Il sourit doucement à la jeune femme. Il lui fallait du temps. A lui aussi. Mais il avait plus de facilité à revenir sur terre. Il était plus simple de revenir après ça. Parce qu’il connaissait, il gérait l’émotion. Il savait comment et pourquoi. Il connaissait tout ça. Et il ne connaissait rien à la fois. Parce que gérer l’apprentissage de l’amour, le sexe, et la liaison entre les deux, c’était nouveau. Il lui sourit, embrasse son front en la tenant dans ses bras. Il était assez heureux qu’elle n’ai jamais connu ça avant. C’était égoïste … vraiment très égoïste. Il le savait. Mais tant pis. Il était tellement heureux de pouvoir lui apporter tout ça. Il attend qu’elle se calme, qu’elle respire, qu’elle revienne sur terre totalement avant de se relever. Il avait envie d’elle et sa frustration était à son comble. Il avait l’impression qu’il pourrait lui sauter dessus n’importe quand. Tout de suite. Son cerveau était en train de lui proposer de la ramener au château et de lui faire l’amour tout de suite … mais non. Il ne pouvait pas faire ça. Cela le rendait un peu trop pervers… et elle allait avoir besoin de temps pour réfléchir. Il lui sourit doucement et une fois qu’il était sûr qu’elle allait mieux, il se relève doucement.

- Je pense qu’il est temps que l’on rentre au château, mon amour.

Doucement, il l’aide à se relever. Il lui passe sa robe, mais ne lui fait pas remettre son corset. Elle n’avait pas besoin de ça. Il le range dans son sac. Il l’aide à se relever, lui tend sa veste pour ne pas qu’elle attrape froid, et cacher tout de même sa poitrine qui, sans corset, était facilement visible.

- Il faudrait inventer une tenue pour cacher la poitrine, mais sans vous empêcher de respirer, fit-il alors qu’il se mit à faire avancer son cheval vers le château, ça doit bien exister, pour que vous soyez à l’aise dedans tout en vous protégeant des regards extérieurs.

De souvenir, il avait entendu une fille avec une grosse poitrine dire qu’elle détestait qu’on voit sa poitrine, que ça lui faisait mal, et qu’elle n’aimait pas montrer ses « tétons » qui pointent avec le froid… Cela donnait des envies aux hommes. Et Eric n’avait pas envie que la jeune femme se retrouve avec des propositions indécentes.

HRP – Je te propose si tu veux, que quand ils rentrent, ils se retrouvent avec un repas « diplomate » qui serait chiants mais obligatoire avec le roi et la reine (les beaux parents quoi x’D)

Il lui laisse le temps nécessaire pour se remettre, pour retrouver le rythme d’une respiration régulière, avant de finalement se lever et lui tendre la main pour l’aider à en faire de même, affirmant qu’il est probablement temps pour eux de rentrer au château. Il faut dire que le soir-même ils sont attendus pour un dîner plus ou moins officiel avec le roi et la reine… Qui nécessitent qu’ils se préparent en amont - elle, surtout - ne leur donnant guère le temps de batifoler davantage. La princesse acquiesce et, acceptant la main qui lui est tendue, se redresse sur ses jambes, avant qu’il ne lui donne sa robe pour recouvrir son corps, refusant toutefois qu’elle remette son corset, estimant qu’elle n’en avait pas besoin. Elle serait plus à l’aise comme cela, sans aucun doute. Elle devait admettre qu’elle n’était pas familière de ce genre d’accoutrement, de ce genre de prison, elle qui avait toujours vécut presque nue, deux coquillages seulement venant cacher sa nudité. Toutes ces fioritures et ces vêtements trop serrés n’étaient alors définitivement pas ce qu’elle préférait, certains lui donnant presque l’impression d’étouffer, de la priver d’air.

Il vient couvrir ses épaules d’une veste, reprenant la parole en évoquant le besoin de trouver des solutions pour couvrir ce qui devait l’être sans avoir recours aux corsets. L’écoutant, elle semble pensive, analysant ce qu’il dit. Les humains mettaient beaucoup trop de choses pour couvrir leurs corps, c’était un fait. C’était beaucoup plus simple pour les sirènes. Aussi, lui jetant un regard, elle finit par dire, le plus naturellement du monde :

"- Les femmes humaines ne peuvent pas mettre de coquillages ?"

Pour elle, c’était normal. Cela tenait parfaitement bien. C’était la solution la plus simple, la plus pratique et qui la laissait libre de ses mouvements. Les humaines ne pouvaient-elles pas porter elle aussi des coquillages ou quelque chose d’approchant ? Il lui semblait que cela pouvait fonctionner, mais elle n’en avait pas l’assurance.

Alors qu’ils atteignent leur attelage, il l’aide à grimper dans celui-ci et elle s’installe confortablement, l’heure étant venue de rentrer au palais. Alors qu’ils se mettent en route, elle resserre la veste autour de ses épaules pour échapper au courant d’air provoqué par le mouvement de la carriole.

Eric rit un peu. Imaginant un instant sa mère ou la bonne société se mettre des coquillages sur la poitrine sans avoir l’impression d’être une catin. Il entendait déjà le grognement de mécontentement des puristes qui trouveraient ça inadmissible … et l’éclair d’intérêt dans les vieux vicieux. Non. Il devait y avoir une alternative plus « humaine » aux coquillages. Il secoue doucement la tête.

- Je pense que ma mère, la reine, s’évanouirais à l’idée de n’être protégé que par des coquillages. Mais j’imagine que nous pourrions prendre cette idée et la modifier avec les critères humains.

Il se demande comment il pourrait faire, mais ça devrait être possible. Après tout, Ariel avait la pensée d’une fille de la mer… et il avait des moyens pour faire en sorte de faire des expérimentations. Le « protège-sein » pourrait être sous les habits, plus léger mais aussi tenu pour ne pas que les femmes se sentent mal à l’aise. Moins serré que le corset aussi… C’était bien la première fois qu’il y pensait aussi sérieusement.

- Nous essayerons, si tu en as le désir, de trouver un moyen qui lie les obligations de pudeur de notre monde et les pratiques du tien. Cela pourrait être une des premières choses que nous faisions. Personnellement, je n’ai jamais trouvé cela beau, un corset qui remonte la poitrine d’une femme jusqu’à l’étrangler par le dessous. Je préfère le naturel.

Et tout en lui caressant la main, il continuait d’aller jusqu’au château. Ils allaient avoir besoin d’une douche. Surtout lui, après ce qu’il n’avait pas fait. Son corps était en feu et demandait plus qu’une petite caresse de lui, à lui, dans l’eau d’un lac. Ils arrivèrent à bon port, non sans avoir une horde de domestique pour les attendre et convenir à tout leur besoin. Il soupire avant de se retourner vers Ariel et l’embrasser doucement.

- La récréation est finie, au vue des pieds dansants de mon second, je me dois de retourner au travail… mais nous nous retrouvons ce soir à la fête en l’honneur de mes parents. Je te le promets.

Il claque des doigts et une femme apparait pour se mettre à côté de la rousse dans une profonde révérence. Eric lui dit simplement de répondre à toutes les questions d’Ariel, si elle en avait encore sur ce qu’ils avaient fait, mais de ne rien ébruité. Il laisse un nouveau baiser sur ses lèvres et il part pour rejoindre ses conseillers.

HRP – Tu peux aller jusqu’à la « fête » qui est plus un repas pompeux avec les parents qu’autre chose mais les riches et les puissants veulent tout voir en fête :p

Ariel se tient devant la glace, se détaillant dans la robe étincelante qui a été confectionnée spécialement pour elle. Le bleu profond de celle-ci rappelle l'océan qui a été sa maison pendant tant d'années. Ses cheveux roux, flottant d'ordinaire librement sur ses épaules, sont désormais coiffés en un chignon léger et une cascade de boucles élégantes. Enfin, un peu de maquillage vient colorer ses joues, ses paupières et ses lèvres pour rehausser un peu son teint.

La perspective de ce dîner, qu’elle sait pompeux, la rend nerveuse. À vrai dire, c’est dans ce genre de moments qu’elle a le plus peur de mal faire, de se comporter… Hé bien, comme une fille sans éducation. Elle n’essaye plus de se coiffer avec des fourchettes, maintenant, mais les erreurs qu’elle peut faire restent nombreuses et l’idée d’embarrasser le prince lui est désagréable. Elle préférerait qu'il n'ait pas à rougir d'elle devant sa famille, ses sujets, ou des dignitaires étrangers.

Un bruit de pas résonne dans le couloir, révélant que quelqu'un approche et, quand la porte s'ouvre, Ariel se tourne vers celle-ci pour découvrir, le cœur battant, la silhouette de son prince qui entre, vêtu d'un costume le rendant encore plus séduisant que d'ordinaire et elle lui adresse un sourire lorsque leurs yeux se rencontrent.

"- Tu... Tu es très élégant…” souffle-t-elle pour son futur mari, le regard pétillant.

Si une chose est certaine, dans cette nouvelle vie qui est la sienne, c'est qu'elle aime son prince et que, pour lui, elle se sent capable de relever ces défis d'une royauté inconnue. Sa curiosité rend la chose plus facile, du reste, car elle est toujours avide de découvrir de nouvelles choses, de nouveaux objets. Les leçons rudimentaires, cependant, l'ennuient profondément. Tout comme ces dîners. Mais pour lui... Pour lui, elle peut faire cet effort. Ce n'est pas si différent de ce qu'elle devait déjà faire à Atlantica, pour son père.

Ils se dirigent ensemble vers la grande salle où le dîner se tient et elle sent son cœur s'emballer dans sa cage thoracique, lui faisant presser la main d'Eric un peu plus fortement dans la sienne. Elle prend une grande inspiration puis s'accroche au bras de son cher et tendre, alors qu'ils descendent le grand escalier.

Le dîner est somptueux, servi sur une table élégamment dressée, et promet une multitude de plats délicieux. Prenant place aux côtés de son prince, elle jette un regard curieux sur la tablée, s'arrêtant sur les visages du roi et de la reine. Ils n'ont pas l'air bien méchants, mais elle se demande encore ce qu'ils peuvent penser d'une jeune sirène devenue humaine et ayant dérobé le cœur de leur fils. Elle l'a sauvé des flots par deux fois, bien sûr. Mais n'auraient-ils pas espéré à leur table une princesse plus conventionnelle ? Elle s'en inquiète encore tandis que la soirée commence sur des conversations polies et des sourires courtois. Elle doit faire bonne figure. Elle doit prouver qu'elle est digne d'Eric. Alors, elle se redresse, prête à relever le défi qui l'attend.

Blablabla. Il lève les yeux au ciel. Il avait passé tellement de temps avec son second, jusqu’à dans sa chambre, qu’il n’entendait plus qu’un brouhaha incessant. Pour tout avouer, il avait dû mal à oublier ce qu’il avait fait avec Ariel au lac … Il aurait préféré y être encore pour que tout cela ne s’arrête jamais. Elle et lui. Lui et elle. La beauté de la jeune femme l’était même dans ce genre de moment où la sauvagerie était normalement de mise. Il soupire. Il préfèrerait tellement être avec elle, et ne pas supporter un repas avec la tension royale au-dessus de sa tête. Leurs têtes. Il finit par lâcher son second, une fois apprêté d’un costume sur mesure dont certaines coutures étaient filés d’or, et rejoint la jeune femme. Il s’arrête sur le pas de la porte.

- Merci, mais il fallait au moins ça pour ne pas faire pâle figure à côté d’une créature aussi magnifique que toi, fit-il en se courbant pour lui prendre sa main dans une action de cours.

Il n’avait pas réellement besoin de lui faire la cour… mais l’idée de pouvoir le faire lui plait. Il avait envie de pouvoir lui faire la cour et de la faire encore un peu plus tombé amoureuse de lui. Toujours un peu plus. Parce qu’il en avait envie. Il en avait le besoin. Ils descendirent et il essaie de lui fournir son courage. Il veut qu’elle se sente bien. Ses parents ne seront, de toute façon, jamais ravi pour lui. Alors, il fallait simplement qu’elle soit elle-même. Il avait choisi de l’aimer, et rien ne pourra lui faire changer d’avis. Pas même une vilaine sorcière ou une mère un peu trop envahissante.

Pendant le repas, Eric pouvait entendre « blablabla » même quand c’était lui qui parlait à son père. Il essayait d’amener Ariel dans la conversation mais il avait peur de trop la forcer s’il essayait. De son côté, son père n’arrêtait pas de caresser la même de sa femme, alors qu’elle mangeait, non sans lancer plusieurs coups d’œil vers la sirène de l’autre côté.

- Avez-vous déjà consommé le mariage ?

Père et fils s’étranglèrent avec leurs fourchettes alors qu’Eric eut plus de temps à se remettre.

- Margareth, ma mie, cette question ne se pose pas.
- Mère !

Elle fit un signe au deux de se taire et observa Ariel d’un regard à la fois maternelle et autoritaire.

- Je pose la question à la princesse Ariel. Puis-je savoir si vous avez consommé le mariage ?
- Mère, souffla Eric, nous n’en avons pas encore parlé.
- Je veux être grand-mère ! Est-ce même possible pour une fausse femme d’enfanter ?

Eric prend la main d’Ariel et sourit doucement. Il approche sa main et embrasse ses doigts. Il fait en sorte d’être entre sa mère et la princesse.

- Ne l’écoute pas, mon amour. Elle aura la surprise comme tout le monde, quand et si nous le désirons, d’accord. De plus, je pense qu’elle parle en tant que belle-mère et non plus en tant que reine. Il s'approche et souffle à son oreille, consommer le mariage signifie faire l'amour d'une certaine façon que je ne t'ai pas encore expliqué.

A table, la princesse fait bonne mesure, se mêlant peu à la conversation, faute de connaissances sur bien des sujets, mais s’y mêlant tout de même autant que possible chaque fois qu'elle est sollicitée. Polie, souriante, elle épargne à ses hôtes l'impulsivité à laquelle son père a dû faire face plus d'une fois. Dans son royaume, elle n'a jamais vraiment eu la langue dans sa poche. Ici, en revanche… Elle ne peut pas vraiment se permettre de se montrer trop têtue ni trop abrupte, consciente que ces gens ne lui pardonneraient pas aussi bien ses écarts que le ferait son paternel. Si elle perd leur soutien, leur hospitalité, alors elle ne sait pas vraiment ce qu'elle ferait. Elle est ici dans un monde qu'elle ne connaît pas. Bien trop mal pour pouvoir s'y perdre. Bien trop mal pour prendre ce risque.

La mère d'Eric lui parle et elle fronce légèrement les sourcils, l'incompréhension se lisant dans son regard quand elle tourne la tête en direction de son prince. C'est une question qu'elle ne comprend pas. Et elle ne comprend pas non plus les réactions effarées des hommes qui l'entourent. Son prince, son beau-père… tous deux semblent bien mal à leur aise.

"- Consommer ?" demande-t-elle pour Éric, suffisamment bas pour espérer qu'il soit le seul à l'entendre.

La reine Margareth répète sa question, précisant la poser pour Ariel et cette dernière se ratatiné sur sa chaise en ne comprenant pas ce qu'on lui demande. Heureusement, son prince intervient immédiatement pour répondre à sa place, du moins le croit-elle. Elle reste muette, le laissant faire, avant que la reine n'exprime vivement son désir d'une descendance.

Les mots la blessent. Profondément. Elle remet en question son statut d'humaine. Bien sûr elle est née sirène mais aujourd'hui… Aujourd'hui elle n'est plus une créature marine. Que cela soit remis en question l'atteint donc profondément. Mais Éric intervient de nouveau, prenant sa main dans la sienne pour l'embrasser, la défendant face à sa mère avant de finalement expliquer, au creux de son oreille, ce que voulait dire consommer un mariage. Elle opine de la tête, son attention rivée sur son assiette, les lèvres pincées.

"- Je ne suis pas… une fausse femme." finit-elle par murmurer, avant de répéter son propos, plus fermement. "Je suis humaine." elle se tourne vers Éric, à la recherche de son assentiment.