Vic avait souri. « -je ne suis pas en train de te dire qu’il ne me plait pas ou que je ne lui trouve aucun charme. Seulement… l’homme que j’aime est décédé il y a moins d’un an… Jacob à perdu Mia… nous sommes conscient que ça aurait pu coller autrement entre nous. Dans d’autres circonstances. » pourquoi est ce qu’elle était en train de confier tout cela à Eva ? Elle n’avait pas besoin de se justifier… Un non de la tête. « -je n’ai jamais eu envie de lui. Et l’inverse est vraie également. » il y avait eu quelques regards étranges, ce trouble au lagon lorsqu’il l’avait vu en maillot de bain. Mais rien d’assez sérieux pour les avoir pousser l’un vers l’autre de cette façon. Ils n’étaient pas prêt à ça, tout simplement. « -c’est parce qu’on a beaucoup en commun… des choses tristes et douloureuse. Et qu’on… qu’on s’apportait du soutien. » elle avait parlé au passé. Il n’y avait plus aucun soutien depuis qu’ils s’étaient emportés l’un contre l’autre. Seulement du silence et de la distance. Un sourire : « -il vient de divorcer, forcement il me voit bien plus parfaite que son ex-femme. « pour Vic c’était simplement logique. Rien d’autre. « -je ne sais pas vraiment si je le mérite… » avait soufflé la belle brune avant de terminer de préparer les affaires de Jacob.

« -en quelque sorte. Enfin le dealer est sans emploi et légèrement dans la merde financièrement en ce moment… » elle avait finit par enfilé le pull de Jacob, baissant les yeux presque gênée par la réflexion d’Eva. Heureusement c’était une bonne nouvelle qui les attendait à l’hôpital. Jacob était vivant. Après avoir passé quelques minutes avec lui, elle avait quitté la chambre à contre cœur, n’osant pas déposer ses lèvres sur sa joue. Une fois dans le couloir, elle avait prit le numéro d’Eva. « -tiens moi au courant d’accord ? » maintenant qu’elle savait qu’il était hors de danger, elle n’avait plus sa place ici. C’était de sa famille et de temps qu’il avait besoin.

Deux jours plus tard, elle avait eut un message d’Eva, lui annonçant que Jacob était réveillé. Elle s’était mise à pleurer alors qu’elle patientait pour un entretien d’embauche. Elle s’était excusé en serrant la main du recruteur, évoquant rapidement le fait qu’elle venait d’avoir une bonne nouvelle. Un ami qui sortait du coma. En sortant de l’entretien, elle savait d’avance qu’elle n’aurait pas le poste. Elle n’était pas certaine de le vouloir vraiment de toute façon. Elle avait appelé Eva, pour savoir comment il allait, s’il avait parlé, s’il ne souffrait pas trop.

Eva avait vu son grand frère changer depuis sa rencontre avec la femme qui se tenait près d’elle en cet instant. Elle avait conscience que la présence de Victoria lui avait permis de faire son deuil peu à peu. Elle ne disait pas pour autant qu’il avait oublié Mia, ou encore qu’il n’éprouvait plus aucune culpabilité d’avoir trompé sa femme avec sa coéquipière. Seulement, il souriait de plus en plus avec le temps, et il serait naïf de penser que c’était seulement le temps qui avait eu cet effet-là sur son frère. Peut-être qu’ils n’aspiraient pas à davantage pour eux deux, mais comme le précisa si bien Victoria, dans d’autres circonstances, leur relation aurait pu être différente « Dans une autre vie » souffla-t-elle avant de renchérir. Elle se mit ensuite à sourire avec douceur, comprenant davantage ce qui les liait tous les deux. Jacob avait évoqué le décès du fiancé de Victoria, mais maintenant qu’elles échangeaient de vives voix, tout prenait un sens nouveau à ses yeux « Avec ce que vous avez vécu tous les deux, je comprends qu’aucun de vous n’ait envie de plus », puis se mit à sourire avec douceur à l’attention de l’amie de Jacob « Mais crois-moi, tout se guérie. Même la perte de l’être aimé » et Eva parlait en connaissance de cause. Elle était tombée amoureuse du meilleur ami de son frère, Arturo. Malgré les désapprobations de son frère, ils s’étaient aimés l’un et l’autre, jusqu’à ce que la vie ne lui ôte brutalement. Elle avait souffert comme jamais de cette perte, et voilà qu’aujourd’hui, elle entrevoyait l’avenir autrement « J’ai accepté de tomber amoureuse de nouveau d’un homme qui a su faire preuve d’une grande patience avec moi, qui a accepté que je le repousse pour me protéger, qui a accepté mes colères, mes peurs, mes doutes. Aujourd’hui, il est dingue de moi ! » conclut-elle avec enthousiasme, sourire aux lèvres « Ça finira par se produire pour toi aussi ». Elle ne pouvait pas l’attester pour son frère qui avait semblablement tiré un trait définitif sur l’amour et la vie de couple.

Un petit rire résonna ensuite dans l’appartement « Il aurait pu aussi te voir moins parfaite que Mia » rétorqua-t-elle avec ce petit sourire satisfait au coin des lèvres qui avait une tendance particulière à agacer son entourage. Une manière comme une autre de démontrer qu’elle venait de se montrer perspicace dans son raisonnement. Mais son sourire s’estompa à ce qu’ajouta Victoria « Tu ne devrais pas dire de telles conneries. Mon frère sait de qui il s’entoure ». Et si elle doutait d’elle, elle n’avait pas à douter de son frère qui avait fait le bon choix en lui confiant sa confiance, mais aussi ses sentiments. Eva le constatait d’elle-même qu’elle était digne de l’amitié de son frère. « Si jamais tu cherches du travail, appelle-moi. J’ai quelques contacts si besoin ». Finalement, elle lui confia son numéro de téléphone qu’un peu plus tard lorsque Victoria quitta la chambre de Jacob « Oui… Oui, bien sûr » en se montrant pour le moins sceptique de cette demande. Les jours qui suivirent, elle apprit que la jeune femme n’était pas revenue au chevet de son frère et alors qu’elle s’apprêtait à l’appeler, ce fut cette dernière qui en prit l’initiative « Il est réveillé, et va pour le mieux pour un mec qui s’est fait tirer dessus » et marqua une hésitation « Tu devrais venir le voir. Il sait que tu as été présente pour nous, et … je crois bien que tu lui manques. Alors arrêtez d’être deux personnes stupides qui n’osent pas se dire les choses. Il aurait pu mourir, et c’est dans ce cas-là qu’on prend conscience de ce qui est important ou non. Oh ! Je dois te laisser, maman m’appelle pour manger et elle a fait du poulet fris. Ciao et va le voir ! Bisous » et raccrocha pour se hâter jusqu’à la table à manger.

« -ouais c’est ça… dans une autre vie. » avait répondu Vic avec un sourire complice. Eva semblait la comprendre assez bien et assez rapidement. C’était sans doute pour cela qu’elle lui confia ce qui l’avait rapproché de son frère. La perte d’un être cher. La tête penchée sur le côté, elle regarda quelques secondes Eva. Jacob avait parlé de son meilleur ami. « -j’espère un jour être aussi forte que toi… » avait confié la belle brune avant d’écouter à nouveau. Un sourire. Elle était heureuse d’entendre ça. Eva était plus jeune quelle, elle avait droit au bonheur… pour son cas, actuellement, c’était bien trop tôt. Elle ne renchérit pas. Mais Eva sembla bien satisfaite d’elle-même par la suite. Un léger rire : « -ça n’a rien avoir. » rien n’était comparable. Elle était différente de Mia, elle ne partageait pas la même passion que Jacob pour le job de flic. C’était la vie qui les avait réuni, pas l’uniforme. Elle avait observé Eva avec un léger sourire en coin, amusé de son franc parlé : « -il a raison… on est faites pour s’entendre. » Jacob n’en avait jamais douté. C’était amusant.

Quelques jours plus tard, c’était avec un grand soulagement qu’elle apprenait que Jacob avait enfin ouvert les yeux. En sortant de son entretien d’embauche, elle avait téléphoné à Eva. « -ok… mais il est cohérant et se remets bien de l’opération ? » elle avait la sensation qu’Eva n’allait pas lui répondre. « -je vais venir… je voulais mais je… » elle finit par laisser parler Eva. Décidément dans cette famille personne ne savait la fermer. « -je sais… » avait elle soufflé. « -je voulais pas que… ah heu… ok… a plus… » puis elle avait regarder son téléphone. Eva avait raccroché. Il fallu encore deux jours à Victoria pour trouver le courage de remettre les pieds à l’hôpital. Elle hésita longtemps, passa trois fois devant la chambre de Jacob sans parvenir à s’y arrêter ou à entrer. Jusqu’à ce qu’une infirmière lui demande ce qu’elle faisait, si elle s’était perdue. Son petit manège devait sembler louche. « -je… je suis venue voir le lieutenant Reyes… » « -et bien c’est ici… » l’infirmière ouvrit la porte pour Vic et lança un : « -vous avez de la visite. » Plus le choix. Elle entra. Un léger sursaut quand la porte se referma derrière l’infirmière, un regard pour la porte, puis elle observa Jacob sans oser bouger plus que deux doigts de la main. Mais elle finit par réaliser qu’elle tenait un café dans l’autre main. « -je… je t’ai amené du café… enfin… il est peut-être froid… je sais pas… » elle fit trois pas en avant pour déposer le café sur la table de nuit. « -comment tu… comment tu te sens ? » roh c’était n’importe quoi.

Dans une autre vie, tout aurait pu être différent pour son frère et Victoria. Mais dans celle-ci, ils ne seraient que des amis l’un pour l’autre, tout simplement parce qu’ils avaient bien trop souffert par amour, en perdant l’être aimé. Dans une autre vie… C’était peut-être défaitiste de penser ainsi, mais c’était ainsi que les deux amis percevaient leur relation, alors il en serait également ainsi pour la mécanicienne. Toutefois, la jeune femme ne devait pas perdre de vue qu’elle avait le droit d’être heureuse en amour, elle aussi. Eva avait affronté la même épreuve, et était parvenue à guérir à sa manière et à aimer de nouveau. Un sourire étira les lèvres de la petite sœur « On l’est tous. Faut seulement se faire confiance ». Elle ne se considérait pas comme plus forte qu’une autre. Seulement, il fallait du temps et accepter l’idée que demain serait un peu moins difficile qu’aujourd’hui. Peu à peu, la douleur finirait par s’estomper, sans pour autant parvenir à l’oublier complètement. Ce drame ferait partie d’elle, peu importe ce qu’elle pouvait en dire. Il fallait seulement qu’elle l’accepte. Eva parvint à faire rire l’amie de son grand frère et fit un signe de main en rétorquant un « Détail ! » comme si cela n’avait que peu d’importance finalement. « Tu en doutais ?! » finit-elle par rétorquer.

Néanmoins, Eva avait été quelque peu surprise d’apprendre que Victoria ne s’était pas rendue au chevet de son frère depuis son réveil. Elle n’éprouvait aucune rancœur à son encontre, elle comprenait. Leur relation était particulière, et elle avait sûrement la sensation que frôler la mort ainsi n’avait pas effacé la colère de son frère à la suite de leur dispute. Mais il n’en était rien. Elle était certaine que Jacob n’attendait que ça. « Victoria, il va bien ! » rétorqua-t-elle donc avec aplomb et se mit à parler avant de raccrocher, ne prêtant pas davantage attention aux tentatives de cette dernière de poursuivre la conversation. Eva ne voulait entendre aucune excuse pour ne pas le voir à son chevet. Ainsi, elle n’aurait d’autres choix que d’aller lui rendre visite !

La lumière blafarde au-dessus de son lit l’avait contraint de refermer les paupières presque aussitôt qu’il les avait ouvert. Toutefois, cela avait suffit pour avertir ses proches de son réveil, et les avait sentis tous s’attrouper autour de son lit. Après quelques secondes, il avait réitéré sa tentative et était même parvenu à échanger quelques mots avec ses parents et ses sœurs. Pas de longues conversations, mais c’était amplement suffisant pour un premier réveil. Ce fut l’infirmière qui décida de mettre fin aux visites pour ce premier jour de retour parmi les vivants, lui permettant ainsi de rejoindre assez rapidement les bras de Morphée. À chaque réveil, Jacob avait espéré sentir la main de Victoria sur la sienne, ou simplement croiser son regard. Ne serait-ce que humer son parfum dans la pièce aurait suffi. Cela aurait voulu dire qu’elle était venue le voir. Sa jeune sœur l’avait prévenu que la jolie brune avait été présente pour eux le jour où ils avaient appris pour son admission à l’hôpital, et depuis ce jour, il attendait patiemment son retour. Il voulait la voir, lui parler, s’excuser également d’avoir élevé ainsi la voix, d’avoir été abrupte avec elle ce fameux jour au Guatemala, mettant ainsi fin à leur amitié.

Le regard rivé sur le plafond blanc de sa chambre d’hôpital, il ressassait le jour où il s’était fait tiré dessus, remettant en question toute sa carrière dans la police. Le fil de ses pensées fut toutefois bouleversé par la voix de l’infirmière qui venait de l’avertir d’une visite. Jacob se redressa légèrement, et resta interdit en apercevant Victoria devant lui. Aucun d’eux n’osait prononcer le moindre mot, n’osait faire le moindre geste. Le lieutenant peinait tout simplement à réaliser que la jeune femme était bel et bien devant lui en cet instant précis. La voix de cette dernière lui confirma que ce n’était pas un mirage et baissa ses yeux sur le gobelet de café qu’elle tenait entre ses doigts « Merci… » murmura-t-il avant de croiser à nouveau le regard de la jolie brune, la laissant se rapprocher de lui « Comme quelqu’un qui s’est fait tirer dessus » souffla-t-il, encore interloqué par sa visite inopinée. «Je… Je ne sais pas quoi te dire… Peut-être merci… Merci d’avoir été là pour ma famille » et posa sa tête contre l’oreiller, sans la quitter des yeux « Pour le Guatemala… », mais n’eut le temps d’ajouter quoi que ce soit qu’une infirmière pénétra dans la chambre pour lui apporter le plateau, et s’éclipsa aussitôt. Jacob se redressa à peine, grimaçant sous son geste et rétorqua « Je n’ai même pas faim… ». Il finit par lever la tête vers Victoria « Je suis désolé… ».

Elle se sentait tellement mal à l’aise là, en face de lui. Et elle était complètement torturée intérieurement entre l’envie de venir se blottir contre lui, et cette sorte de blocage, cette incapacité de bouger et de parler. Pourtant elle l’avait imaginé dans son esprit cette scène. Et voilà qu’elle était debout devant ce lit. Elle le trouvait tellement pâle… Et voilà qu’elle posait cette question stupide. La réponse ne se fit pas attendre. « -oui… » avait elle soufflé, réalisant ce qu’elle avait demandé. Forcement qu’il n’était pas au mieux de sa forme. Les yeux baissés sur les manches du pull qu’elle portait, elle avait envie de prendre ses jambes à son cou et de partir très loin. Eva était très forte en manipulation mentale… Qu’est ce qu’ils avaient encore à se dire ? Mal à l’aise, elle glissa négligemment une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Voilà… il venait de le dire lui-même. Il ne savait pas quoi lui dire. Et elle qui n’osait pas le regarder. Un léger froncement de sourcils. Merci pour sa présence pour sa famille ? Elle n’avait rien fait.

« -écoute je… » il fallait qu’elle se lance. Elle ne pouvait pas rester planter là, ne rien dire, et faire demi-tour au bout de cinq minutes. Il avait ouvert la bouche en même temps quelle, ce qui avait fait taire Victoria avant qu’elle ne sursaute légèrement en entendant la porte s’ouvrir. Elle se décala pour laisser passer l’infirmière, recula d’un pas. « -ça n’a pas l’air bon en même temps. » elle avait jeté un regard au plateau. « -non ! » elle venait de lever les deux mains et de le fixer du regard. « -non le soit pas. T’es responsable de rien. Seulement de… » elle se mordit les lèvres : « -seulement de m’avoir fait la peur de ma vie. » hé voilà que les larmes se pointaient ! « -j’ai eu tellement peur… » un léger rire nerveux et elle ajouta : « -si tu étais… et qu’on… je… je me le serais jamais pardonnée. » elle leva les yeux pour ravaler ses larmes, et se passa les deux mains sur les joues pour chasser celles qui étaient déjà sorties. « -je veux pas qu’on reste fâché… je… je te demande pardon pour ce que j’ai dit. J’étais… j’étais complètement perdue. Je pensais avancé mais en fait non… et je… » elle inspira parce qu’elle parlait vite. Trop vite. « -je vois quelqu’un. Enfin je veux dire un psy. Et… mais tu me manques… cruellement… » et elle parlait trop. Mais il fallait que ça sorte.

Dire que Jacob n’était pas surprit de voir la jeune femme devant lui, dans cette chambre d’hôpital pour le moins morose, serait mentir. Il était partagé entre la joie de la revoir après tout ce temps, et la culpabilité de lui avoir hurlé ainsi dessus, alors qu’elle était tout simplement désespérée, et qu’elle souffrait encore de la perte de son fiancé. Il aurait dû se montrer plus conciliant, plus pédagogue avec Victoria, mais il avait eu tellement peur de la perdre, qu’il lui arrive quoi que ce soit dans ses rues… Qu’aurait-il fait si un malheur lui était arrivé ?! C’était la peur qui avait parlé ce jour-là, et son envie qu’elle parvienne à accepter le décès de Roberto, pour qu’elle soit heureuse à nouveau. Mais tout cela, il ne parvenait pas à le dire à voix haute. En fait, il ne savait pas réellement quoi dire. Ils avaient commencés à parler en même temps, ce qui lui avait fait esquisser un petit sourire avant d’être interrompu par l’infirmière qui lui apporta son repas. Rien de bien appétissant, et de toute manière, il n’avait pas d’appétit. Un regard pour son plateau repas, un autre pour Victoria qui commentait la teneur de son repas et se mit à sourire avec un certain amusement « Je te le confirme, ce n’est pas bon » souffla-t-il. Jacob finit par prendre son courage à deux mains et s’excusa, mais elle le refusa avec un certain aplomb qui le surprit.

Les sourcils au milieu du front, il ne comprenait pas pourquoi elle refusait ses excuses, et comprit. Elle ne considérait pas qu’il soit responsable de leur dispute et de cette distance de ces dernières semaines. Elle parvint à le faire sourire alors qu’elle considérait toutefois qu’il pouvait s’excuser de lui avoir fait peur de la sorte. Son cœur se serra en voyant les larmes perler aux coins de ses yeux. Il retira la couverture au-dessus de lui, posa sa main sur sa blessure, et d’un geste lent, se leva de son lit d’hôpital, non sans grimacer, et se rapprocha de Victoria. Il posa sa main à l’arrière de sa tête et l’attira délicatement à lui « Tu me manques terriblement aussi » murmura-t-il à son oreille. Il caressa son dos pour l’apaiser et ajouta « On a tous les deux nos torts, mais je ne veux plus qu’on se sépare ainsi… », et se recula, entourant son visage de ses mains « Je suis désolé d’avoir failli mourir » et esquissa un petit sourire en coin, et finit par reculer, sentant un vertige l’accabler, et s’installa sur le rebord du lit « Je… suis encore un peu faible », et se glissa à nouveau dans son lit, ferma les yeux en entendant que le vertige ne se dissipe, puis rouvrit ses paupières sur Victoria « Je sais que tu en as envie » et leva son bras pour l’inviter à venir se blottir tout contre lui, se décalant sur le rebord pour lui laisser la place « Parle-moi un peu de ce psy que tu consultes ».

Eva avait raison. Ils n’étaient que deux idiots. Quand on tenait à quelqu’un, à quoi bon perdre du temps à se faire la gueule. Durant ces trois longues semaines sans avoir la moindre nouvelle de Jacob, Vic avait été mise devant une évidence. Maintenant qu’il était rentré dans sa vie, elle ne serait plus jamais la même sans lui. Il avait prit trop d’importance. Elle tenait trop à lui. Alors quand il commença à s’excuser, elle le fit taire. Ce n’était pas à lui de présenter des excuses. Ce n’était pas à lui de prendre la responsabilité de leur dispute. Elle précisa cependant qu’il pouvait seulement s’excusé de lui avoir faire peur. Terriblement peur. Sans comprendre comment, elle se retrouva le nez niché dans le cou de Jacob, passant ses bras autour de sa taille. « -plus jamais… » avait elle ajouté avant de lui adresser un léger sourire. Un soupire de soulagement passa ses lèvres. Il était bien vivant. « -si je retrouve celui qui a osé faire ça… » menaça Vic avant de l’aider à s’asseoir. « -allonges toi… je vais me faire disputer par ta mère si jamais il t’arrive un truc. » réponse avec un vrai sourire cette fois-ci, avant de l’aider à se remettre au lit. « -très sexy la petite robe de nuit… » un poids immense venait de la quitter.

« -je vais aller te chercher à manger, sinon tu sera jamais remis sur pieds rapidement. » commenta la belle brune en le laissant reprendre quelques couleurs. Un froncement de sourcils, puis un sourire. Elle quitta ses chaussures, et vint s’allonger à côté de lui, sa tête sur son épaule. « -ah heu… il est plutôt charmant… un grand blond. Je pense qu’il a pas mal fumé étant jeune, parce qu’il a une voix assez grave. Et hum… » elle releva le visage vers Jacob et lui sourit : « -et je déconne… » enfin si c’était la vérité mais ce n’était pas du tout pour ça qu’elle allait le voir. « -il est spécialisé dans le deuil. Il a ses méthode bien à lui je crois… j’ai passé les trois premières séances à lui hurler dessus, pour évacuer ma colère et ma frustration. » un sourire. ça lui avait fait du bien. « -je… j’étais venue te voir pour te présenter des excuses et qu’on parle quand j’ai croisé Eva chez toi… » elle lui sourit de nouveau. « -ils pensent que tu vas pouvoir sortir d’ici combien de temps ? »

En voyant les larmes perler aux coins des yeux de Victoria, le lieutenant avait puisé dans ses dernières forces pour se lever de son lit d’hôpital, la serrant ainsi dans ses bras. Elle en avait besoin tout autant que lui. Il avait la sensation que ça faisait une éternité qu’il ne l’avait pas sentie au creux de ses bras. Cette dispute et cet éloignement étaient stupides. Il en prenait pleinement conscience alors qu’elle se trouvait contre lui. Avoir frôlé la mort de si près remettait tant de choses en perspective, et s’il avait péri sous les balles, ils s’en seraient voulu d’avoir échangé de tels mots pour dernier échange. Il souffla un « Promis » parce que lui non plus ne voulait plus cet éloignement. Le manque ressenti avait été trop fort et bien trop douloureux pour vouloir le voir se réitérer. Victoria faisait dorénavant pleinement partie de son existence, et imaginer une vie sans elle lui était impossible. Il le savait, mais ces trois dernières semaines n’avaient fait que confirmer sa pensée. Un sourire en entendant la menace de Victoria « Wendy le recherche. Il ira en prison pour longtemps » et se recula, pris d’un vertige. Il sourit pendant que la jolie brune l’aida à prendre place sur le rebord du lit « Elle te pardonnera tout à toi, c’est à moi qu’elle va en vouloir de m’être levé de mon lit » rétorqua-t-il avec amusement, se glissant sous les draps de son lit d’hôpital « Je trouvais que ce n’était pas vraiment ma couleur ». Il préférait en rire, que de se morfondre à l’idée de rester enfermer entre ces murs encore quelques jours, vulnérable et fragile.

« Ça peut attendre » souffla-t-il tout en écartant le bras pour l’inviter à venir se blottir tout contre lui. Jacob ne voulait pas la voir quitter sa chambre maintenant. Il voulait la sentir tout contre lui, dans ses bras, et tourner la page de cette dispute au Guatemala. Il posa sa main dans son dos et l’interrogea sur ce thérapeute qu’elle consultait. Un petit rire qui le fit grimacer, tirant sur ses points encore frais « Il te plaît ? » finit-il par demander avec un petit sourire en coin, et se mit à rire de nouveau, avant de la laisser poursuivre. Jacob n’était pas particulièrement surprit d’entendre qu’elle avait hurlé sur ce dernier lors des premières consultations « Tu te sens prête à avancer ? » rétorqua-t-il en croisant les prunelles de la jolie brune « Eva m’a expliqué qu’elle t’avais croisé à mon appartement… Je suis désolé de t’avoir fait peur ». Il n’imaginait même pas ce qu’elle avait pu éprouver ce jour-là, en pensant le croiser, et finalement apprendre qu’il était au bloc opératoire, à se battre pour rester en vie. « Dans une petite semaine, normalement. Ils ont trouvé utile de me mettre en arrêt deux mois ensuite. Ça va me permettre de réfléchir à ma carrière dans la police » et ajouta « Tu dors où en ce moment toi ? » alors qu’il se souvenait bien lui avoir proposé son appartement à son retour du Guatemala, peu de temps avant leur dispute.

Victoria se sentit tellement plus légère. Est-ce que c’était le poids de la culpabilité qui venait de s’envoler ? Ou le simple fait de le retrouver lui. Le sentir vivant là, tout contre elle. Sentir ses bras autour de son corps, entendre son cœur battre. Elle avait tant peur de le perde. « -on dira que c’était ma faute alors… » ce qui était la vérité. C’était pour la serrer dans ses bras qu’il s’était levé. « -oui, je suis d’accord mais j’imagine qu’ils n’ont pas encore la collection printemps été… » un sourire. Il lui avait tellement, tellement manqué. Elle le regarda quelques instants. Il avait encore besoin de repos. C’était plus que certain. Et de bien mangé aussi parce que clairement le plat repas ne donnait pas envie. Mais ça allait attendre. Ils venaient de se retrouver, elle ne voulait être nulle part ailleurs. Sans se faire prier, elle vint se blottir contre Jacob, et se confia sur son psy. « -j’aime sa façon de m’aider. Il est… cash. Et il ne prends pas en compte seulement mon deuil. » un léger rire : « -il a réussit à me faire parler de mon enfance, de ce rôle de protectrice que je m’étais toujours imposée. Ce rôle que j’ai tant de mal à te… à te laisser occuper pour moi. » parce que la dispute était partie de là. De ce besoin de la protéger. Elle qui n’avait jamais eu besoin de personne.

« -j’ai déjà avancé… De quelques case… » le chemin n’était pas encore terminé, c’était aussi possible qu’elle se perde de nouveau de temps à autre. « -c’est rien… t’es là… vivant et tout va bien. » voilà. C’était tout ce qu’elle voulait retenir. « -parfait ! » clama Vic alors qu’il annonçait devoir rester chez lui pour prendre le temps de guérir. « -on sera deux à réfléchir à notre avenir comme ça ! » parce que de son côté c’était tout aussi flou. « -chez mes parents. Coincée entre le vélo d’appartement et la planche à repasser. » elle lui sourit. « -mais ça va… ça me fait du bien aussi de passer du temps avec eux. » un nouveau sourire, c’était presque comme si elle ne pouvait pas s’en empêcher. Quelqu’un frappa à la porte, et Victoria se redressa avec précipitation. Pas assez vite pour éviter de croiser les regards satisfait de la mère de Jacob. « -je vais vous laisser… tu te reposes et je repasse ce soir avec le repas si tu veux… » elle ébouriffa les boucles de Jacob avant de l’embrasser sur la joue et d’ajouter comme un secret : « -dragues pas trop les infirmières… » un clin d’œil, et elle s’éclipsa pour laisser Jacob profiter de ses parents.