Univers fétiche : Post-apo et medieval ou SF. Enfin peu importe.
Préférence de jeu : Les deux
Eko
Mer 12 Fév - 14:44
Le contexte du RP
Anadyr, ville de l'extrême est de la Sibérie. Les nations ont disparue au profit de Mega-Corporations privées. Les villes hyper-connectée et les implants et augmentation cybernétique sont monnaie courante. Certaines zones du mondes sont totalement livrée à l'abandon, trop polluées ou dévastées. Société totalitaire et sécuritaire noyée dans un flux de divertissements et de formatage intellectuel.
Mise en situation
L'histoire commence alors qu'un groupe de personne vivant au squat "l'Orka" organisent une soupe populaire sur une place fréquentée de la ville. Bien que pacifiques et alors que les gens commencent à s'arrêter, discuter, échanger les forces de l'ordre arrivent et commencent à encercler les lieux. Commencent les premières sommations. La foule s'agite, personne ne réagit tout à fait pareil. Certains flippent, d'autres s'énervent. Et soudain c'est le chaosLa situation Anadyr : 64° 44′ nord, 177° 31′ est Mars 2089 Secteur de Tchoukotka sous administration de ANDRA-Corp. Un conglomérat d'industrielles spécialistes du nucléaire.
Contexte provenant de mes idées inspirée des univers cyberpunk (tel 2077) et d'autres choses.
Univers fétiche : Post-apo et medieval ou SF. Enfin peu importe.
Préférence de jeu : Les deux
Eko
Mer 12 Fév - 14:59
Zee'
J'ai 28 ans et je vis à Anadyr, Ex-russie, maintenant zone administrée par ANDRA-Corp.. Dans la vie, je suis squateuse Anar' et je m'en sors pas comme j'voudrais. Sinon, je suis seule, avec mon frère et je le vis plutôt bien. Habite avec son frangin moitié cyborg au squat l'"Orka". Active,rebelle, lesbienne et impulsive, Zee' est aussi au fond très peu sûr d'elle. Elle masque ça sous des airs de grande gueule. Elle participe souvent aux actions menée par les militant du coin et est très probablement recherchée par la police.
avatar : je sais pas, mais je crois ça viens de 2077
« Putain de connard de merde ! » Une heure que le rassemblement à commencé. Et déjà un brouillard de lacrymo a envahit la place. Pourtant c’est juste une cantine populaire à la base, distribution de soupe et de récup’ . Avec un peu de son. Pas mal de gens sont venu voir de plus près et ont entamé des discussions. Au final on s’est retrouvés à pas loin de mil sur la place. C’est qu’en vrai y a un paquet de monde qui crève la dalle. Ou qui se tue à pas en crever. Les premiers condés sont arrivé en civil. Blousons de cuir, gueule de racaille. Puis les robocops ont suivi 10min plus tard. « PREMIERE SOMMATION, les rassemblement sont interdits sur les places publique ! Quittez les lieux ou nous allons faire usage de la force ! » « Ta gueule ! » « Bah vas-y ! Use ! » Les drones vrombissent au dessus de nos tête. Un premier hélico arrive. Là tu commence à voir les timides regarder avec inquiétude les flics montrer leur gros bras, puis une bande de créteux entrer dans le jeu de provocation des keufs. Les bacqueux (Brigade Anti Criminel) en civil jouent les cadors. Il bouscule une fille sans ménagement et un type qui s’interpose prend un coup de poing en plein pif. Pas mal de gens se tirent discrètement avant les embrouilles. Pas prêts non plus à pousser leurs idées jusqu’aux actes. D’autres incitent au calme. « S’il vous plaît ! C’est un rassemblement pacifique ! Ca sert à rien de les insulter ! Il sont formatés de toute façon, y z’attendent que ça ! » "ACAB !" « Fils de putes ! » « Vas-y ta gueule ! Les putes y sont pour rien ! » La meuf qu’a dis ça c’est une vénèr’. J’la connais vite fais, croisée au squat. Ca va dégénéré, comme d’hab’ . Les policiers en armure anti-émeute commencent à baisser les visières et mettre masques et cagoule. En face la masse commence à s’agiter, les gens savent que les flics vont charger mais la plupart ne sont pas prêt ou ne veulent pas faire le jeu des médias en réagissant avec violence. Quelques uns mettent aussi des cagoules, nouent des T-shirt autour de leur tête pour cacher leurs visages. Capuches, gants, lunettes noires, masque et optiques de toutes sortes sortent des sacs à dos. Certain commencent déjà à arracher du mobilier urbain pour se faire des boucliers, dresser des barricades. « DERNIERE SOMATION ! Nous allons user de la force ! » Deux secondes à peine, et les robocops chargent. En même temps qu’ils tirent en tir tendu leur grenades-lacrymos, ils se ruent en avant, bouclier levé et matraque à la main. Les coups pleuvent. Beaucoup pleurent et s’étouffent dans les gaz tandis que d’autres, équipé ou pas, font pleuvoir une pluie de boulons, bille d’acier et autres projectiles sur les forces de l’ordre. Certain vont carrément en découdre au corps à corps, armés de panneau de signalisation et de barres de métal. En moins de trente secondes, c’est le chaos. Enfin. Pas vraiment. Les condés savent très bien ce qu’ils font. D’autres escadres chargent par les autres accès à la Place. La nasse était prévisible… c’est toujours pareil, en ville. Certains occupants de la place paniquent. Il courent en tout sens en s’engouffrant dans les trous et les ruelles encore libres.
Moi, capuche relevée, masque respiratoire sur le bas du visage, je sais plus où sont tout les copains. J’ai vu passer Sergeï et Kaleb, entièrement masqués mais tu peux pas te tromper à la démarche. Ils sont en train d’arracher un banc pour le jeter sur une barricade tandis que trois type démontent les pneus d’un véhicule de nettoyage urbain pour les balancer sur le tas et les enflammer. A droite à gauche ça brûle. Les nappes de gaz lacrymogène commencent à s’élever en l’ai sous l’effet de la chaleur et à libérer la place, remplacée par d’autres. Avec ma fronde, je commence à canarder un groupe de condés en cuir. LBD à répétition au poing, ceux ci semblent se marrer. Ils jouent à Call of en grandeur nature, les bâtards ! Y’en a un qui mange sévère. Un gros écrou tout rouillé, en plein dans la rotule. Et BIM ! Il est évacué et les autres me foncent dessus. Chu pas la seule dans la merde. En fait c’est tout le monde qui commence à céder du terrain. Et de toute façon la nasse est en train de se fermer. Bientôt on est cuit. Faut s’natchav… La plupart de ceux qui restent sur la place ont pigé le trucs. Les autres se font hurler dessus par leur potes pour lâcher l’affaire. Et avant de comprendre quoi que ce soit c’est la débandade. Les flics défoncent les barricades en flamme avec leurs blindés et interpellent tous ceux qui ne fuient pas assez vite. Certains sont sauvé in-extremis par leurs amis ou par des camarades de l’instant, mais d’autres n’ont pas cette chance. Y vont passer un sale moment, au trou…
J’arrive dans les dernières à l’entrée de la ruelle. Soudain une poigne de fer me chope le bras. Je me retourne prête à me défendre avec rage quand je reconnais le visage figé et immobile de mon frère engloutit dans une capuche énorme. Ses trois optiques rouges sont fixés sur moi. « Zee’ ! Ca va ? P’tain j’ai cru qu’tu t’était faite choper ! J’ai flippé ! » « Ca va t’inquiète ! Y sont où les autres ? T’as pas pris trop cher toi ? » « Kaleb vient de passer. Zélie et Dog sont juste là devant. Pas vu Sergeï depuis un moment. Et Tash depuis qu’elle s’est fait boulée par un pacifiste mais Kaleb était à côté. Les autres je sais pas. Je les ai perdu dés que c’est parti en couille... Accélère ! Y sont juste derrières ! » Le labyrinthe de ruelles a plusieurs niveau, l’hyper centre était à la fois une aubaine et une souricière. On peut pas en sortir. Mais on peut s’y perdre. On déboule à donf et on s’engouffre dans l’anonymat bienfaiteur de la masse. En pas longtemps tout le monde se disperse au milieu des citoyens lambda. Les flics bousculent tout ce qu’ils peuvent mais lâchent assez vite cette fois. Les drones eux survolent à grandes vitesse les rues avec un bruit aigu. Comme un nuage de moustique affolés. Ils enregistrent captent et mémorise les images de ceux qui enlèvent leur cagoule trop tôt, des endroits où se réfugient certains et des zones où se perdent les autres.
Avec Arkh, mon frère, on se calent contre une paroi dans une entrée de parking souterrain. Après avoir dégommé la caméra j’enlève le masque. Ahhh ! De l’air ! On étouffe là d’dans et va courir avec ça. Je jette aussi mon sweat et les gants et le surpantalon à usage unique, un machin pour les peintres en carrosserie… Mon frère fait pareil, enfin il vire sa capuche de rôdeur des ténèbres et on fout le feu à la poubelle. Enfin on repart. Plus calmes. « Ca te dis un p’tit Splif ? Il est encore tôt et t’façon on peut pas rentrer tout de suite au squat, l’entrée s’ra surveillée pendant toute la soirée. Au moins. » « Bah aller vas y. Mais j’ai rien là ! » Il ne répond pas et sort de sa poche un long joint tout tordu déjà roulé. Pendant une minute il le redresse des doigts métalliques de sa main droite. Puis il le porte à l’orifice qui lui sert de nez, car il a encore ses poumons. Pour fumer. Un doigts libère un mini-briquet et il allume le pèt’. Après deux taf il me le tend. Je fume en repensant au début de la matinée. Tout le monde, la bonne humeur, l’attelier épluchage, l’installation des feux de cuisson, tout le fouillis joyeux des gens du squat « Orka » qui avaient voulu organiser cette soupe populaire. Le type un peu hautain au début qui avait dit un truc style : « Feriez mieux d’trouver du travail ! Ou d’aller à l’école !» et qui s’était retrouvé à parler pendant une heure à Kaleb, ancien sapeur-pompier et actuel spécialiste de l’atelier couture du squat. Une mamie un peu apeurée s’est retrouvée à danser avec Rach’, un espèce de grand punk black plein d’implants et de percings. Elle a finit par rigoler tant l’autre jouait le gentleman à la perfection. Cette même femme avait pris plus tard un coup de matraque sur l’épaule lors de la toute première charge. J’ai pas vue la suite… Pourquoi faut toujours que ça finisse pareil ? Comment des types peuvent à ce point nier leur humanité en agissant pire que des robots… Tu m’diras, pas mal d’entre eux sont plus cyborgs qu’humains. Et sûrement que c’est leur vrai nature, au fond. Des robots. ACAB ! A quoi ça sert tout ça ? Tout ce qu’on fout ? A quoi ça sert de se battre quand la majorité des êtres humains sur cette planète ne rêvent que de s’acheter une chaîne plus brillante… n’aspirent qu’à se fondre le plus inhumainement possible à la masse ? Pffff… Fais chier. Monde de merde. « A quoi tu cogite encore ? » « Oh rien. P’tetre qu’on ferait mieux de se flinguer. Et d’flinguer tout le monde avec. » « Rhaaa j’en était sûr… Passe le joint ! Pourquoi faut toujours que tu sombre dans les pires débilités dés que t’as un moment de cafard ! P’tain mais merde ta gueule ! Tu crois que j’peux supporter de t’entendre parler de te foutre en l’air ? Arrête de te plaindre ! Et oubli pas qu’t’es pas toute seule ici, maintenant ! Aller viens on s’casse. On a qu’a passer voir chez Tash si elle est rentrée chez elle. J’espère qu’elle va bien. » Je le suis alors qu’il s’en va d’un grand pas sans se retourner. Je sais que je l’ai blessé et qu’il s’en fait pas mal pour moi. Parfois j’ai l’impression que c’est lui l’aîné. Bon. J’espère que Tash à de quoi picoler. Je meure de soif.
Messages : 378
Date d'inscription : 01/04/2022
Crédits : graenfur
Univers fétiche : Dystopique, fantastique, mythologie, etc.
Préférence de jeu : Les deux
Asma
Mar 5 Avr - 11:27
Julia Anderson
J'ai 36 ans - mais l'apparence de 10 ans de moins - et je vis à Anadyr, Ex-Russie, maintenant zone administrée par ANDRA-Corp. Dans la vie, je suis policière, pilote de drone d'une unité MAX-TAC et je m'en sors franchement très bien. Sinon, je suis célibataire et je le vis plutôt bien. Héritière désignée de la moitié du conglomérat ANDRA Corp, j'ai quitté Anchorage pour "m'acheter" une nouvelle vie ailleurs. En savoir plus.
La porte s’ouvrit dans un effroyable fracas, hurlant dans ses gonds pour manifester son mécontentement face à cet énième acte de violence policière, et laissa se découper dans son encadrure la silhouette massive de l’ours bourru et couturé de cicatrices qu’était Wayne Bergman, patron de la division tactique MAX-TAC 6890 du district d’Anadyr. Assise sur le banc métallique, occupée à détacher les attaches magnétiques de ses bottes fourrées, la jeune femme ne sursauta même pas. Elle avait maintenant l’habitude des entrées tonitruantes de son chef d’équipe, qui se fichait bien du petit symbole sur la porte qui indiquait que ce vestiaire était réservé au personnel féminin.
- Anders’, c’est reparti pour « la Fosse » !
« La Fosse ». C’était le doux sobriquet dont ils affublaient les bas-quartiers de la ville, sur lesquels ANDRA-Corp avait le moins de contrôle. Pas pour « fosse aux lions », mais plutôt pour « fosse à purin », ou « zone des culs de basse-fosse ». Poésie, quand tu nous tiens. Derrière le rideau de ses cheveux immaculés, elle leva deux yeux d'un bleu de glace qui transpercèrent le mastodonte de part en part.
- Encore ?! C’est ma sixième descente cette semaine, et on n’est que mercredi ! - Est-ce que c’est de ma faute si ces connards utilisent des brouilleurs ? Tu sais aussi bien que moi qu’on ne peut plus commander les drones depuis le Central, et que seule la courte portée reste fonctionnelle dans la zone. - J’arrive à peine. T’as qu’à envoyer Chang.
Il se rapprocha et s’arrêta à quelques centimètres de son visage, soufflant son haleine fétide d’ersatz de café du matin.
- Tu sais aussi bien que moi que Chang ne vaut pas tripette sur le terrain.
Il lui mit une tape amicale sur l’épaule, et sans lui laisser le temps de réagir, s’était redressé et avait déjà fait volte-face pour repartir.
- Tu fais chier, boss, lança-t-elle dans son dos. - C’pas tout d’avoir un nom, princesse ! lui rétorqua-t-il du tac au tac, à la cantonade, alors qu’il disparaissait déjà dans le couloir.
Son identité n’était un secret pour personne dans l’équipe, mais dans l'équipe uniquement. De toute façon, ça aurait vite fait de se savoir en interne. C’est pour cette raison qu’elle avait préféré jouer carte sur table dès le début. Si cela lui avait valu un peu plus de bizutage que la moyenne à son arrivée – qui avait toutefois vite pris fin après deux nez cassés et un péroné à ressouder - , elle ne faisait maintenant plus l’objet que de boutades bon enfant.
Julia Anderson. Comme dans Anderson-Razamanov, ou « ANDRA », pour le grand public. Corpo jusqu’au bout des ongles, héritière désignée de la moitié du conglomérat ANDRA-Corp, qu’elle devrait à terme se partager avec Ivan Razamanov. L’archétype du golden boy qui tuerait père et mère pour reprendre au plus tôt les rênes de la dynastie familiale. L’esprit tordu de leurs parents respectifs avait accouché de l’idée d'un beau mariage entre leurs héritiers qui aurait parachevé l’union fusionnelle des deux familles et donc de la corporation. Une belle fumisterie. Destinée à cacher le fait que PolyTech leur avait racheté des parts et qu’ils craignaient que des dissensions internes ne conduisent à en faire de facto l’actionnaire majoritaire de la corporation. Avide de sa propre liberté, elle avait préférer claquer la porte. Elle lui laissait volontiers les clés de la boutique et les feux de la rampe, et se contentait de l’occasionnelle convocation obligatoire au conseil d’administration pour s’assurer du versement des royalties qui lui achetaient sa tranquillité. Elle avait aussitôt quitté Anchorage pour l’autre côté de la mer de Béring, où elle se retrouvait, en cet instant, à se préparer à son sixième raid en quarante-huit heures dans les bas-fonds de la ville.
Perdue dans ses pensées, elle contempla à travers les imposantes baies de la tour de verre le navion qui se posait sur les eaux sombres du golfe d’Anadyr. C’était le A720 Orlyonok d’Anchorage. Mécaniquement, elle enfila son gilet tactique, ceignit son front de ses lunettes connectées, et quitta la pièce. Parvenue au hangar, elle glissa ses mains dans ses gants avec une délicatesse de circonstance. Elle plia et déplia les doigts plusieurs fois, puis tendit le bras gauche, poing fermé, paume vers le ciel. Lorsqu’elle ouvrit subitement la paume de sa main, un vrombissement retentit. Un léger mouvement vers le haut, et l’essaim de mini-drones de combat s’éleva autour d’elle, tels des abeilles autour de leur reine. Elle referma le poing, baissa le bras, et ses fidèles compagnons se reposèrent. Autour d’elle, le hangar grouillait de l’agitation qui précédait un départ. Chacun des membres de l’équipe terminait de se préparer. Les « éclaireurs » étaient en civil, glissant leurs armes sous leurs tenues pour plus de discrétion. Même si leurs carrures imposantes et leurs gueules balafrées n’avaient pas grand-chose de particulièrement discret.
Alexei l’attendait à la voiture. Si on pouvait appeler ça une voiture…. Le Ptero était plutôt un oiseau de métal, équipé d’une turbine dans chacune de ses ailes, et floqué du logo de la police. Julia s’installa côté passager et s’assura que l’essaim était bien en place à l’arrière de l’appareil. D’une poussée, le Ptero se détacha du sol et fila vers l’ouverture béante du hangar. Fidèle à lui-même, Alexei fit plonger l’appareil dans le vide, dans une figure parfaitement inutile et ô combien désagréable, faisant dangereusement remonter le petit-déjeuner de la jeune femme dans son arrière-gorge.
- Connard, maugréa-t-elle, lorsque l’appareil fut redressé et son repas de nouveau stabilisé au fond de son estomac.
Pour toute réponse, l’intéressé la gratifia d’un sourire moqueur, avant de reporter son regard devant lui. Il fronça les sourcils, maintenant tout entier concentré sur sa mission. Au bout de plusieurs minutes de vol, l’appareil plongea dans la couche de smog qui enveloppait la partie basse de la ville.
- Déploiement dans 3, 2, 1. Essaim déployé.
Les Scout, ou « RoboCops », comme s’amusaient à les appeler la racaille, étaient au sol. Julia entendit les sommations d’usage. Mise en place. Dernières sommations. Il était temps. Telle un chef d’orchestre en pleine symphonie, la jeune femme contrôlait son essaim de ses mains, l’envoyant de part et d’autre, voyant le monde à travers les yeux de leurs caméras embarquées. Le logiciel de reconnaissance faciale lui remontait sur le côté de son champ de vision les pédigrées de celles et ceux qu’il identifiait. Elle faisait suivre les consignes en direct aux Scout pour orienter leur action. Dans ces moments, elle savait que Bergman avait raison. Elle avait quelque chose d’une virtuose.
- Je suis en train de perdre le signal secteur ouest. - Je passe du côté de la Torgovaïa.
Julia aimait tout particulièrement faire équipe avec Alexei. Ils étaient sur la même onde, et n’avaient besoin d’échanger que très peu de mots pour se comprendre. Souvent même, il anticipait ses besoins sans qu’elle n’ait besoin de rien dire, lui permettant de focaliser toute son énergie sur ses petits compagnons bourdonnants. En cet instant, elle était en pleine traque d’une piste qui pensait les avoir semés. Les imbéciles ne savaient pas ce qui les attendait.
- On a besoin de renfort. Lex’, position ? Cracha alors la bonne vieille et inébranlable CB.
- Jul’, on lâche la piste. - Non. Pose-moi là et viens me récupérer quand t’as fini. - Julia. - Alexei.
A contrecœur, son collègue posa l’appareil. - Dis-leur de m’envoyer un Scout, si ça peut te rassurer, lui lança-t-elle avec un sourire en coin en rabattant la porte papillon du Ptero.
D’un geste précis, elle s’empara du fusil en bandoulière dans son dos et, le glissant sous son bras, le fit repasser devant elle, paré à servir. Elle avait désactivé la commande ambidextre des drones, pour ne garder qu’un contrôle par sa main gauche. Une partie de l’essaim était en pilote automatique, repassé sous contrôle tactique de l’équipe qui avait sollicité les renforts. Elle n’avait gardé qu’un tout petit groupe avec elle. Il n'y en avait pour longtemps pour qu'un ange gardien arrive à son renfort.
Suivant la piste, elle s’engouffra dans une contre-allée.
« Gotcha ».
Messages : 39
Date d'inscription : 18/03/2022
Crédits : Image chopée sur internet
Univers fétiche : Fantasy - SF - Cyberpunk - Biopunk - Sauvage
Préférence de jeu : Les deux
3ko
Ven 8 Avr - 13:55
Zee
J'ai 28 ans et je vis à Anadyr, Ex-russie, maintenant zone administrée par ANDRA-Corp.. Dans la vie, je suis squateuse Anar' et je m'en sors pas comme j'voudrais. Sinon, je suis seule, avec mon frère et je le vis plutôt bien.. Habite avec son frangin moitié cyborg au squat l'"Orka" situé sous le niveau zero. Active,rebelle, lesbienne et impulsive, Zee' est aussi au fond très peu sûr d'elle. Elle masque ça sous des airs de grande gueule. Elle participe souvent aux actions menée par les militant du coin et est très probablement recherchée par la police..
Je courre au coin de la ruelle où a disparu mon frangin mais personne ne s’y trouve. Merde. « Darkh ?! » C’est quoi ce bordel… C’est pas son genre de faire ce type de blague. A moins qu’il ait tracé direct chez Tash ? Je me retourne d’un coup… Comme un bruit de… Bon pas de panique. C’est le « oinj » qui me fait paranoïer… J’ouvre une porte de service branlante et me retrouve à l’entrée d’une passerelle étroite qui plonge vers des profondeurs viciées et ténébreuses… Le Niveau Zero de la ville, c’est le dernier étage habité sous contrôle de l’ANDRA. Peuplé par les prolos, les basses classes et les ouvriers, mais néanmoins encore des citoyens de la ville. En dessous, c’est le Dédale. En dessous y a le reste. Tout c’qui rentre pas dans les cases. Tous CEUX qui rentrent pas dans les cases… En dessous c’est gris, humide, froid à en crever. Ou chaud, brûlant parfois. A côté de certaines énormes canalisations plus larges que des bâtiments et qui transportent toutes sortes de liquides dans les différentes zones de la ville. Des passerelles et des pontons souvent rouillés. Des coursives et des énormes piliers sombres, remplacent les rues et les bâtiments, plus on descend. Les fondations d’Anadyr… Des montagnes de détritus, des vallées de boue et des sources d’acides de batterie… Le tout qui finit dans les rivières ou torrents noires, vestiges d’égouts antiques. Joli coin d’plage. Mais c’est habité. Par toute une faune d’êtres, humains, animaux… ou d’autres choses dont on préfère ne pas parler. De vieilles structures sont retapées en mode système D. Les gangs et les mafias y bricolent tout ce qu’ils ne peuvent pas faire en haut, pignon sur rue. Des réfugiés de l’Extérieur campent par groupes nombreux, regroupés par ethnies vivants plus ou moins en autarcie dans ce bourbier sinistre. Et les oubliés, les exclus de tout horizons y survivent comme ils peuvent dans des quartiers insalubres et barricadés. Tash et ses trois brutes de frangins ont grandi ici. Ils squattent un immense hangar redécoupé en appartements sordides loués par la mafia en échange de services. Malgré tout, ces lieux forment des « hâvres » de sécurité où se regrouppent de nombreuses familles nauffragées au sein de cette mer de fiente... J’arrive sur une passerelle large, stable et flanquée de nombreux édifices plus ou moins grands, et plus ou moins délabrés, perchés sur des poutrelles d’acier surplombant les flots immondes et acides. Je m’arrête devant un gros bâtiment qui ressemble plus à un tas de ferraille immense, hérissés de barre de métal, qu’à un hangar. Un grand portail métallique sert d’entrée. Un type à la tronche patibulaire ouvre brusquement alors que je suis encore à une vingtaine de mètres. A la main une machette. En bandoulière une vielle AK-47 trafiquée. Derrière lui trois autres gars pleins de cambouis et de graisses de moteurs. Armés aussi. Ils me jettent un coup d’oeil rapide, l’un d’eux s’attardant un peu trop bas, puis retourne à leur tâche, sur une sorte de gros générateur. Le rez de chaussé sert d’atelier aux « Pyros », des trafiquants d’armes. Des sacrés crevards, même s’ils trempent pas avec la Corpo... au moins… Leur font même concurrence, d’une manière. Le grand gaillard fronce les sourcils puis crache par terre. C’est l’aîné de la famille de Tash. Un grand type à la peau mate, fine moustache noire, tatoué mais sans implants. Il bosse pour les Pyros depuis des années déjà.
« Ah. C’est toi. T’pas suivis ? » « Nan. Tu m’prend pour une débile Quezîn ? » « Ouais. Bah on est jamais trop prudents connasse. Avec vos connerie d’anarchie et tout ça, vous passez vôt’temps à fout’ la merde et à ramener la flicaille. » « Elle est là ta sœur ? Et mon frère : tu l’as vu ? » « Hum… ouais. Tashkîna est là-haut. Elle a pris un sale coup pendant vôt’ bordel en haut… La ch’ville pétée je pense. Elle est posée avec Deen et Cordeï. P’pa aussi est là. Y cuve sa vodka, comme d’hab. Mais j’pas vu ton taré de frangin, nan.» Il se retourne et remonte a son poste de guet. Mais alors que je m’apprête à lui gueuler un truc pas vraiment sympa, il se met à jurer sourdement puis il hurle : « P’tain d’merde ! Foutus connards d’anar’ de merdes ! » « Que... »
C’est alors que je les entends. Un vrombissement léger, une vibration stressante. Des drônes. Et fais chier…
« Vas y j’me casse. Y m’auront pas t’inquiète et c’est moi qu’ils suivent...Pis tu m’connais, quand même. Ch’u’ pas une poukav… » « Trop tard. Ils ont sûrement repéré le labo’. Et y savent qu’on est armés. On s’occupera d’ta gueule plus tard la branleuse. Tu vas déguster j’te promet, ma puce. Mais pour le moment dégage. Files là haut. Attrape ça et protège ma sœur… S’il la choppent c’est moi qui te butte. Clair ? »
Quezîn me balance deux flingues antiques, mais redoutablement efficaces… Mais dans quelle foutue merde je m’suis encore fourrée ? C’est pas vrai… Et Darkh ? Qu’est ce qu’il a fichu, merde ! C’est pas lui qu’aurai cracher quoi que s’soit aux kizdés en tout cas… Non c’est moi qu’ils ont suivit c’est sûr. Quelle conne ! Mais quelle conne ! Les trois autres types s’agitent en tout sens. Ils enfournent en vitesse certaines pièces et outils dans de grandes caisses militaires et les traînent vers des sortent de quads ou de pick-up aux roues remplacées par quatre grosses hélices cerclées et aux nombreuses pâles, orientables dans toutes les directions. Des remorques anti-grav sont attelées à l’arrière des véhicules tout terrains. Deux d’entre eux sautent aux guidon et démarrent en trombe dés que le chargement est arrimé. Des gars et des meufs accourent des étages du bâtiment où on se trouve. Certains paraissent terrifiés. D’autres juste détèr’… Ils se positionnent sur des passerelles en hauteur, à des postes stratégiques pour couvrir le bâtiment, armés de fusils à lunette. C’est qu’en bas, quand la flicaille débarque, c’est tout le monde qu’a des trucs à cacher… P’tain merde… Çà va grave chier dans les bulles…
En panique je grimpe l’échelle de métal en galérant à tenir les deux flingues d’une main. Je rejoint la coursive du premier étage et je courre vers la « chambre » de Tash. Alors que je pose la main sur la poignée du panneau coulissant, celui ci s’ouvre à la volée…
« C’est quoi ce bordel ! » gueule une voie pâteuse du fond sombre du cajibi.
Deux molosses, croisés rottweiler se jettent sur moi et me couvre de baves en me renversant au sol… J’étouffe sous leurs langues affectueuse et parviens à me dépêtrer des chiens en distribuant quelques caresses et gratouilles rapides. Debout derrière eux, deux gars costaud. Les jumeaux. Deen et Cordeï, les « petits » frères de Tash. Pas commodes et encore moins bavard que Quezîn. Mais dans’l’fond c’est des crèmes…
« Les condés. J’sais pas combien y sont, mais y a une « nuée ». Donc ils sont pas loin, forcément... »
Je reprends mon souffle puis je réalise que je tiens toujours les deux flingues serré contre mon flanc gauche. L’un des frangins prend la parole. Il a une voix grave et douce.
« Ferme la porte après nous. »
Les deux colosses, calmement, ramassent leurs ceintures de chargeurs, récupèrent leurs armes, puis sortent de la pièce. L’un d’eux a la démarche raide. Ses jambes n’ont plus rien d’organique. Et ici les cyborgs ne bénéficient pas des même technologies que ceux d’en haut. C’est plus… rustique, on va dire… Il gueule :
« Rocket ! Grenade ! Aux pieds ! »
Puis il enferme les chiens avec nous et rejoint son frère… Je me retourne. Tash me sourie en coin, mais elle transpire abondement et je vois bien qu’elle en chie… C'est p'tetre pas juste la cheville... Derrière elle, son père... Tenant à peine en place sur sa chaise rouillée, il titube en m’observant d’un œil glauque…
« Eh ben… Quel jour de merde ! » fait la jeune métis blessée d'un ton faiblard en me faisant signe de m’asseoir. Tash, c'est une vraie dure...
« Passe moi un gun. »
Je lui tend l’une des armes. Puis je prend une grande inspiration. Ch’u’ pas du genre à craquer...
« Darkh a disparu... » dis-je d’un ton ferme. Puis je fonds en larmes...
Messages : 378
Date d'inscription : 01/04/2022
Crédits : graenfur
Univers fétiche : Dystopique, fantastique, mythologie, etc.
Préférence de jeu : Les deux
Asma
Sam 9 Avr - 15:40
Julia Anderson
J'ai 36 ans - mais l'apparence de 10 ans de moins - et je vis à Anadyr, Ex-Russie, maintenant zone administrée par ANDRA-Corp. Dans la vie, je suis policière, pilote de drone d'une unité MAX-TAC et je m'en sors franchement très bien. Sinon, je suis célibataire et je le vis plutôt bien. Héritière désignée de la moitié du conglomérat ANDRA Corp, j'ai quitté Anchorage pour "m'acheter" une nouvelle vie ailleurs. En savoir plus.
Une nouvelle fois, son instinct ne l’avait pas trahie. Elle vit la silhouette qu’elle suivait s’engouffrer à travers une porte métallique. Voilà bien sa chance ! Il allait falloir descendre d’encore un étage et passer au Niveau Zéro. Si dans la Fosse vivaient déjà les rebuts de la société, le Niveau Zéro abritait pire encore. Loin d’être un lieu de villégiature, c’était là que finissaient les déchets de la ville sous toutes les formes, solides, fluides de toutes sortes, déchets toxiques et même radioactifs. L’épaisse chape de métal, de béton et d’autres matériaux composites qui séparait ces sous-sols de la ville en surface l’isolait de ses relents nauséabonds. Normalement, seuls descendaient là les techniciens chargés de veiller au bon fonctionnement de ces infrastructures souterraines. Ces techniciens-là étaient d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle ANDRA Corp. s’était diversifiée dans la biomécatronique. L’intervention humaine restait vitale dans certaines de ces zones, mais les émanations brûlaient et rongeaient les chairs. Pour pouvoir continuer à recruter pour ces tâches bien plus qu’ingrates, ANDRA finançait les « soins ». Les organes irradiés étaient progressivement remplacés par des appendices bioniques, des prothèses électromécaniques venaient se substituer à des membres abîmés.... Le pire était que certains en redemandaient et, qui plus est dans un contexte où nombreux étaient ceux qui n’arrivaient pas à boucler leurs fins de mois, le recrutement n’avait jamais été si simple. Ca se bousculait au portillon. De là à dire qu’ANDRA contribuait d’une main à générer la cyberpsychose contre laquelle elle luttait de l’autre main, il n’y avait qu’un pas. Toutefois, c’était loin d’être la seule population qui parcourait ces grandes étendues souterraines viciées. Toutes sortes de parasites et de nuisibles se terraient là, dont nombreux avaient encore plus ou moins vaguement apparence humaine. Le Niveau Zéro grouillait de gangs venus y chercher refuge pour mener leurs exactions et de cyberpsychos perdus pour la société. Au moins, tant qu’ils étaient là, ils ne gênaient personne. Du moins, personne d’intéressant. Le vrai problème était ceux qui se trouvaient en surface, et qui commençaient à générer des troubles à l’ordre public. La MAX-TAC était une « Psycho Quad », chargée de « traiter » les personnes atteintes à un stade très avancé de cyberpsychose, plus exactement les cyberpsychos à penchants criminels, et surtout meurtriers. Ce n’était donc pas cela qui arrêta Julia devant la porte métallique prête à tomber en poussière de rouille. La jeune femme était brillante ; elle n’était pas suicidaire. Elle avait suffisamment de jugeote pour ne pas se lancer tête la première dans une chasse à l’homme sans aucun renfort. Néanmoins, elle lança deux drones dans la coursive mal éclairée. Il était hors de question qu’elle perde sa piste. Elle espérait simplement que ses anges gardiens ne tarderaient pas trop à arriver. Si les brouillages étaient gênants dans la zone, elle savait que sa portée de contrôle était encore plus limitée au Niveau Zéro. Un petit point de situation tactique à travers ses lunettes connectées lui indiqua que les Scouts n’étaient plus très loin maintenant. Ils étaient accompagnés d’un petit groupe d’hommes eux aussi armés jusqu’aux dents. Julia trépigna en attendant leur arrivée maintenant imminente. Elle plongea la main dans l’une des poches de son gilet tactique et en sortit un auto-injecteur. Elle le tourna et retourna plusieurs fois entre ses doigts. Au moment même où les hommes arrivèrent, elle écarta le rideau de cheveux blancs de son cou, posa le stylo contre sa peau diaphane et pressa, sentant les aiguilles s’enfoncer dans sa chair et y libérer le sérum antiradiation.
- Niveau Zéro ? L’interrogea l’un des hommes encagoulés.
Pour toute réponse, elle opina du chef et rangea l’auto-injecteur maintenant déchargé. Aussitôt, et sans un mot, ses collègues l’imitèrent. Le sergent qui avait pris la parole fit un pas en avant.
- SITREP. - Visuel sur une cible. Féminin. Cheveux rouges. Seule, mais elle va sûrement rejoindre le reste de son groupe. Le drone la talonne toujours, mais je commence à perdre le lien.
Une pause. Son regard quitte son collègue pour se replonger sur ses autres yeux, le drone de l’autre côté de son écran.
- Elle est en train de passer une porte. Un gros bif’ vient de lui ouvrir. Fusil d’assaut, arme blanche. Joli tat’ dans le cou.... Dam ! C’est le gang des Pyros. Elle doit en être.
Elle reposa les yeux sur son collègue, un sourire en coin.
- Bergman nous devra bien une augmentation si on arrive à coincer ces fils de salauds. - Johnson, Andreev, éclaireurs. Les autres, vous connaissez vos positions. Anders, j’espère que tu es vraiment sûre de ton coup. - Toujours, Tim.
Julia regarda les hommes et les Scout plonger ensemble dans les abysses devant elle. Elle connaissait sa place dans le dispositif. L’équipe d’assaut devant. Surtout dans des coursives aussi étroites où il ne passait pas plus de deux hommes de front. Elle tiendrait l’arrière, communiquant en temps utile les informations issues de ses drones avec le sergent Bane, avec lequel elle restait en liaison directe via son casque. Elle ôta le cran de sécurité de son arme et s’engouffra derrière eux. Un odeur âcre et nauséabonde envahit aussitôt ses narines, saturant momentanément ses sens. Elle avait déjà l’impression de sentir l’acidité de l’air vicié attaquer sa peau et ses habits. Ce n’était qu’une sensation, qui ne tarderait pas à disparaître. Le sérum qu’elle s’était injectée était justement là pour la protéger des effets de long-terme de cet endroit. Le pas ralentit, elle vit chacun réduire au minimum le son de ses équipements de communication et les hommes commencer à communiquer par gestes. Elle savait exactement ce qui allait se produire maintenant. C’était une chorégraphie bien rôdée et maintes fois reproduites. Le bélier pour enfoncer la porte, les grenades assourdissantes pour étourdir l’ennemi, puis la charge. Etant donné la nature des armes dont disposait le gang, pour le peu qu’ils avaient pu en voir, il n’y avait pas beaucoup de doute sur la question : chacun avait par avance réglé son arme sur le mode « létal ». Il ne s’agissait pas d’une mission d’élimination, il s’agirait de viser dans un premier temps des zones non-vitales. Mais une chose était sûre, il était hors de question de perdre le moindre homme sur cette mission.
Lorsque Julia pénétra à son tour dans la pièce, celle-ci résonnait de coups de feux en tous sens. La jeune femme balaya l’ensemble de la pièce, par ses yeux comme par ceux de ses drones. La construction souterraine derrière la porte s’étendait sur plusieurs niveaux. Des sentinelles se trouvaient sur les niveaux supérieurs et profitant des points hauts, tiraient sur les policiers en contrebas. C’était sans compter sur les Scouts, ni sur la policière qui ne faisait pas dans le combat de première ligne. Elle avisa une espèce d’échelle métallique dans un angle. Repassant son fusil dans son dos, elle attaqua l’ascension, sous la protection d’un ange gardien qui couvrait sa montée. Arrivée sur la passerelle métallique, elle se débarrassa d’un tir de précision du forcené qui canardait à tout-va en contrebas. Le Scout qui la suivait, soudainement pris pour cible, s’était arrêté pour traiter l’origine de la menace. Elle avait perdu sa garde rapprochée immédiate. Prise dans le feu de l’action et dopée à l’adrénaline, la jeune femme ne s’en rendit pas compte. Elle continua à avancer, poussant les portes et inspectant les différentes pièces, une par une. Apparemment, un grand nombre de leurs locataires devaient être en bas, en train d’affronter ses collègues, car la plupart étaient vides. Pour les autres, qui avaient eu la mauvaise idée d'être restés sur place et de vouloir s’opposer à elle, ils gisaient maintenant au sol, pris de convulsions résultant de la formidable décharge électrique infligée par son arme repassée en mode « neutralisation ». Devant elle, une porte fermée. Derrière la porte, du bruit et du mouvement. Un drone vint la rejoindre et se posta en vol stationnaire devant. D’une main experte, elle changea le mode de vision et passa en caméra thermique. La température plus élevée que la moyenne du niveau Zéro donnait une teinte rougeâtre à l’ensemble des lieux, mais les parties organiques des corps apparaissaient quand même encore assez nettement sur l’appareil. Quatre vivants à l’intérieur. Parmi lesquels, vu le contour et la position, deux chiens. C’était bien sa chance. Il fallait procéder méthodiquement. Dans l’ordre : attendre les renforts, éliminer les chiens, puis traiter les humains. Un bruit à l’intérieur attira son attention. Des pleurs ? Se pourrait-il qu’elle se soit méprise sur la situation ? Plutôt qu’un guet-apens tendu par des membres du gang, se pourrait-il qu’il y ait là des otages ? Et que les chiens soient là non pas pour l’empêcher d’entrer, mais pour les empêcher de sortir ? Le sang de la jeune femme ne fit qu’un tour. Nouveau plan : enfoncer la porte, éliminer les chiens, puis traiter les humains. Tant pis pour le renfort.
Le premier chien s’effondra au sol, paralysé. Elle ne fut pas assez rapide pour arrêter ni esquiver le second. Le molosse se jeta sur elle, la projetant au sol et envoyant par la même occasion ses lunettes dans la coursive, et par-dessus le rebord, tout droit vers l’étage inférieur. Sans son casque, elle était sourde et aveugle, sans plus aucun moyen de prévenir ses collègues. Julia poussa un cri de rage, mit du talon de sa botte renforcée un violent coup de pied au chien pour l’écarter d’elle alors que sa mâchoire était sur le point de se refermer sur son bras droit. Si ses dents ne firent qu’égratigner la chair de son avant-bras, son gant droit fut mis en pièces. Il était en piteux état. Des lambeaux de circuits pendaient lamentablement en grésillant. Julia se redressa. Face à elle, deux femmes. L’une était blessée et manifestement pas en état de se lever. L’autre, en larmes. Sa… cible ?
Messages : 39
Date d'inscription : 18/03/2022
Crédits : Image chopée sur internet
Univers fétiche : Fantasy - SF - Cyberpunk - Biopunk - Sauvage
Préférence de jeu : Les deux
3ko
Dim 10 Avr - 10:13
Zee'
J'ai 28 ans et je vis à Anadyr, Ex-russie, maintenant zone administrée par ANDRA-Corp.. Dans la vie, je suis squateuse Anar' et je m'en sors pas comme j'voudrais. Sinon, je suis seule, avec mon frère et je le vis plutôt bien. Habite avec son frangin moitié cyborg au squat l'"Orka". Active,rebelle, lesbienne et impulsive, Zee' est aussi au fond très peu sûr d'elle. Elle masque ça sous des airs de grande gueule. Elle participe souvent aux actions menée par les militant du coin et est très probablement recherchée par la police.
En bas ça s’est mis à chauffer grave… Les coups de feux retentissent en quasi permanence, entrecoupés de cris ou de hurlements, de rage, de peur ou de douleur. Malgré toute ma volonté et à ma grande consternations, les larmes n’ont fait que redoubler aux premiers échos de l’affrontement. J’en ai vu d’autre. Quand on grandit dans ce milieu, et même si j’ai pu aller vivre à la surface au début de l’adolescence, la haine et la violence font partie du décor. Mais je suis consternée… Mon frère a disparu. Et c’est ma faute si tous ces gens doivent se battre. Ici il y a une dizaine de familles hébergées. Certaines ont des enfants, parfois très jeunes. La plupart sont issue des Terres Sauvages, hors des Villes et sont venus chercher refuge ici. Tash et ses frères sont nés ici mais leur parents étaient des nomades Koriaks. Poussés par la famine et le désespoir, harcelés par des bandes armées, ils avaient à l’époque tenté de rallier la cité la plus proche. Bien sur, elle était fermée. Comme toute les autres. Ils avaient alors rejoint les communautés qui survivaient sous la Cité. Mais au fil des ans les mafias et les gangs avaient installé un véritable climats de peur et de guérilla constante. Certains gangs n’étaient que des milices déguisée des différentes Corporations, qui pouvaient ici se livrer à loisir à leurs guerres sans mettre en péril leur façade civilisée. D’autres gangs travaillent parfois en collaborations avec les corpos, changeant d’allégeance au gré des versements d’argents, d’armes, d’implants ou de médicaments. Et beaucoup d’autres ne marchaient que pour eux seuls… Finalement mafias et corporations marchandes n’étaient que deux facettes d’une même pièce : celle de la domination des puissants sur les autres, par la violence qu’elle soit directe ou générée par des situations de vie impossible. Les Pyros sont venus de « dehors ». Ils ont monté leur business tout seuls, comme des grands. Et même s’ils travaillent à partir de matériel antique qu’ils récupèrent à l’extérieur lors de leurs expéditions de chasse, ils ont acquis de réelles compétences techniques en matière d’armes. Ils les réparent et les améliorent. Mais surtout, ils savent très bien s’en servir. C’est un gang agressif vis à vis des autres mafias ou des corporations et qui ne craignent absolument pas la confrontation. Et même si la plupart des gens ici ne font pas parti de leur gang au sens propre du terme, pour les forces de l’ordre ça ne ferait pas de différence.
Et moi, je me retrouve au milieu de cette merde… « Woh ! » « HEY ! Zee’ ! Écoutes moi putain. » Je lève les yeux encore tout embués. Tash me regarde d’un air dur. « C’est pas ta faute. OK ? J’ai été blessée à la manif. Une grenade assourdissante m’a pété au raz du pied. J’ai pris le percuteur dans le mollet. La cheville c’est rien, une entorse à la con. Mais l’éclat s’est infecté. Alors écoutes bien. De toute façon les keufs auraient finis par trouver ma piste et ça les auraient mené ici. De toute façon tu m’entend ? » Je contemple ma pote, accoudée sur son matelas posé à même le sol. De grosses gouttes de sueur lui dégouline sur les tempes. Mais son regard est perçant. Avec sa crête de tresses noires décorées de perles qui lui tombe sur les épaules, sa veste en cuir de rat géant et ses piercings d’os aux arcades et aux pommettes, elle a l’air du vraie sauvageonne. Alors que c’est l’une des personnes que je connais avec le plus d’empathie. Celle capable de se jeter dans la pire embrouille pour sauver le cul d’un copain… Mais elle a raison. Grenade, la chienne, se met à grogner sourdement. Tash lui caresse affectueusement la tête. La fin de la manif a été très bordélique et c’est évident que plusieurs d’entre nous ont été suivis. Notre squat à nous, l’Orka, est situé juste sous la fosse. Les étages supérieurs sont situés à la surface et servent de vitrine. C’était un ancien centre des archives et un dédale de couloirs et de salles remplies d’étagères en métal occupait d’immenses sous-terrains. Probablement que c’est farcis de condés en train de perquiz’ en ce moment même… Pff. Trouverons quoi ? Les plans du potager sous néons qu’on voulait installer ??? L’ébauche de catapulte à caca ? Notre réserve de fromage de rat géant ? Qu’est ce qu’ils imaginent ? Qu’on est tous des trafiquants d’armes en bas ??? Notre trip c’est pas la guerre à nous ! C’est la vie ! Arriver à créer des conditions de vie décente et digne pour les migrants, pour les plus pauvres et pour les exclus de leur monde. Bon pas le moment d’y penser. « J’crois qu’t... » La porte est brutalement défoncée et tout se passe en une fraction de seconde. Grenade bondit. Rocket suit sa sœur. L’intrus fait feux. Grenade s’écroule, prise de convulsions violentes. Son frère est un mâle énorme. Il bondit sur sa proie. « NON ! Rocket non ! Attends. Bien. Sage... » C’est Tash. Pistolet braqué sur le flic, elle a les yeux baigné de larmes. Mais son visage est fermé et sa voix est ferme quoique faible quand elle dit : « T’as… Buté… Mon chien... » La keuf à l’air aussi perdue que nous. C’est une meuf, blondasse, plutôt mignonne d’ailleurs. Je la regarde la bouche béante. Puis je saisit fermement mon arme et la braque sur elle. Dans la mêlée elle à perdu son fusil. Rocket gronde de rage, le regard fixé sur la policière. Il a peur. Ça a toujours été un gros froussard. Un ÉNORME froussard même, de plus de soixante kilos. Et quand on a peur, on est dangereux… « Si tu bouge, je te butte poufiasse. » Tash se redresse péniblement. Elle sèche ses larmes d’un geste rageur sans quitté l’autre des yeux. Moi je sais pas quoi faire. Pas la première fois que je tiens un gun. Mais j’ai jamais eu à m’en servir pour me battre. Et j’aimerai autant que ça continue… J’ai jamais tué personne… Mais je lâcherai pas ma pote. « Tu vas nous laissé partir... et alors... » Le coup me prend par surprise. Tout se déroule ensuite comme dans un songe brumeux. Mon flingue vole dans la pièce et s’écrase contre un mur. Déjà la fille s’est jetée sur son arme alors que le tir de Tash la manque d’un cheveu. Rocket bondit. La policière le met en joue. Et la bouteille la cueille en plein sur l’oreille gauche. Derrière elle, mal assuré sur ses jambes flageolantes, l’œil rouge et légèrement vague, se tient le père de ma pote. Il m’était complètement sorti de la tête celui là… Il tient sa bouteille de vodka, désormais cassée et ruisselante à la main et de la bave coule au coin de sa bouche. Néanmoins c’est avec des gestes surs et presque experts qu’il s’accroupit sur sa victime et tâte son pouls. « Elle vie. » Pour la première fois de ma vie, je l’entend prononcer autre chose qu’une série d’insultes gargouillantes et c’est d’une voix ferme qu’il poursuis : « J’men occupe. J’ai fais un paquet de conneries dans ma vie. La plus grosse c’est d’vous avoir amenés ici, toi et tes frère. Ma Tashkîna, un jour peut être tu me pardonnera.» Alors il se penche doucement sur la fille et entame un chant étrange, diphonique et guttural. Il déchire un morceau de sa propre chemise et l’imbibe d’eau tiède qui reste dans une bassine métallique posée sur le petit poêle à débris qui sert à la fois de chauffage et de cuisinière. Et il entreprend d’éponger la tempe de l’autre. « Zee’. Je connaissais ton père tu sais. Nous venions de la même tribus. Dehors, c’est dangereux. Très dangereux. Mais… Dehors il y a des arbres. De la Terre. Et des rivières. Dehors il y a de la vie. Vraie. Dure et sauvage. Mais il y en a. Ici... ici il n’y a que la mort et le désespoir.» Puis il se remet à fredonner en nettoyant la plaie de sa victime, avec des gestes calmes. Pour la première fois je crois, je vois ses mains brunes qui exécutent des gestes précis, sans trembler. C'est alors que Grenade s'agite légèrement, puis lève une tête branlante. Son frère, tout heureux et fais des cabrioles ridicules, comme un chiot. Tash se rue en rampant sur sa chienne et la serre fort en li parlant doucement. Son père reprends : "Tashkîna... Tu sais, si j'en suis là, si nous en sommes ici aujourd'hui, c'est à cause d'une décision de ma part et d'un principe qui m'accompagne depuis toujours. Je refuse de donné la mort. Dans la tribu, j'étais guérisseur. Je soigne et j'aide la vie. Je ne tue pas. Mais ici, dans ce monde, tuer est naturel. C'est même parfois nécessaire. J'ai toujours refuser de travailler pour les pyros. Ou pour n'importe quel autre gang. Mais celà a rendu notre vie misérable en nous privant du comfort et de la protection de ces groupes..." Il fait une pause. Il paraît un peu moins saoul. Finalement il reprend la parole. "Mais celà vous a contrains vous, finalement. Toi et tes frères avez finalement fais ce que j'ai refuser de faire pour vous protéger. Je ne suis plus bon a grand chose et l'alcool me brouillait complètement les idées. Ton frère, Quezîn... est devenu tout ce que je ne voulais pas voir. Ce que je refusais d'accepter." Il baisse un instant la tête en fermant les yeux. Enfin il reprends : "Mon vieux quad est garé dehors. Partons. Emmenons là. Elle. Elle peut nous servir de monnaie d'échange. Démarrez le quad. Si je ne vous rattrape pas rapidement, partez. Je resterai avec tes frères, je ne peux pas les abandonner encore une fois... Restez en vie, mes filles..." Sur ce le vieux, plus fort qu'on ne le supposerai de prime abord, soulève la flic et la charge sur une épaule. Puis il nous fais signe de passer devant. Indécis, les chiens se décident finalement à nous suivre. Rocket couine tristement, inquiet. Grenade titube un peu mais elle semble reprendre ses forces peu à peu. Tash se jette sur son père et l’embrasse férocement. Puis sans un mot elle se redresse difficilement et me demande de l’aider. « Aide moi, me faudrait une béquille, putain ! » Avec une grimace de souffrance elle passe un bras sur mes épaules et s’appuie sur moi pour marcher. On sort sans se retourner. Dehors c’est toujours un chaos sans nom. Le combat s’est durci. La plupart des gens se terrent, terrifiés, ou se sont enfuis. Ne reste que les plus acharnés. Tous des pyros. Ces types sont habitués des escarmouches et des combats désespérés. Ils ont des protocoles d’évacuations bien rôdés, leur permettant de faire disparaître la majorité des preuves et du matériel pendant qu’une partie des hommes cherchent seulement à gagner du temps en désorganisant et en obligeant la flicaille ou les rivaux à se lancer sur de fausses pistes ou à batailler dur pour gagner du terrain. Certains partent en quad en entraînant une partie de leurs adversaires à l’écart. Ils ne sont que des leurres destinés à éparpiller les troupes. D’autres s’en vont chargés de matériel. Ceux qui restent ne compte pas survivre… Dans le bordel ambiant, on arrive à se faufiler sans trop de soucis jusqu’au vieux véhicule tout rouillé du vieux padre. C’est une épave… Tash enfourche la selle et s'assoie à l'arrière de l'engin. Une fois les deux chiens installés dans la remorque, j’enfonce la clé dans le néman et la machine démarre au quart de tour. L'ancien assoie la fille toujours inconsciente dans la remorque. Les deux chiens la reniflent, étonnés mais pas agressifs. Puis le vieil homme fonce vers les combats en nous criant : "Je vais chercher Quezîn, Deen et Cordeï ! Foncez, on prendra leurs quads !" Au moment ou je pousse les gaz à fond, une balle ricoche à deux pas derrière l’engin. Une décharge fuse à hauteur de ma tête alors même que j’accélère pour atteindre la pente glissante qui sert de piste de lancement. Enfin je m’accroche au guidon, Tash à ma taille alors que l’engin bondit dans les airs, volant bas, et je fonce ...
Messages : 378
Date d'inscription : 01/04/2022
Crédits : graenfur
Univers fétiche : Dystopique, fantastique, mythologie, etc.
Préférence de jeu : Les deux
Asma
Mar 12 Avr - 21:01
Julia Anderson
J'ai 36 ans - mais l'apparence de 10 ans de moins - et je vis à Anadyr, Ex-Russie, maintenant zone administrée par ANDRA-Corp. Dans la vie, je suis policière, pilote de drone d'une unité MAX-TAC et je m'en sors franchement très bien. Sinon, je suis célibataire et je le vis plutôt bien. Héritière désignée de la moitié du conglomérat ANDRA Corp, j'ai quitté Anchorage pour "m'acheter" une nouvelle vie ailleurs. En savoir plus.
Un feu d’artifice aveuglant éclata dans la tête de Julia, son champ de vision soudain envahi d’étoiles multicolores et éblouissantes, avant de faire place à une obscurité sournoise qui l’enveloppa dans son étreinte glacée et la fit sombrer. Tout était allé si vite. Dans son esprit, tout se mélangeait. Elle revoyait le chien, les larmes de la fille, sentit la violence du coup qu’on lui assénait. Mais qui ? A l’orée de sa conscience, une voix gutturale semblait psalmodier, lointaine, si lointaine.
Telle une lionne en cage, elle fait les cent pas, faisant claquer ses hauts talons aiguilles sur le sol de marbre. L’étole de fourrure qui entoure ses épaules virevolte à chaque demi-tour et bat l’air. De la fourrure synthétique. Il y a bien longtemps que plus personne n’a vu un vrai vison dans ces contrées. Elle écume. Face à elle, il la contemple en silence, de son regard d’onyx. Grand, brun, ténébreux avec sa peau plutôt mate et surtout ses cheveux d’ébène, il fait fondre ces dames à chaque battement de cils. Mais Julia ne le voit pas, pas vraiment. Le sang lui bat les tempes. Elle gronde d’une rage sourde.
- As-tu déjà entendu quelque chose de plus absurde ?
Un nouveau demi-tour.
- Nous, mariés. Surtout toi, marié, ajoute-t-elle avec un rire sarcastique. - Et pourquoi donc ?
Elle ne peut s’empêcher d’être surprise d’entendre sa voix. Lancée dans un long soliloque, elle en a presque oublié qu’il est là, qu’il l’entend et surtout, qu’il peut lui répondre. Son calme olympien l’horripile au plus au point. Pourquoi ne partage-t-il pas son indignation ?
- Tu veux que je pose la question à ta maîtresse d’hier soir ou à celle de la veille, lui assène-t-elle d’une voix venimeuse.
Il balaie la pique d’un simple geste de la main, comme il chasserait une mouche.
- Non mais sérieusement, penses-y. - J’y pense, figure-toi ; et tout bien considéré, je pense que sur ce point, ils ont raison : nous sommes faits l’un pour l’autre.
Julia se fige, abasourdie.
Un soubresaut. Un vrombissement. Elle sentait qu’on la transportait, mais pour l’emmener où ? Elle avait l’impression d’être en apesanteur, flottant dans les limbes. Elle tenta d’ouvrir un œil. En vain. Elle se laissa happer dans les méandres de son subconscient.
Sa voix a quelque chose d’hypnotique. L’onyx de ses yeux semble s’illuminer. A mesure qu’il parle, il s’approche d’elle, s’arrêtant à quelques centimètres à peine. À cette distance, elle peut sentir le parfum subtil et suave de son après-rasage.
- Ces vieux débris se nourrissent d’illusions d’un autre temps. Ils pêchent par leur manque d’ambition et de vision, continue-t-il. J’ai cette vision.
Sans cesser de parler, Ivan passe une main autour de ses reins et l’attire à lui. Là, dans son étreinte, elle a confusément l’impression d’être une fragile brindille qu’il pourrait briser entre ses doigts. Ses bras qui pourraient être là pour la protéger. Ses bras qui pourraient surtout être là pour l’asphyxier. Elle sent son haleine chaude et la proximité de ses lèvres contre son cou, et un long frisson la traverse de part en part.
- Avec toi à mes côtés... nous pourrions nous débarrasser de ses imbéciles de PolyTech une bonne fois pour toutes. J’ai des projets, tu sais, de grands projets.
Julia sentit un contact humide contre son front et sa tempe endolorie. Une sensation de froid s’insinua sous sa peau et jusque dans ses os. La régulation thermique de sa combinaison n’était pas faite pour supporter des variations de température trop importantes. En ville, elle n’avait généralement pas trop de souci. Réchauffée par les miasmes qu’elle exhalait et un climat océanique qui maintenait le glacial froid continental à distance, Anadyr ne subissait qu’assez peu de variations, et encore plus rarement de changements extrêmes. Par contre, en dehors de la ville, c’était autre chose. Etait-elle en dehors de la ville ? Etait-ce cela qu’elle ressentait ? Où ? Elle tenta de nouveau d’ouvrir un œil. Au lieu de cela, Julia sombra.
La gardant fermement dans son emprise, il la pousse contre le bureau. Déséquilibrée, elle y prend appui et sent le doux contact du papier contre ses doigts. Qui a encore du papier sur son bureau ? Du coin de l’œil, elle entraperçoit une multitude de feuilles bleues couvertes de schémas à l’encre blanche. Des gribouillis incompréhensibles. Une forme torique qui lui est vaguement familière. Un seul mot, inscrit dans un coin de la feuille, reste gravé dans son esprit : « Héphaïstos ».
- Nous serons les maîtres absolus du soleil et de sa puissance. Tu verras, c’est grandiose.
Telle un animal pris dans un piège, elle a le souffle court et sa respiration s’accélère. Il se méprend sur son émotion, et se fait plus pressant contre elle. Elle passe un bras autour de sa nuque, comme pour l’attirer à lui. De son autre main, elle tire d’un repli de son étole de fourrure une courte lame de type push-dagger, coincée entre le majeur et l’annulaire de sa main droite, qu’elle presse impitoyablement contre son cou.
- Fais ce que tu veux. Sans. Moi.
Une odeur dont son spectre olfactif n’avait plus qu’un souvenir lointain lui remplit les narines. Il lui vint une toute autre image. Une image d’elle, enfant, dans la serre de la demeure familiale, les mains plongées dans l’humus. Une vague odeur de térébenthine. Une note de canneberge, et surtout l’arôme singulier de la tourbe. Son nez ne retrouvait plus rien du bouquet putride et astringent mais familier de la ville : huile de vidange, relents d’égouts, acide de batterie, sueur. Elle était dans la taïga. Inspirer. Expirer. Ouvrir les yeux, lentement, très lentement. Un œil, puis l’autre. Réprimer la vague de nausée qui menaçait de la submerger. Souffler, lentement. Garder les deux yeux ouverts. Mais quel était donc cet endroit ? Son rythme cardiaque s’accéléra. Inspirer, expirer, rester calme. Jusqu’à preuve du contraire, quels qu’ils soient, ses ravisseurs ignoraient qui elle était. Qui elle était vraiment. Pas uniquement la simple flic, faisant son boulot, et qui s’était faite prendre au piège comme une bleusaille. Comme pour se rassurer, Julia se rappela que ses collègues, eux, par contre, savaient qui elle était. Ils la chercheraient, parce qu’on n’abandonnait pas l’un des siens. Et si cela ne suffisait pas, passé un délai raisonnable, elle ne doutait pas que sa famille serait avisée. Cela faisait un moment maintenant qu’elle soupçonnait Bergman de rendre des comptes la concernant à son père. Non qu’il soit un traître, mais elle était bien placée pour savoir qu’Howard Anderson pouvait être un homme très persuasif. Julia était sa seule héritière, et elle savait qu’il était hors de question qu’on la laisse disparaître véritablement dans la nature.
La jeune femme aux cheveux d’albâtre était en train de se redresser difficilement, lorsque le vieil homme pénétra dans la pièce. Son regard semblait à moitié dans ce monde, à moitié dans l’autre. Parfois vitreux, comme absent, à d’autres instants d’une incroyable clairvoyance, qui tranchait avec le visage de cet être ravagé.
- Qui êtes-vous ?
Silence.
- Qu’est-ce que vous me voulez ?
Regardant autour d’elle, la policière constata qu’elle avait été délestée de ses équipements tactiques. Ses armes, son gilet, ses gants. Elle réalisa néanmoins qu’ils n’avaient pas pensé à la fouiller minutieusement. Elle sentit le contact rassurant de la lame courte cachée entre ses reins. Faisant du regard le tour de l’étrange pièce circulaire dans laquelle elle se trouvait, Julia avisa une espèce de pull en laine informe et incolore au sol. Grelottant, elle s’en empara et l’enfila sans s’arrêter sur le fait qu’il en dégageait une effroyable odeur de bouc. Une épaisse paire de chaussettes de la même laine étaient posées méticuleusement à côté d’une paire de bottes fourrées de sa pointure, ainsi qu'une paire de mitaines. La Corpo jeta un coup d’œil en coin à l’ancien. Celui-ci la contemplait sans piper mot. Lorsqu’elle eût fini de troquer ses brodequins de ville, comme s’il guettait le bon moment, le vieil homme s’approcha d’elle avec un bol rempli d’un liquide clair et ce qui ressemblait à un linge à la propreté quelque peu douteuse. Semblant comprendre ses intentions, elle porta la main à sa tempe. Sur ses doigts, quelques petites traces de sang séché. Sur sa tempe, elle le savait sans même avoir à le vérifier dans un miroir, la plaie devait maintenant être nettement fermée, ne laissant plus qu’une fine marque blanche qui ne tarderait pas non plus à disparaître à son plus. Pour cela, elle devait remercier les nano-robots présents dans son organisme qui lui assuraient un renouvellement cellulaire très accéléré. Elle savait néanmoins pertinemment que cette technologie était loin d’être accessible à tous, et espérait au fond d’elle-même que l’ancien ne le relèverait pas.
Il fallait qu’elle sache ce qu’ils attendaient d’elle.
- Dis-moi, l’Ancien, dit-elle avec une forme de déférence un peu désuète, comme celle due à ses aînés, elle est où, la fille aux cheveux rouges ? Et l’autre, qui ne tenait pas debout ?
Pour toute réponse, le vieil homme lui indiqua l’ouverture par laquelle il était entré. Julia s’avança, poussa lentement la porte de bois ouvragé, et sortit.
Le « campement » était installé dans une clairière à l’orée d’une imposante forêt de mélèzes. Plusieurs yourtes, faites de bric et de broc, étaient disposées sans ordre particulier. Des personnes s’affairaient tout autour, sans s’intéresser le moindrement du monde à elle. Assis sur ses pattes arrières, le molosse la fixait du regard, la tête penchée d’un côté, visiblement curieux. Enlevant l’une des mitaines fraîchement enfilée, Julia tendit doucement la main vers l’animal, s’arrêtant à une distance raisonnable, lui laissant la possibilité de venir chercher son contact s’il le souhaitait. Le chien redressa la tête et retroussa les babines, révélant une rangée de dents acérées.
- Je suis désolée, mon gros, tu dois bien te douter que ça n’était rien de personnel.
L’air de nouveau curieux, la bête tendit le museau en avant, semblant humer l’air.
- J’espère juste que quelqu’un pensera à aller sortir Kodiak, souffla-t-elle en ne s’adressant à personne en particulier, pensant à son chien qui l’attendait à l’appartement. Il va devenir dingue, à la longue.
- Tu saurais me dire, toi, où on est et quand je pourrai rentrer chez moi ?
Messages : 39
Date d'inscription : 18/03/2022
Crédits : Image chopée sur internet
Univers fétiche : Fantasy - SF - Cyberpunk - Biopunk - Sauvage
Préférence de jeu : Les deux
3ko
Mer 13 Avr - 13:40
Zee'
J'ai 28 ans et je vis à Anadyr, Ex-russie, maintenant zone administrée par ANDRA-Corp.. Dans la vie, je suis squateuse Anar' et je m'en sors pas comme j'voudrais. Sinon, je suis seule, avec mon frère et je le vis plutôt bien. Habite avec son frangin moitié cyborg au squat l'"Orka". Active,rebelle, lesbienne et impulsive, Zee' est aussi au fond très peu sûr d'elle. Elle masque ça sous des airs de grande gueule. Elle participe souvent aux actions menée par les militant du coin et est très probablement recherchée par la police. Métis russe-koriak, elle est née et à grandit dans le dédale, étage sous terrain de la cité, livré aux gangs.
Assise près du feu de camp, je suis plongée dans de sombres pensées. Les flammes crépitent, chaudes et dansantes. De grosses branches de mélèzes brûlent en dégageant leur parfum sauvage et enivrant. Odeurs de résines, de mousses… La terre que je touche de la main droite est meuble et humide, loin de la consistance dure et poussiéreuse de celle du Dédale. Les fragrances des terres extérieurs nous arrivent en bouquets féroces, portées par les rafales vives et glacées… La taïga et la toundra. Univers de mes ancêtres, côté paternel… Je connais rien de lui. Ma mère n’en parlait jamais, avant que les services de « santé cyberpsychologique » ne la fasse interner en cure fermée… Il est mort, parait-il, l’année de mes trois ans. Mon frère était juste né… Où peut-il être ? Tash interrompt brusquement le file de mes pensées en laissant s’écrouler un fagot de bois sec sur le brasier incandescent, déclenchant un festival d’étincelles et de crépitements joyeux. Des flammes vives et enthousiastes se jettent à l’assaut des branches et réchauffent l’atmosphère ambiante, plongeant le corps dans un étrange paradoxe ou le dos glacé encaisse les bourrasques chargées de quelques petits flocons tandis que la face cuit littéralement dans l’aura du foyer. La jeune femme aux airs de sauvageonne paraît tout à fait à sa place dans ce décor bizarrement apaisant, qui remue des sensations enfouies en moi, effluves d’enfance oubliée. Elle est appuyée sur une béquille en bois rudimentaire. Je la regarde. Elle a passé sa petite enfance au sein de la tribu Koriak d’Anadyr. Répartie en plusieurs camps autour de la villes, tout comme des campement de Tchoutchks et d’Inuits ou de Russes. Tous revenu dans une étrange forme tribal forgée et réadaptée au sein d’un contexte extérieur revenu à l’état sauvage et primitif d’autrefois. Ces tribus cohabitent dans une paix fragile, théoriquement indépendantes des gangs qui eux recrutent au sein de toutes les tribus. Mon père et sa tribu se sont installé autour d’Anadyr il y a environ trente ans. A cette époque l’ANDRA était en train d’installer et de sécuriser les grandes serres, les immenses champs et parcs d’élevage intensif, ainsi que les grosses centrales de production d’énergie, les exploitations de minéraux, de métaux, les grosses industries, bref, tout ce dont ils avaient besoin pour assurer la continuation d’un monde ultra-libéral réservé à une fine portion du genre humain. Un monde semi-virtuel, isolé et sourd à tout ce qui l’entoure, tout ce qui subit les conséquences effroyables résultant de la consommation démesurée engendrées par ces villes… Ces « fermes » militarisées forment aujourd’hui un anneau d’une centaines de kilomètres de rayon autour d’Anadyr, composé de grand complexes sécuriser par des troupes lourdement armées pour défendre les lieux contre les fréquents raids organisés par les terribles hordes armées parcourant le vaste monde sauvage. Entre elles et la ville, des terres incultes. Elles rappellent vaguement les forêts sauvages de la sibérie orientale et servent d’écran décourageant pour ceux qui voudraient quitter la ville, ou atteindre les « fermes ». Mais ce n’est pas l’« extérieur » pour autant. Pas encore… C’est le domaine des tribus qui entourent la cité, qui ont fuis les attaques incessantes des hordes. D’autres sont toujours dehors... Tash me pousse gentiment du coude. Elle s’est assise, difficilement, à côté de moi. « Dis. Je repensais à… ce qui s’est passé sur la route. Avec mon frère… » Je lui jette un regard. Elle à les yeux perdu au loin, songeuse. « Tu sais, j’ai rien contre Quezîn, dans’lfond. Ch’u désolée pour Cordeï et Deen… » Les deux jumeaux ont été abattus lors de l’échauffourée. Les flics ne s’attendaient pas du tout à une telle résistance et avaient fait appel à de nombreux renforts. Mais de leur côté les pyros aveint également rappelé d’autres équipes pour couvrir la retraite et avaient fuis mais de manière calculée et méthodique. C’étaient un gang de l’extérieur. Puissant et habitué au combat. Ils avaient apparus dans le Dédale il y a environ vingt ans, avaient pris brutalement le contrôle d’une grosse partie des gangs affiliés aux corpos, trafiquants de cyber-drogues, de chimie, d’armes, etc. et refusaient systématiquement tout dialogues avec les corpos. Néanmoins jusqu’ici rien de bien sérieux n’avait opposé ceux d’en Haut, à ceux d’en Bas. Chacun gérait son territoire plus ou moins de façon autonome. Du coup, cette descente de la police dans les bas-fond avait remuer une sacrée merde, et déclencher des choses terrible… « Tiens écoutes ! » me dis Tash. Elle me tends une paire de boucles d’oreille à résonance osseuse, conduisant le son par le biais des cartilages de l’oreille jusqu’aux tympans. Nourris à l’énergie bioélectrique du porteur, ces équipements sont courants aujourd’hui. « C’est un vieux son. Cordeï était doué en informatique. Il passait un temps fou à fouiller en quête de vieux sons enregistrés sur le VR, le réseau de Virtuel-Réalité. Il kiffait la musique. C’est des machins qu’il voulait que j’écoutes… »
Je la voie qui ferme un moment les yeux alors que ses pommettes se crispent. Mais elle rouvre les yeux et me regarde. Son regard est sec et direct. « C’est cool. Le son. J’aime bien. » Elle me sourit. « Ouais. Moi aussi j’aime bien. Tiens tends ton poignet. Je te les file si tu veux. Y a un album entier avec. » « De ouf ! » Je lui tends mon bras métallique et elle y appose l’« antenne » de sa ceinture pour effectuer le transfert des fichiers. Je regarde d’un coup d’oeil les fichiers : Al’Tarba feat Bianca Cassady. Et un album d’Al’Tarba et Senbeï. Cool. Du vieux son du ghetto, punk hip-hop. Et un autre truc…
HEPHAÏSTOS 54°19′15″ Nord 110°18′23″ Est
J’ouvre le dossier en tapotant sur l’écran tactile de mon bras, rudimentaire. Apparaissent d’étranges symboles, incompréhensibles, et des chiffres. « C’est quoi ça ? » « Oh. J’sais pas trop. Quezîn m’a demander de garder ça. Efface le. C’est un truc du gang. » Je galère avec ce putain d’écran, et au moment où j’allais réussir la manip’ pour virer ce machin j’entends Rocket aboyer. En une fraction de seconde on est debout, tournées vers l’entrée de la yourte qu’on nous a allouée à nous et au père de Tash. Rocket est debout lui aussi, ses deux pattes appuyées sur les épaules de la keuf. Il est en train de lécher consciencieusement le visage de notre « prisonnière ». « Rocket ! Descend ! Putain c’est relou merde, t’es plus un bébé ! » Tash est vénère… C’est vrai qu’a trois ans, son chien semble encore réagir comme un gros bébé pataud. Sauf que quand on pèse soixante kilos, l’effet exercé sur les victimes de son affection débordante et baveuse déclenche par moment des réactions excédées. Néanmoins la jeune femme ne paraît pas choquée outre mesure. Un peu surprise mais pas dégoûtée. Dans sa grosse chemise informe de laine, vêtue avec des sous-vêtements et des défroques dépareillée abandonnée par la tribu, elle avait une allure comique, qui contrastait férocement avec son regard glacé et son air pincé… Ses mèches se révélaient blanches, finalement. Nos regards se croisent brièvement. Elle est suivie du vieux qui ressort en se baissant de la yourte. Il est vêtu de vêtements neufs mais traditionnel Koriak. Il m’impressionne. Depuis que je le connais, depuis ma petite enfance, jamais je ne l’ai vu sobre. Mais depuis deux jours qu’on est ici, je ne l’ai pas vu boire une seule goutte d’alcool. La transpiration goutte de son front et gèle sur ses sourcils encroûtés de glace. Y doit en chier… Mais il tient. Il me sourit. Drôle de grimace sur ce visage ravagé par une vie d’une dureté extrême couplée à vingt ans d’alcoolisme poussé… Mais étrangement ce regard me rassure et me réchauffe le cœur, inexplicablement. Alors que parvenant enfin à se débarrasser du chien, la jeune femme s’apprête à dire quelque chose, Quezîn débarque avec sa délicatesse coutumière. « Bordel, y cassent les couilles les An’ienss de la tribu! » Il donne un coup de pied dans une bûche qui dépasse du foyer, provoquant une pluie d’étincelles. Puis il s’adresse à Tash : « File ton antenne. Faut que j’récupère les fichiers que je t’ai passé. C’est la grosse merde. Le « Khan » veut me voir.» Le grand frère de ma pote est le stéréotype même du guerrier. Large, musclé, tête rasée et tatouages de Dragons et de serpents jusque sur son visage. Pantalon militaire vieux et élimé et espèce de pull à capuche en feutre grossier. En bandoulière, toujours, sa vieil kalash trafiquée, et sa lame large à la ceinture. C’est un dur. Jamais il s’est montré doux avec moi. Depuis toujours. Mais petite il nous défendait tous, Tash et les jumeaux, mon frère et moi. Contre les autres gamins, et même contre les adultes. Il était toujours là pour les siens. Aujourd’hui il endosse de grosses responsabilités au sein du gang des pyros. C’est l’un des proche du « Khan ». Le chef du gang. L’actuel maître des trafiquants n’était qu’un intérimaire, mis en place quand le fondateur, le Grand Khan, surnommé Ghengis, avait été capturé ou livré dans d’obscur circonstance à l’ANDRA et emprisonné à perpétuité, il y avait une vingtaine d’année de ça… Malgré l’époque ancienne de sa mystérieuse capture, il exerçait toujours une inexplicable défférence chez de nombreux pyros. Il avait des idées… De grands projets pour les tribus… Quezîn se tourne vers la keuf : « Toi. Va falloir qu’on cause ma belle. » D’autre types, dont deux meufs, armés et tatoués, s’approchent calmement, formant un cercle autour de nous tous. « Tu vois quand j’ai rejoins ma sœur avant d’arriver ici, on s’est fait attaquer par des troupes de l’ANDRA. Pas des condés de merdes, nan. Des gars chauds… Lourdement équipés et en combi militaire. T’vois, l’genre qu’on croise autour des « fermes » quoi… Des durs...» Il fait une pause en fixant durement la fille aux cheveux immaculés. « L’ANDRA et la POLYTECH sont engagés dans une lutte officieuse, mais féroce. Le truc c’est que nous, on est tombé sur un truc zarb’ t’as vu ? Un truc chelou pour lequel ils se battent comme des chiens pour un os. Mais qu’à l’air de défoncer sa mère…Sauf qu’eux, ils savent pas que c’est nous qui l’avons. Z’en sont encore à mener l’enquête… C’est qu’on est tombé dessus par pur hasard nous. Eh pis bon. Vos sous-fifres, là, leurs gangs de branleuses, nous ça nous fait bien marrer tu vois. Connaissent pas l’extérieur eux. Savent pas. Et vous, les flics, c’est pas vôt’truc le Dédale, hein ? Alors dehors, n’en parlons pas. L’enquête piétine. Sûr qu’ils doivent commencer à se douter du truc.» Il éclate d’un rire bref, tranchant. Je vois bien qu’il est tendu. Plus que d’hab je veux dire. La mort de Deen et Cordeï lors de l’embuscade subie sur le chemin pour venir ici a laissé des traces sur le solide guerrier. Il a l’air un peu hagard. Perdu. Mais sous ses airs de grosse brute, c’est loin d’être quelqu’un de stupide. Il est toujours subvenu, presque à lui seul, au besoin de sa famille, et de la mienne quand ils ont pris ma mère. Et il a toujours su se remettre des pires situations. C’est un survivant. Il reprends la parole : « Mais là c’est pas ça. Pas encore. On a pas que des sauvages chez nous. T’vois. Y a des types qui savent pirater vos réseaux. On sait que vous savez pas encore, pour ce truc d’Héphaïstos. Les « légionnaires » là. Z’auraient pas été jusque là pour un simple troufion… Tu pige ? Alors c’est simple. Répond moi franchement. » Il attrape le menton de la jeune fille dans sa grosse main calleuse, brunies par les intempéries et le grand air et plante son regard dans ses yeux. Sa face anguleuse, ronde et barrée par de larges cicatrices est à moins d’une main de celle de la fille. Une fine moustache noir lui donne un air de cavalier mongol ancien, comme sur les images qu’on voit sur le réseau. Ou d’amérindien féroce. Pas de haine cependant. Mais de la détermination, sombre. Et de la rage. Mais aussi une volonté ferme, aiguisée par un esprit vif. Autour le cercle se ressert un peu et quelques uns pointent leurs armes sur la flic. « T’es qui ? »
Messages : 378
Date d'inscription : 01/04/2022
Crédits : graenfur
Univers fétiche : Dystopique, fantastique, mythologie, etc.
Préférence de jeu : Les deux
Asma
Mer 13 Avr - 21:48
Julia Anderson
J'ai 36 ans - mais l'apparence de 10 ans de moins - et je vis à Anadyr, Ex-Russie, maintenant zone administrée par ANDRA-Corp. Dans la vie, je suis policière, pilote de drone d'une unité MAX-TAC et je m'en sors franchement très bien. Sinon, je suis célibataire et je le vis plutôt bien. Héritière désignée de la moitié du conglomérat ANDRA Corp, j'ai quitté Anchorage pour "m'acheter" une nouvelle vie ailleurs. En savoir plus.
Le chien, les pattes posées sur ses épaules, était probablement son meilleur allié en ces lieux. L’ancien pouvait peut-être avoir son assentiment. Pour le reste, il semblait qu’elle ne puisse compter sur personne. Au regard que les uns et les autres lui jetaient, cela au moins, c’était très clair. La brune à l’air de sauvageonne hurla sur le chien, rapidement remplacée par une espèce d’armoire à glace qui lui aboya dessus. L’ambiance était intéressante, dans les parages.... mais les parages d’où ? Profitant de ce qu’on le prêtait pas attention, Julia laissa son regard balayer le paysage environnant. Une clairière, de la forêt, des yourtes. Rien qui ne lui indiquait particulièrement où ils se trouvaient. Quoique. Il lui avait semblé entendre qu’il y avait quelques réserves « indigènes » - ou plutôt indigentes – situées entre la ville et l’Arc, cet anneau de complexes militarisés qui encerclaient de loin Anadyr. Se pouvait-il qu’ils soient dans l’une de ces réserves ? Aucun des gens qui l’entouraient ne ressemblaient à autre chose qu’à des citadins des bas-fonds de la ville. Le grand gaillard qui menait visiblement la conversation ressemblait même à un gus qu’elle aurait fait arrêter. Pas impossible, vu son allure et les tatouages qui couvraient chaque centimètre de sa peau, qu’il soit déjà passé plus d’une fois par la case prison. Le répit fut de courte durée pour Julia. Elle devint de nouveau le centre d’attention. Visage fermé, elle laissa le golgoth s’exprimer, sans l’interrompre dans sa diatribe. Ce fût ainsi qu’elle appris que l’une des deux jeunes femmes qui l’avaient ramenée était sa sœur. À bien tous les regarder, elle misait plutôt sur la brune. Il évoqua ensuite ANDRA et PolyTech, faisant intérieurement sourire la jeune femme. A priori, personne n’avait encore fait le lien entre ANDRA Corp. et elle. C’était là un motif de soulagement. Par contre, le reste de son discours était pour elle tout bonnement incompréhensible. Un truc zarb’ ? Que pouvait-il bien entendre par là ? Dans un accès de délire paranoïaque, il laissait entendre que la police avait des liens avec un gang ? À quoi cela rimerait-il ? Leur fond de commerce consistait justement à débarrasser la racaille et la vermine des rues d’Anadyr. Que ferait la police à fricoter avec un gang ?
Le sang de Julia ne fit qu’un tour lorsqu’elle l’entendit prononcer le nom « HéphaÏstos ». Son estomac lui remonta au fond de la gorge. Elle resta impassible.
Au fond d’elle-même, un barrage céda et un torrent de souvenir et d’émotions se déchaîna. Elle pouvait encore sentir les mains d’Ivan qui parcouraient son corps, le contact du papier sous ses doigts, ces plans éparpillés sur le bureau. Ces fichus plans. Plus personne n’utilisait de papier de nos jours. Il n’y avait qu’une seule raison de garder du papier : ne pas vouloir risquer que les informations ne soient partagés sur les réseaux.
Elle racla ses méninges, se concentrant de toutes ses forces. Héphaïstos. Le mot était toujours aussi clair dans son esprit que si elle l’avait lu la veille. Mais qu’y avait-il eu d’autre sur ces satanés documents ? Cette forme. Cette forme qui lui parlait.
Lorsqu’il lui saisit le menton, la sortant momentanément de sa rêverie, la jeune femme plongea son regard bleu iceberg droit dans celui de l’homme qui lui faisait face.
- Ton pire cauchemar, mon chou.
Le trait d’esprit ne sembla pas du goût du tas de muscle, comme en témoigna le violent revers qu’il lui asséna. Une longue marque rouge apparut sur sa joue, pour disparaître à peine quelques instants plus tard, comme une plage après que le ressac a emporté le château de sable. Les nanorobots faisaient bien leur travail de régénération cellulaire. Sa réplique avait au moins eu le mérite de faire sourire en coin la rouquine, et ricaner ouvertement l’ancien qui l’avait soignée. Elle ne le connaissait ni d’Eve ni d’Adam, mais commençant à se trouver un étrange attachement pour ce personnage que la vie avait malmené. En silence, Julia continua à creuser intérieurement. Bien des années auparavant, alors qu’elle n’était encore une adolescente, l’un de ses tuteurs privés, qui lui enseignait les mathématiques, la physique et la philosophie, l’avait poussée dans l’étude du nucléaire et de ses réactions. Après tout, elle était l’héritière d’un empire politico-industriel au cœur duquel se trouvait l’atome.
« Maîtriser sur terre la fusion de noyaux légers donnerait accès à des ressources énergétiques dans des quantités jamais rencontrées jusqu’alors par l’espèce humaine ». On produirait de l’électricité, et beaucoup moins de déchets radioactifs que ce que l’on obtenait par les procédés de fission. Néanmoins, une énergie illimitée était contraire aux principes économiques les plus élémentaires : ce qui n’était pas rare devenait courant. Ce qui était courant ne coûtait pas cher, et n’avait donc aucune rentabilité économique. Ils n’étaient ni mécènes, ni philanthropes, chez ANDRA. Les projets liés à la fusion nucléaire avaient fini par être abandonnés, par manque de rentabilité. Les centrales à fission nucléaire étaient redoutablement efficaces. On avait vite conclu qu’il s’agissait sur le plan économique de la meilleure solution. Et sans les protestations des lobbys environnementaux et les atermoiements de politiciens sans courage, nombreuses centrales de ce type avaient été développées. Un point d’honneur avait été mis sur le renforcement de la sûreté des installations, en particulier contre les actes malveillants. Elle défiait quiconque de venir maintenant essayer de s’en prendre à une centrale nucléaire comme ils le faisaient 70 ans plus tôt. Bien mal leur en prendrait. En tout état de cause, les équilibres mondiaux avaient changé, les superpuissances étaient devenues des entités économiques. Bref, on avait laissé tomber le financement de la recherche pour la recherche. Du moins, c’était ce qu’elle en savait. Et pourtant, cette forme lui était si familière.
« Nous serons les maîtres absolus du soleil et de sa puissance. »
« Chauffés à 100 000 000°C, les noyaux de deutérium et de tritium (isotopes de l'hydrogène) se mettent à fusionner, ce qui dégage une énorme énergie. ».
Une structure torique. Le tokamak avait été abandonné quelques dizaines d’années auparavant, ça ne pouvait pas être cela. Mais il était possible que... un stellarator. S’il y avait bien une chose qu’Ivan Ramazanov n’était pas, c’était un être altruiste. Offrir de l’énergie à bas coût à toute la société, ce n’était pas le genre de rêve qui le faisait vibrer. Par contre, rechercher les applications militaires de ses inventions faisait partie des passe-temps de l’intéressé. Dans quel projet dingue s’était-il lancé ? Etait-ce cela, sa solution miracle pour reprendre le contrôle sur ANDRA. Mais qu’est-ce que c’était que cette affaire de gangs ? Les questions se bousculaient par dizaines dans l’esprit de Julia. Elle fixa le caïd d’un air déterminé.
- Commence par me dire tout ce que tu sais d’Héphaïstos.
Une pause. Son regard s’adoucit d’un iota.
- S’il te plaît.
Alors qu’elle s’attendait à un nouvel acte de violence à son encontre, la grosse brute, qui n’était pas si écervelée que cela, lui expliqua. Autour d’eux, les armes se baissèrent, même si la tension du cercle restait présente. Il lui expliqua plus précisément ce qu’ils avaient trouvé et dans quels circonstances. Il lui raconta la façon dont ils s’étaient infiltrés dans des locaux dans lesquels ils n’auraient rien dû avoir à faire, et comment ils étaient tombés sur ces fichiers. Un dossier plein. Tandis qu’il relatait son histoire, Julia s’avança et vint s’installer auprès du feu. On s’écarta d’abord pour la laisser passer. Puis peu à peu, les uns et les autres en firent de même. Contemplant les flammes, le regard dans le vague, elle écouta attentivement.
- Montre-moi ce dossier.
Mécaniquement, elle tendit le bras pour qu’il réalise le transfert vers son propre bracelet-moniteur, avant de se rappeler qu’il avait fini entre les dents d’un chien et qu’elle n’en avait plus. Ce fut alors qu’elle avisa la rouquine, assise à ses côtés. Sans cérémonie mais non sans respect, concentrée sur une idée fixe, et sans se poser la question de savoir s’ils s’étaient partagé le fichier, elle saisit le bras sur lequel se trouvait le moniteur tactile et commença à pianoter sur l’écran. Musique, musique, fichiers dont elle ne voulait pas connaître le contenu. Héphaïstos. Coup de chance.
Elle ouvrit un fichier. Puis un autre. Puis un autre. À mesure qu’elle avançait dans ses lectures, son esprit rassemblait les pièces du puzzle, et elle était de plus en plus abasourdie.
- Le fils de....
Sans le réaliser, tout occupée qu’elle était à sa tâche, Julia tenait le moniteur et le bras qui le portait comme une sorte de graal. Elle tenait fermement le bras, mais sans pour autant le serrer fort, comme pour empêcher sa propriétaire de le retirer, tandis que ses doigts pianotaient délicatement sur l’écran. Elle s’interrompit dans sa lecture. Le masque de son apparente indifférence se brisa, et sans lâcher le bras, qui lui servait en cet instant de support pour l’empêcher de vaciller, elle leva un regard désemparé vers celui qui semblait être le chef de ce petit groupe.
- Ce que vous avez entre les mains, c’est possiblement la façon dont s’écrira la fin du monde tel que le connaissons.
Messages : 39
Date d'inscription : 18/03/2022
Crédits : Image chopée sur internet
Univers fétiche : Fantasy - SF - Cyberpunk - Biopunk - Sauvage
Préférence de jeu : Les deux
3ko
Jeu 14 Avr - 12:43
Zee'
J'ai 28 ans et je vis à Anadyr, Ex-russie, maintenant zone administrée par ANDRA-Corp.. Dans la vie, je suis squateuse Anar' et je m'en sors pas comme j'voudrais. Sinon, je suis seule, avec mon frère et je le vis plutôt bien.. Habite avec son frangin moitié cyborg au squat l'"Orka" situé sous le niveau zero. Active,rebelle, lesbienne et impulsive, Zee' est aussi au fond très peu sûr d'elle. Elle masque ça sous des airs de grande gueule. Elle participe souvent aux actions menée par les militant du coin et est très probablement recherchée par la police.
« Ton pire cauchemar mon chou. » Aïe… Elle a du cran. Faut le dire. Quezîn est pas un tendre. J’entends l’ancien qui rit de bon coeur. Quezîn a moins d’humour. Il lui flanque une taloche, maîtrisée mais puissante. Pas mal de gens seraient sonnés. Elle, non. Elle encaisse sans trop broncher. La marque sur sa joue disparaît en seulement quelques secondes… Autour le campement commence à s’agiter. C’est le matin. Le jour est levé et certains partent chasser les rats géants, accompagnés de quelques chiens-loups très différents des molosses de Deen. Rocket et Grenade avaient été récupéré par l’un des jumeaux lors d’un raid dans les quartiers riches. C’était des chiots qu’il avait trouver dans une boutique animalière, misérablement enfermés dans une cage microscopique. Avec leurs bouilles toutes rondes et tristes, leurs yeux croutés et injectés de sang. Deen était artificier… Mais il avait toujours eu le coeur fragile. Alors qu’à la base il cherchait simplement un accès aux canalisations d’air, il était ressorti de la boutique assoupie pour la nuit avec les deux bébés au creux des bras. Et avec l’extrême poésie qui le caractérisait, il les avait nommés « Rocket et Grenade »… Autour des gens commencent à remarquer notre cercle. Certains s’approchent, curieux. La fille aux cheveux blancs semble un moment plongée dans ses réflexions. Enfin elle regarde Quezîn d’un air impérieux: « Commence par me dire tout ce que tu sais d’Hephaïstos ». Puis ses yeux s’adoucissent, presque imperceptiblement alors qu’elle reprends d’une voix moins agressive : « S’il te plaît ». Je vois le frangin de Tash serrer un instant les mâchoires avant de finalement acquiescer. Il fait un geste discret et la plupart des Pyros baissent leurs armes. Le nombre de curieux augmentent et on commence à être une bonne quarantaine autour du feu. A part la dizaine de Pyros, les gens ici sont des Koriaks qui n’ont pas grand-chose, voire rien à voir avec le Gang sinon que la plupart ont des amis ou des parents qui font parti soit de ce gang ou d’un autre. Quezîn explique alors : « Hum. Je vais te dire. » Il prends un moment pour rassembler ses idées. « As tu déjà été à l’extérieur ? » finit il par demander en regardant franchement et sans traces de colère ou de mépris la jeune femme policière. Celle ci, surprise, ne répond pas. Probablement pas. Très peu de gens des Cités y vont. Même parmi les gens des tribus, tous ont fui l’extérieur et rares sont ceux qui souhaitent y retourner. Seul les pyros se faufilent entre les mailles des militaires corpos et maintiennent un contact constant avec le Dehors. Moi je n’y suis jamais allée. Tash non plus. Cordeï et Deen en parlait avec effroi. « Dehors » fait le grand frère de ma pote, « Il y a d’immenses forêts. Certaines, jeunes sont si denses qu’on ne peut y pénétrer sans conaitre les sentiers, sous peine de s’y égarer définitivement. D’autres, anciennes, abritent des créatures et êtres dont on ne sais pas grand choses, sauf qu’ils ne tolèrent pas d’invités… Il y a aussi les montagnes, infranchissables et gelées. Les panthères mutantes aux crocs venimeux. Le froid. Qui te mord plus férocement et plus cruelement qu’aucun animal. J’ai perdu plus des miens lors de blizzards de l’extérieur que pendant tout les combats que j’ai menés... » Il fait une pause et regarde fixement la keuf. « Notamment contre des corpos. » La fille s’apprête à répondre mais il lui coupe la parole en levant la main doucement. « Écoutes. Je termine simplement ceci. Tu souhaite savoir le rapport entre les Pyros et Hephaïstos. Je vais te dire mais pour cela il faut que tu sache quelque chose. Dehors. Il y a autre chose. Autrefois les immenses hordes de guerriers et de mercenaires erraient en pillant et massacrant tout ce qu’elles trouvaient. Tribus, convois de marchandises qui transitent d’une cité à une autre. Ces bandes s’étripaient entre elles sans pitié. Certaines ont bâti de véritable empires. Mais autour d’Anadyr il y a trente ans, elles ont commencées à être rassemblée et fédérées par un mystérieux prophète, dont on ne connaît pas le visage… Ce type. Ou ces types. Ils ont entamé une véritable purge. Ils se sont mis à massacrer, systématiquement et sans épargner personnes, ni femmes, ni gosses, ni chiens, ni rien, ! A massacrer toutes les tribus. Ils disaient qu’ils nettoyaient la terre de ses souillures. Qu’ils préparaient l’avènement d’un monde neuf. C’est pour cela que beaucoup des miens sont venus s’abriter ici. Menés par « Ghengis ». Un ancien chef de horde ayant refusé de rejoindre le prophète. Le fondateur des Pyros. Celui que vous tenez enfermé. Et si je t’ai expliqué tout ça, c’est parce que notre expédition dans les hauts visait à la base à récupérer les coordonnées du lieu ou vous avez enfermé notre Khan. Nous n’avons rien trouvé, le concernant. Mais on est tombés sur ça. Hephaïstos. On a capté que les chiffres étaient les coordonnées d’un endroit de la Terre. Une sorte de base ou je sais pas. Les autres machins, les plans, les symboles… Hum. On s’est dit que ça pourrait s’échanger contre la libération du Grand Khan. On a tout pris. Tout scanné et brûlé les originaux. Ingénieux, d’ailleurs. Dommage car maintenant, les fichiers sont facile à partager… avec toutes sorte de clients. » La fille s’avance hardiment au milieu de la foule. Elle demande d’une voix presque douce : « Montre moi ce dossier. » Puis alors que Quezîn hésite, elle s’avance vers moi et avant que je ne puisse réagir elle attrape mon bras et commence à pianoter d’une main experte sur mon tactile. P’tain mais sérieux ! Elle se prends pour qui la… « Le fils de... » Hyper concentrée, elle continu à farfouiller dans mon disque dur. Son visage change brusquement de couleur alors que je sens sa prise sur mon bras devenir tendue. Puis je sens son poids peser sur moi et je la soutiens brievement. « Ce que vous avez entre les mains, c’est possiblement la façon dont s’écrira la fin du monde tel que nous le connaissons. » Sa réplique laisse un instant toute l’assistance ébahit. Après quelques secondes d’abasourdissement je retire brusquement mon bras de sa poigne et lui jette un regard méfiant. « Qu’est ce que tu racontes ?! » je m’exclame. A ce moment la foule s’écarte avec empressement pour laisser passer une petite femme, plus ridée qu’une vieille pomme. Emmitouflée dans une chapka de fourrure, elle pose sur la scène un regard autoritaire mais doux. Tout le monde la considère avec respect. Je ne la connais pas personnellement mais je sais que ce doit être la matriarche du campement. Celle qui préside le conseil des anciennes, décidant du destin de la tribu. Sa tunique est décorée de nombreuses perles d’os ou d’ivoire. Elle observe longtemps sans parler mais personne n’ose ouvrir sa gueule… Quelques nomades armés se rapprochent et s’interposent entre la vieille et les pyros. Son regard s’arrête quelques instant sur le visage du vieux père de Tash et Quezîn. Ses traits semblent s’adoucir un bref instant alors qu’elle croise le regard de l’ancien. Mais elle reprend vite une expression impassible et se décide enfin à parler : « Quezîn. Demain le conseil des quatre tribus doit se réunir, suite aux évènements récents. Les Corpos sont excités comme des guêpes. Je veux savoir ce qui se passe exactement. Les affaires des gangs ne nous concernent pas, mais ce qui se passe en ce moment risque de remettre en cause nos vie à tous. Si une guerre se déclenche contre l’ANDRA, tu sais très bien que nous ne pouvons pas gagner… » La vieille se tait et ses yeux aveugles semblent voir se dérouler des scènes depuis longtemps oubliées par tout les autres. « Quand à cette femme. N’as tu donc aucun respect pour les traditions et tes ancêtres ? L’hospitalité aux étrangers est une coutume fondamentale de notre peuple. Et tu dois le respect à toute représentante de la Terre-Mère. Même ennemie... » Le regard de l’Ancienne se fait dur et je vois le grand et fier Quezîn baisser humblement les yeux et la tête. La vieille se tourne alors vers la jeune femme qui se tient à côté de moi. « Je suis Ghân Dûna , la matriarche du Clan des Koriaks. Bienvenue parmi nous et veuille excuser l’accueil insultant du jeune Quezîn. Bien des coutumes anciennes disparaissent aujourd’hui, et les gamins n’ont plus aucun respect pour les traditions ! » Elle part alors d’un grand rire rauque et chaleureux. « Alors. Vas tu me dire comment tu souhaite que l’on t’appelle ? » Elle sourit alors et ses yeux expriment une douceur ancienne, d’un autre âge. Mais aussi une redoutable sagacité où son regard aveugle semble percevoir les choses sur un autre niveau.