Dans ses bras, contre ses lèvres, le monde extérieur disparaissait. Il n’y avait plus qu’eux, pas forcément heureux, ni sur un nuage. Juste eux, leur relation plus complexe que n’importe quelle autre, leur amour, véritablement inébranlable. Eux deux, enfin réunis, envers et contre tout. Il avait besoin d’elle, ces mots qu’elle n’avait pas osé rêver. Elle se perdait dans son regard, le visage illuminé d’un bonheur inattendu. Elle avait besoin de lui aussi, à sa façon, pour se sentir utile, pour se sentir vivre.

Jusqu’à ce qu’une tierce personne vienne troubler ce duo inexplicable. Une personne connue, d’un milieu fermé où tout le monde se connait. Bella entendait déjà les chuchotements dans les couloirs avant même qu’ils n’aient commencé. Elle n’avait jamais envisagé ce regard extérieur et pour la première fois, elle avait honte de ses sentiments. Même si ce n’était pas spécialement Green qu’elle craignait. Lui devait plutôt se sentir blessé dans son égo, et pour cause il lui avait fait des avances lors de ses premiers mois à Londres, alors même qu’il était marié, et Bella l’avait sèchement rembarré. La révélation ne pouvait être que doublement difficile. Que ce soit lui qui les découvre avait donc quelque chose d’amusant et, comme d’habitude, Bella se sentait déchirée par ses propres contradictions. Entre l’envie de s’enterrer profondément quelque part et de défendre celui qu’elle aime, entre combattre les violences policières et ne plus jamais recroiser personne. Si elle le confronta dans un premier temps, sa remarque sur elle et Flynn la renvoya dans sa honte. Elle resta interdite un moment, laissant Flynn gérer la situation. Elle regardait la scène comme si elle n’était qu’un observateur lointain, les mots passaient et se perdaient, Green qui attrapait l’homme qu’elle aimait pour l’emmener loin des regards indiscrets et certainement finir ce qu’il avait commencé en interrogatoire… Bella mit quelques secondes à réagir et à suivre, criant le nom de Malcom dans l’idée de s’interposer. Heureusement, vu son manque de réaction, qu’un collègue de la PJ avait déjà dissuadé le flic de continuer. Green passa devant elle, manifestement mal à l’aise, comme Bella d’ailleurs mais ne put s’empêcher une dernière provocation qui relança le combat de coq un instant. Cette fois, puisqu’elle se sentait directement attaquée, la belle brune se défendit.

- Parce qu’un type comme toi, ça vaut mieux peut-être ?

Flynn renchérit et Isabella posa une main sur sa poitrine, dans l’espoir que cela cesse et qu’ils n’en reviennent pas aux mains surtout. Encore une fois, l’intervention d’un autre flic éloigna Green et cette fois pour de bon. L’italienne regarda son amant, ne sachant que penser de tout ça et complètement perdue. Elle regarda sa montre, elle avait rendez-vous à la PJ après tout et elle était désormais en retard. Curieusement, cette information ne la perturba pas plus que ça, elle haussa les épaules, pour elle-même.

Ce qui la troublait c’était de voir son Joker dans cet état, autant physique que mental. Il ne jouait pas, il était lui-même et il y avait tant à apprendre sur sa vie et sur lui, tant de choses qu’elle ne connaissait pas et sur lesquelles elle pourrait peut-être l’aider. Pour une fois, ils avaient l’air presque normaux tous les deux, comme un couple dont l’un des membres traversaient une très mauvaise passe. A nouveau à l’abri des regards, elle oublia sa honte, elle oublia Malcom. Pour le moment. Elle regardait l’homme qu’elle aimait comme si elle le voyait pour la première fois, et toute cette souffrance qu’il n’essayait plus de cacher par des sourires et des sarcasmes. Comment pouvait-elle ressentir autre chose que la tendresse, elle qui était si empathique ? D’un pas, il vint la retrouver et elle se laissa aller contre ses doigts. A sa question, elle répondit honnêtement qu’elle ne savait pas. Tout cela l’avait chamboulé et il était trop tôt pour comprendre. Puis son cœur fini de fondre lorsqu’il s’excusa. Elle lui sourit avec tout cet amour qu’elle ressentait.

Elle posa ses mains sur ses lèvres pour le faire taire lorsqu’il aborda leur relation, même si cela ne l’empêcha pas de terminer sa phrase. Elle ne voulait pas discuter de ça, pas maintenant, et surtout pas si cela commençait par une tournure négative. Elle le laissa continuer sur le sujet Malcom Green tout en hochant négativement la tête en signe de désaccord. Ensemble ils avançaient, s’éloignant des fenêtres qui donnaient sur les bureaux de la PJ.

- Tu ne m’as pas créé d’ennuis Flynn, je savais très bien où nous étions… Cela devait bien arriver un jour... Juste qu’elle aurait bien aimé pouvoir s’y préparer, ne serait-ce que se poser la question, mais ils ont été aussi imprudent l’un que l’autre. Mais tu ne peux pas faire taire toutes les personnes qui te contredisent, ou te jugent, ou je ne sais quoi d’autre. Juste ignore-le, s’il-te-plait. J’irais parler avec le lieutenant.

Elle ignora pour le moment la partie où il disait être accusé.
Puis Flynn changea d’ailleurs de sujet pour ce qui semblait le tracasser réellement. Bella écouta attentivement, acquiesçant à propos de l’enquête.

- Oui c’est à ce propos là que j’ai une réunion avec la PJ… Du genre maintenant, mais elle préféra ne pas le préciser. D’ailleurs si Flynn y était lié d’une quelconque façon, Green se ferait certainement un plaisir de l’écarter de l’enquête. Il continua bien qu’elle ne comprenait pas vraiment ses propos. Et puis au fur et à mesure, il semblait lui échapper, sans qu’elle ne sache pourquoi. Et subitement, il redressa un mur entre eux, la laissant dans une fabuleuse incompréhension. Bella prit sa main pour le retenir, puis saisit son visage entre ses doigts, le forçant ainsi à la regarder.

- Joker… Tu me dis tout ça parce que nous… Nous quoi ? Que sommes-nous exactement ? Elle se mordit la lèvre et pris ses mains entre les siennes cette fois, les amenant contre sa poitrine. Je suis désolée, c’est de ma faute, tu es perdu parce que j’ai dit des choses que je ne pensais pas tout à l’heure. J’étais blessée, j’avais peur d’avoir été juste une femme de plus, juste une baise sans importance… Je voulais te provoquer parce que j’étais furieuse. Je n’ai pas oublié ma promesse et je ne l’ai pas faite dans le vent. Je le pense vraiment, je suis là et je serais toujours là pour toi. J’ai voulu un peu trop vite que nous deux ce soit simple, alors que je sais que c’est impossible.

Tenant toujours ses mains dans les siennes, Bella recula d’un pas.

- Ecoute, il faut que j’aille à cette réunion sur l’affaire White City. Mais on peut se retrouver au café après pour faire le point sur l’enquête et tu m’expliqueras de quoi on t’accuse et en quoi tu es lié à tout ça, d’accord ?

Un sourire tendre et rassurant. Bella sortie sa carte de son sac ainsi qu’un stylo, elle y nota son numéro personnel et lui confia avec espoir.