petits gâteaux, ça fait toujours plaisir !"
"Man, ils vont me prendre pour une bouseuse sortie de sa campagne si je fais ça..."
"Je ne vois pas ce qu'il y a de mal à avoir été élevée dans une ferme…"
"Y'a pas de mal, je sais, mais… je voudrais pouvoir me fondre dans la masse, je n'ai pas envie d'être pointée du doigt comme étant la petite fermière fraichement débarquée en ville."
"Oui, tu as raison, tu serais une cible facile !"

Je roule des yeux tout en massant mon front avant de tirer une nouvelle taffe. En regardant l'état misérable de ce qu'on pourrait appeler un salon, je constate que derrière la crasse de la fenêtre, il y a des escaliers de secours. Je suppose que ce sont eux qui mènent au toit. J'ouvre la baie vitrée et grimpe rapidement sur les marches dans un bruit de métal rouillé.

"J'ai une terrasse ! De là-haut, je peux voir tout le quartier."
"Ne te penche pas trop ! Et ne t'expose pas au soleil ! Et fais attention la nuit, ne laisse rien ouvert sinon on pourrait s'introduire chez toi !"

Soupire.

"Oui maman, écoute, je vais te laisser, je suis fatiguée et j'ai encore beaucoup de choses à faire. Je dois vider mes valises et commencer à m'organiser. Je te rappellerai demain, d'accord ?"
"Oui, fais attention à toi, Rose, je ne sais pas ce que je deviendrai si je te perdais..."
"Roooooh maman, arrête un peu de mélo dramatiser, il ne va rien m'arriver, tu sais. Aller, bisous et à demain."

De nouveau, je raccroche avant qu'elle me demande si j'ai bien pris ma ventoline au cas où j'aurais une crise d'asthme… crise que je n'ai plus jamais eu depuis que j'ai douze ans. Je range mon téléphone dans la poche arrière de mon jean et je regarde autour de moi. Le toit a un bon potentiel pour finir en terrasse, mais à l'heure actuelle, c'est plus une poubelle qu'autre chose. Je soupire et encore une fois, j'ai le sentiment que je vais finir par m'écrouler et par fondre en larmes. Mais je tiens bon. Je m'accoude au rebord du toit et regarde en dessous. La rue est plutôt tranquille. À cette heure-ci, la plupart des gens sont en route pour rentrer chez eux. Seuls quelques jeunes flânent encore dans les rues en riant et en s'amusant. Je souris en me disant que cette ville n'est peut-être pas si terrible qu'il n'y parait. Et au moment où je me dis ça, une sirène de voiture de police retentit. La voiture passe à fond dans la rue avant de tourner au croisement pour prendre la direction du sud de la ville. Je jette un regard curieux dans la même direction, comme si je pouvais voir à travers les immeubles, puis je secoue la tête et décide de rentrer à l'intérieur.

J'ai tellement de choses à faire que je ne sais pas par quoi commencer. Je vais commencer par faire le ménage, hors de question de poser mes affaires dans un endroit aussi crasseux. Courage Rose, ce n'est pas le conte de fée dont j'avais rêvé, mais il ne tient qu'à moi de faire de mon rêve une réalité !

***

Cela fait maintenant une semaine que je vis dans mon nouvel appartement. Maman et papa sont censés venir me voir à la fin du mois, aussi, chaque jour, je nettoie, j'astique, je range... Un foulard sur les cheveux, un vieux jean et un t-shirt trop large pour moi, je range mon appartement de fond en comble. Ça commence à ressembler à quelque chose Toutes les vitres de l'appartement sont propres, la salle de bain et les toilettes brillent de mille feux. Le salon commence à prendre forme. Aujourd'hui, je vais m'attaquer à ma chambre et à la cuisine. Il faut que je m'active, car dès lundi, je commence le travail. J'ai trouvé un petit job de serveuse dans un café au coin de la rue. Ce n'est pas vraiment ce que je veux faire, mais ça me permettra de payer mes factures en attendant de pouvoir réaliser mon rêve d'ouvrir une boutique de fleurs.

J'ai passé toute la journée à monter et à descendre dans la rue pour pouvoir jeter mes sacs-poubelles sans me douter que j'étais épiée par le trottoir d'en face.
Je frotte mon front en sueur avec le dos de ma main quand je m'apprête à remonter chez moi. Un agent de police à pied qui patrouille dans la rue m'aborde.

"Excusez-moi, madame ?"
"Mademoiselle."
"Pardonnez-moi, mademoiselle, est-ce que je peux vous poser quelques questions ?"

Je suis surprise et me demande si j'ai fait quelque chose de mal.

"C'est à propos des poubelles ?! Je...Je n'avais pas le droit de les poser là ?!"

L'agent suit mon regard et voit tous mes sacs qui débordent de la benne.

"Heu...Non. Ce n'est pas pour les poubelles que j'aimerais vous parler. Je crois savoir que vous ne venez pas d'ici, n'est-ce pas ?"

Sa question me surprend autant qu'elle m'effraie. Est-ce que c'est grave ?!

"Heu....je....non...Non, non je ne viens pas d'ici. Ça fait une semaine que je me suis installée en ville. Pourquoi ?"

Il relève son chapeau comme si on était encore au far west avant de me dire :

"Comme ça, il me semblait bien que je ne vous avais jamais vu dans le coin, aussi, je tenais à venir voir si votre installation dans notre petite ville s'était bien passée ?"

Je m'adoucis rapidement et lui souris.

"Oh ! Oui, oui, merci ! Un peu déçue de l'état de mon appartement, mais j'ai réussi à m'en sortir. Je...Je n'ai pas rencontré grand monde pour l'instant, mais je ne désespère pas."

L'agent hoche la tête en écoutant attentivement tout ce que je lui dis.

"Je vois, vous n'avez donc pas été abordée par qui que ce soit ? Pas de proposition d'un jeune homme ou pas de sortis entre amis ?"

De nouveau, cet interrogatoire me semble étrange, mais étant une honnête citoyenne, je décide de me prêter au jeu.

"Non. Je n'ai parlé à personne d'ici mis à part les commerçants, je n'ai pas encore fait le tour du quartier pour me présenter."
"Oh, je vous déconseille de le faire, vous ne serez pas toujours très bien accueillit. Cette ville… comment dire… elle a ses habitudes, le meilleur conseil que je pourrais vous donner c'est de vous fondre dans la masse."
"C'est exactement ce que j'avais prévu de faire !"
"Parfait, tout devrait bien se passer alors."

Puis il me laisse là sur le trottoir après m'avoir bien fait flipper. Il jette un rapide coup d'œil sur la rue d'en face avant de continuer sa route et de saluer les passants qu'il croise, certains, il les appelle même par leur nom. J'imagine que cette ville est un peu comme mon village, tout le monde se connait. Je suppose que les enfants de ce quartier sont tous allés dans les mêmes écoles et se connaissent et se fréquentent depuis qu'ils sont jeunes ?

Un dernier regard plus qu'étrange pour le flic puis je hausse les épaules et décide de rentrer chez moi et de fermer la porte à double tour. Non pas que je sois d'un naturel hyper parano, mais… avec une mère comme la mienne… je le suis un peu, ouais. Une fois enfermée chez moi, je me détends et continue mon ménage. D'ici un mois, mon appartement ressemblera vraiment à un appartement ! En attendant, je dine sur la chaise pliante que j'ai ramenée de chez moi, car je refuse de m'installer sur ce vieux canapé ! Je le suspecte de contenir des bestioles ! Quelle horreur ! Dès demain, je vais demander à un voisin de m'aider à me débarrasser de cette cochonnerie !

Je prends mon téléphone pour regarder les informations pendant que je mange.

"Et c'est avec horreur que les forces de police sont arrivées dans le domicile de la victime. Un homme d'une trentaine d'année qui, apparemment, appartenait au gang des Styx qui sévit dans le sud de la ville. D'après les premières informations de la police, les principaux suspects seraient des membres des autres gangs de la ville, principalement, celui du nord de la ville. Nos équipes vous tiendront informées des avancées de l'enquête. Nous retrouvons en direct notre envoyé spécial sur place."
"Bonsoir, Mindy, alors oui, je suis devant le domicile de la victime et comme vous pouvez le voir, toute la presse locale est ici avec moi pour savoir comment est mort cet homme. Est-ce une nouvelle fois l'œuvre d'un terrible règlement de compte ou est-ce qu'un danger plus menaçant rode dans nos rues ? Je m'apprêtais justement à demander à un... À le voilà ! Agent Espinoza, est-ce que vous pouvez nous dire avec certitude s'il s'agit d'un règlement de compte ?"

Je mange avec effroi tout en étant hypnotisée par mon écran.

"Oui, il s'agit bien là d'un règlement de compte. L'homme est mort dans des circonstances qui font penser à des techniques misent en place par les gangs de la ville."
"Ce qui veut dire qu'il y aura représailles. Est-ce que les habitants du nord de la ville doivent se terrer chez eux pour éviter de se prendre une balle perdue ?"
"Je ne ferais pas d'autres commentaires. Tout ce que je peux dire à mes concitoyens, c'est de rester prudents, comme ils l'ont toujours été, mais de ne pas tomber dans la psychose, nos agents feront le maximum pour que cette guerre prenne fin. Il est temps pour tous les habitants de récupérer leur ville et de cesser de vivre dans la peur. C'est tout ce que j'avais à dire."
"Attendez, et qu'en est-il du maire ? Est-ce qu'il compte demander du renfort ?"

Je finis par couper la vidéo, me disant que j'ai eu ma dose de réalité pour la soirée. Et dire que tout ceci ce passe ici même. J'ouvre la baie vitrée pour monter sur le toit, j'y ai placé un tabouret pour pouvoir fumer ma cigarette sous les étoiles. Je frotte la pierre de mon briquet puis quand la fumée s'échappe enfin de ma tige de nicotine, je soupire de satisfaction avant d'entendre du raffut en bas.
Ma curiosité me pousse à regarder et ce que je vois me glace le sang. Une voiture noire vient de s'arrêter devant chez moi, enfin, sur le trottoir d'en face et les hommes que je vois dans la ruelle d'habitude, montent rapidement en voiture avant que celle-ci ne quitte la rue en trombe ! Une pensée me vient et si c'étaient eux qui avaient tué cet homme ?

Non.... La police a dit qu'elle ne savait pas quel gang était mêlé à cette histoire. Mon père dirait que la police nous ment pour ne pas nous affoler, mais moi, je préfère croire aux forces de l'ordre. Aussi, je ne vais pas tomber dans la psychose comme ma mère ! Demain, c'est mon premier jour de travail et je compte bien prouver à cette ville qu'une souris des champs peut très bien vivre dans une ville !

***

Merde, je suis en retard pour mon premier jour ! Heureusement que c'est au bout de la rue ! Je cours dans le quartier en tenant mon sac à main fermement contre moi. En passant devant la ruelle, je ralentis le pas en remarquant que bizarrement, elle était vide. C'est bien la première fois qu'il n'y a personne. D'habitude, il y a toujours deux ou trois hommes postés ici... Généralement ce sont les mêmes. Enfin, sur la semaine de mon emménagement, c'étaient les mêmes la plupart du temps. Parfois, il y a des gens qui s'arrêtent, ils ont l'air de leur acheter quelque chose, de la drogue sans doute ? Je sais que je ne devrais pas être aussi curieuse ! Tout ceci ne me regarde pas ! Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de les regarder depuis le toit de chez moi ou quand je passe devant la rue, je ne peux pas m'empêcher de tourner la tête.....

Dieu merci, ils ne sont pas là, aussi, je ne perds pas plus de temps et continue ma course jusqu'au café où je bosse.
Heureusement, le patron ne m'en a pas trop voulu d'être arrivée en retard, il m'a quand même dit que la prochaine fois ce ne serait même pas la peine de revenir. Il a l'air assez strict, mais ça ne me fait pas peur ! J'ai eu des corvées bien plus compliquées que de servir des cafés quand je vivais à la ferme, aussi, je pense que je devrais pouvoir répondre à ses exigences. En tout cas, je me donnerais du mal pour y arriver et gagner honnêtement mon pain !
Nemo
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Nemo
Sam 19 Nov - 17:43
alliance qui fait mal
fiche de rowan
En quittant le Moody Snake sous la nuit étoilée, je titube légèrement en me retenant aux murs des rues. Je grommelle et les passants s’écarte le plus possible de moi. J’ai encore toute ma tête, mais mon corps ne suit malheureusement pas. Je me sens dépravé, moins que rien. Une flaque de chair, rien de plus. J’en entends certains chuchoter et me montrer du doigt quand ils me reconnaissent. J’ai presque atteint l’immeuble que je vois de l’autre côté de la rue. Alors que je tente de traverser, je me stoppe net à quelques mètres d’une voiture qui arrive à toute allure. Et si c’était mon heure ? Ne serait-ce pas plus simple ? Je ne bouge pas et le conducteur commence à klaxonner comme un fou. Les pneus crissent, ils ne freineront jamais assez pour ne pas me toucher. Je ne la lâche pas du regard et attend la fin, mais un corps se jette sur moi et nous propulse de l’autre côté de la voie, laissant passer la voiture grise qui ne cesse de klaxonner.

« Mais t’as pas fini de m’faire ce genre de conneries, merde ? Un jour j’vais vraiment te laisser passer sous la bagnole, j’te l’garantis. »

Je ne réponds rien et le laisse m’aider à me relever. Il m’accompagne jusqu’à l’entrée de notre immeuble et me porte presque entièrement vers mon appartement dans lequel je vis pour le moment seul. Il me lâche sur le fauteuil et je grogne tout en sortant mon paquet de cigarette de ma poche. Il s’installe lui aussi, sans me lâcher du regard.

« - Faut que t’arrête de t’souler la tronche, ça te réussit pas.
- Allume ma clope. »


Il s’exécute en soupirant et retourne s’asseoir. Max est mon frère aîné, il a toujours été droit et logique dans chacune de ses actions. Quand j’étais jeune, il était mon modèle. Il habite dans le grand appartement d’à côté avec sa femme et son fils de huit ans.

« - C’est encore Elena qui te met dans cet état ?
- Pff. Qu’elle aille en enfer.
- Tu sais, c’est un bon parti. Je sais bien que papa aurait jamais accepté ça, mais si tu t’unis pas avec elle, on est foutu. Les Russian Dolls sont vraiment des alliés redoutables. T’imagines c’que nos deux familles réunies pourraient accomplir ?
- Ferme-la, qu’elle choisisse John. Son père est le Mamba en personne, pourquoi ça devrait être moi ? Et il est où le nôtre, de père ?
- Probablement dans l’même état que toi. »


Je soupire. Toutes ces conneries d’histoires de famille me fatiguent. Max continue à parler et à tenter de me convaincre de faire le bon choix, mais je ne l’écoute plus. Les bras de Morphée m’appellent et je m’endors, la clope se consumant entre mes doigts.

*

Il est huit heures du matin quand je me réveille dans la même position que la veille. Je rejoins, en me levant avec difficultés, les autres qui font le guet sur la terrasse. Notre immeuble est haut et se trouve au niveau de la plus grande intersection du quartier, ce qui nous permet d’avoir une bonne visibilité sur tout ce qui se déroule en bas. Quand je passe la porte vitrée, Max, sa femme Mary et Dol m’accueillent.

« - Ça va la gueule ? Me demande Max.
- Pas pire qu’une autre fois. Où il est mon gosse préféré ?
- Avec Vincent, il commence à vouloir se battre avec Arthur, va falloir que tu l’éduques, ton gamin, Max.
Dol pose ses mains sur ses hanches.
- Il tient d’son père faut croire. » Dit-il en riant.

Je les laisse bavarder de qui gagnerait s’il les mettait dans un carré de catch et me penche sur la terrasse pour y voir une jeune femme marcher sur le trottoir d’en face. Je ne l’ai jamais vue ici, et elle est complètement chargée par ses sacs et ses valises, en plus d’être au téléphone. Au loin, je vois John qui arrive en trottinant vers elle, il l’aide et échangent deux-trois mots avant de se séparer et qu’il ne rejoigne l’entrée de l’immeuble. Je continue à la suivre du regard et la vois entrer dans celui faisant face au nôtre.

« - Une nouvelle voisine ? Max s’approche de moi.
- Faut croire. John a déjà fait sa connaissance.
- Il va vouloir s’la faire, c’est vraiment un con.
- J’pense pas qu’elle se laissera faire.
Dis-je en haussant les épaules.
- Ah non ? Comment tu peux savoir ?
- Une intuition. Elle s’apercevra bien vite qu’on est les pires connards de la ville. Et lui le pire des pires. »


Mon frère rit et approuve de la tête. Cette fille a vraiment choisi la pire ville pour emménager.

*

Quelques jours plus tard, j’entre dans le Moody Snake et m’installe au bar. Je fais signe à ma sœur qui tient l’établissement avec son mari Vincent depuis plusieurs années. Je remarque une nouvelle serveuse allant de table en table. Je la reconnais au premier coup d’œil : c’est la jeune femme qui s’est installée dans l’immeuble d’en face. Il faut croire qu’elle nous suit. Dol s’approche de moi et me tend un verre de Whisky.

« - Elle cherchait du boulot et je cherchais des bras.
- Mmh… Son appart donne sur notre guet, et maintenant elle a aussi l’occasion de nous écouter au Moody.
- Elle a pas l’allure d’une espionne, Row.
- Justement. C’est troublant. »


Je la lâche du regard et engloutis mon verre d’une traite. L’alcool ne me fait quasiment plus rien, je suis obligé de boire des quantités astronomiques pour ressentir le moindre effet de bien-être. Dol est toujours là, elle semble attendre quelque chose.

« - T’as vu Max aujourd’hui ? Je fais non de la tête. Il a reçu une lettre ce matin. Mary est venu me voir, en larmes. Je comprends pas pourquoi personne t’a mis au courant.
- Les Styx ?
- Mh. Ils ont pris Leo. »


Le verre que je tenais dans la main se brise sous la pression. Mon regard devient noir et je me lève calmement.

« - Où ?
- Dans le hangar de la rue Belmart. Max doit déjà y être, avec John. »


Je quitte le bar et monte dans ma voiture que je démarre à toute allure. Je ne vois pas le petit sourire de Dol sur son visage. Elle doit sans doute se dire que mon neveu est maintenant sorti d’affaire. C’est sans aucun doute le cas, mais c’est également une guerre qui va officiellement retentir, et nous n’avions pas forcément besoin de cela.

*

Il me faut à peine quatre minutes pour arriver au hangar. J’entends un coup de feu à l’intérieur et un cri. Mon sang ne fait qu’un tour et je cours à toute vitesse vers l’établissement. Est-ce que j’arrive trop tard ?
Max est à terre, soutenu par John qui tient en joug le gars des Styx, un con dénommé Richie. Il est en train d’étrangler Leo avec son bras, son flingue est posé sur la tempe du gamin. Je sors mon arme de ma ceinture et tire dans l’épaule de Richie qui lâche tout de suite Leo. Ce dernier court en pleurant vers son père, touché à la jambe.
Je m’approche de Richie, le cloue par terre et pose mon pied sur la blessure que je viens de causer. Il crie comme un chien. Il me dégoûte.

« Ghost ! Ça suffit, on a récupéré l’gamin. On s’casse maintenant. »

Mon manque de réaction fait avancer John vers moi, il pose sa main sur mon bras, que je dégage d’un coup sec.
Je m’accroupis vers la pourriture, toujours au-dessus de lui, l’arme sur sa tempe.

« - Tu t’en prends à un gosse de huit ans, Richie, tu veux quoi ?
- Tu v-vaux rien ! Ha-Hadès viendra tous vous bu-buter !
Il rit en crachant du sang. J’appuie sur sa blessure, ce qui le calme sur le champ. On veut l’immu… l’immunité a-absolue. Sur tout… sur tout l’territoire.
- Et donc buter un enfant va t’apporter à toi et ton clan de merde le pouvoir ? Vous êtes complètement cons. Si tu crois que tes p’tits potes et toi pouvez nous surpasser, t’es loin d’la réalité.
- C’était une dé- déclaration de… guerre. Vous finirez tous par… crever. »


Je jette un œil à l’arrière, Max est déjà en train de cacher les yeux de son fils, et John a rendu l’affaire, se tenant la tête entre ses mains.

« Si la guerre est déjà déclarée, autant s’offrir une petite jouissance. »

J’appuie sur la détente et le sang de Richie éclabousse mon visage.

*

« - Papa, on peut pas compter sur lui, il est complètement hors de contrôle !
- Il est notre homme le plus discret, on peut pas se permettre de le mettre à la porte. Tu l’as entendu arriver au hangar ?
- Non, mais-
- Alors c’est tout. C’est réglé. Ghost restera mon Œil pour le moment.
- Merci. »


Je repars du salon qui nous sert de point de rendez-vous pour les réunions importantes. Je ne dis pas un mot de plus, ces deux hommes me débectent. Ozzy sait que je sais ce qu’il a fait, et il essaie de me mettre dans sa poche. C’est un être abject. Et pourtant je suis dans l’obligation de prendre mes ordres de lui et de les réaliser sans dire mot.

*

L’épisode du hangar s’est rapidement propagé et les policiers en ont fait une enquête primordiale. John et moi nous sommes chargés de transporter le corps de Richie jusqu’à son domicile, en toute discrétion. Il a été retrouvé dès le lendemain et la police ne sait toujours pas qui est le responsable. Max se remet doucement de sa blessure, pour le moment il marche encore à l’aide d’une canne. Sa cuisse a été salement touchée et il reste aux bons soins de sa femme Mary. Son fils, Leo, est encore traumatisé de ce qu’il a vécu mais je suis persuadé qu’il finira par s’en remettre lui aussi. C’est un sacré bonhomme.

« Ils menacent de prendre la huitième rue ! »

Je me retourne vers le cri et constate que Max est aussi atterré que moi. Sont-ils devenus fous ? La huitième rue est celle détenue par Alexei, le Chef des Russian Dolls, nos alliés. En plus d’asseoir leur pouvoir sur la plus grande ville voisine, Nashville, nous leur avons cédé cette avenue, qu’ils occupent depuis maintenant quelques mois.
Ozzy se redresse et donne ses ordres.

« - Les Dead Queens ou les Styx ? Demande un homme présent dans la pièce.
- Il faudrait être idiot pour ne pas comprendre qu’ils se sont alliés. John, prends deux hommes avec toi et montez voir ce grabuge. Je doute qu’Alexei ait besoin d’aide mais nous irons tout de même répondre présent, face à notre ennemi commun. »

Les trois hommes en noir s’exécutent et foncent vers la rue. J’entends la voiture démarrer en trombe.

« Ghost, Mad, préparez-vous à être mes mains. Je pense que nous allons avoir du boulot dans les prochains temps. »

J’opine du chef sans rien ajouter. Mon père n’aurait jamais réglé les choses de cette manière. Il n’aurait jamais laissé les deux clans s’allier, ni les laisser déclarer une guerre. Il aurait tout apaisé avec des promesses qu’il aurait tenues. Et jamais il n’aurait laissé les Russes s’aventurer par chez-nous en proposant une soi-disant alliance. Il faudrait être aveugle pour penser que cette union restera intact. Ils s’avancent pour mieux régner, c’est tout.
Il aurait mieux fait, certes. Mais pour le moment il ne fait rien d’autre que de se noyer sous l’alcool.

*

La menace était finalement une fausse piste qui a été étouffée à temps. Mais je me demande si ce n’était pas une magouille des Russes.
Comme tous les jours, je me rends au Moody Snake et me pose à une table. Dol a l’air plutôt très occupée au bar, et je ne vois pas Vincent. La nouvelle serveuse flâne entre les tables pour servir ses clients. Je l’appelle du regard.

« Un verre de Whisky et un burger, merci. »

Quand elle revient, je ne peux m’empêcher de l’observer sans gêne. Qui me dit qu’elle ne serait pas une espionne ? Elle est louche, personne ne viendrait emménager là comme ça, aléatoirement. Il faudrait venir de très loin pour ne pas connaître l’histoire de cette ville.

« Vous devriez partir tant qu’il est temps. Je sais pas ce que vous fichez ici, mais vous vous êtes sans doute trompée. » Mes sourcils sont froncés et mon regard est ancré dans le sien. Je n’y lis que de l’incertitude et une certaine appréhension. « Vous vivez à deux pas de chez moi, et vous travaillez chez moi. Je vous ai à l’œil, quel que soit votre but. »

Dol arrive à la rescousse, me regardant avec un petit sourire commercial.

« Row, s’il-te-plait, cesse d’importuner ma nouvelle serveuse qui fait du bon travail. » Elle se tourne vers cette dernière. « Je suis désolée Rose. Voici mon frère, Rowan. Il est né ainsi, renfrogné et méfiant. Je suis certaine que ce n’est en aucun cas contre toi. »

Je grogne en avalant mon verre et en détournant le regard. Alors que ladite Rose s’en va à ses occupations, Dol me colle un coup de torchon sur l’épaule.

« - Puisque j’te dis que ce n’est pas une espionne ! Laisse-la, un peu, tu vas la faire fuir !
- En tout cas si c’est une espionne elle a bien réussi son coup, tu lui as déjà donné mon nom, le tien et sans doute celui de toute la famille.
- T’es sourd ma parole ? Tu resteras campé sur ta position, comme ça ?
- J’la sens pas. Elle cache un truc. Fais gaffe à elle, Dol. »


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Cheval de Troie
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Cheval de Troie
Sam 3 Déc - 14:31

Rose Williams
J'ai 24 ans et je vis à ... Etats Unis. Dans la vie, je suis serveuse jusqu'à ce que je réalise mon rêve d'être fleuriste. Je suis célibataire car je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de m'intéresser à l'amour et je m'en sors plutôt bien, je me dis que tout vient à point.

Une souris et des hommes. [ft. Nemo] Tumblr_inline_pmjx6tbtCZ1uwoa5z_250

Gentille - Douce - Serviable - Juste - Sensible - Observatrice - Bornée - Impatiente -

Rose est une jeune femme qui a hâte de croquer la vie à pleine dent. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle a décidé de quitter sa campagne natale. Elle y était bien pourtant, c'est le genre de campagne où vous avez une maison au milieu d'un champ et votre premier voisin se trouve à au moins deux kilomètres ! Vous voyez ce genre de bail, c'est de là que vient Rose. Pour l'école, c'était compliqué, sans cesse obligée de se réveiller deux heures et demie avant pour pouvoir se préparer et arriver à temps grâce au car scolaire, qui dieu merci, passait par sa ferme. Ses parents ont toujours été très gentils et très aimants, dans sa campagne tout le monde se connait et vit en communauté. Pour autant, même si Rose a toujours aimé sa vie à la ferme, elle a toujours eu envie de voir à quoi pouvait ressembler le reste du monde. Aussi, c'est sans se retourner qu'elle a décidé de s'installer dans la ville la plus proche de sa campagne pour se faire une première expérience en territoire inconnu. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'une souris des champs n'a pas sa place en ville, au risque de faire dévorer par de vilains matous !

Une souris et des hommes. [ft. Nemo] SourUnconsciousAfghanhound-size_restricted


Le Moody Snake est un établissement peu commun. Dans le sens où la journée c'est un café tout ce qu'il y a de plus normal, puis quand le soleil se couche… Il devient un bar que ma mère fuirait comme la peste. C'est le genre de bar fréquenté par des habitués de la ville. Ça ne fait que quelques jours que je travaille ici et pourtant j'ai très vite pu remarquer qu'il y a certains visages que l'on voit plus que d'autres. Globalement, la clientèle est plutôt sympa. Pas hyper généreuse en pourboire, mais plutôt sympa. J'ai eu droit à quelques remarques déplacées, mais rien de vraiment dramatique et puis je sais me défendre. Sinon, au niveau de mon travail, je pense que les patrons sont notamment satisfaits de mon travail. Dol a l'air de plus m'apprécier que Vincent. Je dois dire que je n'ai pas dû lui faire bonne impression en arrivant en retard lors de mon premier jour.... mais malgré tout, je ne désespère pas, je suis quelqu'un de déterminée quand j'ai une idée en tête. Et là, ce que je veux, c'est être la meilleure employée possible. Déjà parce que j'ai besoin d'argent, mais aussi parce que je suis comme ça, je n'aime pas décevoir les gens. Ce couple m'a donné une chance alors qu'ils ne me connaissaient pas. Je viens d'arriver, ils auraient pu me laisser dans ma merde et embaucher la fille d'un ami à eux ou à leurs parents. Pourtant, malgré l'air sceptique sur leur visage, ils ont accepté de me mettre à l'essai un mois et de voir le résultat. C'est pour cela que depuis, je fais mon maximum pour leur plaire. Je suis souriante, aimable, chaleureuse, je papote avec les clients et essaye de m'intégrer et de rapidement mémoriser leurs habitudes. Par exemple, j'ai remarqué que ma voisine du deuxième, madame Higgins, vient tous les jours à la même heure pour prendre un Earl Grey avec deux sucres et un muffin à la myrtille. C'est une vieille femme solitaire qui parle très peu. Quand elle me croise, elle me dit simplement bonjour et puis c'est tout… Cependant, avec Dol, elle discute, elle rigole… Elle RIGOLE... Je pensais que c'était une faculté que madame Higgins avait oubliée depuis longtemps ! Elle n'est pas vraiment le cliché de la vieille aigrie qui regarde tout le monde de travers… mais presque. J'avoue que parfois, je tente d'écouter leur conversation... C'est juste de la curiosité, je me demande comment Dol parvient à dérider cette vieille bique… mais je n'ai jamais réussi à les entendre, toujours occupée à courir à droite et à gauche. Tant pis, je suppose que comme l'Atlantide, c'est un mythe dont je ne connaitrai jamais le fin mot de l'histoire.

Aujourd'hui, la journée était plutôt agréable, je trouve que j'ai fait du bon travail. Je m'en sors de mieux en mieux. Je vais pas vous mentir, porter un plateau avec pleins de verres ou d'assiettes dessus était un peu effrayant pour moi et ma maladresse légendaire... mais je dois dire que sur toute une semaine, je n'ai cassé qu'un seul verre... alors c'est plutôt une réussite. Mais aujourd'hui, ni perte ni fracas ! Le service du jour était fini, j'avais eu ma pause déjeuner et j'étais maintenant prête à attaquer le service du soir. Heureusement, ce n'est pas un bar restaurant ! Vous imaginez le nombre d'occasions que j'aurais eu de casser des trucs ?! Là, je dois me contenter de simplement apporter des verres à une table et de les débarrasser, toujours un peu risqué, mais ça va, je me débrouille. Et toujours en gardant le sourire !

Vers 20h, un homme entre dans le bar, il avait une sale tête. Je le regarde du coin de l'œil, ce n'est pas la première fois que je le vois. Il s'assoit toujours tout seul et c'est généralement Dol ou son mari qui s'occupe de lui. Je ne lui ai jamais adressé un mot ou servit la moindre commande. Ma foi, je préfère me mêler de mes affaires et continue mon service dans la joie et la bonne humeur en laissant Dol s'occuper de son ami ? Ou peu importe.

Pourtant, contrairement à d'habitude, le client qui pourtant ne fait pas de vague, casse un verre avant de sortir du bar avec un air grave. Mes yeux ne peuvent s'empêcher de le suivre du regard puis de regarder Dol qui avait la mine tout aussi grave. Quand son regard croise le mien, je me reconcentre sur mes clients, l'air de rien. La soirée se passe tranquillement, heureusement, certains clients ont apporté une note de bonne humeur au bar pour finir le service. Je finis par dire au revoir à Dol avant de m'en aller. Je n'ai pas encore de voiture même si j'ai le permis. Disons que ce n'est pas encore dans mes moyens, aussi, ça ne me dérange pas de marcher même s'il est tard. Je suis prudente, alors j'ai toujours mon gaz au poivre dans la poche au cas où. Mais jusqu'à présent, je n'ai jamais eu besoin de m'en servir. Je savais que ma mère s'inquiétait pour rien.... Les villes ne sont pas que des coupes gorges et des prisons de vices et d'horreur... Je roule des yeux en allumant une cigarette en marchant. Avec la fumée, je laisse aller mes émotions et pensées négatives ainsi que ma fatigue de la journée. Plus j'avance, plus je fume et plus, je me sens mieux. Il ne me faut qu'une dizaine de minutes pour arriver en bas de mon immeuble. Je sors la clef tout en jetant un œil au trottoir d'en face. Le mec chelou du bar.... Je ne l'ai jamais vu entrer ou sortir de la ruelle d'en face, pourtant, quelque chose me dit, au fond de moi, qu'il doit être mêlé à ce genre d'affaire. Je hausse les épaules avant de soupirer. Voilà que je m'amuse à le juger sans le connaitre, je deviens comme ma mère. Peureuse et paranoïaque. Si ça se trouve, c'est juste un mec normal qui a passé une mauvaise journée ?! Et moi, je lui invente une vie dans la criminalité ! C'est horrible !

J'entre dans l'immeuble et monte les étages en continuant de penser à cet inconnu. Ouais, mais bon, pour un mec normal, il a une sale cicatrice sur le visage… Quoi ?! C'est pas parce que je ne l'ai jamais servis que je n'ai pas pris le temps de l'observer. Il est plutôt séduisant, malgré qu'il ne daigne jamais sourire... On dirait que pour lui aussi, c'est un concept qui lui est inconnu… Il devrait bien s'entendre avec ma voisine. Il a un air d'ours mal léché. Ouais, c'est la seule comparaison qui me vienne parce que dans ma vie, j'ai plus côtoyé d'ours sauvage que d'hommes alors qu'est-ce que vous voulez que je vous dise. On n'a pas tous eu la chance de naitre près d'une borne 4G. Perso, dans ma campagne, on est encore en 3G et encore. La fibre ?! Mon Dieu.... Je pense que si je devais expliquer le principe à mes parents, ils en perdraient un neurone à essayer de comprendre.
Je soupire de nouveau en réalisant que mes pensées divaguent complètement, signe qu'il est grand temps d'aller me coucher. Alors que je ferme la porte de mon appartement à double tour, je me dirige vers ma chambre pour me changer et me coucher. Dieu merci, j'ai reçu mon nouveau assez rapidement, car je préférais dormir sur ma chaise pliante que sur cette infection ! Encore quelques minutes à me plaindre mentalement de l'état déplorable, mais quand même en progrès, de mon appartement, puis je finis par tomber dans les bras de Morphée.

***

Une journée plutôt banale. Ces rares au Moody Snake. Soit, elles sont cools, soit hyper fatigantes, énervante, pesante, mais jamais banale... Du coup, je la trouve plutôt longue et pourtant, il n'est que 13h15.... Je suis encore là jusqu'à 22h... Soupire. Je sers les clients pendant que Dol s'occupe de la caisse et des bons de commandes et de livraisons. Aujourd'hui plus que les autres jours, c'est une journée stressante pour elle car elle doit gérer le bar, la caisse (parce que je n'ai pas vraiment le droit de m'en approcher..... ce que je peux comprendre en tant que totale inconnue fraichement débarquée.), les bons, certains habitué(e)s qui ne veulent être servi(e)s que par elle... La pauvre. C'est pour ça que je tente de l'alléger le plus possible en essayant de m'occuper du plus de client possible pour qu'elle puisse se concentrer sur la caisse et sur les bons.

Mais quand le mec chelou et balafré fait son entrée, comme d'habitude, je le regarde du coin de l'œil s'installer à une table. Je ne le calcule pas puisque je sais qu'il fait partie de ceux qui préfèrent Dol. Je m'occupe dons des autres clients, mais quand mon regard finit par croiser celui du client, je comprends qu'il veut que je vienne prendre sa commande. Mon cœur en rate un battement. Je....Je ne m'y attendais pas du tout. J'avance vers lui avec appréhension, joie et un peu de frayeur aussi. J'avais l'impression que le temps était au ralenti, de suer à grosses gouttes alors que non.... mais je ne sais pas… J'étais partagée entre l'idée d'aller vers lui et de lui dire "Ah bhein enfin ! Vous allez peut-être finir par arrêter de me regarder avec mépris ?!" ou alors "Moi ?! V....V....Vous êtes sûr que vous ne voulez pas attendre Dol ? P...Parce que je sais pas si....si je....si c'est une bonne idée..." Horrible comme sentiment ! Et pourtant, une fois devant lui, il fallait bien que je conserve mon masque de serveuse.

J'inspire un peu avant de tenter de lui offrir un aimable sourire même si je pense qu'en réalité, ça devait sûrement être un sourire discret et hésitant.

"Bonjour ! Que puis-je faire pour vous ?"

Tentais-je de feindre d'être décontractée. Il me passe sa commande de façon sèche et détachée. J'arque un sourcil, mais reste silencieuse, il n'est pas le premier à me parler comme ça. Mais bon, la plupart ont entre 70 et 90 ans.

"C'est noté, je reviens tout de suite."

Et oui, masque de la serveuse. J'apporte la commande au bar puis je retourne m'occuper de quelques tables en attendant. Heureusement que tous les clients ne sont pas comme lui. Une famille vient de s'en aller tout en me félicitant d'être aussi souriante. Ils m'ont même laissé un dollar de pourboire ! Je range le billet dans ma poche puis je file chercher la commande du mec chelou qui est prête. Je lui apporte rapidement.

"Et voilà, monsieur, bon appétit !"

Dis-je toujours en souriant pendant qu'il me dévisage de haut en bas. Mon premier réflexe est de rougir comme une tomate puis ensuite de froncer les sourcils. Je suis à deux doigts de lui dire "Heu....je peux vous aider ?!" mais je me rappelle que j'ai besoin de ce travail alors, je ne dis rien....
Pourtant, ce malade ne se contente pas de me dévisager comme si je lui devais de l'argent, il me menace carrément ! Cette fois, je ne tiens plus, travail ou pas, je dois rappeler à cet individu que jusqu'à preuve du contraire, on n'a pas élevé les cochons ensemble !

"Alors, déjà, bonjour, monsieur Personne." Je plaque mon plateau contre ma poitrine pour qu'il ne repose plus son regard désapprobateur sur moi. "Est-ce qu'on se connait ?! Je vous dois quelque chose peut être ?! Pour que vous ayez le culot de mon parler comme ça ?!" En tout cas, j'avais raison, il est bien affilié à la rue d'en face.... "Où vous vivez et ce que vous faites de votre vie, j'en m'en contre fou ! Continuez d'apprécier votre burger et votre whisky dans votre habituelle solitude, au lieu de menacer les inconnues !"

Bon j'avoue, j'étais un peu hors de moi ! Non mais c'est qui ce type ! Heureusement que Dol est vite arrivée, mais pour le coup, en la voyant, ma fureur est retombée aussi sec. Je sais qu'il la connait très bien.... Et si elle décidait de prendre sa défense et de me renvoyer... Je baisse la tête honteusement alors qu'elle commence à gronder le mec. J'ose à peine relever les yeux. Elle m'interpelle et comme un bon petit soldat qui veut se faire bien voir, je me mets au garde à vous ! Elle fait les présentations et je lance un regard assassin au dénommé Rowan.

"Enchantée."

Tu parles. En tout cas, maintenant Dol est libre, je n'ai plus besoin de m'occuper de cette table. Aussi, je retourne auprès des autres clients et n'adresse plus un seul regard à la table de cet abruti sans gêne jusqu'à ce qu'il s'en aille.

***

La journée s'est achevée tranquillement et c'est vers 21h que l'homme qui m'avait aidé lors de mon arrivée en ville, entre dans le bar. Quand il me voit, son regard s'illumine et il me fait un clin d'œil qui me fait sourire et rougir.

"Tiens, mais ce ne serait pas ma jolie demoiselle en détresse. Ravi de vous revoir."
"Moi de même. Et encore merci !"
"Avec plaisir, est-ce que je peux vous commander un scotch sans glace ?"
"Bien sûr ! Je vous laisse vous installer et je vous apporte ça."

Je le suis du regard et comme le hasard fait bien les choses, il s'est assis exactement à la même place que Rowan. Je fronce les sourcils en soupirant, décidément, cette table est maudite. Quand j'apporte la commande à la table du jeune homme. Dol est en train de parler avec lui et leur conversation a l'air plutôt sérieuse puisqu'ils se sont arrêtés de parler quand je suis arrivée...

"Et voilà."

J'ai posé le verre sur la table puis je suis partie, ne voulant pas les déranger plus que ça. Et encore une fois, mon instinct me dit de me mêler de mes affaires. Aussi, je préfère les ignorer complètement. Je sers, je débarrasse, je balaye. L'heure de la fin de mon service arrive à grand pas et c'est sans me retourner que je finis par souhaiter une bonne soirée à l'équipe du Mondy Snake avant de sortir de l'établissement et d'allumer mon habituelle cigarette.

En marchant, je finis par apercevoir des gyrophares qui s'arrêtent à ma hauteur. Le conducteur en sort et je reconnais l'agent de la dernière fois.

"Mais qui voilà, la nouvelle venue, mademoiselle ?..."

Je fronce les sourcils mais… je me rappelle que je suis une honnête citoyenne.

"Rose. Rose Williams."
"Enchanté, mademoiselle Williams. Je suis l'agent Espinoza. Avez-vous réussi à vous installer confortablement ?"

J'inhale la fumée de ma cigarette avant de lui répondre.

"Oui, merci."

Je ne sais pas pourquoi, je n'ai pas envie de lui parler plus que ça. Je....J'ai le sentiment qu'il ne m'aborde pas par hasard à chaque fois. C'est une sensation étrange qu'on dirait qu'il cherche à me soutirer quelque chose.

"Bien, bien, je vois que vous avez également trouvé du travail. Je suis étonné que le Mondy Snake vous ait embauché..."

Il me regarde intensément, analysant chacune de mes réactions. Je hausse les épaules avec désinvolture.

"Les patrons sont très gentils, je m'intègre rapidement et parviens à gagner mon pain."
"Et bien, vous m'en voyez ravi pour vous ! Je suis rassuré de voir que tout le monde vous accueille chaleureusement. N'est-ce pas ? Vous n'avez pas eu... disons de soucis avec qui que ce soit ?"

Au même moment, je vois passer Rowan. Il regarde également dans notre direction avant d'entrer dans le bar. Je détourne le regarde de lui pour me concentrer sur l'agent de police.

"Non. Je...Je n'ai eu aucun soucis... Si...Si ça vous dérange pas, je suis assez fatiguée, je voudrais pouvoir rentrer."
"Oui, oui, bien sûr. Excusez-moi de vous avoir tenu la jambe. Passez une bonne nuit, mademoiselle Williams."

Et de nouveau, il soulève son chapeau comme les vieux shériffs. Je marche en repensant à tout ce qui vient de se passer. Déjà que Rowan se montrait méfiant envers moi, alors là… il doit carrément me prendre pour une espionne du gouvernement en me voyant parler à un agent de police.....
Et puis merde, ce n'est pas mon problème. Je ne le connais pas ! Je ne vois pas pourquoi je devrais gagner sa confiance alors qu'il m'a parlé comme une merde. Comment ce grizzly peut-il être le frère de Dol ?!

Tandis que je me pose la question, je suis qu'à quelques portes de mon immeuble. C'est là que j'entends un coup de feu qui avait l'air de venir d'un peu plus loin dans le quartier. Mon corps se tétanise quelques secondes puis je me mets rapidement à courir jusqu'à mon immeuble. J'ai à peine eu le temps d'y entrer et de gravir les marches qui me séparent mon domicile, que j'entends déjà les sirènes de police se diriger vers l'endroit du coup de feu !

Une fois chez moi, je m'enferme à double tours avant d'aller prendre une douche et de me coucher pour faire le plein d'énergie pour demain. Demain, c'est mon jour de repos, j'avais prévu de faire quelques achats en ville et qui sait, tenter de me faire de nouveaux amis. Pour ce qui est du coup de feu, je suppose que je serai bien vite informée par la presse de ce qu'il vient de se passer.
Nemo
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patrick
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Nemo
Sam 10 Déc - 20:09
une famille en or
fiche de rowan
En sortant du Moody, toujours l’air renfrogné, je marche le nez en l’air. J’envoie un message à Max lui demandant où il se trouve. Il me répond, pas moins de deux minutes après. « Je suis dans le petit parc avec Leo. »
Quelques minutes plus tard, je le rejoins et m’assois à ses côtés sur un banc en bois. À quelques mètres, Leo joue avec d’autres enfants de son âge. Je m’en fais un peu pour mon frère, il a encore beaucoup de mal à marcher et semble toujours souffrir.

« - Regarde-le. Il s’amuse comme s’il n’avait jamais vécu d’atrocités.
- Il va bien ?
Il hausse les épaules.
- En tout cas il montre pas qu’il est mal. Il est fort, ce p’tit gars.
- Et toi ? »


Je le vois soupirer à en perdre haleine, et bouger sa jambe comme il le peut. Il grimace au moindre mouvement et soupire à nouveau. Il semble totalement effondré.

« - J’peux pas m’empêcher de m’dire que je pourrais plus marcher. Alors que c’est juste une putain de balle. Comme si j’en avais jamais reçu…
- Celle-ci, tu l’as eu en protégeant ton fils, elle a pas la même saveur. Elle te hantera jusqu’à c’que tu crèves. Crois-moi. »


Un goût amer s’accentue dans ma bouche et je plonge mon regard au loin. Max sert les dents et son regard s’attriste. Il pose sa main sur la mienne en guise de réconfort. Alors que les rôles s’inversent, le silence nous traverse et nous unit d’autant plus.

« - J’suis désolé p’tit frère.
- Pour ?
- J’sais pas, je me plains alors que j’ai rien perdu. Et t’es là pour moi.
- T’étais là pour moi aussi. Et je marche. Toi, tu courras, c’est qu’une question de temps.
- Tu marches à reculons, frangin. Parfois j’ai peur de t’voir couler. »


Je ferme les yeux, ne sachant trop quoi penser de cette douce conversation. C’est beau, c’est triste. Je ressens la peur de Max, la même que j’ai eu pour lui, je sais que je fais du mal à tout le monde, et ça m’attriste au plus haut point. Pourtant…

« J’ai pas volé mon surnom, alors. » Ça ne le fait pas rire. « Si un jour j’te perds, toi ou Dol, alors je coulerai pour de bon. Fais gaffe à toi, c’est tout c’que je demande. »

Nous passons le reste du temps à apprécier le silence et les rires des enfants qui nous ramènent au bon vieux temps.

*

Au moment où je traverse le hall de l’immeuble Myers, j’entends un cri appelant mon nom venant de l’extérieur. Revenant sur mes pas, je ressors du bâtiment et cherche la voix. « En haut ! » Je lève les yeux vers notre balcon et aperçoit John qui me fait un signe de la main. « Mon père veut te voir, dépêche-toi ! » Je fronce les sourcils et remue la tête d’incompréhension. Il ne pouvait pas attendre que je monte, au lieu de gueuler comme un putois dans toute la rue ? Quel empoté.
Et qu’est-ce qu’il me veut, l’autre ahuri ?
Je continue à grommeler dans ma barbe le temps que l’ascenseur me monte au dernier étage. Quand j’entre sans frapper dans l’appartement d’Ozzy, celui-ci me reçoit en ouvrant les bras. Je me force pour ne pas lui enfouir mon poing dans la figure.

« Comment vas-tu, Rowan ? Assieds-toi, je t’en prie. » Je m’exécute sans dire mot. « Un verre de Whisky ? » J’acquiesce et attrape le verre qu’il me tend. « Tu sais que je me souviens de toi quand tu étais tout petit ! T’étais déjà un sacré garnement. Et Jax, toujours à te surprotéger. »

Cette fois, je peine à camoufler mon envie de vomir et ma haine envers lui. J’avale ma gorgée d’alcool et pose mon verre sans aucune délicatesse sur la table basse. Je me lève et m’apprête à sortir de l’appartement sous les yeux ébahis de mon connard d’oncle. « Attends, Rowan, je n’ai pas fini ! Je n’ai même pas commencé ! » Je lui lance un regard noir en attendant patiemment, la main sur la poignée de la porte d’entrée. Il s’empresse de continuer.

« Je voulais te parler des Russian Dolls. Alexei m’a contacté, et il souhaiterait que tu rencontres sa fille Elena le plus rapidement possible. Il m’a donné une date et un lieu, je voudrais que tu sois présent, que tu te comportes convenablement et que tu prennes conscience qu’elle deviendra ton épouse d’ici quelques mois. Qu’en penses-tu ? »

Mes paupières se ferment pour digérer les informations, ma tête tourne. Je n’étais pas prêt à ça, en tout cas pas si rapidement. Je lui réponds le plus calmement possible.

« J’en pense rien, je sais bien que j’ai pas mon mot à dire. J’y serai et je ferai de mon mieux. Par contre… » J’ancre mon regard dans le sien, sans ciller. « Je t’interdis de parler de mon père, ni même de prononcer son nom. »

Je quitte cette fois l’appartement sans lui laisser le temps de répondre. Je croise John dans l’escalier mais il ne m’adresse pas la parole en voyant mon regard. En plus d’être un fils à papa, c’est un lâche. Que cette famille me répugne…
Je ressors de cet immeuble infernal bien vite et marche, bourru, vers un coin tranquille du quartier. Je n’ai pas forcément envie de boire, ni de croiser qui que ce soit. Je veux simplement respirer sans pensée aux gangs, à la violence, à la quête de pouvoir ou au mariage arrangé. Mon dieu surtout pas ça. À la limite j’aimerais bien croiser le chemin de mon père, mais qui sait où il se trouve… Peut-être est-il en train d’agoniser dans un caniveau, complètement ivre. Sur le trottoir d’en face, je vois la nouvelle voisine que je soupçonne de quelque chose discuter avec un flic. Voyez-vous ça ! Mais n’ayant pas envie de penser à cela pour le moment, je chasse cette vision de mes pensées, la rangeant dans un coin de ma tête.  

L’esprit vagabondant loin dans mes pensées, je ne remarque pas les deux hommes en noir qui me suivent depuis que j’ai quitté l’immeuble. À peine cinq minutes de répit et me voilà déjà retombé dans la violence de ma vie. L’un des deux hommes me frappe violemment dans le flanc sans que je l’ai vu venir, tandis que l’autre me traîne à l’abris des regards, dans une ruelle sombre, à quelques mètres de la grande avenue de l’immeuble Myers.
Ils ne lâchent pas un mot. Les coups pleuvent et je laisse faire, protégeant ma tête et mon ventre, comme pour me punir de quelque chose. Cependant, trop c’est trop. Quand la douleur commence à vraiment s’envenimer dans ma gorge, j’ouvre enfin les yeux et attrape l’une des chevilles alors qu’elle me frappe dans les côtes. Je sors un couteau de ma manche et l’enfonce dans le mollet de mon adversaire, assez profondément pour que la lame ressorte de l’autre côté de la peau. Il tombe à terre en hurlant. Je profite de l’incompréhension générale pour me relever, faisant abstraction de toute douleur. Je sors le flingue que je garde continuellement à ma ceinture et tire vers l’homme encore debout, sans sommation. La balle frôle sa joue, laissant une ligne de sang sur sa trajectoire. Je le garde en joug sans dire mot. Mes yeux aperçoivent la main du second homme blessé, essayant d’attraper son pistolet tombé au sol. J’écrase sa main brutalement avec ma semelle. Je respire difficilement et crache un molard gorgé de sang.

« Les Styx… Quand allez-vous comprendre que vous faite pas l’poids contre les Black Mamba ? Vous venez sans doute venger Richie ? Il a failli buter un gosse de huit ans, vous avez vraiment signé pour ça ? Vous êtes déjà des connards, faudrait pas qu’vous deveniez des pourritures. » J’enfonce un peu plus ma semelle contre la main de l’homme qui commençait à s’impatienter. Celui que je tiens en joug reste totalement immobile. « Je suis Ghost, l’Œil du Mamba. Si vous pensiez pouvoir me buter à deux, vous êtes vraiment très cons. Ou ignares. Mais merci pour le petit requinquement, j’en avais bien besoin. Foutez l’camp d’ici maintenant, vous méritez même pas que j’vous descende, bande d’enfoiré. »

Je les laisse s’enfuir en courant, la queue entre les jambes. Ce n’était que des gamins… C’est invraisemblable.

*

Pour le coup, mon envie de me bourrer la gueule est revenue à la charge. Je la laisse guider mes pas vers le Moody, boitillant légèrement et tenant mes côtes. J’ai sans doute une ou deux côtes fêlées, et des hématomes recouvrant quasiment l’intégralité de mon corps. Mais on verra ça plus tard. Pour le moment, je veux boire. Boire et oublier. Dol m’accueille en soupirant, voyant sans doute la tête que je fais. Elle remarque les quelques bleus qui commencent à apparaitre sur mes bras et le haut de mon cou.

« - Qu’est-ce que t’as branlé encore, Row ?
- Eh bien… Toujours aussi élégante…
Elle me répond d’un haussement d’épaules.
- Essaie pas de changer de conversation.
- Rien. Juste des Styx qui voulaient venger ce connard de Richie.
- Tu leur as fait la peau, j’imagine. »


Un sourire diabolique éclaire son visage. Je fronce les sourcils en m’emparant de la pinte de bière qu’elle me sert. Elle est bien une Myers, rongée par la soif de violence et de sang. Parfois je me dis qu’elle aurait pu être extrêmement dangereuse si elle avait été un homme.

« - Dol… C’était des gamins. Elle hausse à nouveau les épaules.
- Dois-je te rappeler c’que papa t’a poussé à faire quand t’avais douze ans ?
- C’est pas un exemple à suivre, regarde où j’en suis.
- N’empêche… T’as l’air d’en avoir sacrément bavé pour des gamins. Ils avaient des lance-pierres au moins ?
- J’les ai un peu laissé faire. J’en avais besoin après c’que j’ai appris. »


Je lui parle de la requête d’Ozzy en omettant ses conneries sur papa. Dol me dit de ne pas s’en faire, que ce n’est qu’un mariage de principe et que je pourrais aller voir ailleurs si je voulais. Elle peut paraître si froide parfois, qu’elle m’en donne la chair de poule.

« - Tu t’trompes sur toute la ligne. Baiser ça m’intéresse pas. Un regard feignant l’ulcère me fait lâcher un sourire éclair. Pas à CE point, Dol.
- Je sais bien que c’est le fait de t’marier qui te fait chier. T’es trop romantique mon grand. C’est qu’un mariage à la con, qui n’a aucune valeur sentimentale.
- Ça reste un mariage. Et tu sais bien c’que ça veut dire.
- Que tu dois divorcer ? Row, chéri, on en a déjà parlé, c’est juste un papier, elle sera toujours là. Elle… Elle t’en voudra pas. Jamais. »


Je baisse les yeux et plonge dans ma bière, signifiant la fin de cette conversation. Ma sœur me regarde tristement en me caressant gentiment le poignet. Elle est arrachée à ce moment de fratrie bien trop important par la venue de plusieurs clients. Je remarque d’ailleurs que sa nouvelle employée n’est pas présente. La vision de celle-ci parlant avec un flic me revient en tête. Quand Dol revient près de moi après quelques minutes, je la mets devant les faits.

« - Elle est pas là pour t’aider la nouvelle ?
- Il est tard, elle a fini sa journée il y a plus d’une heure. Pourquoi, tu voulais encore la menacer ?
Je ne tiens pas compte de cette remarque.
- Je l’ai croisé tout à l’heure. Tu sais avec qui elle parlait ? Un flic.
- Tiens donc.
- Dol, cette fille emménage devant notre immeuble, le nez sur notre guet. Elle postule dans le bar Myers et fait tout pour y rester. Elle discute avec un flic ! Il te faut quoi d’plus merde ! »


La mayonnaise ne prend pas. Au lieu de montrer une pointe de compréhension et de doute, Dol me regarde, sans lâcher son petit sourire mesquin. Je fronce les sourcils, sans comprendre.

« - Quoi ?
- Oh, rien.
- Tu trouves pas qu’c’est quand même sacrément culotté de sa part ?
- Tout c’que je trouve c’est que c’est sa culotte que t’aimerait bien voir. »


Le choc de cette phrase me fait avaler de travers et je tousse sous les éclats de rires de Dol, jusqu’à en devenir rouge écarlate. Quand je me calme, je la dévisage, grimaçant.

« - Tu t’fous d’ma gueule ?? Elle est bien trop jeune et c’est une putain d’espionne.
- Et alors, elle est jolie et a d’la ressource dans ses réparties. Tu fais une fixette sur elle, voilà c’que j’en dis.
- N’importe quoi. J’la démasquerai et après tu t’agenouilleras devant moi en me baisant les pieds ma vieille.
- C’est ça, démasque-la, déshabille-la, fais-lui tout c’que tu veux, j’veux aucun détail.
Dit-elle en riant une nouvelle fois aux éclats. »

Enervé et un poil vexé par tant de bouffonneries, je sors du Moody en emportant ma seconde pinte avec moi. Dehors, j’entends encore les rires de ma sœur qui semble trouver que sa connerie est la chose la plus drôle du siècle. Je fronce de plus belle les sourcils en lui lançant un doigt d’honneur à travers la vitre de l’entrée. Elle s’écroule de plus belle mais ma vision s’arrête là.
Quelle empotée.

Il doit être aux alentours de neuf heures du soir quand j’arrive devant son immeuble, ma pinte vide à la main. L’alcool aidant, j’entre à l’intérieur, décidé d’en découdre avec cette satanée Rose qui me fait passer pour le dernier des abrutis aux yeux de ma sœur. Mais ce n’est pas sur Rose que je tombe, c’est sur Olivia Higgins, en robe de chambre et pantoufles. En me voyant, elle sourit et s’approche de moi les bras grands ouverts. Je lui offre un petit sourire attendrissant et lui rend son accolade.

« - Mon petit Rowan, comment vas-tu ? Tu ne passes plus me voir !
- Bonsoir Olivia, oui je sais je suis désolé, le temps me manque…
- Mais tu es là maintenant. Qu’est-ce que tu m’as apporté ? Une pinte de bière ? Et vide en plus ?
- Ah… Euh… J’ai une clope si tu veux. »


La vieille femme acquiesce avec joie, et nous fumons notre cigarette dans le couloir de l’immeuble, devant les boites aux lettres. Olivia a été comme une grand-mère pour moi, et c’est vrai que depuis plusieurs années, je ne me suis pas donné le temps de passer la voir. Nous parlons pendant presque une demi-heure, assis sur les marches de l’escalier. C’est une femme incroyable. Elle semble ne pas subir son âge et je trouve ça extrêmement respectable.

« - Je voulais passer voir la nouvelle qui a emménagé ici, t’as eu l’occasion de la rencontrer ?
- Ah, Rose ! Je la croise souvent ici et au Moody, oui. À croire qu’elle suit les Myers.
- AH !
Elle sursaute et en lâche sa cigarette. Je la ramasse et lui tends. Enfin, enfin quelqu’un qui est d’accord avec moi !
- La bière ne fait pas bon ménage avec la marijuana mon cher Rowan. Quelle mouche te pique ?
- De la mari- Oh merde j’t’ai filé le mauvais paquet de clope Olive, j’suis désolé. »


Elle me fait un mouvement de main l’air de dire qu’elle va très bien. Une vieille femme assise sur un escalier fumant du shit avec un gangster complétement défoncé, un tableau que personne ne pourrait oublier. Je sais pertinemment que mon corps n’est pas du tout adapté à la consommation de drogue, et qu’une seule cigarette me suffit pour être cuit. Sous le coup de la colère et de la surprise, je n’ai même pas fait la différence entre mes deux paquets de cigarettes. Mais où ai-je la tête ?

« Bon. Je pense que je vais retourner chez moi, mon lit m’attend. Je te remercie pour ton passage Rowan. Si tu vas voir Rose, passe-lui le bonjour de ma part. Et je la surveille, compte sur moi. »

Je la raccompagne au deuxième étage, jusqu’à son appartement dans lequel elle vit seule avec ses chats. Femme âgée tout à fait normale en apparence…
Je monte jusqu’au dernier étage et frappe à la dernière porte sans cesse. Quand celle-ci s’ouvre, je ne laisse pas le temps à la demoiselle de dire quoi que ce soit et entre sans demander mon reste. Je vais jusqu’à la petite terrasse qui donne sur mon balcon et m’installe dessus en allumant une cigarette -normale, cette fois. Quand elle me rejoins, je m’adresse enfin à elle.

« T’as l’bonjour d’Olivia. » Elle s’apprête à parler mais je l’interromps avant. « Je sais, je suis un connard qui entre chez toi sans demander l’autorisation, mais toi tu nous observes d’ici sans demander notre autorisation. Je t’ai vu parler au flic tout à l’heure, avant de m’faire tabasser par des connards. Tu… Tout l’monde me prend pour un taré mais je sais que tu caches quelque chose, je t'ai vu parler à ce flic tout à l'heure et- »

Je m’interromps en voyant quelque chose bouger au loin sur le balcon de l’immeuble d’en face, le mien. C’est Max qui me fait des appels de phares avec sa lampe torche.

« - Qu’est-ce que tu fous chez elle p’tit frère, reviens ici tout d’suite ! Tu pues la beuh d’ici ! Dit-il en criant.
- Bordel… ‘Manquait plus qu’lui. Pourquoi j’peux pas être tranquille dans cette ville de merde, vous m’faites tous chier. »

Je quitte la terrasse pour revenir dans l’appartement de Rose qui doit être complètement paumée.

« Excuse-moi j’suis totalement défoncé. Ça m’aide parfois, mais là je t’avoue que c’était pas trop c’que j’avais prévu. Rose… Je sais pas c’que t’as en tête… Je suis un gangster, un criminel. Je bute des gens. Ma famille est le plus grand gang du quartier. Je suis dangereux. Je te conseille de rester loin de nous. »

Je commence à tourner comme un lion en cage en apercevant Max sortir de l’immeuble en trombe, sans doute pour venir me chercher par la peau du jean.
C’est noté, plus jamais je ne me ferai amadouer par une petite vieille nommée Olivia Higgins.


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