Quand Hugo voulait oublier il regardait les autres, mais pour une fois cela ne lui apportait aucun véritable réconfort, ou trop passager pour être suffisant. Sans doute le poids de ses non-dits s’avérait-il trop lourd. La surface tranquille du lac fût parcouru d’un lent frisson, si paisible en apparence et pourtant, dans les profondeurs une obscurité mystérieusement terrifiante régnait, quelques mètres en dessous seulement. Une bien étrange comparaison avec les émotions sous jacentes qui agitaient le Griffondor avec plus de véhémence à mesure que les années et les expériences s’accumulaient. Pouvait-il encore se mentir ? Il prit une longue inspiration car il savait bien que non et cela était bien plus écrasant que le déni pur et simple. Hugo Weasley, le garçon le plus normal du monde, le plus normé du monde, n’était en rien si semblable aux garçons de son âge. D’autres se seraient emparés avec fierté de cette différence quand lui peinait déjà à se regarder dans un miroir avec franchise. L’était-il ? Oui, évidement… Ce n’était pas Merry le problème. Ca n’avait jamais été Merry, ni aucune… fille.

Il entendit tardivement le Serdaigle qui s’approchait de lui, détournant les yeux, un peu désarsonné, du lac pour découvrir Lysander. Ses mots glissèrent au dessus de sa tête, semi compréhensibles pour un esprit encore un peu ailleurs. Il était de toute façon trop tard pour refuser de la compagnie, chose qui n’avait cela dit même pas germé de ses pensés éparpillées. Quelque part, Hugo ne pouvait pas s’estimer plus satisfait d’avoir été dérangé par Lysander. Tout les autres lui auraient certainement pesé, mais pas la présence du jeune homme. Ca ne pouvait pas faire de mal que de s’occuper un peu de son petit protégé. Hugo se rendait bien compte combien il avait délaissé les jumeaux depuis des semaines. A trop ressasser ses problèmes, à trop vouloir surcharger son planning pour éviter Merry, ou une confrontation avec Lily, la 6ème année avait jeté aux oubliettes bien des choses qui jadis lui apportaient pourtant tellement de bonheur. Un sourire naquit doucement sur ses lèvres avant de retomber brutalement confronté à la vérité que lui assénait le jeune homme le plus déconnecté du réel à sa connaissance. Ca se voyait donc tellement ? Hugo baissa les yeux, arrachant un brin d’herbe pour jouer avec dans un soupir.

« Ce sont juste les Buses. Je commence à m’inquiéter un peu avec l’emploi du temps de ministre de la magie que j’ai. » Lâcha-t-il finalement en bonne parade, redressant la tête un peu brusquement. Un maigre rire racla sa gorge et il bouscula gentiment son cadet d’une main sur l’épaule pour le rassurer. Ca aurait dû être vrai… sans tout le reste. C’était lui le grand, veiller sur les jumeaux, sur le reste de sa famille aussi d’ailleurs, faisait parti de ses attributions depuis toujours, n’eût été ce contre temps stupide… n’eût été ce secret qui le rongeait. C’était le moment idéal pour rattraper le temps qui avait manqué, pour retrouver un peu de cette innocence du passé. « Je suis désolé de ne plus autant interférer dans vos vies quotidiennes. » C’était tristement sincère malgré un ton qui se voulait détendu, presque humoristique. « Je n’ai même pas eu le temps de t’apprendre à faire ce noeud correctement…» Son regard descendit vers la cravate tirebouchonnée avant de remonter d’un cran, dans un sourire qui sonnait hélas un peu faux malgré ses efforts. D’ailleurs, ce fut à ce moment là que Hugo remarqua que Lysander était seul. « Où est ton frère, Lys ? » Mais après tout, le Serdaigle était bien placé pour parler, lui non plus ne semblait pas au meilleur de sa forme depuis un certain temps. « Ca ne va pas non plus. » déclara Hugo en fixant un instant le jeune homme.  Une mère poule pouvait bien subir les pires états d’âme que les changements de ses petits ne lui échappait pas pour autant. Et, force était de constater que chez Lysander bien des détails sonnaient faux. En observant le jeune homme avec plus d’attention Hugo se disait que peut-être… lui non plus n’arrivait pas à s’ouvrir.

Assis à côté d'Hugo, il laissa son ami parler et lâcher ce qui le pesait. Oh si seulement il parlait négativement de Merry, qu'est-ce que cela réchaufferait le coeur du serdaigle, mais le jeune roux ne parle que de ASPICs, Lysander lui jette un regard peu dupe, même s'il sait que ce sont du travail, qu'il va devoir mettre les bouchées doubles, que l'emploi du temps est déjà bien rempli en 6eme année, mais comme il est préfet il a aussi des obligations. Soudain Lysander se sent coupable, il voulait récupérer l'attention du Gryffondor, mais Hugo a déjà tellement de choses à penser, prévoir, organiser, que cela fait beaucoup. Lysander baisse la tête, un peu honteux de lui en avoir voulu de passer moins de temps avec lui. « Non, ne t'inquiète pas, on comprend parfaitement, préfet et cours sont déjà plus que pesant. » dit-il doucement, il veut vraiment qu'Hugo comprenne que personne ne lui en veut et qu'il est toujours un ami formidable. « Vraiment ne te rajoute pas du soucis en pensant à nous. » Il a l'impression de mentir, de cacher sa désespérante envie qu'il s'occupe de lui tout seule derrière ce "nous" mais ça lui fait du bien de ne pas avouer ce qu'il songe tout bas. Après tout, Lorcan et lui sont toujours ensemble et font toujours tout en même temps. Il se tourne mécaniquement vers son jumeau alors qu'il sait pertinemment qu'il l'a laissé seul à l'entrée du château. Il se mord la lèvre, son jumeau est l'être le plus merveilleux de la terre. « Il est allé à la bibliothèque pour vérifier une théorie sur les êtres imaginaires, on a parié quelque chose de différent en cours de soin aux créatures magiques. » Lysander ne peut s'empêcher de sourire tant il est sûr d'avoir raison. S'ils ont l'air toujours d'accord sur tout, il leur arrive d'avoir des avis divergents qu'ils s'empressent de vérifier. Enfin, cette théorie date de trois jours, mais Lorcan a décidé il y a cinq minutes que c'était le moment de vérifier. « Il y est allé seul parce que je suis sûr d'avoir raison. » ne peut-il s'empêcher de se vanter, mais la joie n'est pas sincèrement là, ce n'est pas vraiment pour ça qu'il est heureux, mais c'est délicat de l'expliquer à Hugo. Comment le comprendrait-il : je voulais passer du temps seul avec toi ? Non, ne rien dire c'est bien mieux. « Mais on peut aller le chercher si tu veux. » finit-il en haussant les épaules, l'air de rien, alors qu'il ne veut surtout pas qu'Hugo se lève.

Soudain, la dernière phrase d'Hugo le prend de cours. Comment sait-il ? Lysander reste un instant éberlué, le connaît-il si bien ? Lit-il au travers de son demi-mensonge ? Sans qu'il ne sache pourquoi, les pensées de Lysander se mettent à hurler dans sa tête : Non, ça ne va pas, je ne pense désespérément qu'à toi depuis des semaines et mon coeur saigne de ton absence. Il ne peut décidément pas prononcer ces mots à voix haute alors qu'il vient de lui dire que ce n'était pas grave. Fidèle à lui-même, Lysander reste silencieux. D'habitude, ils peuvent bien rester côte à côte sans rien dire, mais cette fois-ci, il y a comme un poids. « Ça passera. » Il reste évasif, vague, l'air de dire qu'il s'en sortira seul, c'est plus sûr. Il ne peut pas lui dire à lui. Comme il ne peut le dire à personne. Lorcan sait, mais même avec lui c'est délicat. Alors qui ?

Ce n'était pas un problème, enfin pas de la façon dont le sous entendait Lysander. La simplicité même de cette amitié de longue date était plus reposante qu'une nuit de sommeil agité à ressasser. Souvent, trop souvent à présent Hugo avait appris à se forcer là où quelques mois plus tôt le griffon avait toujours laissé parler son naturel serviable et tranquille. A présent ça lui collait aux semelles comme une obligation qui gâchait un peu, un peu trop, tout ce qui avant était si évident. Comme les jumeaux, ouais. Même si cela le rassurait, de savoir qu'on ne lui en tenait pas rigueur, cela n'empêchait en rien que son absence était à son image : presque dénaturé. Sans se sentir coupable à proprement parlé, il regrettait un passé pas si lointain. Pire encore, le jeune homme doutait passablement d'un avenir plus tendre à son égard.

"Je sais." Sourit-il mais son regard semblait hanté par une sorte de lassitude résiliente. Hugo était loin de se montrer aussi indulgent avec lui-même. "Je devrais bien avoir le droit de me faire du soucis pour ce que je veux, quand même." Une plaisanterie fade qui venait mollement compenser deux mots si pesant. C'était un moment presque inouï au coeur des vagues intérieures qui le faisaient lentement rouiller, à peine arrivait-il néanmoins à s’en saisir.

Au moins la vivacité des jumeaux avec leurs théories farfelues lui arracha-t-elle un sursaut plus enjoué. “Que réserves-tu à ton frère s’il perd ?” Hugo pariait surtout sur un ex aequo, imaginaire voulait surtout dire que tout se valait. On sentait une pointe de scepticisme. Ca avait quelque chose d’un peu trop subjectif à son humble avis. Pouvait-on vraiment classer ça dans les créatures magiques ? Avec des Scamander on pouvait bien arriver à une conclusion des plus inattendus cela dit. “Je ne veux pas interférer, Lorcan serait capable de m’accuser accuser de ne pas être impartial en coupant ses recherches en plein milieu. Hors de question que je fasse du favoritisme avec toi.” Déclara le 6ème année avec un peu plus d'assurance.

C’était trop tard pour ça… La réaction de Lysander inquiéta d’avantage son ainé, le confortant instantanément dans son idée qu’il se passait quelque chose et qu’il était d’un égoïsme abyssal. Depuis quand se reniaient-ils mutuellement ? Hugo resta muet, écrasé par le poids du silence, de ce manque de communication tout nouveau entre eux. Son regard se détourna cherchant une échappatoire, un temps de réflexion nécessaire pour faire passer le malaise. Combien de temps s’était-il écoulé ? Les mois donnaient l’impression d’être des années dans ce gouffre improbable qui lui serra d’avantage la poitrine. Lysander était encore un enfant avec ou sans les centimètres en plus. Désarmé mais courageux, renoncer lui paraissait si indigne de leur complicité déjà mise à mal apparement. L'aîné passa un bras autour du serdaigle, ébouriffant gentiment ses cheveux. “Si ça passe pas, tu peux me déranger quand tu veux. Je suis passé par ton age aussi.” Quel vieux il faisait en disant des trucs pareils, si con, ouais, tellement con. Lysander ne le remarqua peut-être pas car Hugo avait baissé la tête en s’accrochant à lui, Hugo était sur le point de pleurer à cet instant. “Si je te force à tout me raconter, j’ai peur que tu me fasses la tête pour de bon.” plaisanta-il en dernier recours, l’ultime bouffé d'oxygène qui lui restait.

Lysander reste un instant silencieux, se demandant sincèrement ce qu'il réservait à son frère s'il perdait, il n'y avait même pas songé, pourtant ils adorent se lancer des défis, juste pour voir jusqu'où ils peuvent aller. Il se mord la lèvre un instant, ils avaient même oublié ce pari avant qu'il ne voit Hugo seul dans le parc, cette recherche n'est qu'une excuse et il s'en veut de ne pouvoir le dire à Hugo. Lorcan le comprend d'une manière qui dépasse son jumeau, et ils ont toujours tout partagé avec Hugo, pourquoi est-ce que cela devient si difficile tout à coup ? « Je pense qu'il va devoir débattre avec la prof de divination sur les feuilles de thé... » avoue le jeune homme avec un sourire. Ni l'un ni l'autre ne sait encore pourquoi ils ont choisi cette option, mais impossible de l'abandonner en cours de route, pourtant Luna les avait prévenu, peut être justement pour tenir tête à leur mère ? Quoiqu'il en soit, ils aimaient bien affirmer tout et son contraire en divination. “Hors de question que je fasse du favoritisme avec toi.” Sait-il pourtant à quel point il lui fait une fleur en restant ici ? Le coeur de Lysander se met à battre plus vite et le rose lui monte délicatement aux joues. Merci crie le jeune serdaigle dans sa tête à son ami. Il n'aurait pas supporté qu'il se lève et stoppe leur échange tout juste commencé. « Lorcan ne t'accuserait pas voyons. » réplique-t-il pour la forme, mais en cet instant il se sent bien. Il oublie le reste et regarde juste Hugo. Ils sont seuls, dans le parc, à moitié caché par un arbre, ensemble plus qu'ils ne l'ont été ces dernières semaines, c'est tout ce dont le jeune homme avait besoin.

“Si je te force à tout me raconter, j’ai peur que tu me fasses la tête pour de bon.” Le bras posé contre les épaules du serdaigle lui fait l'effet d'un courant électrique. Son coeur se met à battre plus vite et il est si heureux en cet instant qu'il pourrait se mettre à pleurer de joie. Ce contact, si doux, si simple, si habituel, lui avait vraiment manquer. Doucement, il pose sa tête contre le torse de son ami, incapable de s'en retenir. Il n'entend pas le mal être dans la voix de son ami, il ne pense qu'à son doux bonheur. « Tu m'as manqué. » finit-il par avouer après un long silence. Et soudainement, les larmes sont proches, il se retient, il ne veut pas pleurer, il ne veut pas blesser Hugo, il ne veut pas que son ami comprenne combien sa présence t'est indispensable. « Je ... » il reprend sa respiration, comment expliquer ça sans le mettre dans l'embarras. « Tu es notre meilleur ami et un peu le seul sur qui on peut vraiment compter et... » Il n'arrive pas à finir sa phrase, lui dire vraiment qu'il est jaloux de Merry. Non. Il ne peut définitivement pas lui dire ça. « Je ne m'étais pas rendu compte à quel point j'avais besoin de toi. » avoue-t-il à demi-mot. Honteux. Ses sentiments se font plus fort, il veut en dire plus, ne jamais quitter ses bras chaleureux et rassurants. Lysander veut que le temps s'arrête, que Merry trouve quelqu'un d'autre, qu'Hugo reste pour lui -pour eux- tout seuls. Pourtant, il ne dit rien de plus. « Et voilà, je te remets une pression de plus, je ne voulais pas, je suis vraiment désolé Hugo. » Il a retiré sa tête et il baisse les yeux, honteux. Pourquoi ne peut-il tenir sa langue ? Hugo n'avait pas besoin de tout savoir, Lysander aurait du taire ses sentiments sous jacents, qui peuvent presque se lire sous chaque mot.

S’il y avait bien une matière que Hugo fuyait comme la peste, c’était bien la Divination. Il manquait d’imagination pour interpréter quoique ce soit, encore plus lorsqu’il s’agissait d’avenir ou de mauvais présages. Définitivement, il laissait ça à d’autres, et notamment les jumeaux. Eux, ils avaient ce petit truc farfelue en plus qui devait faire des merveilles dans le domaine. Fallait-il encore supporter la professeur… Même sans l’avoir, tout le monde la connaissait au moins de nom, et avait un avis sur la question. Quoi qu’il en soi, Lorcan allait s’amuser s’il perdait ce pari.

C’était un moment étrange, à commencer parce qu’ils étaient deux, et d’autant plus car il semblait appartenir à une autre époque. Il s’était passé tant de choses depuis le début de cette année que le temps s’étirait d’avantage. Cette impression, ces responsabilités, ces questionnements permanents était le symptôme foudroyant, déroutant, que le 6ème année quittait véritablement l’enfance. Retourner en arrière était impossible même si c’était là tout ce qu’il aurait voulu demander. Quelque part, en sentant son cadet s’appuyer contre lui, il ressentit une sorte de gêne nouvelle, comme si tout cela était devenu brusquement inapproprié. Trop vieux… ou pas assez. En se confrontant à la réalité de sa condition d’adulte, après tout le griffon approchait de la majorité, les gestes et les mots dans la bouche du Serdaigle prenaient un autre sens. Pas forcément celui que Lysander voulait y glisser cependant, certainement pas même. Hugo le laissa parler tentant seulement d’avoir l’air le plus naturel possible quand une crispation légitime étreignait son corps dans le malaise que provoquait inconsciemment Lysander. Le rejeter maintenant aurait été plus que blessant néanmoins. Il n’en restait pas moins cette constatation difficile : cette proximité était déplacée, perturbante pour Hugo. Et le blondinet ne pouvait même pas le comprendre…


Un soulagement certain accueillit le retrait de Lysander. Cette distance était plus raisonnable, et Hugo se sentait un peu responsable d’avoir initié cet étreinte amicale. « Ne t’inquiète pas pour ça. » soupira-t-il. « je suis un grand garçon, je peux gérer les débordements. » Il n’allait pas brider d’avantage les jumeaux, d’ailleurs lui aussi avait besoin de cette bulle pour sortir un peu de ses soucis. « On aura qu’à faire une planning de garde alternée avec Merry. » Mais à présent, Hugo se rendait bien compte qu’il devait faire attention. Encore une chose que grandir lui arrachait sans grande préparation. L’affection des jumeaux le flattait et il était loin de la rejeter. Pourtant la limite de cette amitié, elle, se faisait plus importune sous une lumière récente. Parce qu’il était pas vraiment comme tout le monde au final… et ouais, parce qu’il avait 16 ans.  Nombre de détails insignifiants avant prenaient une ampleur troublante. Chose qu’on ne pouvait imposer à de jeunes amis encore innocents.

Le griffon cogitait un peu trop, dans un silence prolongé. Il arrachait de nouveau l’herbe, comme ailleurs. Cette dernière phrase ne signait-elle pas, en lapsus révélateur, la fin de quelque chose ? La fin de cet espoir, la fin de cette vulgaire mascarade qui l’accaparait et le tourmentait. Crier au monde sa nature, Hugo était loin d’en être capable, mais faire souffrir les gens autour de lui pour son petit caprice identitaire lui coutait trop. Il se sentait plus que lâche, et comment pouvait-il être quelqu’un de bien s’il persistait ainsi ? Un nouveau soupir s’extirpa douloureusement de ses lèvres, ses paupières se refermèrent de longues secondes.

«  En fait » Il évita de regarder son cadet, arrimant son regard à l’horizon, les sourcils froncés. « Avec Merry, j’aimerais qu’on redevienne de simples amis. » Parce que malgré tout, ça restait une personne qu’il appréciait sincèrement, avec qui il avait créé une complicité particulière, mise à mal par égocentrisme autant que par couardise. « Je ne veux pas qu’elle me déteste. C’est pourtant ce qui va arriver si je continu à être un crétin. Et le pire, c’est que je fais pareil avec vous, avec Lilly… » Hugo avait vécu dans l’illusion trop longtemps, renoncer à des chimères l’aiderait  peut-être à se trouver, du moins à accepter que Poudlard serait bientôt fini, que l’âge adulte l’attendait derrière cette porte. «  Désolé. Je vais arranger tout ça. Du moins, je vais essayer. »

Ce câlin lui a vraiment fait du bien, Hugo ne s'en est sûrement pas aperçu, d'ailleurs Lysander n'a rien vu de la crispation de son ami. Le jeune serdaigle s'est juste rassuré lui-même, il peut être l'homme qu'il est avec Hugo. Il peut juste savourer les instants présents sans penser à mal ou à plus. Il sourit et s'avoue enfin qu'il en aurait voulu plus. Seulement, il ne le dira jamais. « je suis un grand garçon, je peux gérer les débordements. » Lysander n'est pas sûr de comprendre la phrase du rouquin. Les débordements d'amitié ? D'attention ? Les câlins ? Ou la vie en règle générale ? Cette phrase s'applique donc à lui ou aux autres ? Lysander hésite et choisit de ne pas la prendre pour lui, ce serait trop dur de s'entendre dire ça et l'ignorance est plus douce que le rejet. Alors il penche la tête sur le côté « On ne t'en demande pas tant, juste, reste toi-même ok ? » murmure-t-il doucement, comme pour lui-même. Oui, rester fidèle à ce qu'on est, c'est sûrement la chose la plus importante qu'il peut faire. Qu'ils peuvent faire.

« Avec Merry, j’aimerais qu’on redevienne de simples amis. » Lysander était encore concentré sur le câlin précédent, il n'avait pas fait le lien, n'avait pas voulu s'accrocher au reste, du coup, il eut l'impression que la phrase sortait de nulle part, jetée telle une bouteille dans sa mer. Le choc fut électrique. Lysander se sentit pousser des ailes, son coeur battit plus vite. Pourtant il se refuse à sourire, Hugo ne doit pas savoir combien cette simple phrase lui fait plaisir, comment elle lui fait du bien. Ne plus voir Merry, rester ami tout le monde sait ce que cela veut dire après une relation de la sorte : ils ne vont plus se voir. Hugo aura du temps pour Lysander. L'égoïsme dont fait preuve le bleu et bronze n'est pas visible à ses yeux, il savoure juste l'information et les doux battements de son coeur. « Mais tu n'es pas un crétin, Hugo arrête de vouloir faire plaisir à tout le monde, choisis ce qui est bon pour toi, ok ? » Il ne sait pas donner des conseils, il ne sait pas expliquer clairement ce qu'il pense, mais il veut le meilleur pour Hugo. « Tu n'as rien à arranger, j'aurai pas dû te dire ça, voilà tu culpabilises à cause de nous, Lily c'est ta meilleure cousine » comme meilleure amie, mais en cousinade « elle peut tout comprendre, et puis tu te souviens quand elle était avec ce serpentard juste pour faire chier tout le monde ? Bah prend exemple sur elle, vis ta vie, pour toi. » mais sans que cela t'éloigne de moi, par pitié finit-il juste pour lui.

Lysander veut lui dire autre chose, mais il ne sait pas, il n'ose pas. Il sent qu'il faut qu'il parte maintenant, il a envie de se lever, d'aller ailleurs, de le laisser réfléchir, mais après une annonce pareille, Hugo doit avoir besoin de soutien. Il tend la main pour lui tapoter maladroitement l'épaule. « Sois heureux, c'est vraiment le plus important et Merry le comprendra. » Je l'espère puis Elle a intérêt la garce. Il sourit, fier de son insulte mentale totalement gratuite.

Cette pression sociale Hugo l’avait toujours enduré avec talent, à commencer par que jusqu’ici il n’avait jamais eu à se poser tant de questions sur lui-même et sur la manière d’interagir avec les autres. Pendant 16 ans, le Weasley avait été là sans causer de soucis ou de vagues, en se laissant aller simplement dans le courant. Et puis, c’était une tempête si intensément déroutante qui le traversait de part en part, que, submergé, il avait failli chavirer un long moment. Les erreurs faisaient cependant avancer, et ainsi pouvait-on en tirer quelques leçons au moins, à présent que le jeune homme parvenait enfin à prendre son courage à deux mains. Il se sentait sans doute un peu plus apte à reprendre le gouvernail de sa vie, en tout cas, éviter les écueils trop rudes. Lysander s’avérait encourageant, plus que bien des gens autour de lui, certainement car il avait à coeur de bien faire tout en sachant que son cadet ne le jugeait pas.  « Merci… »  souffla-t-il.  « Je l’avais un peu oublié je crois. »  

Lysander avait encore la candeur et l’innocence pour lui, tel qu’en attestaient ses mots. Oui, évidement qu’il aurait été plus sage de s’écouter, mais il arrivait fréquemment qu’on fut sourd à ses envies. Dans ce grand flou identitaire, on se référait à ce qu’on voyait chez les autres pour se diriger, en tâtonnant, en se cognant plus ou moins violemment aux angles. Faire un choix, se trouver, dire je suis ainsi, rien n’était moins simple en pratique. Le regard du monde influençait chacun et d’autant plus quand on se croyait une chose en étant toute autre.  « Parfois, on ne sait juste pas ce qui est bon pour nous. »  Hugo haussa les épaules nommant tout haut les affres de l’adolescence. Il s’inquiétait beaucoup trop le serdaigle, même si ça faisait du bien de se savoir écouté, considéré. Etait-il tellement question de culpabilité quand tout ce que voulait le Griffon était de remettre ses dérives en bon ordre ? « Tu verras… Ca pourrait t’arriver aussi. Si ce n’est pas déjà le cas. »  Se moqua gentiment Hugo dans un rire discret mais bienveillant. Lysander semblait avoir ses soucis aussi, et malgré sa tête dans les nuages personne ne pouvait totalement échapper à ces moments de doutes et à ces erreurs de jeunesse.

Cependant, accomplir sa tache ne serait pas si facile… Enfin, avec Lily, oui, sans doute. Le 4ème année avait raison sur ce point : sa cousine reviendrait aussitôt l’asticoter en se moquant de ses bévues pendant un mois ou deux. Alors, cela les soulagerait tout deux, sans avoir grand chose à expliquer fatalement. Hugo n’avait pas beaucoup d’illusions à se faire… en disant qu’il quittait Merry, la rouquine comprendrait le problème de A à Z. Le reste de la ménagerie suivrait, ou tout simplement, ils s’en fichaient bien… tant qu’il était encore là. Eux, ils n’avaient pas besoin de savoir, quoique. Chaque chose en son temps. Et surtout, il y avait Merry. Le griffon se doutait bien que dans les semaines à venir ils allaient s’éviter, et que même si à terme l’amitié reviendrait, pendant ce temps là, il devrait endurer cette distance, ce malaise. Rompre restait malgré tout la meilleure solution, la solution la plus honnête. Sans doute avait-elle déjà compris depuis un moment sans qu’il lui appartienne de dire la vérité.

Lysander était à la fois détenteur de sages paroles, et pourtant, lorsqu’il s’agissait du point principal, il sembla brusquement bien plus maladroit. On ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, ils se connaissaient peu malgré son affirmation, et le serdaigle ne montrait pas grand intérêt pour les amourettes. De façon générale la donnée manquante rendaient ses encouragements attendrissants bien qu’un peu obsolètes. A croire que ce n’était vraiment rien qu’un peu d’abandon amical quand la profondeur du chaos intérieur, elle, ébranlait bien plus que des acquis. Hugo détourna enfin le regard vers son cadet, il soupira, presque amusé par tant de sollicitude pendant qu’il observait ses traits juvéniles et les mèches blondes qui dansaient dans la brise délicate. Lysander avait grandi certes, il lui manquait encore quelques pièces du puzzle pour prendre conscience de la réalité. Et là, quelque part, le jeune homme avait envie de le dire, ne serait-ce qu’une fois, à quelqu’un qui ne comprendrait sans doute pas vraiment.  « Lys. »  Il marqua une pause nécessaire malgré un grand sourire. « Je suis gay. »  Hugo n’était même pas certain que le serdaigle sache mettre une signification sur ce mot si ardu à verbaliser. Qu’importe d’ailleurs, parce que lui, ça lui faisait du bien de sortir ces mots là. Le jeune homme se laissa tomber dans l’herbe pour fixant le ciel, libéré momentanément d’un poids. L’angoisse revenait déjà au galop… Si le blondinet comprenait… Ou pire si le blondinet ne voulait plus lui parler ? Trop tard, il avait suivit son instinct, ce besoin de s’ouvrir comme Lysander lui avait dit de la faire dans un certain sens. Trop tard ! C’était lui, comme la famille, ça pouvait cohabiter ainsi, pas vrai ?

Le moment qu'ils passaient ensemble était devenu plus doux, Lysander ne regrettait plus d'être resté. C'était de nouveau si simple entre eux, ils s'étaient toujours compris facilement sans même avoir besoin de parler, bon certes là, ils parlaient, mais peu et des évidences. Ils se comprenaient. Juste avec un regard, un sourire, un mot. Oui, Lysander savourait cet instant, Hugo semblait prendre conscience d'à quel point il était un homme extraordinaire et qu'il méritait vraiment d'être heureux. En plus, il allait rompre avec Merry. Bref, la journée était parfaite non ?

Pourtant, tout n'était pas fini, Hugo n'avait pas encore lâché sa bombe. Quelques secondes juste avant, Lysander se demandait si le silence était gênant ou agréable, et voilà, que soudain, Hugo se permet de dévoiler ce qu'il a sur le coeur. Avec cette facilité et simplicité qu'ils ont toujours partagés. « Je suis gay. » Lysander ne réagit pas tout de suite. D'abord parce qu'il se force à se calmer, ces trois mots ont déclenché en lui plus qu'il n'a pu laisser paraître. C'était comme un feu des possibilités qui s'était ouvert et déversé dans son corps. Comme si enfin Lysander se permettait de penser et si ?. Sauf qu'il ne peut définitivement pas lui sauter dans les bras et l'embrasser. Enfin, est-ce vraiment ce qu'il veut faire ? En cet instant ça lui paraît déplacé, il veut juste profiter de ce moment et rassurer Hugo. D'ailleurs, il se rend compte qu'il n'a toujours rien dit, il faut toujours répondre, ne pas le laisser croire qu'on est ... quoi ? Dérangé ? déçu ? « Félicitation » lâche-t-il avec un sourire. « Quoique ce n'est sûrement pas la meilleure chose à dire. » Le jeune serdaigle fronce les sourcils et se mord la lèvre. Que dit-on dans ces circonstances ? Y a-t-il la moindre chose à dire d'ailleurs ? N'est-ce pas une situation parfaitement normale ? « En fait je ne sais pas trop quoi dire, parce que ça change rien. Non ? » Il serre rapidement les doigts d'Hugo, pitié qu'il ne s'arrête pas de le toucher, d'être amical, d'être tactile, d'être lui avec eux. « Pour moi ça ne change rien, je t'aime toujours autant. » Les mots sont beaucoup beaucoup plus fort dans ses pensées, mais il ne peut définitivement pas lui dire. Ce n'est pas parce qu'il est gay, qu'il l'aime lui. Son protégé. Comme son petit frère. Il retient une grimace à ces pensées-là, Hugo ne doit pas mal interpréter ses mimiques.

Il sourit, les yeux dans le vague. « J'espère ne pas instaurer de malaise, mais j'ai envie de partager ça avec toi, que tu ne crois pas être le seul au monde. » Lysander se racle la gorge, clairement, il risque d'y avoir un malaise, il tente de moduler ses propos. « Je n'ai pour l'instant senti mon coeur battre plus fort pour une seule personne et je crois que ce que j'ai aimé c'était la personne en entier, son âme, son esprit, ses qualités, ses défauts. Et cette personne est un homme. Mais je ne crois pas que je suis homosexuel ou non, juste, que j'aime entièrement une personne indifféremment de son sexe. » Il expose les faits, sans dire de nom, en parlant au passé, alors que cette personne se trouve face à lui. Il a bien plus de courage que ce qu'il n'aurait jamais cru. Il espère vraiment que ces mots tomberont justes et qu'Hugo comprendra. Lysander n'avait jamais mis de mot sur ce qu'il était, ne rentrant pas vraiment dans des cases, mais depuis peu, toutes ces informations lui retournent le cerveau. Et quand il entend Hugo lui dire qu'il est gay avec tant de soulagement, il comprend que cela lui fait du bien à lui aussi de s'expliquer avec soi-même.

C’était étrange comme ces minutes précisément lui parurent interminables. Cette succession de secondes éclatées retenaient un peu plus son souffle au fin fond de ses poumons à chaque battement d’aiguille. Trop long, bien trop long pour chasser l’anxiété colonisant sa poitrine. Pourtant lorsque Hugo osa s’attarder sur son cadet silencieux il se rendit compte que ses attentes étaient aussi floues que difficile à satisfaire. Trop, c’était surement trop pour le 4ème année. Hugo allait reprendre la parole pour débloquer la situation quand, enfin, Lysander ouvrir la bouche. Sa réponse laissa le préfet incrédule avant de lui arracher rapidement un large sourire.

Effectivement, ce n’était pas la réaction la plus courante dans ce cas de figure. Après tout, il n’y avait pas plus Scamander qu’un Scamander, et rien d’aussi positivement improbable n’aurait pu naitre d’un autre esprit. Félicitations… Hugo se le répéta plusieurs fois en pensé. Définitivement oui, c’était la meilleure chose à dire en vérité. Aucune autre réponse n’aurait pu faire éclore un tel sentiment de soulagement mêlé dans un simple éclat de rire. Il ne remercierait jamais assez ce gamin pour ce simple mot dont la signification profonde témoignait, à ses yeux, d’une sorte de sagesse farfelue si rassurante en fin de compte. Un peu d’ignorance jalonnait cette intervention sans doute, et qu’importe car cela faisait juste un bien fou après ces mois de doutes.  

 « Ne fais pas cette tête. Tu es parfait, crois-moi. Totalement incongrue, totalement inattendu… tellement rafraichissant. Tellement toi. »  Cru-t-il bon de rassurer Lysander en lui rendant sa poignée de main. Le serdaigle commençait à s’embourber dans des considérations bien plus plus convenues et parfaitement superflues en comparaison.  « Si tu peux juste éviter de l’ébruiter. Ce sera bien suffisant. Tu n’as pas à dire quoique ce soit d’autre. Ca me suffit de savoir que ça ne change rien. »  Et le ciel lui paru soudain plus lumineux. Au moins avait-il un allié ici bas, et certainement un second dans peu de temps. Hugo avait beau dire de ne pas en parler les jumeaux partageaient tout, se battre contre cette évidence était vain.  « Je suis désolé de te mettre un peu mal à l’aise. C’était soudain, je le sais. »  

Contre toute attente s’ouvrir ainsi poussa Lysander à faire de même. Hugo tendit naturellement l’oreille et le regard avec une grande attention. Seul au monde, non, clairement, il ne l’était pas. Où voulait donc en venir le blondinet ? Pitié que son cadet ne se mette pas en idée de lui trouver des camarades « comme lui » pour parer à une éventuelle impression de solitude ou d’incompréhension. Le Weasley garda cependant un sourire bienveillant en le laissant parler. De toute façon le préfet n’était pas prêt à partager ça avec quelqu’un d’autre. Arrêter de se mentir à lui-même suffisait amplement à alléger ses épaules. Tout ça pour dire qu’à mesure que Lysander narrait son histoire et ses sentiments la stupéfaction du rouge et or allait crescendo. Ben ça alors… Il avait manqué tout un chapitre, voire le bouquin entier. Le Griffon s’avérait plus effaré que ce petit bout d’homme puisse ressentir des sentiments pareils que par le fait que cette personne fût aussi un garçon. Bon, d’un coté, il comprenait mieux le préambule d’un coup. Quand même, il se sentit soudain très con d’avoir était aussi aveugle. Lysander était bien plus mature que lui sur ce sujet finalement.

 « whoa… »  Voilà la première phrase qui traversa sa gorge. Phrase était un bien grand mot, mais ça venait du coeur, indubitablement.  « Qu’est-ce que tu as fait à mon petit Lysander ? »  Plaisanta-t-il en cherchant quelque chose d’un peu plus intelligent à dire. Le griffon était encore sous le choc en vérité.  « C’est… une bonne chose je pense. D’être amoureux. Je ne peux pas te réprimander sur le reste, pas vrai ? »  Fatalement le jeune homme n’avait aucun conseil à donner en la matière. Avait-il déjà été amoureux, ne serait-ce qu’un peu ? Hugo savait ce qui l’attirait ou non, mais de tels sentiments lui étaient parfaitement inconnus.  «  Tu prends de l’avance. Bientôt ce sera moi qui viendrait te demander conseils. Je ne crois pas avoir déjà ressenti ce que tu as ressenti. Je sais juste que les filles, je les adore, mais seulement comme amie. »  Voilà, ses connaissances des relations se résumaient à des clopinettes. Sa franchise s’assortissait d’une dose de curiosité, naturelle tant il espérait combler son manque, comme ami et comme novice. Il hésita un instant, tripotant ses cheveux avant de poser son regard sur le serdaigle.  « Tu lui as dit ? »  demanda-t-il, un peu gêné de l’audace de sa question.  « J’espère que ça marchera mieux que Merry et moi. »  

 « Ne fais pas cette tête. Tu es parfait, crois-moi. Totalement incongrue, totalement inattendu… tellement rafraichissant. Tellement toi. » plus la poignée de main fit sourire Lysander sincèrement. Cela ne changeait rien, oh non. C'était même bien mieux que tout ce qui aurait pu se passer d'autre. Pour la première fois, Lysander se permettait d'espérer quelque chose, de croire qu'un tel amour était possible, que ce n'était pas juste lui qui était détraqué, mais qu'il y avait une certaine alchimie. Oh bien sûr, Hugo devait être à des lieues de comprendre ce que le jeune serdaigle ressentait réellement, mais au moins, une évolution de leur relation était possible. Ce soir, quand le bleu et bronze sera dans son lit, il osera pour la première fois imaginer une suite.

Quand Lysander s'ouvrit à Hugo, il choisit bien ses mots pour dévoiler ce qu'il avait commencé à admettre dans son esprit, sans pour autant tout avouer. Les mots faisaient un bien fou, s'ouvrir, être compris, accepter. Il n'avait pas eu besoin d'en parler avec Lorcan, il avait compris, mais dire ces choses lui faisaient vraiment du bien parce qu'il se comprenait mieux. Il repensa à son père qui avait tenté de lui parler d'être un homme cet été, il était si loin du compte. Lysander ne s'intéressait vraiment pas aux autres, il n'avait compris que sa gravitation autour d'Hugo et parfois il avait peur que ce soit mauvais, mais aujourd'hui il l'acceptait enfin pleinement. « Il faut dire que j'ai eu une longue discussion avec papa cet été et que les mots de maman m'ont ouvert les yeux. Elle parlait sans se soucier de quoique ce soit, de bienséance ou quoi. Et du coup j'ai compris que les cases qu'on mettait n'était rien. » Il est maladroit et semble avoir du mal à expliquer ce qu'il veut dire, pour une fois la sagesse serdaigle ne dit pas tout. « Maman m'a dit qu'elle n'était tombée amoureuse que de papa et ce, vers 30 ans. Et à côté de ça, Lorcan a soutenu qu'il était fou amoureux de cette Milie, avant de se rendre compte qu'il fabulait. Ya pas d'âge. » dit-il sagement avec un fin sourire. Il veut rassurer Hugo. Lui-même ne mesure pas totalement l'amour qu'il ressent. C'est trop nouveau, trop récent.

« Tu lui as dit ? » La phrase résonne dans sa tête et Lysander se retient de dire quoique ce soit, il hausse juste les épaules. Il ne veut pas en parler plus, pas dire "non" ni "ce n'est pas le moment". Il veut éviter le sujet, mais sans blesser Hugo, sans mentir. Le rouquin devrait comprendre et ne pas insister, il compte la dessus.