Mes petits talons claquaient le long du couloir tandis que j'avais enfin connaissance du dossier qu'on m'avait attribué. On m'avait fait clairement comprendre que je devrais m'estimer heureuse déjà d'avoir la possibilité d'exercé, et cela même si j'étais sortie diplômée haut la main. De de fait je voyageait beaucoup pour pouvoir travailler. Je me plaignais pas, j'adorais mon métier mais je n'étais pas certaine que descendre de l'avion depuis une heure et savoir enfin le cas de qui j'allais devoir plaidé à quelques mètres de la porte qui nous séparait était la meilleure idée. « Cas de violence, un prof qui s'en ai prit à un parent d'élève réputé dans la ville, bon courage à vous mamzelle. » Le raccourci était là pour que je me fasse pas d'espoir sur le fait de gagner, mais il m'en fallait plus pour me stopper. Quoique … il me fallait un nom, dactylographié en haut d'une accusation :  Johnny Castle .

Sitôt l'avocate en moi laisse la place à l'adolescente de 17 ans, qui débarque au camp Kellerman sans savoir ce qui l'y attends. Sans savoir que j'allais rencontré à la fois la danse et à la fois lui, un homme qui m'avait fait tourner la tête au sens propre et au sens figuré. Un homme dans les bras duquel j'avais vibré, frémi, aimé au point de prendre son partie contre n'importe qui, y compris ma famille. Après une dernière nuit,une dernière danse, au petit matin nous nous étions quitté, sans y mettre le mot final, incapables peut être de le faire. Je m'étais tout de même retrouvé au même endroit, tout les étés , dans l'espoir de le revoir lui, ou Penny ou Billy... Tous s'étaient échappés jusqu'à ce que j'abandonne.

Je ne croyais plus jamais le revoir, croyais que ça ne me ferait plus rien de toute façon, que c'était juste un premier amour, que le temps saurait faire taire tout ses souvenirs de ses lèvres ou de ses mains sur moi qui me réveillait parfois la nuit. Je m'étais donc arrêté devant le parloir, mes ongles retraçant le dessin des lettres de son nom avant de lire le reste du procès verbal. On avait juste la version du père de famille, pas celle de Johnny. De lui, il n'y avait que sa date de naissance, sa profession qui lui convenait si bien et son statut civil : divorcé... Un sourire triste déforme ma bouche. Lui était passé à autre chose, à une autre femme, une vrai femme, loin de la gamine que j'avais du être à ses yeux. J'aurais du m'en moquer. Combien d'année étaient passé ?  Septs ? Huit ? J'avais changé, lui aussi. Je m'y accrochais en entrant dans la petite pièce sans fenêtre où m'attendait une table, deux chaises et mon ancien amant.

Quand il tourne le visage vers moi, je sais que si il a changé, l'effet qu'il me fait, lui, n'en est rien. En un pas, je suis face au même yeux que j'aurais pu dévorer toute ma vie à essayer de maîtriser ma voix quand je me présente, le flic toujours dans mon dos. « Frédérique Houseman, je suis votre avocate commise d'office. Je viens pour traiter votre dossier et trouver un moyen de vous sortir de là. » Un rictus derrière « Comme si c'était possible... Vous voulez que je reste mamzelle ? » « Non merci, ça ira très bien » Je n'avais pas peur d'être seule avec lui, n'en aurait jamais peur. Je m'assois, mon tailleur stricte bien loin de mes tenues estivales dans lesquelles il me retrouvait dans sa cabane de bois à l'écart du camp, et recoiffant mon chignon qui demeurait toujours indomptable avec ma chevelure bouclée. La porte se refermant derrière le policier, j'installe des lunettes dont je n'avais nullement besoin sur mon nez pour paraître plus sérieuse et en espérant que ça me protégera alors que je le fixe de nouveau. « Cela faisait longtemps... toute une vie à ce que je vois même » La sienne avec une autre entre autre...

Bon okay j'ai déconné. J'avoue, quand Penny m'a regardé j'ai senti mon cœur se briser, mais pas autant qu'en voyant tous ces pauvres gamins me fixer, presque apeurés. J'ai même pas résisté quand les flics m'ont embarqué. Mais merde, j'étais pas seul là, ce pauvre type aurait dû finir en taule aussi. Tu parles, avec son pognon tu t'achètes une liberté.

J'ai passé quelques jours en cellule, le temps qu'ils me trouvent un commis d'office qui voudrait bien s'occuper de moi. Bah ouais, c'est pas comme si j'avais les moyens de me payer un de ces connards qui surchargent les pauvres gars comme moi. Enfin, je l'ai bien amoché cet enfoiré. Mais personne m'écoute quand je leur explique pourquoi j'ai fait ça. Je sais que j'ai un passé violent, mais j'étais qu'un gosse à l'époque.

Ce matin, ils m'ont annoncé qu'ils ont trouvé une gonzesse qui prendrait mon cas en charge. J'avoue je me suis senti soulagé. Je peux pas me défendre moi-même, et même si j'avais pensé le contraire, Penny m'a bien fait comprendre que je devais la fermer et les laisser trouver quelqu'un pour moi. Bref, j'ai été transféré dans une autre aile, celle des cas pas tout à fait désespérés.

Le flic face à moi me fait des remarques pas très sympa, mais je me retiens, je dis rien et de toutes façons je peux pas bouger puisque mes mains sont menottées à la table autour de laquelle mon avocat et moi allons parler. J'ai déjà demandé deux fois un verre d'eau mais tout ce que j'ai eu en retour étaient des ricanements. Alors j'ai arrêté de demander. J'attends. On m'a même pas donné le nom de mon avocate. Je tapote sur la table quand j'entends la porte s'ouvrir. Je lève les yeux.

Merde, c'est pas vrai. Je reconnaîtrais ce visage, ce corps, ces cheveux, entre tous. Je déglutis, le passé me revenant d'un coup dans la tronche. J'entends à peine ce que me dit Bébé, je perçois au loin la voix du gros flic puis la porte s'ouvrir et se fermer.

"Une vie, oui ... Même deux."

Je repense à nos journées à nous entraîner pour cette fameuse soirée, à nos nuits passées à s'enlacer plutôt qu'à se reposer. La douceur de ses lèvres, la chaleur de ses doigts, tout ça était bien enfoui, loin au fond de moi, mais refait surface comme si c'était hier.

"Toi qui voulais sauver les cas désespérés, te voilà face à moi. Si j'aurais pensé."

Je me retiens. Il y a tellement de choses que j'aurais aimé lui dire, si je me laissais faire. Mais bien sûr, elle n'est pas venue ressasser le passé. Je soupire en baissant les yeux, puis les relève pour la regarder, sérieuse au possible avec ses lunettes. Elle ressemble plus à une enfant qui veut se faire adulte qu'à une adulte qui veut se faire sérieuse. Je ne peux pas empêcher un rictus attendri de faire irruption sur mes lèvres.

Je maudissais intérieurement de ne pas avoir eu plus de temps à me préparer au fait que ça ne serait pas qu'une affaire comme les autres, que j'allais devoir défendre mon ex. Je tentais de me tenir droite face à lui, sur ce siége inconfortable, éloignant toute les fois où il m'avait reprise sur ma posture trop guimauve et qui n'appartenait pas à celle d'une danseuse. J'ouvrais de nouveau le dossier, aurait aimé en savoir plus sur sa vie après notre idylle, sur sa femme, sur ce qui l'a mené à devenir prof de danse pour des gamins de quartiers défavorisés, sur le fait qu'il ai au moins rien qu'une petite fois pensé à ce que moi je devenais et si je l'avais oublié comme lui l'avait fait .  A la place je m'entends juste lui répondre « Tu n'as jamais été un cas désespéré » comme je lui avais plus ou moins dit entre ses draps un été il y a sept ans avec un amour débordant et une confiance inégalée en ses capacités et dans la certitude qu'il soit et sera toujours un type bien. J'aurais aimé qu'il n'y a plus la moindre parcelle de moi qui ne pense pareil aujourd'hui alors que je le retrouve emprisonné pour violence après des années de silence.

Mes yeux glissent des siens jusqu'à son petit sourire et mon ventre se serre vite aussi douloureusement que d'une réminiscence bien trop plaisante où il me faisait le même rictus quand je feintais de m'outrager d'une main qui descendait trop loin sur mes reins jusqu'à la naissance de mes fesses, où je lui demandais de garder son espace, que j'avais le mien. Combien de fois j'avais recherché ce sourire durant ce mois d’août ? Trop pour que ne puisse l'avouer, comme le fait que je doive racler ma gorge avant de lui répondre pour qu'il n'en sache rien. « Si ça te dérange que je te représente à cause de nos... relations passés, tu devrais me le dire maintenant. On va devoir se voir beaucoup jusqu'à ce que je puisse te sortir de là et... tu ne devras rien me cacher . Par exemple... qu'est ce qui s'est passé  pour que tu te retrouves dans cette situation? » Je m’apprêtais à prendre des notes, sagement avant de rajouter, sur le ton de la conversation   « Une histoire de femme ? »

Ce visage presque sorti de mon esprit depuis les années à n'y plus penser, et cette petite tête, à la fois angélique et effarouchée, à la fois belle et tellement enfantine. Je suis pas un cas désespéré. C'est bien que quelqu'un existe pour le penser. Moi-même, et pourtant je me connais et je sais exactement ce qu'il s'est passé et pourquoi je me retrouver aujourd'hui face à un de mes premiers amours.

"Je pense que tu dois être une sacrée avocate, je ne voudrais personne d'autre pour me représenter ici !"

Me reviennent en tête toutes les choses qu'elle a faites cet été-là, pour aider, pour sauver, des gens qu'elle ne connaissait pas. Comment elle a changé la vie de ma Penny, comment elle a permis de la sauver d'une mort certaine quand elle s'est faite avorter par cet escroc.

Je soupire lorsqu'elle m'explique que je vais devoir tout lui raconter sans lui mentir. Personne ne me croira jamais, jamais personne présent lors de cette altercation ne témoignera pour moi. Mon rictus revient hanter mes lèvres alors qu'elle me pose la question qui semblait lui brûler les lèvres.

"Rien à voir avec une femme ... Cet enfoiré ... Il frappait son môme. C'est mon boulot de voir ces trucs-là tu vois. Et quand je lui ai demandé des explications il s'est foutu de ma gueule, m'a dit de la fermer et que c'était pas mon problème. Et il a regardé le gamin avec ces yeux carnassiers. Et le petit avait peur, il voulait pas parti avec son père. Et l'autre se marrait, et ça m'a énervé et je l'ai frappé."

Je baisse la tête. J'ai un peu honte de devoir raconter ça. Pas que j'ai honte de l'avoir fait, je le referais si j'en avais l'occasion. Mais dire ça, droit dans les yeux de Bébé. Je soupire à nouveau.

"Mais personne voudra me croire. Ce salaud est pété de thunes. Son gamin est là parce que sa mère est une camée et son père s'est tiré. Il l'a un week-end sur deux et il arrive encore à le battre."

Je frappe du poing sur la table. Frustré, énervé et un peu honteux.

"Désolé."

J'avais fini par abandonner l'idée de le revoir, me faisant à l'idée que comme tant d'autres mon premier amour n'aurait été qu'un amour de vacances et que Johnny finalement ne voyait en moi qu'une gamine qui l'avait occupé quelques semaines. Il ne fallait pas que je me laisse ensevelir sous mes souvenirs, qu'ils soient heureux quand j'étais dans ses bras, quand nous dansions, quand il m'embrassait ou qu'ils soient tristes quand nous nous étions quitté. Il fallait que j'enferme la fierté d'être selon ses dires l'avocate qui lui fallait pour le défendre, ce n'était rien de romantique juste le constat que j'avais grandis et était capable. Il fallait que je reste professionnel et que je sorte juste mon client de là et que je range ma curiosité concernant une éventuelle femme qui lui aurait fait sortir les poings des années après moi. J'étais pourtant loin du compte.

J'écoute son histoire, elle me paraît si proche de ce que je savais de l'homme devant mes yeux. Il avait toujours était impulsif au sujet des gens qui lui tenaient à cœur et comment le bien être d'un petit ne pouvait pas lui tenir à cœur ? Mon regard ne le lâche pas alors que lui baise les yeux et comme avant j'aimerais lui remonter la tête... il a défendu un enfant . Juste défendu un enfant battu... Son poing frappe la table mais je ne sursaute même pas. Je me rends compte à quel point ses réactions je les connais encore par cœur. Il s'excuse et j'entends non loin des bruits de pas et un « Tout va bien ? » « Oui oui, ne vous inquiétez pas. » Ma voix est posée et doit rassurer le policier qui s'éloigne ce qui me permet de fixer de nouveau Johnny   « Moi je te crois Johnny » Alors que je m'étais promis de garder mes distances, je pose une main sur la sienne pour le calmer car c'est le moyen le plus efficace que je connaissais à l'époque. « Tu ne peux pas être le seul à l'avoir remarqué, je chercherais dans leurs entourages,j' enquêterais. Je ferais tout pour te sortir de là parce que tu mérites pas d'être enfermé à sa place. » C'était étrange de le toucher mais pas tant que ça... Je prends une grande respiration «  Tu n'as jamais parlé de tes doutes à quelqu'un ? » Je regarde de nouveau le dossier avec un petit sourire à voir son travail. « Tu étais son seul professeur de danse ? Ou d'autre travail avec toi peut être ?  et... wah» J'avais remarqué le montant de la caution. « Le père ne veux vraiment pas que tu puisses sortir avant le procès. »

Dès lors que mon poing frappe la table, je me prépare à voir entrer la cavalcade, tous matraque à la main, prêts à se jeter sur moi pour me tabasser, comme leur a sans doute demandé l'enfoiré qui a pris mon poing dans la gueule. Je me dis qu'il les a même peut-être payés grassement pour ça. Mais ils pouvaient rien me faire, pas avant que mon avocate m'aie vu, au moins une fois, sans égratignure. Mais je suis surpris de simplement entendre une voix demander si tout va bien.

Elle me croit, au moins. J'en étais sûr. Enfin, je me doutais bien qu'elle me croirait, juste parce qu'elle me connait. Ou, au moins, elle m'a connu. Mais les jurés ? Et le juge ? Tout s'achète, surtout des sentences, et surtout à Austin. Le Texas, paradis des exploitants de pétrole, riches propriétaires terriens et enfoirés de première. Je pose les yeux sur sa main, elle-même posée sur la mienne.

Sensation étrange, réminiscence d'un passé presque oublié.

"Y a bien l'assistante sociale. J'lui ai parlé des traces que je voyais, sur le bas des jambes, le ventre et les poignets. Elle a demandé que le petit passe devant un médecin, mais ils ont emmené un certificat, un faux, qui disait que tout allait bien."

Je relève les yeux à son exclamation. Je secoue la tête, bien entendu qu'il veut me voir rester enfermé. Il veut continuer d'abuser du mioche, c'est tellement plus simple de frapper un môme qui peut pas se défendre. Il a pas fait le fier quand je lui ai présenté mes phalanges en attendant. J'espère que le petit n'a pas pris une raclée en rentrant, à cause de moi ...

"Bah ouais, sûr. Si en plus il arrive à me faire condamner, ce sera jackpot pour lui. Plus personne pour l'emmerder, tout le monde aura peur de se faire coffrer s'ils essaient d'aider le petit. Quelle raclure."

J'ai vraiment peur de me retrouver derrière les barreaux. Enfin, je fais confiance à Bébé pour me sortir de là, mais il est vraiment plein de ressources. Plein de thunes. Je soupire à nouveau. Son contact m'a quelque peu calmé, c'est vrai.

"Si je te donne l'adresse de Penny, tu pourrais aller lui dire que je vais bien ? Elle doit se faire un sang d'encre et franchement elle a pas besoin de ça."

Les yeux sur nos mains se touchant, je finis par relever la tête. Autant lui en parler tout de suite, qu'elle l'apprenne par moi plutôt qu'un autre.

"Bébé quand tu vas enquêter, y a des gens qui vont te dire des trucs sur moi. Je veux te le dire avant, et seulement après tu me diras si tu veux toujours me défendre dans cette histoire."

Une grande inspiration, et je me lance. J'en suis capable. Ils vont déformer les choses, sinon, j'en suis sûr.

"T'as dû voir que je suis divorcé. C'était une fille de l'association, on est sortis ensemble quelques temps. Mais elle est tombée enceinte, je voulais pas la laisser se débrouiller seule alors on s'est mariés. C'était un petit mec. Curtis. Il aurait deux ans et quelques."

Je soupire et commence à tapoter la table des doigts. A nouveau ce rictus qui me fend les lèvres.

"Quand je suis rentré d'un cours, je les ai trouvés qui dormaient tous les deux, c'était mignon. Mais j'ai eu peur qu'en se tournant elle l'écrase. Alors j'ai pris Curtis pour le mettre dans son berceau, mais il semblait plus lourd. Et puis je sentais plus son petit coeur qui battait."

Je me racle la gorge.

"Il pleurait trop, elle était fatiguée, alors elle l'a secoué pour qu'il s'arrête. Elle a fait un peu de prison, mais quand elle est sortie j'ai demandé le divorce. J'étais resté pour le petit moi, et elle me l'a enlevé."

Certains disent que je suis un salaud de l'avoir laissée tomber dans un moment aussi dur, une mère qui perd son enfant. Mais c'est sa faute. Puis je l'aimais pas, je voulais juste pas la laisser seule dans ce monde pourri à s'occuper d'un mioche.

Dans le travail d'avocate pour beaucoup il n'y avait que la préparation du procès et le procès en lui même. Pour moi ça allait bien au delà de ça, j'étais prête à remuer ciel et terre pour prouver l'innocence de mes clients. Et pour ce client là ? Jusqu'où je pourrais aller ? Je ne le savais pas ou alors je ne voulais pas m'avouer que l'adolescente en moi criait au fond de mon être pour se manifester. Mais ce n'était pas elle dont il avait besoin mais d'une femme à la tête froide qui pouvait le sortir de là... même si ma main sur la sienne était plus chaude que jamais.

Il a fait son maximum et a donc parler à l'assistante sociale. Parfait je pourrais commencer à enquêter par là. « On va pas le laisser faire t’inquiètes pas... ni pour toi, ni pour le petit » Il y avait deux innocents à sauver, je ne l'oubliais pas.Il me parla de Penny et étrangement ça ne m'étonna pas. Bien évidemment qu'ils étaient encore ensemble, lié à jamais par quelque chose de bien plus grand que ce qui nous avait lié lui et moi.Et ça me serrait encore le ventre. « Bien évidemment, notes là ici et j'irais la voir dés ce soir ! » Elle m'avait manqué aussi...Cela me paraissait si loin, une autre époque.

Je revins au cours de notre histoire quand sa voix prends de nouveau un ton plus sombre et même entendre le surnom -bébé- ne réussissait pas à me défaire de mon angoisse. « Je t'écoute... » Il commença avec son divorce et je faillis presque l'interrompre. Je n'étais pas certaine de vouloir savoir comment il était tombé amoureux d'une autre et m'avait relégué à une amourette d'été. Mais je me forçais à me taire , à tout écouter. Le reste fût éprouvant à entendre mais sans doute rien par rapport à le vivre. L'horreur de la découverte de son fils mort,ce qu'il avait dut endurer. Mes doigts se glissent entre les siens. Maigre réconfort je le sais mais mon cœur se fissurait une nouvelle fois en pensant à ce que le sien avait vécu... « Johnny... »

Nos mains toujours liées je me lève et m'installe accroupie face à lui. « Je suis si désolée pour toi... tellement... » A notre rencontre il avait déjà tellement vécu, maintenant une nouvelle vie entière nous séparait. Pendant que je me languissait de lui, lui former une famille et il la perdait. « Mais ça ne change rien. Je vais te faire sortir d'ici ! Je te le promet Johnny... » Un bruit de pas s'approchait. L'entrevue était bientôt terminée, je le savais mais il était hors de question que je ne le quitte -j'en avais toujours été incapable de toute façon, pas sans laisser un bout de mon âme derrière- sans lui donner l'espoir de la liberté. « Et je tiens toujours mes promesses ... »