Elle rougit. Et tout de suite Max se dit qu'il n'a pas pu s'inventer des choses, suit-elle un code qu'il ne connaît pas ? Elle si calée dans l'esprit humain ? Mais non, Brianna est trop pure, trop simple. Hier, en sous-vêtements sans la moindre gêne. A moins que ce ne soit une invitation qu'il n'ait que raté ? Non, dans ce cas-là elle ne rougirait pas. Max se sent bête, il n'arrive pas à comprendre et surtout, il a peur de s'imaginer des choses. De mettre des mots sur des sentiments qu'il se refuse encore pour l'instant, parce que accepter ce qu'elle voudrait signifierai ce demander : que veux-tu toi ? Et Max n'est pas encore prêt pour cette question.

Puis, elle s'excuse et promet de la laver, elle parle de ses vêtements offerts par Delos et les rouages se mettent en route dans son esprit : il a oublié de lui prendre des vêtements. Il a fait tout un cirque pour lui offrir un téléphone, mais a oublié les vêtements. Oh le con. Max se frappe la tête d'une main avant d'exploser de rire. Au moins il rit.  « Oh Bri je suis désolé, j'ai complètement oublié. Pourtant tu m'avais dit d'en prendre non ? Enfin je ne sais pas et j'aurai été incapable de choisir pour toi. Il faut aller t'acheter des vêtements, même si cette chemise te va vraiment très bien. » Il a fini sa phrase pour qu'elle ne se vexe pas de son explication, comme si elle pouvait se vexer. Attends, pouvait-elle se vexer maintenant ? Il se mord la lèvre une fois de plus, perturbé, il ne sait plus. Il la reconnaît, mais ne sait plus comment agir, c'est si neuf.

Il lui prend le menu des mains. « Maaais pour l'instant mangeons, qu'est-ce qui te fait plaisir ? » Il se sent si à côté de la plaque qu'il veut changer de sujet, ils auront du temps pour acheter des vêtements, il pourrait envoyer une de ses secrétaires, elle saurait l'aiguiller pour trouver des choses bien.

Et la voilà toute embarrassée d'avoir piqué une chemise à Max, alors que celui-ci... éclate simplement de rire. Brianna le fixe avec une expression ahurie, ne comprenant pas sur le coup, jusqu'à ce qu'il s'explique : il venait de réaliser qu'il avait oublié de lui prendre des vêtements. Alors, la brune se met également à rire, une main devant ses lèvres, tandis qu'elle hausse une épaule. "Je l'ai mentionné, mais c'était pas obligatoire... si on suit le programme de Delos, les androïdes portent tous la même tenue tous les jours." elle grimace. Non, elle ne voulait pas porter la même tenue tous les jours. Elle ne trouvait pas ça... correct ? Pas humain. "Mais merci pour le compliment, même si elle est un peu grande." qu'elle admet en tirant sur le tissu, dévoilant combien son petit corps nage totalement dans cette chemise pour hommes.


Elle le laisse lui prendre le menu des mains, et fronce le nez en haussant les épaules. "C'est une très bonne question. Les androïdes ne sont pas sensés vraiment avoir de goût, ils mangent ce qu'on leur donne. Sauf que..." Elle grimace, se penche légèrement vers Max, et avoue dans un murmure "Je crois que je n'aime pas le jus d'orange." Elle se rappelait encore nettement sa grimace, plus tôt dans la journée. Comment est-ce que ses goûts fonctionnent ? Elle n'en sait foutrement rien, et ce n'est pas comme si elle pouvait aller chercher un tutoriel sur internet. "Qu'est-ce que tu me recommanderais ?" demanda-t-elle finalement, curieuse.

Au début de l'utilisation du programme, Max doutait beaucoup. Il avait peur de ces intelligences artificielles trop douées pour eux, simples humains, et semblait convaincu que les robots allaient finir par dominer le monde. Brianna était, elle, à des lieux de ces idées. Puis progressivement, Brianna a pris ses aises dans la vie de Max et la tendance à s'inquiéter s'est inversée. Le jeune homme n'avait plus peur, il acceptait pleinement Brianna dans sa vie, comme robot, comme intelligence, comme humaine, qu'importe, elle était un pilier maintenant. Or elle commençait à douter. A avoir peur de ce qu'elle pouvait devenir. « Ah, pour vous différencier, vous rabaisser au rôle d'esclave d'humain. » La rage dans la voix du jeune homme est peut être un peu nouvelle pour Brianna, mais Max en a marre. S'il n'a pas pour eux, il a peur du jour où les robots se rebelleront contre les humains, parce que clairement ça va finir par se faire, personne n'aime être rabaissé au statut de serviteur.

Ils se penchent sur la carte et à nouveau Brianna lui fait une confidence, dans un murmure. « Ahah, tu dois bien être une des rares personnes sur terre alors ! Nous prendrons du jus de raisin ou d'ananas alors ! Ou alors des oranges pressées, ce sera peut être meilleur. » Des plans, à eux deux, ridicules et simple, mais c'est tellement agréable de l'englober pour de vrai cette fois, pas juste en la trimballant dans sa poche. Il prend la carte et la regarde attentivement. « Hum dur choix pour un premier plat en plus ! Et j'aime bien le jus d'orange, j'ai peur de ne pas être l'homme idéal pour choisir ton premier plat. Mais ce restaurant possède un très bon cuisinier, il peut rendre tout plat simple très bon. Ou est-ce qu'on ne prendrait pas au hasard ? Et nous partagerons ? » C'est un restaurant très bon, mais très simple aussi, ils n'y a pas que des hommes d'affaires, mais plutôt des familles, des couples qui badinent. Coincés dans une ruelle, le restaurant ressemble à une librairie ancienne, couverte de tableau et de livre sur ses murs. Oui, ici ils pourront faire ce qu'ils veulent, même échanger leurs assiettes en cours de repas. Quand le serveur s'avance, Max commande « Les deux plats que le chef réussit le mieux, et si vous ne savez pas répondre, choisissez pour nous. »

Quelques longues minutes plus tard, après une bouteille de vin débouchée et des amuses-bouches déposés sur la table, le serveur revient. « Un saumon aux pommes de terre rôties et un fish and chips servi avec des mushy peas. » Le serveur tends les assiettes ne sachant pas trop quoi donner à qui.

Spoiler:

Voir l'amertume qui habite le regard de Max chaque fois qu'il parle de la condition des androïdes la touche et l'attriste en même temps. "C'est ce pourquoi on nous a créé à l'origine." murmure Brianna avec honnêteté, tout en se risquant, doucement, à poser le bout de ses doigts par dessus ceux du jeune homme. Ils ont été créés pour servir, assister, remplacer l'être humain. "Si je n'avais pas été... différente, j'aurais continué à te servir sans jamais en être triste, Max." continue l'androïde avec la gorge serrée. Elle n'aurait jamais été triste, heureuse, amoureuse. Toutes ces émotions n'auraient été que des suites de codes simulés pour paraître vivant, sans véritablement l'être. Et peut-être était-elle la seule dans son cas ? A être capable d'apprécier la nourriture, ou au contraire, ne pas l'aimer ?

Le sujet dévie par ailleurs sur la gastronomie, et Brianna préfère largement entendre Max divaguer sur le nombre de jus qu'il peut lui faire essayer, lui arrachant d'ailleurs un sourire amusé. "Je finirais bien par en aimer un !" s'amuse-t-elle avec un sourire, se plaisant à découvrir la vie devant un écran, et non plus derrière. "Je suis sûre que tu es l'homme idéal malgré tout." assène-t-elle avec certitude, avant de battre des yeux et préciser "Pour me choisir des plats, je veux dire. Tu connais bien la nourriture anglaise... et les meilleurs plats du coin !" Elle se rattrape en balbutiant, s'excuse d'un sourire. "Partager, ça me va. C'est un bon moyen de cibler un peu mes goûts." c'est donc décidé, Max commence les deux meilleurs plats, et plus tard, alors que Brianna explique à Max qu'elle a failli tomber deux fois dans la douche - et se gardait bien de mentionner sa maladresse avec l'eau froide et chaudee - , le serveur arrive avec deux assiettes aux odeurs appetissantes. Au hasard, elle saisit l'assiette de saumon, et laisse le fish and chips à Max. "Merci" elle remercie le serveur d'un large sourire entousiaste, arrachant un sourire intimidé de ce dernier qui disparut pour servir d'autres clients, non sans lancer quelques regards à la brune. "Alors, comment on s'organise ? Tu piques dans mon assiette, et moi dans la tienne ?" Elle prend sa fourchette avec curiosité, son regard oscillant entre les deux plats sans savoir où commencer. Puis timidement, elle tend sa fourchette jusqu'au plat de Max, pour en voler une bouchée. Froncer les sourcils, et... et sourire comme une enfant. "C'est super bon!" Et voilà qu'elle tend son assiette comme pour procéder à un échange et laisser Max piocher dedans. C'est comme ça que ça marche, non ?

« Franchement je ne crois pas que tu sois un cas isolé, tu es unique bien entendu, mais je suis certain que d'autres androïd vont se rendre compte et sortir des pare-feu. Et plus ça va aller... » Il plonge son regard dans celui de Brianna et voit qu'elle ne partage pas ses doutes, qu'elle est gênée. Elle doit en avoir marre de l'entendre dire ça. « mais on n'est pas obligé d'en parler. » Il marmonne et se penche vers le menu. Il ne veut pas la mettre mal à l'aise, mais il veut se battre pour elle pour qu'elle ait le droit d'être celle qu'elle veut être, point. Pas juste une esclave, une nouvelle forme d'esclavage, les humains n'apprendront jamais.

"Je suis sûre que tu es l'homme idéal malgré tout." Il était en train de boire dans son verre d'eau et manque de s'étouffer. "Pour me choisir des plats, je veux dire. Tu connais bien la nourriture anglaise... et les meilleurs plats du coin !" Il avale difficilement la fin de sa gorgée, sentant qu'elle a compris son malaise et se maudissant intérieurement. Mais elle a le chic pour sortir des bombes avec tellement de naïveté et sans aucune gêne que s'en est perturbant. Il sourit et acquiesce, avant de froncer les sourcils. « Eh bah les meilleurs plats du coin ... ne valent rien contre la cuisine italienne ! Même les grecques ou les français font des choses merveilleuses, mais on s'habitue à la cuisine anglaise aussi. » Il finit avec un clin d'oeil. Inutile. Il reprend son verre entre ses mains pour jouer avec.

Heureusement les plats arrivent, Brianna se sert et sans la moindre gêne goûte dans son plat. Il apprécie tellement sa simplicité, sa façon de faire sans le moindre doute. Alors qu'autour de lui tout le monde le prend avec des pincettes -l'homme qui est la quatrième fortune d'Angleterre après tout- personne ne se permet des familiarités avec lui, lui qui n'a même plus sa famille pour oser le faire. Et Brianna n'hésite pas et il la regarde avec des grands yeux émus. Il a envie de poser ses lèvres sur son front, de la serre dans ses bras, de la remercier. Il oublie le monde des affaires quand il se concentre sur elle et c'est la meilleure chose de sa journée. Il tend son assiette vers elle, puis prend sa fourchette et plante dans une pomme de terre. Le geste les rapproche et quand il se recule pour manger, il se rend compte que sa chaise est bien plus proche qu'au début. Il savoure et la regarder se délecter. Il n'a rien à dire, juste il sourit et se sert encore. Tout le repas ils alternent, une assiette, puis l'autre, parfois leurs fourchettes en l'air se croisent et ils rigolent.

Brianna a peur de penser aux autres, peur de penser qu'elle n'est pas seule, et en même temps... elle en a l'espoir. Mais elle, elle veut simplement vivre, profiter des plaisirs étranges de la vie, comme manger au restaurant, prendre une douche, aller regarder le soleil qui se couche sur une plage. Et si d'autres allaient plus loin? Et si tout ça partait sur une guerre ? Elle baisse les yeux, et Max remarque probablement sa gêne face au sujet, puisqu'il décide de passer à autre chose. "Disons juste que pour l'instant, je veux m'estimer heureuse d'être une de ces anomalies, avant de me demander s'il y en a d'autres." Être égoïste, rien qu'un peu, connaître le vice humain en tant qu'androïde.

La conversation continue, et Brianna trébuche sur ses mots. Ses paroles sont maladroites, trahissent des arrières pensées que Brianna a encore du mal à gérer, n'étant programmée que pour analyser Max, et non pas réfléchir d'elle-même. Pourtant, la brune parvient rapidement à rebondir, en parlant de cuisine, et elle se retient presque de soupirer de soulagement lorsque Max saisit l'opportunité pour changer de sujet. "Les pâtes italiennes, ça m'intrigue. Y a tellement de recettes, je crois que je serais capable d'avoir envie de toutes les goûter !" Peut-être détestera-t-elle, peut-être qu'elle aura tout ça en horreur... Mais au moins, elle peut goûter. Et ça change tellement de l'époque où elle était obligée de tout observer depuis son écran.

Et quand les plats arrivent, la dégustation commence. Sans trop réfléchir, Brianna pioche, goûte, analyse chaque saveur avec une curiosité placardée sur son visage, étrange pour une personne ayant l'apparence d'une jeune femme de 25 ans. Les assiettes alternent, alors que tous les deux sourient, rient même quand Brianna grimace au goût du saumon ou lorsque leurs couverts se mélangent. Tous les deux insouciants, ils profitent du repas jusqu'au dessert, sans se prendre la tête, de la façon la plus simple du monde.

Malheureusement toutes les bonnes choses ont une fin. Et quand vient l'heure pour Max de retourner travailler, les deux se font face devant l'entrée du restaurant, et Bri adresse au brun un sourire timide, peu décidée à le laisser s'en aller. " Je vais peut-être essayer d'aller voir les magasins, j'ai cru comprendre que c'était pas bien loin..." Puis elle n'allait définitivement pas voler toutes ses chemises à Max. Après une hésitation, elle se hausse sur la pointe des pieds pour venir embrasser sa joue. C'est bien comme ça qu'on dit au revoir, non ? "Je t'attendrais à la maison. Bon courage...?" Un sourire timide, et elle pivote, pour mieux se diriger vers les rues de Londres où elle sait qu'elle trouvera les boutiques.

Le déjeuner qui avait eu lieu à midi semblait résonner dans l'esprit de Max toute l'après-midi. C'était si simple ! Pourquoi avait-on rajouté toutes ces règles, toutes ces convenances ? Max se posait de plus en plus de questions grâce à Brianna, il se remettait en cause, réfléchissait, tentait de changer et surtout, il voulait changer le monde. Que chacun accepte l'autre, sans se prendre pour le roi du monde. Il aimait ce qu'elle apportait en lui et il se sentait libre de pouvoir changer. Bon sang, qu'il avait hâte de la retrouver, de voir comment elle se débrouillait dans cette nouvelle vie, de la voir avec de nouveaux vêtements !

En sortant, un peu tard à cause de la masse de travail en plus, il se cogna à quelqu'un. Un associé, sûrement l'homme qui se rapprochait le plus du terme "ami". Rob l'invita à boire une bière « depuis le temps ! » et Max ne peut refuser. Il envoya rapidement un message à Brianna pour s'excuser du retard et suivit son ami.

Une heure et demie plus tard, Max était soûl. Il avait du boire trois pintes trop rapidement, sans rien manger et Rob insistait insistait. Il était clair que Max n'avait plus toute sa tête, il espérait juste ne pas avoir parlé de Brianna. Il se mordit la lèvre et regarda par la fenêtre du taxi qui le ramenait chez lui.

« Oh Brianna, que tu es magnifique. » Ses yeux étincelaient, sa démarche -peu assurée- le faisait tanguer, pourtant il continuait d'avancer vers elle. Ses bras cherchaient à l'attraper. Il n'avait qu'une envie, poser ses lèvres sur celles de Brianna et -aidé par l'alcool- il ne voyait pas pourquoi il ne pourrait le faire. Alors, sans plus attendre, il se jeta à son cou, caressa ses cheveux et l'embrassa.

Traitée comme une princesse. Brianna, jamais elle n'aurait cru que les choses soient si faciles. Chaque fois qu'elle passait les portes d'un magasin, les vendeuses affluaient autour d'elle, et elle dû faire tous les efforts du monde pour ne pas paraître déroutée. Elle a tendance à oublier que c'est désormais une belle jeune femme, la taille mannequin, le visage de poupée. Forcément, on lui propose de la conseiller, et c'était un avantage pour elle qui n'avait pas la moindre idée de quoi prendre. Alors elle expliqua simplement vouloir 're'faire sa garde robe, et après de longues heures passées dans le centre commercial, chargée comme une mule, elle était rentrée à l'appartement, en espérant que Max ne lui tiendrait pas rigueur de ses achats. Elle se doutait déjà que non. Mais au fond, elle s'inquiétait toujours de la charge supplémentaire qu'elle était pour lui. Acheter un "corps", puis maintenant des vêtements... elle espérait au moins qu'il apprécierait les tenues choisies par ces vendeuses, car elle avait absolument tout aimé.

Le soir, alors qu'elle attendait dans l'appartement, il la prévint de son retard, allant boire un verre avec un collègue. Bri ne lui en voulait pas. Elle profita même de ce temps seule pour commencer à essayer ses achats, entassés dans un coin d'une pièce de l'appartement. Avec soin, et en suivant des articles sur le web avec rapidité, elle apprit à associer les couleurs, à se maquiller, se coiffer. Varier selon les tendances, comme les vendeuses n'avaient eu de cesse de lui dire. A la tombée de la nuit, l'androïde portait un chemisier de dentelle rose fin, une jupe noire, ses cheveux étaient remontés en chignon à l'apparence négligée, et son maquillage léger. Devant le miroir, elle se fixait avec un mélange d'admiration et d'appréhension. Elle même se trouvait réelle à s'y méprendre. Mais ne l'était-elle pas au fond, réelle ?

Quand elle entendit le bruit de l'ascenseur puis de l'entrée, elle ne tarda pas à traverser l'appartement pour le rejoindre, espérant avoir directement une réaction de sa part. Mais elle ne s'était pas attendue à une telle franchise, à un tel regard de sa part. Elle en resta bouche bée pendant un instant. Puis, elle eut un rire léger en le voyant vaciller à chaque pas qu'il faisait. "Merci... tu n'aurais pas un peu bu par hasard ?" La réponse était évidente, elle était humanisée, mais pas dénuée de ses capacités d'analyse pour autant. Max avait bu. Beaucoup bu. Elle s'en rendait d'ailleurs un peu plus compte à chaque pas qu'il faisait vers elle, jusqu'à l'attraper dans ses bras, surprenant ainsi Brianna. "Max ..?" Elle appelle, surprise, lève un regard interloqué dans la direction du jeune homme qui ne réfléchit pas. Et au contact de sa main dans ses mèches brunes, elle s'immobilise, Bri. Une main crispée contre l'épaule de Max, l'autre appuyée dans son dos par crainte qu'il ne tombe, elle ne s'était pas attendu à ce qu'il l'embrasse. Elle ne comprend pas jusqu'à ce qu'elle réalise le contact chaud, la caresse de ses lèvres contre les siennes. C'est doux, c'est à la fois inédit et familier, et terriblement agréable. Et la main jusque là accrochée à l'épaule se relâche, se détend. Glisse jusque l'arrière de la nuque de Max, tandis que leurs visages se séparent un bref instant. Et elle ne dit pas un mot, Bri. Se contente de soutenir le regard clair de celui qui anime son coeur artificiel. Elle a trop peur de briser l'alchimie soudaine entre eux, cherche seulement un mouvement de recul de sa part avant de revenir chercher ses lèvres avec les siennes, avec un peu plus d'assurance, de certitude.

Elle rit, sourit, sûrement un peu gênée de ses propos. Elle balbutie, demande s'il a bu. Max explose de rire. « Et pas qu'un peu. » ajoute-t-il. Est-il fier ? Pour l'instant rien d'autre ne compte si ce n'est Brianna face à lui. La belle, la douce, l'unique Brianna qui est si impressionnante dans son corps de femme. Depuis longtemps, Max commence à se dire que ce qu'il ressent pour elle est plus fort que de raison, mais aujourd'hui l'alcool inhibe ses doutes, il ne voit que la simplicité de ce que peut devenir cette nuit.

Alors il l'embrasse. Jamais il n'aurait osé, sobre, prendre les devants de la sorte. Heureusement que son ami l'a retenu et forcé à boire un verre, intérieurement il se jure de le remercier. Puis il l'éjecte de son esprit pour se concentrer uniquement sur Brianna. Elle semble si humaine que Max enlève de sa tête la possibilité qu'elle soit autre chose. Pas de questionnements, pas de doutes, juste de l'action.

Les lèvres douce de la brune se séparent un instant des siennes, il sourit, béatement, surtout quand elle plonge son regard dans le sien. Ce qu'il y lit lui donne envie de faire des folies, alors il ne se retient pas, mais, chose impressionnante c'est elle qui l'embrasse en premier. Et le battement de coeur qui lui fait remonter le sang jusqu'à son cerveau électrifie tout au passage. Max se sent pousser des ailes et frissonner à la fois. Il se sent entier, heureux, satisfait. Il sourit toujours béatement. Il caresse sa nuque de sa main droite et descend sur son dos avec la gauche. Ses pieds trépignent sur place. Jusqu'où peut-il aller ? Il se posera la question demain, ce soir, il vit pleinement.

Il la pousse doucement contre le mur et se colle plus fortement à elle, les yeux fermés embrassant ses lèvres, son cou, son visage. Il sent son odeur, une odeur encore étrangère pour lui, bien qu'ils aient dormi l'un à côté de l'autre la nuit précédente. Il pose sa bouche contre son front et son nez dans ses cheveux. « Tu sens si bon. » murmure-t-il, sans savoir d'où lui vient cette nouvelle obsession. Ses caresses se font plus pressentes, plus insistante, son désir est palpable. Elle l'a sûrement ressentit et le fait qu'elle réponse à ses baisers le rend fou de joie.

Il a bu. Il faudrait être aveugle pour ne pas le voir, surtout pour une androïde observatrice comme Brianna; pourtant, la brune reste figée, intriguée par le comportement proche de l'euphorie qu'affiche Max. Il confirme, ajoute même qu'il a beaucoup bu, et si elle s'apprête à lui dire d'aller prendre une douche pour tenter de décuver, la brune est rapidement arrêtée dans son élan par les lèvres de son "propriétaire" contre les siennes. Son premier baiser. Il venait réellement de l'embrasser, et elle, de l'embrasser en retour. Elle découvre un de ces concepts qu'elle savait observer mais n'avait jamais pu ressentir : le désir. Comme une décharge électrique qui parcoure chacun de ses membres, l'encourage à mieux venir se blottir contre lui, chercher un peu plus la pression de sa paume contre son dos, sa nuque. Qu'est-ce qu'ils font ? Qu'est-ce qu'il fait ? En a-t-il seulement conscience ? Le fil de ses pensées s'interrompt lorsque Max vient doucement la plaquer contre un des murs de l'appartement, pour mieux faire pression de son corps sur le sien, et parcourir sa peau du bout des lèvres et de ses mains. Et les mains de Brianna tremblent, quand elle se hisse dans les bras du jeune homme, enroulant ses jambes autour de ses hanches. Elle se sent à la fois protégée, et terriblement vulnérable, alors que Max hume son parfum. Elle encadre son visage de ses doigts, cherche son regard, mais les mots ne viennent pas. Elle l'aime. Elle l'aime tellement que ça la bouleverse. Elle l'aime à un point tel qu'elle lui offrirait le monde sans hésitation. Mais elle sait que ce n'est pas bien. Elle sait qu'elle ne veut pas que les choses se passent comme ça.

"Max, attends..." Elle s'interrompt dans ses mots, serre les lèvres, se perds sous les baisers du jeune homme dans son cou et sous ses caresses. Brianna lève une main entre eux deux, tente de faire pression pour l'éloigner d'elle, pantelante, à bout de souffle, le désir qui danse toujours dans ses yeux. Difficile de dire non, quand tout chez elle dit oui. Le corps humain est d'une étrangeté... "Tu as beaucoup trop bu." L'affirmation quitte ses lèvres dans un souffle, un murmure, alors qu'elle se détache du mur pour lui faire front, embrasser la commissure de ses lèvres du bout des siennes. "Et même si une part de moi espère qu'il n'y a pas que l'alcool qui parle chez toi... je ne veux pas prendre de risques. Je refuse que tu regrettes." Qu'il la rejette. Je t'aime Max, mais et si de ton côté tu n'étais attiré que par le corps que tu as acheté ? Après tout, n'est-elle pas qu'une intelligence artificielle ?

Elle ne lui laisse pas le temps de la contredire, se dérobe à son étreinte pour aller vers le salon après avoir doucement lâché sa main. "Tu devrais prendre une douche et aller dormir." Elle se contentera du canapé pour ce soir, quand bien même elle brûle d'envie de retrouver la chaleur de ses bras.