Univers fétiche : LOTR/ Fantasy / City / Historique
Préférence de jeu : Homme
Dracoola
Sam 26 Mai - 3:38
Mattias Ortiz
J'ai 31 ans et je vis en Nouvelle-Orléans, Louisianne. Dans la vie, je suis prêtre et je m'en sors très bien. Sinon, grâce à mon voeux de célibat, je suis célibataire et je le vis plutôt bien.
Le Ciel je me souviens avoir pensé au Ciel. Dans mon sermon, j’avais dit que le Ciel était l’endroit où l’on rencontrait notre créateur. Petit, j’avais souvent songé au Ciel. Je me disais que là-haut le monde serait différent. Plus doux. Est-ce que Rafael avait la même vision des cieux que moi ? Lui arrivait-il de penser au Ciel ? Dans les temps sombres. Quand le cœur lâche et que l’esprit s’affaiblit. Avait-il songé à s’envoler ? À briser ses chaînes et quitter le sol pour ne plus jamais y retourner. À briller parmi les étoiles pendant qu’eux, en bas, regardaient le ciel en priant. En espérant. Est-ce que j’avais cessé d’espérer ? Chaque matin en me levant, à la télévision, sur le net, dans les journaux : des meurtres, des guerres, de la haine du sang et des pleurs. Violence. Souffrance. Comment s’accrocher à l’espoir dans de telles circonstances ? Si quelqu’un m’avait demandé le secret, pour garder espoir, je n’aurais pas su comment répondre. Pour moi la foi c’était comme un jardin. Chaque jour, j’essayais de planter quelque chose de bien, de faire naître un tantinet de couleur dans la grisaille des cœurs malheureux. Parce que je me disais que si chaque jour on s’efforçait de mettre un peu du Ciel sur notre planète le monde serait peut-être un plus beau. Parce que quand tu es un gosse avec un passé massacré, un brin de rêve, c’est comme un baume sur tes plaies. Je me disais que si je pouvais tendre la main à quelqu’un c’était bien à ce jeune homme. J’avais souri doucement en entendant le garçon commenter sur mon teint. N’importe qui d’autre se serait offusqué. Après tout ici c’était les États-Unis d’Amérique, là où le racisme n’existait pas. Mais où l’on faisait des toilettes pour tout ce qui n’avait pas un beau petit cul blanc et qui était en dessous de la classe moyenne. J’avais ri en entendant la réponse du plus jeune : où il y avait des branches et des feuilles ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Le garçon avait refusé avec véhémence mon offre prétextant que j’étais surement occupé. J’avais balayé ses inquiétudes d’un geste de la main. – « Honnêtement ? J’envisageais de retourner chez moi et de faire une sieste, haha. Rien de bien passionnant. Mais si tu as des obligations, je ne te retiens pas davantage. »
Comme pour ponctuer mes paroles j’avais laissé échapper un long bâillement. J’avais vraiment une sale tête. Ces derniers jours n’avaient pas été de tout repos et mon corps commençait à me faire regretter mon manque de sommeil. Des nuits passées à me tourmenter, à me demander ce que j’aurais pu faire de mieux, de plus. Le peu de fois où j’arrivais à fermer les yeux, c’était pour me réveiller quelques heures plus tard, le corps couvert de sueurs froides. Cependant, malgré la fatigue, le doute et cette impression de m’éloigner de plus en plus de la personne que j’étais, je refusais d’abandonner. Il était hors de question de laisser ces pauvres gens pris avec des forces au-dessus de leur compréhension. Moi-même, j’avais de la difficulté à tout saisir. Six mois. Six mois seulement pourtant j’avais l’impression d’avoir des années d’expérience. Le Mal hantait mes nuits. Or, une fois que le soleil se levait et que j’enfilais mon habit de cérémonie, je faisais de mon mieux pour faire le bien. Parce que je me disais que si, je ne pouvais pas effacer ces abominations alors, j’allais faire en sorte de créer une balance. Si le ciel nocturne était aussi sombre et terrifiant que la gueule du loup il était toutefois allumé d’étoiles. Des centaines, des milliers de petits yeux d’or qui clignent et qui brillent. Comme quoi la lumière trouvait toujours son chemin dans la noirceur. J’avais déposé gentiment ma main sur l’épaule du jeune homme et avec un sourire avait répondu :
– « Je pense qu’il y a une section du paradis réservé aux gens qui n’ont pas la foi. Si Dieu nous a donné le droit d’avoir des convictions pourquoi nous les enlèveraient-ils après la mort ? Après le mot paradis, change de signification selon chaque personne. Par exemple pour moi le paradis c’est donner de l’espoir aux gens qui en ont besoin. Ça me rend heureux. Si tu trouves ce qui te fait du bien alors le ciel en quelque sorte est déjà à toi. »
J’avais une vision un peu simpliste de la vie, qui je savais ne s’accordait pas avec la plupart des opinions du clergé. Je ne partageais pas cette envie irrépressible de transformer chacun de mes paroissiens en chrétiens modèles qu’avait l’air d’avoir la plupart de mes collègues. Le jeune homme se mit à masser ses mains et je l’observais en silence. Il me semblait songeur, hésitant comme s’il n’osait pas me dire quelque chose. Dans un élan de sympathie, j’avais lancé : — « Tu sais… Je ne suis peut-être pas malade. Toutefois si jamais tu ressens le besoin de parler… Ma porte sera toujours ouverte pour toi. »
En voyant le jeune homme se lever, j’étais certain que cela voulait dire que notre conversation touchait à sa fin. Je retournais avec douceur le sourire du garçon avant de lui tendre une fois de plus la main. – « Ce fut un réel plaisir de discuter avec toi Rafael ! Si jamais ta route te mène de nouveau sur le perron de cette église, n’hésite pas ! Tu es la bienvenue. »
Une expression chaleureuse sur le visage je l’avais raccompagné tranquillement jusqu’à la porte. Cette impression de surnaturel ne m’avait toujours pas quitté or, ce jour-là j’avais décidé de faire un doigt d’honneur à mon instinct. Ce jeune homme me semblait parfaitement décent. J’avais eu une conversation intelligente avec quelqu’un de semblable à moi. Parce qu’au fond combattre les démons c’était une chose. Être le seul dans le coin c’était triste. Mais ce qui me rongeait le plus c’était de ne pas arriver à m’identifier aux personnes qui m’entouraient. Avec Rafael, j’avais eu l’impression que le fossé qui me séparait des gens normaux s’effaçait. Pour la première fois, en plusieurs années je m’étais fait un ami. Un vrai. Et si je pouvais l’aider de quelque manière qu’il soit, j’étais prêt à le faire.
LA MORT DES AMANTS
Usant à l'envie leurs chaleurs dernières | Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux | Qui réfléchiront leurs doubles lumières | Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux. | FRIMELDA
Messages : 5194
Date d'inscription : 01/05/2018
Région : Québec
Crédits : Principalement Google.
Univers fétiche : Vends-moi tes idées. 8)
Préférence de jeu : Homme
Captain Rogers.
Sam 26 Mai - 19:07
Rafael Peterson
J'ai 25 ans et je vis en Nouvelle-Orléans, Lousiane. Dans la vie, je suis un hybride détraqué et je m'en sors avec l'humour. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibataire et je le vis plutôt bien. Rafael est un hybride (mélange entre un vampire et un loup-garou) qui a été victime d'un accident rendant son état de créature fantastique complètement détraqué. Il doit se nourrir de sang mais, lorsqu'il le fait, il entre dans une transe de torture psychologique puis physique. Son corps est complètement marqué par des cicatrices qui témoignent de la douleur qu'il ressent à chaque fois qu'il boit une goutte de sang.
Naître sans religion avait un avantage particulier. Rafael n’avait pas l’impression que deux grands yeux dans le ciel épiaient chacun de ses gestes, de ses choix et de ses pensées. Il était libre de décider à tous les niveaux sans avoir peur d’un jugement divin. Jamais des pensées de vie et de mort n’avaient traversé son esprit. Le garçon dégustait le moment présent sans s’attarder sur les questions existentielles. Jamais il n’avait songé au paradis, s’il existait réellement. Alors, loin de lui était l’idée de se rapprocher davantage du ciel en commettant un acte irréversible. Il était bien trop occupé à corriger ses erreurs et à chercher des solutions à ses problèmes. Il était un loup solitaire, au dépend de ses envies. La vie l’avait porté jusqu’à aujourd’hui, dirigée par le hasard et l’incertitude. S’il était maintenant un hybride, c’était une coïncidence. Jamais Dieu ou lui-même n’auraient pu décider autrement de son sort. Rafael flottait dans un bateau contrôlé par les eaux turbulentes et le vent puissant depuis le jour où il est né. Aux paroles de son ami, le jeune homme gloussa, sachant pertinemment que dormir était un des plus beaux cadeaux qu’on pouvait se faire. Le sommeil nous emportait dans un endroit paisible où rien n’est impossible et là où le hasard n’est plus la règle de base. Si le paradis existait réellement, il était bien caché au plus profond de l’esprit des gens et il serait en fin de compte le rêve.
- Je pense que tu mérites bien de dormir. Mon petit doigt me dit que tu n’as pas passé une nuit très agréable.
Il avala sa salive en se disant que lui non plus. Il craignait le samedi soir comme les anciennes civilisations craignaient la peste noire.
- Je n’ai aucune obligation. Je sens dans le ton de ta voix qu’une longue sieste te fera le plus grand bien. Je ne veux pas te tenir éveillé plus longtemps. Ça serait déplacé de ma part et jamais je ne voudrais cela.
Il accompagna ses mots d’un sourire rassurant, comme il aimait bien les faire. Il n’avait pas changé à ce niveau. Il avait toujours ce besoin instinctif de prendre soin des autres et de les réconforter même si leurs maux étaient minimes. Et, à ce moment précis, Mattias semblait avoir besoin d’un certain soutien. Peut-être était-il simplement insomniaque. Rafael avait de la difficulté à trouver une autre raison qui pourrait amener autant de fatigue chez un prêtre. Ce n’est pas comme s’il avait le droit de passer une nuit complète dans un bar, accompagné de femmes et guidé par un haut taux d’alcool. L’hybride se tendit légèrement en sentant une main se poser sur son épaule, marquant son deuxième contact physique et humain depuis l’arrivée de la malédiction dans sa vie. Il tenta de se détendre à nouveau; il réussit sans grande difficulté. Il était de plus en plus à l’aise avec Mattias. Ce dernier ne semblait avoir aucun jugement ni aucune pensée délusoire. C’était un homme bien dont l’intention ne sera jamais de forcer sa pensée à autrui.
- Je suis surpris par tout ce que tu amènes. Je ne m’attendais pas à recevoir ce genre de réponse en rentrant dans cet Église. À mes yeux, le paradis se décrit plutôt comme le sentiment que l’on ressent en faisait sourire quelqu’un d’autre. Le paradis c’est une récompense, c’est un état d’esprit. Ce n’est pas un monde. Je ne crois pas à la vie après la mort. Et je n’y pense jamais, non plus.
Son regard se fraya un chemin jusqu’au sol. Il n’était pas malade, du moins, il ne percevait pas son état comme une maladie. Il ne pouvait pas en mourir, au contraire : sa malédiction lui offrait la vie éternelle. Jamais il ne mourra. À cette pensée, un frisson traversa l’échine du garçon, de bas en haut. Mattias aura quatre-vingts ans et Rafael n’aura pas pris une seule ride. Il essayait de ne pas trop y penser; il ne ressentait pas encore son immortalité. Il la remarquera peu à peu en se levant tous les matins avec cette impression d’être figé dans le temps alors que, autour de lui, le monde se construira lentement mais sûrement. Il sera coincé dans sa propre bulle, incapable de suivre les pas d’un autre. Dans un soupir, il releva ses yeux et les plongea dans ceux de son nouvel ami qui lui avait tendu la main une fois de plus. Le jeune homme pouffa discrètement de rire, se disant que c’était vraiment la journée des contacts. Il sortit la main de sa poche et la laissa se coller contre celle de Mattias. Peau contre peau; ça lui faisait bizarre. Mais jamais il ne ferait la chose autrement. Alors, il serra la main du prêtre d’une façon plus convaincante que la première fois. Il écouta ses paroles accueillantes tout en les gravant dans ses souvenirs. Il savait maintenant que quelqu’un était là pour lui s’il n’avait pas le cœur à se renfermer dans sa solitude. Jamais il ne regretta être entré dans cette Église même si sa première intention avait été de rire des croyants écervelés. Il fallait croire que Mattias était bien différent de ce qu’il aurait imaginé.
- Le plaisir est réciproque, Mattias. Je me ferai moins discret les prochaines fois que je passerai devant l’Église. Tu risques de m’y voir au même jour, à la même heure.
Vraiment, il avait envie d’ajouter la visite du prêtre à sa routine du dimanche. Ça ne pouvait pas lui faire du mal de venir discuter un peu après avoir passé la nuit à souffrir dans une pièce fermée et cadenassée, avec personne pour lui tenir la main et lui dire que tout ira bien. Rafael reprit ses sacs en plastique et se dirigea vers la sortie aux côtés de Mattias. C’est avec un sourire aux lèvres et une étincelle de réconfort dans les yeux que l’hybride remercia son ami. Il le salua d’un hochement de tête et d’un signe de la main puis il entreprit de commencer sa journée, le cœur plus chaud que jamais.