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LE TEMPS D'UN RP

Chap. 1 — And maybe, just once, the hero wants to dance in the ashes of a world on fire instead of putting out the flames.

Dharma
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Tournesol
Dharma
Dim 10 Avr - 0:51
Le contexte du RP
Mise en situation

La situation

The Times —

2 Juin 2018

La nuit tombe sur les docks !

Il est 21h34. Un drame s'abat sur la tranquille ville portuaire de Bristol. Dans la nuit du 2 Juin 2018, le Capitaine de la BPD Julian Baker est retrouvé assassiné à son domicile, ainsi que sa femme Jenna Baker et leur petite fille de quatre ans, Angela Baker.

10 Avril 2019

Affaire Pattersen : Le Commissaire condamné à perpétuité pour le triple-homicide de son ex-Capitaine et sa famille !

. . .

1 Avril 2022

Affaire Pattersen : Le Commissaire relâché !

Non, ce n'est pas une blague de mauvais goût. L'avocate Emilia Lawson est parvenue à faire rouvrir l'enquête, et il faut croire que ses suspicions n'étaient pas infondées. Magnus Pattersen victime d'une erreur judiciaire emblématique ? Des policiers corrompus ? Le meurtrier court toujours ?

Et vous, que feriez-vous ? Si l'univers tout entier se retournait contre vous ? Le Commissaire Magnus Pattersen, figure de la loi respectée du comté a vu sa vie et sa réputation saccagées au fil des mois succédant les assassinats. Et comment prouver son innocence quand tout le monde est contre vous ? Quand vos amis, vos collègues, vos proches et même votre famille vous prend pour le monstre que les médias ont fait de vous ? Pourtant, il existe bien une vérité. Ainsi qu'une justice qui n'attend qu'à être dévoilée. Et c'est la profiler française Jade Deslauriers, ex unité du département du Commissaire Pattersen qui est bien prête à le lui prouver. L'intuition pour guide et le cœur fleur bleu ayant toujours battu en secret pour celui écorché de son supérieur; elle se tient prête à lui tenir main forte pour que Justice soit rendue. Enfin.

(@Dreamcatcher  :heart3: )
Dharma
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Dim 10 Avr - 18:43

Magnus
Pattersen

J'ai 49 ans et je vis à Bristol, en Angleterre. Dans la vie, je ne suis plus personne et je m'en sors mal. Sinon, grâce à ma malchance, ma femme m'a quitté et ma fille me déteste et je le vis plutôt bien (bah non??).

"He wanted to care, he wanted to care so badly, but there was this gap between what he felt and what he wanted to feel, a space where something important had been carved out."

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— 3 Juin 2018. 7h58. —

Les rétines dans la brume, le penseur de la clairvoyance. Le Commissaire Pattersen nous honorait de son hypnotique luminescence. Éblouissante de toutes parts. Son absence démesurée. La tête passablement lourde, le cœur silencieux, armé de glace, d'audace et de fer. Hier, une émergence d'ombres sous la coupe des orages et de l'incertitude. Aujourd’hui, la voix s’encombrait de croix et les yeux se voilaient de mystères insalubres. Il y avait ces instants où l'obstination de la bonne conscience ne suffisait pas. Il y avait ces moments où l'usurpateur au courage de lion laissait place à la gazelle fuyant pour sa vie, couarde et déboussolée. Prête à se laisser bouffer.

Ils étaient tous là. Ses fidèles petits soldats. Dans son beau commissariat. Au sein de la salle de briefing, devant ce vieux tableau à craies, où bon nombres d'enquêtes avaient été résolues toutes ces années. Au cœur de ce monde de malheur qui était pourtant le leur, pour le meilleur et pour le pire. Et pour ces sourires reconnaissant des familles en quêtes de vérité. C'était ça, leur métier. Ô ils étaient tous là, personne n'aurait pu manquer ça, personne n'en avait le droit. Convocation exceptionnelle de toute la brigade. Personne ne manquait à l'appel. Personne. Sauf son exceptionnel crétin de Capitaine. Certains semblaient confus, d'autres passablement choqués. La plupart le fixaient avec insistance ; dans l'attente d'un mot, d'une phrase, ou d'un pauvre regard. N'importe quoi. Qu'il s'exprime. S'indigne. Conteste. Qu'il prenne à cœur son rôle de lion, celui qui lui allait si bien, celui qui lui valait tant d'honneur et caractérisait cette image exemplaire. Mais il n'en fit rien. Adossé à la porte vitrée, dans son uniforme parfaitement taillé, les bras croisés et le regard rapiécé fondu dans le vide. Il était ailleurs, Magnus, si loin de tout. Et les paroles de l'agent Kurk de l'IOPC glissaient sur lui comme les flots pluvieux sur les plumes d'un oiseau.

— ... Vous comprendrez bien que nous sommes donc dans l'obligation de destituer votre Commissaire, messieurs dames. Durant l'enquête. Lieutenant Deacon; vous serez chargé de diriger le commissariat le temps qu'un nouveau Commissaire soit attribué à votre brigade.

Le Lieutenant hocha de la tête. Et Magnus eut un rictus de douleur, comme une soudaine réalisation de ce qu'il était en train de se passer. Le silence après la sentence. Tentative vaine de contenance, de prise de parole de la figure d'autorité emblématique du comté. Rien qu'une fois. Rien qu'un ou deux mots. Peut-être ses derniers à leur encontre. Mais rien ne put sortir d'entre ses lèvres pincées. Une fois de plus. L'âme vagabonde, la gorge serrée. Et la même colère sourde tournant en boucle dans sa tête. Les mêmes supplications. Les mêmes questions sans réponses. Mon Capitaine, que vais-je devenir sans toi ? Qui t'a fait ça ? Qui vous a fait ça ? Pourquoi je n'étais pas là ? Le silence après la violence. Au fond, rien de tout ceci n'avait d'importance. Ces regards accusateurs, ces autres regards en quête de réponses. Ces doutes lourds planant sur sa tombe. L'arrivée de ces foutus agents de l'IOPC. Le choc était bien trop violent pour que l'impacte ne l'atteigne immédiatement. Son meilleur ami, son collègue, son pilier venait de lui être volé salement. Ainsi que sa famille. Qu'une pauvre gamine d'à peine 4 ans. L'horreur. La rage. La douleur. Et encore et toujours le silence. Ils n'étaient plus. Et rien d'autre ne comptait.

Quand la réunion prit fin, que tout le monde s'en alla. Il resta là, seul, un moment. Un unique soupir. Le grand homme de loi laissa sa vieille carcasse se trainer jusqu'à son bureau, comme un automate. Il n'entendit rien que des murmures lointains dans son dos. Vagues, impalpables. Les volets restés fermés. La porte grande ouverte. Il ne chercha pas à s'enfermer, se cacher. Pourquoi faire ? Il n'en avait que faire. Tout semblait se faire machinalement. Un carton jeté légèrement sur le bureau et des babioles déposées délicatement les unes après les autres dans des gestes lents mais assurés. Après douze longues années à vivre, respirer, dormir dans cette petite pièce sophistiquée. Il se pencha quelques instant sur le cadre d'une photo de groupe où il entourait son Capitaine par l'épaule, léger sourire sur les lèvres. Magnus reposa l'objet sur son bureau, s'interdisant mentalement de craquer plus qu'il ne semblait le faire intérieurement déjà. Dans un réflexe défensif ; la colère reprit le dessus. Alors le Commissaire nouvellement destitué de ses fonctions retira ses galons et retourna sa plaque à contre sens sur le bureau. Ses doigts comme restés aimantés à la plaque dans un sentiment d'abandon. D'échec. De trahison. Une dernière caresse involontaire traçant les traits de la relique métallique symbolique lui ayant collé à la peau plus d'une décennie.

— C'est d'un ridicule...

Ce serait là ses premiers mots depuis le drame sanglant. Souffle rude et âpre du banni lancés au grand néant. Mais il n'y avait plus personne pour l'écouter. Il n'avait plus de Capitaine.

Dreamcatcher
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Dreamcatcher
Ven 22 Avr - 20:57
Chap. 1 — And maybe, just once, the hero wants to dance in  the ashes of a world on fire instead of putting  out the flames. Jade410
Jade Deslauriers
J'ai 35 ans ans et je vis  à Londres . Dans la vie, je suis profiler et je m'en sors pas trop mal. Sinon, à cause d'une impossible rencontre, je suis célibataire et je le vis ...et bien, je n'ai pas envie d'en parler.

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Plus jamais.

Plus JAMAIS.

La conviction, l'intuition, la frustration, érigées en trio infernal nourrirent aux sombreurs d'un Temps figé la vocation d'une lutte sans merci. Blonde et femme, d'aucuns pouvaient la juger fragile mais une implacable force la tarauderait jusqu'à sa toute Fin. Ça ne se voyait pas, Ça ne se sentait pas, indétectable et légitime.

Parce que Ça procédait d'un commencement bien plus fort qu'elle.

PLUS JAMAIS.

Éradiquer les prédateurs, les âmes glauques des assassins compulsifs, organisés. Annihiler la fatalité des meurtres imprévisibles. Chasser les chasseurs, inverser l'horreur absolue, qu'ils crèvent à leur tour d'une bien saine manière. Leur opposer un comble insupportable face à leur arrogance morbide. Les comprendre pour les coincer. Ce n'était plus de la vengeance. Simplement, le mot « justice » se devait de résonner à un moment ou un autre.

Réparer l'irréparable au creux de son secret, peut-être...
Embaumer les égouts de la mort...
Tricoter de la lumière aux fonds des ténèbres...

Sans doute.

***


-...Et il ne cherche que des jeunes filles, méthodique, avec le même mode opératoire. On sait qu'il les aborde dans des lieux publics, soit les sollicite en prétextant une quelconque raison suffisamment emballée pour que les victimes y croient, soit il les drogue. Leur point commun comme vous le savez, est leur date de naissance, le 25 juin. Il n'a pas besoin d'autre chose, c'est pour ça que les profils des victimes sont aléatoires, sans corrélation entre elles à première vue. Il s'en fiche de leur âge, leur ethnie, leur niveau social etc. En dehors de cette date, rien ne l'intéresse hormis les tuer. Le rythme des meurtres, l'heure approximative mais toujours juste entre le coucher du soleil et minuit indique qu'il est obsédé par une précision temporelle. Les corps sont immuablement retrouvés le samedi. On a affaire à un tueur en série, il n'y a aucun doute là-dessus. Et depuis deux mois, ça s'accélère, comme si une frénésie de tuer le prenait à la gorge. Il ne peut pas s'en empêcher, c'est vital pour lui, pour survivre à cet élément déclencheur symbolisé par cette foutue date du 25 juin. Voici comment il procède...

L'immense écran passa les photos prises par l'équipe du labo tandis que la criminologue commentait et décortiquait au mieux le pourquoi comment. S'insinuer à distance dans leur tête. S'insérer au plus près dans leur pensée. C'était la seule solution à long terme pour que les homicides cessent. Mais l'éternel recommencement recommençait et recommençait. Ici ou là. A Paris ou bien à Londres. A Lisbonne ou bien à Berlin...Inlassablement, les missions s'enchaînaient. Elle en avait du boulot la pro, titulaire d'un doctorat en criminologie et ce, pour des années...

***


-Jade, le big boss nous attend, magne toi.
-Oui oui, j'arrive.


Le nez plongé dans un dossier épais et tâché de café sur un coin, elle releva à peine la tête, finit de lire une page, ne put s'empêcher d'en parcourir une autre puis referma le tout d'un coup sec. Encore une réunion ! Ça la saoulait tellement parfois. Pas pressée pour deux sous, elle se servit un verre d'eau fraîche à la fontaine, balança le gobelet dans la poubelle qui atterrit à côté, le ramassa en soupirant puis avança d'un bon pas pour rejoindre les autres.

Le silence, pesant, lourd, dégoulinait dans toute la salle. Elle l'aperçut au loin le commissaire. Désincarné. Là mais ailleurs. Muet comme une carpe. Elle chuchota mais compte tenu du poids qui planait tout autour, eut l'impression de crier.

-Qu'est-ce qui se passe ? Demanda-t-elle à son voisin en se penchant près de son oreille.
-Pattersen est mis à pied, accusé du meurtre, répondit-il du bout des dents.

Durant quelques secondes, elle n'entendit plus rien, parfaitement sourde, le regard fixé sur le dossier de la chaise placée devant elle. Le cerveau en apnée, le cœur arrêté, elle remarquait avec attention pour la première fois que la couleur de ces chaises était vraiment à chier, un marronnasse immonde. Il y avait un trou sur la moquette usée. Franchement, les locaux avaient besoin d'un bon coup de neuf.

« Qu'est-ce qui se passe Magnus ? C'est une mauvaise blague ? Dis moi que c'est une mauvaise blague ! »Sa pensée et d'autres dont elle n'avait aucune conscience se cognaient lamentablement dans tous les coins et recoins de sa boîte crânienne.

PUTAIN ! Ce n'était pas POSSIBLE. PAS POSSIBLE.

Elle fut la dernière à fermer la marche des fuyards. Osa se retourner pour le voir. Hésita une fraction de seconde mais...n'en eut pas le courage. Il n'était déjà plus de ce monde.

Une nausée, le couloir, la porte restée ouverte. Ranger le dossier. Sourire et s'enfuir.

-Je rentre, à demain.

Ou pas. Elle ne savait pas, ne savait plus. Elle aurait juste aimé le serrer dans ses bras.

Mais elle n'était qu'une collègue.


Dharma
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Lun 25 Avr - 19:10

Magnus
Pattersen

J'ai 49 ans et je vis à Bristol, en Angleterre. Dans la vie, je ne suis plus personne et je m'en sors mal. Sinon, grâce à ma malchance, ma femme m'a quitté et ma fille me déteste et je le vis plutôt bien (bah non??).

"He wanted to care, he wanted to care so badly, but there was this gap between what he felt and what he wanted to feel, a space where something important had been carved out."

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Il faisait noir. Il faisait froid. Ici bas. Sans son rire abruti en fond dans le comico comme les quelques grésillements d'une vieille radio. Sans son soleil pour sourire là à habiller les silences fiers et sophistiqués d'un supérieur aux allures blasées. L'on entendait qu'une divine mélopée depuis les souffles de l'été. L'étranglement des cœurs pourris de sentiments. Alors, que ce matin, il n'y avait plus rien. Plus qu'une main gracieuse peinturlurée de pourpre. L'on ne voyait plus que ça. À l'aube d'une demi-centaine orageuse; le Commissaire se perdait. Et dans les brisures loyales de son âme se débondaient des millénaires de bonté saccagée. Parade de météores écarlates. Dans les songes muselés. Il faisait noir. Et froid, très froid.

Il eut l'impression de crever, pour la cent millième fois sous la surpuissance du silence. Se souvenait-il seulement de toutes ces autres fois ?

Ça ne s'oubliait pas.

— 2 Aout 1978. 19h01. —

Il était enfant. Il n'avait que cinq ans, quand Cronos le tua pour la première fois. Puni, pour avoir osé lever les yeux sur lui durant le dîner alors que l'on lui avait formellement interdit. Il avait bien failli se faire avaler d'un coup de crocs. Il aurait bien aimé. Juste pour voir ce que cela faisait. Juste pour que le silence cesse. "On", c'était Noor, la préceptrice. "On", c'était Theobalt, le jardinier du château. "On", c'était Sven, le palefrenier. "on", c'était tout le monde, et personne à la fois. Mais jamais lui, le monstre géniteur ne parlait pas, non, il assassinait; simplement. Et lorsque Cronos accélérait le temps, c'était époustouflant de terreur... fascinant, un peu (aussi) pour le fils héritier. Il régnait chez les aristocrates danois, depuis tant d'années, un silence macabre parfaitement orchestré et des soudaines fulgurances d’extrêmes violences incalculables. Et le temps semblait long, lorsqu'aucun affront n'était commis. Lorsque l'odieux Cronos ne portait aucun intérêt à ses petits cafards grouillants dans sa demeure. Ses enfants. Ssssi long. Parce qu'il tournait rond, le temps ? Non, parce qu'il tournait trop. Et à l'envers. Et trop lentement. Comme un manège brisé en milles morceaux. Sans son. Sans rires d'enfants. Avec des petits chevaux en bois sculptés, polychromés. Et un paysage noir. Une nuit brune. Une lune embrumée. Parfois, Magnus imaginait Pégase, son cheval de selle blanc, mort au bout d'un de ces piquets de bois. Et ça lui faisait si mal, d'imaginer sa fin. Encore mourir tant qu'il fait noir. Il avait entendu Cronos le souffler, une nuit, au rebord d'une des fenêtres du dernier étage du château. Il faisait froid dans sa chambre. Il aurait bien aimé. Le pousser. Juste pour voir ce que cela faisait. Juste pour qu'il se passe quelque chose. Pour se libérer. Enfin. Autre chose que l'infini rien qui lui arrachait le cœur à chaque seconde d'existence. Et le rouge sur ses mains, quand il osait déroger les lois du titan, ne s'en allait jamais vraiment.

F....racturer;;;; l-e sssssilence???

⇢ ⇢ ⇢

Deux doigts sur la tempe. Les yeux clos et le visage si pâle. Non, les vieux démons n'étaient pas les bienvenues. Névrose et psychose au placard pour le Commissaire si puissamment stable. Pas aujourd'hui. Pas maintenant. Pas demain. Jamais. JAMAIS PLUS. (??) Le début de migraine était revenu au galop, et Magnus n'était absolument pas prêt à encaisser le coup. L'esprit en proie aux tourmentes et les pupilles dilatées; Magnus était prêt à s'oublier, comme ils oublieraient tous et toutes bientôt qu'ils l'avaient respecté; fut un temps.

Deslauriers. Ce fut sous les froissements de sa voix à peine plus audible que les piaillements de ses compères que la réalité se réinstalla violemment face à l'ex-Commissaire. Une seconde. Un battement d'ailes manqué. La main gauche restée collée à ce bout de ferraille. Petite étoile dorée écorchée qu'il récupéra entre ses doigts sans s'en rendre totalement compte. Une grimace réprimée, les deux mains reposées sur le carton rempli de souvenirs à jeter. Et l'homme démuni se retourna enfin. Devant la porte; la profiler s'apprêtant à quitter les lieux. Hésitante. À quoi ? Il s'avança. L'observa un long moment, sans vraiment être là. Puis son attention se porta sur ses hommes regroupés non loin autour de la salle de pause. Il s'essaya à lui offrir un sourire, légèreté faussée par une peine intérieure difficile à cacher. D'autant plus face à une profiler. D'autant plus face à sa meilleure profiler. Le ton badin. Les épaules affaissées. Vaincu, mais sans rancune. Le message était là. Il n'était pas là pour le combat. Pas sans son Capitaine.

— Mademoiselle Deslauriers. Jamais là où l'on vous attend, hein.

Et maintenant quoi ? Vous le savez, que ce n'est pas moi, n'est-ce pas ? Que c'était mon frère de sang et d'arme. Que sa famille était comme la mienne ? Que c'était notre meilleur Capitaine ? Oui, vous le savez. Bien sur que vous savez, et ça ne changera rien. Alors...Au revoir. Bonne soirée. Continuez de faire du bon boulot.

Non, rien de tout ça ne sonnerait bien. Et Magnus ne parlait jamais pour rien. Au lieu de ça, un peu plus de silence. Sa plaque lui glissa des doigts et vint s'écraser contre le sol, entre eux deux, dans un cliquètement clair venu briser un instant les blabla incessants de son ex troupe d'agents. Cette fois-ci, l'homme déchu ne prit pas la peine de la récupérer. Peut-être que c'était un signe. Qu'il ne valait mieux pas forcer. Alors comme il était apparut dans ce commissariat, il s'en alla. Fier titan aux pieds d'argile. Le regard en avant, la grâce de la démarche nonchalante d'un grand personnage au charisme sage. L'espoir en moins et la Justice étranglée.

Et un murmure semi-caustique sur le départ.

— Bon courage.
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Mar 3 Mai - 22:21
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Jade Deslauriers
J'ai 35 ans ans et je vis à Londres . Dans la vie, je suis profiler et je m'en sors pas trop mal. Sinon, à cause d'une impossible rencontre, je suis célibataire et je le vis ...eh bien, je n'ai pas envie d'en parler.

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Elle en avait croisé des gens en état de choc. Quasi indifférents à ce qui se passait, la conscience errant quelque part entre l'horreur, le déni, l'innommable. Leur regard flottait dans le sombre alors même que l'éclairage cru des équipes inondait en sa lumière de réalité le sordide du meurtre.  Dans un premier temps, Jade se taisait. Longuement. Elle observait, scannait, scrutait, se projetait au moment où le crime se scellait avec la mort. Il fallait traquer la trace invisible, le signe subliminal qui permettait de lancer une piste. Parfois, elle se trompait, surtout au début où la réflexion englobait tous les scénarios possibles et inimaginables. L'exercice qui consistait à penser à la place d'un autre se révélait complexe, casse gueule. Mais c'était justement ces risques d'erreur qui offraient les meilleures perspectives, éliminant les unes après les autres les mauvaises solutions. Et puis...Il existait ce truc irrationnel, incontrôlable que l'on nommait familièrement « le flair ». La réputation de la française l'avait précédée avant son arrivée à Bristol. « Elle en était ». En vérité, elle avançait ses hypothèses sans assurance notoire, proposant simplement à ses collègues des points de vue spécifiques, psychologiques et le plus souvent, c'était les recoupements des uns et des autres qui offraient des résultats exploitables. Un seul cerveau ne suffisait jamais. Plus ils étaient de fous, plus ils s'approchaient de l'esprit malade qui œuvrait pour assassiner.

Seul dans l'arène. Le glas s'est abattu sur le gladiateur. Il est mort mais s'avance en reculant, les yeux vitreux d'un passé si douloureux. Son Capitaine. Son frère. Son ami. Une gosse. L'offensive l'a cogné comme une sale traîtresse, par derrière, balayant d'un unique coup toutes ces années de boulot et de complicité. Accusé, levez-vous. Il croit sourire mais il grimace. Il croit la voir mais se trouve déjà aveuglé.

Jade. Immobile. Douloureuse pour lui.

Elle ne répondit pas mais déglutit, la gorge serrée, le cœur contracté.
« Magnus ». Un prénom pour tout un univers. Un humain pour lutter contre le Mal. Une injustice à gueuler la Douleur.

Cling fit la plaque sur le sol. Elle sembla onduler brièvement, puis s'assoupit dans un ultime cliquetis. Elle se vit Jade, au ralenti, se dépêcher d'aller la ramasser. Rendre à César ce qui est à César.

Mais elle ne bougea pas d'un pouce. Elle épiait son boss qui s'en allait, humait son  incrédulité, scrutait sa détresse fantomatique. Oh bien sûr, aucune marque sanguinolente n'éclaboussait les murs, aucun membre déchiqueté ou découpé ne jonchait la vieille moquette pourrie, aucune inscription ne s'étalait sur la porte, aucun corps ne recouvrait le sol. Non. C'était pire. Un crime parfait, insoluble, insaisissable.

Un crime de lèse majesté : un prince aimé en secret, crucifié sur l'autel d'une mortelle injustice.

Ce courage là n'était pas bon. Il puait l'impuissance et la souffrance.

Dharma
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Jeu 19 Mai - 22:15

Magnus
Pattersen

J'ai 49 ans et je vis à Bristol, en Angleterre. Dans la vie, je ne suis plus personne et je m'en sors mal. Sinon, grâce à ma malchance, ma femme m'a quitté et ma fille me déteste et je le vis plutôt bien (bah non??).

"He wanted to care, he wanted to care so badly, but there was this gap between what he felt and what he wanted to feel, a space where something important had been carved out."

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La nuit était tombée.
On l'avait laissé.
Il n'avait plus rien, n'était même plus considéré humain.
Plus personne ne voulait de lui.
Sa famille, ses amis, son pays.
Une tragédie.
De celles que l'on ne contait même pas.
Il n'était plus rien,
Qu'un ripou sanguinaire jeté au centre d'une cour de chiens.
Un malheureux fils de la loi sans sa plaque,
Sans plus aucune conviction.
Se battant farouchement pour absolument rien,
Pour une survie vaine et floue,
Et dans un intérêt qu'il ne percevait même pas.


Magnus entra dans ce rayon de pure lumière lunaire... sans ne rien ressentir. Pas le moindre frémissement de sentiment. Autour de lui, des petits grêlons dansaient et le frappaient en plein visage comme un essaim de guêpes excitées par la menace d'un intrus. Il leva la tête vers la lune qui devait se trouver quelque part au bout de ce tunnel de clarté éblouissante et de neige tourbillonnant. Ses yeux clignèrent au passage des flocons, mais le détenu résista à l'envie de fermer les paupières. Il allait mourir ici pour laver de son sang la tache que laissait sur un nom ce crime horrible qu'on appelait trahison. Il allait mourir ici pour un crime dont il n'était pas l'auteur, pour une injustice écœurante que lui assenait le (son) pays dont il était si fier de redorer les parures policière ; avant. Fou d'amour, fou de fierté, fou d'une force et d'une sincérité. Toute cette folie si salement saccagée, bafouée sans aucune dignité jusqu'à la dernière goute de respect. Il hurla à gorge déployée dans tout ce blanc assourdissant. Le lion banni de sa jungle, condamné à errer pour l'éternité dans ce paysage d'ours polaire. Il n'était pas à sa place. Ne le serait jamais. Et sur l'instant, sa rage royale s'était éveillée dans les bas-fonds de son être. Une rage titanesque qu'il n'avait ô grand jamais déployée. Mais personne n'en fut témoin. Personne ne s'intéressa à la bête se débattant dans les nuées infernales. Pas même le vent, pas même le néant. Rien. Rien que le temps qui s'écoulait lentement et se moquait de sa pitoyable existence depuis son enfance. Finalement, peut-être que là était son destin. L'impuissance d'un homme bon perdant peu à peu foi en sa lumière et ses pairs. Alors, doucement, le lion baissa les yeux. Doucement, il s'avouait vaincu dans un dernier râle. Les paupières clauses et le cœur noirci. Il attendait la fin. Qui ne vint jamais.

Alors quand ?

Ce devait être ça. Ce devait être là-bas. Le Berceau de l'Hiver. Magnus perdait pas après pas le rythme serein de son pouls, fouille après fouille la chaleur naturelle de sa peau, râle après râle la douceur chaleureuse des mots, poing après poing, toute foi réconfortante en la Justice et la bonté chez l'être humain qu'il eut si longtemps protégé au prix de sa vie. Les couloirs interminables étaient effrayants. Les regards, les sourires, les murs, les barreaux, la vie là-bas semblait être bloquée dans un univers alternatif, un monde où régissait en maitre l'Hiver maudit et inguérissable.

Qui eût cru qu'il ferait si froid en Enfer ?

Bien assez tôt, on le délaissa aux mains cruelles des prisonniers britanniques se faisant un malin plaisir de malmener un ancien flic. En deux effroyables et longues années, il découvrit les joies des tortures par millier et passa le plus clair de son temps à l'infirmerie. Pas une seule fois, il ne prit la peine de se défendre. Pas une fois, pas une seule, il essaya d'entamer une tentative de discussion avec ses tortionnaires; lui qui était si diplomate, avant. Il s'était simplement fait une raison, pour ne pas aggraver son cas ? Non, parce qu'il n'en avait plus rien à foutre. La plupart n'étaient que des machines à tuer et ne le voyait que comme un sale flic véreux sur lequel taper histoire de se défouler. Tout ce que voyait Magnus, c'est qu'il avait froid. Il ne ressentait déjà plus rien d'autre. Bientôt, viendrait l'hibernation.

Cela ne put durer plus longtemps, il fut décidé qu'il quitterait les autres. Les coups moraux et physiques avaient fait de lui un robot rouillé, de ceux qui foutaient la trouille tant ils respiraient l'inhumanité. Il ne parlait plus que pour dire des factualités et les plus terribles horreurs ne semblaient lui faire plus rien du tout. D'apparence, du moins. Il en était venu à se dire que ce n'était qu'un assassinat lent et tortionnaire, le sien, celui qu'on lui avait choisi. Une mort froide et sans larmes. Mais malgré la tournure sombre et tragique qu'avait prit le destin de l'ex-Commissaire, l'homme restait paradoxalement infiniment conscient de bien des choses, dont la plus importante : il était innocent. Il était innocent et il existait toujours ce brin de lumière en lui.

— 15 Sept. 2021. Prison de haute sécurité de Belmarsh, Greenwich. 17h36. —

Une habitude. Son seul meilleur ennemi.

Le Silence.

Un cliquetis de clés et un tambourinement contre la porte blindée de sa cage de vieux lion de cirque. La voix d'un des gardiens retentit à travers celle-ci.

— Pattersen, t'as d'la visite.

De la visite ? C'est nouveau, ça. Pensées cyniques mais pourtant bien justes. Qui pouvait bien vouloir le voir, lui ? Surement pas son ex-femme qui l'avait fui comme la peste, qui n'avait jamais cru en lui. Surement pas sa gamine intenable qui lui envoyait tout juste des lettres quand elle daignait penser à lui. Plus personne n'en avait rien à battre de lui. Alors qui ? Magnus, les lunettes sur le nez et les yeux rivés sur son livre, releva légèrement la tête pour fixer le gardien qui l'invitait à se bouger rapidement d'un simple regard. Il décroisa ses jambes, referma son bouquin qu'il garda en mains puis se releva en soupirant. Il n'eut pas à émettre la moindre protestation que l'autre homme parla pour lui.

— Personne de ta famille à c'que je sache. Bon, soit tu te bouges, soit je la fait dégager mais fais pas ta princesse.

L'ex-Commissaire s'apprêta à répliquer d'un sourire caustique et d'un ou deux mots bien placés mais sa curiosité se fixa sur la fin de sa phrase. Comment ça "la" faire dégager ? Il était encore plus perdu.

Bon après tout, juste un coup d’œil. Ce n'était pas comme s'il avait énormément à faire non plus. Et sa curiosité d'ex-flic avait été piquée. Trop tard.

Arrivé dans le couloir entouré de baies vitrées, il se stoppa au milieu lorsqu'il la vit au loin. Jade Deslauriers. Souvenirs amers d'un passé qui lui revint en pleine gueule. Un seul visage suffisait. Ça aurait été le sien, ou un autre. Le mal était là. Et aujourd'hui c'était son ex-profiler d'exception qui le revêtait sans même le savoir. Il demeura interdit de longues minutes, là sans l'être, à la fixer durement comme il put le faire par le passé lorsqu'il allait leur passer un sermon dans la salle de briefing. Son regard se détacha du sien finalement, comme si de rien était; pour rejoindre la poignée de porte de la salle opposée à la sienne. D'où elle pourrait lui communiquer via le téléphone....... Quoi donc ? Qu'avait-elle de si intéressant à lui raconter, déjà ?

L'hésitation. Le dégout. La colère. Tout passait et se ressassait dans ses yeux chocolats las de toute vie. Il finit par entrer avec une presque nonchalance et prit le temps de s'asseoir élégamment, de retirer ses lunettes de vue et de les déposer avec son livre sur la table. Il la vit prendre en main son téléphone, mais n'en fit pas de même immédiatement, semblant occupé à jauger les intentions de la jeune femme par la simple présence du silence. Quand il s'en saisit finalement, il attendit que le train passe.

Dreamcatcher
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Dim 5 Juin - 23:32
Chap. 1 — And maybe, just once, the hero wants to dance in  the ashes of a world on fire instead of putting  out the flames. Jade410
Jade Deslauriers
J'ai 35 ans ans et je vis à Londres . Dans la vie, je suis profiler et je m'en sors pas trop mal. Sinon, à cause d'une impossible rencontre, je suis célibataire et je le vis ...eh bien, je n'ai pas envie d'en parler.

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Chap. 1 — And maybe, just once, the hero wants to dance in  the ashes of a world on fire instead of putting  out the flames. Prison10

Les jours avaient défilé comme des processions derrière un cercueil : mornes, tristes, pathétiques. Et dans la foulée de l'arrestation du commissaire, les langues s'étaient humectées à qui mieux mieux, chacune émettant des hypothèses et des théories et des souvenirs et des faits et des interprétations et des blablas et tout un tas de trucs et de machins bien pensés de bien pensants. Ça l'agaçait, alors qu'elle semblait détachée de toute cette merde noire, ça lui faisait mal alors qu'elle haussait simplement les épaules quand on lui demandait ce qu'elle en pensait : «  Je suis incapable de l'imaginer en assassin. » Elle n'avait pas envie d'en parler, fin de l'histoire, et ramenait invariablement les discussions en cours sur les dossiers qu'il fallait analyser. Le challenge se résumait à rester concentrer afin de continuer à travailler sur les autres, ceux qui tuaient pour tuer, parce qu'ils aimaient ça.
Mais le présent était abîmé, chaque aujourd'hui défiguré par une affaire inadmissible mais admise par tous : Pattersen n'avait plus été Pattersen mais un suspect, puis un accusé, enfin un condamné. Un enfer tout au bord.

Elle aimait tant Bristol, autrefois, se baladait souvent dans la vieille ville. Une vie pépère de quelqu'un qui bossait, ni plus ni moins. Cerise sur le gâteau, elle était passionnée. Claquemurer à terme des malfrats sans foi ni loi, des sanguinaires, des fous, des obsédés de l'hémoglobine...lui procurait une satisfaction bien au-delà d'une simple profiler. Avant.

Elle avait toujours admiré son intelligence fine, subtile, affûtée. Il analysait vite, efficacement. Ne gueulait pas pour rien, ne gueulait jamais tout court. Rarement, il haussait le ton parce que ça n'avançait pas assez vite, parce qu'un cinglé risquait encore de tuer, parce qu'il fallait à tout prix protéger des gosses, des victimes...

Irréprochable. Elle le voyait ainsi, parfaitement, absolument irréprochable. Ce triple homicide claquait dans sa tête affublé des mots impossible, surréaliste, impensable, inimaginable !...Tout un tas de termes de refus bouillait en elle, jour et nuit ; une marmite sur le feu qui brûlait sans arrêt. Elle n'y croyait pas, subissait la harangue des collègues comme une mauvaise lèpre qui la rongeait, dévastée, révoltée, impuissante. Un couvercle de plomb pesait sur son cœur perforé. Elle ne pouvait rien y faire. Il n'y avait RIEN à faire. Ne subsistaient qu'une perfide soumission face à son absence, des milliers de souvenirs fantomatiques, des maux sans mots qui restaient coincés dans la trachée. « Magnus...Oh Magnus... »

***

Prison de haute sécurité de Belmarsh-Mercredi 15 septembre 2021-

Elle sortit sa carte professionnelle, son passeport, le document d'autorisation de visite, ouvrit son sac et le posa sur le tapis roulant.

-Avancez.

Elle passa le portique sans sourire. Les trois gardes avaient la mine sévère, fermée. Aucun n'exprimait une once de bienveillance. Ici, il n'y avait plus que des numéros d'écrous.

-Signez ici.

Elle traça sa bafouille en face de son nom et de l'horaire précis indiqué puis attendit la suite.

-C'est bon. Allez dans la salle d'attente au bout du couloir sur votre droite et présentez-vous au point d'accueil.

Les murs blancs s'étalaient de part et d'autre, trop propres, trop nets. Nus et froids, elle leur jeta un coup d'œil oppressé. Le sol brillait, pas un bruit ne filtrait hormis ses pas. Des caméras épiaient sans relâche. Ça sentait...la mort de la Liberté. L'antichambre d'une déshumanisation.

Une fois arrivée, elle fut surprise par l'espace de la salle, très haute, circulaire, emplie de bancs.  La lumière du jour n'était diffusée que par des puits d'ouverture sur le toit, inaccessibles. Un comptoir avec deux autres personnes en uniforme se tenait presque au centre. Elle s'avança et présenta de nouveau les documents.

-Bonjour.

Personne ne lui répondit, la femme lui jeta à peine un regard avant de tamponner par deux fois le fameux sésame. L'autre passa un coup de fil pour annoncer son arrivée.

-Vous pouvez aller vous assoir, on vous appellera.

Et d'attendre, encore une fois. Son boulot lui donnait des passe droits évidemment, elle bénéficiait d'un accès réservé interdit au public mais cela n'améliorait pas son état d'esprit. « Je ne devrais pas être ici...IL ne devrait pas être ici... »

Toutes ces heures de labeur et de réunions, de recherches et d'enquêtes, de soupirs et de grincements de dents, de soulagements et d'espoirs, d'échecs et de victoires...pour se retrouver...LÀ ! Ce n'était pas « normal », pas LUI, pas LUI par pitié...

-Madame Deslauriers ? Suivez-moi.


Un premier sas sécurisé. Couloir. Sas. Couloir. Sas. Couloir.

-Attendez devant le parloir 3B, troisième porte.

Le gardien partit et durant quelques instants, elle se retrouva seule au milieu d'un nulle part sordidement mutique. Enfin, un cliquetis brisa l'épais silence.

-Vous avez quinze minutes, annonça une voix off.

Le blindage s'ouvrit sans bruit. En face, une chaise, une vitre coincée entre deux murs gris clair, un téléphone accroché sur un côté. A peine huit mètres carrés de surface. Elle étouffait déjà.

Le claquement de la porte qui se refermait la fit sursauter. Oh Gosh ! Mais qu'est-ce qu'elle foutait là ?! Qu'est-ce qu'elle foutait là ?!!! La gorge serrée, elle déglutit avec peine, s'installa. Tenta sans succès de se remémorer ce qu'elle avait si longuement préparé. Lui dire que...Et puis que...Mais son cerveau était tout à coup bouché, en apnée, verrouillé. Elle paniqua. Regretta son intention. Se sentit merdeuse. Foireuse. Poisseuse.

Et puis il fut là. À quelques pas de l'infranchissable. Séparé par des parois de verre. Tenaillé dans un autre monde. « Magnus... » Accrochée telle un missile à son regard de pierre, tout d'elle se mit à gémir en secret. Ses gestes -trop- mesurés, la mirent mal à l'aise. Il était trop tard.

Précipitée dans le précipice, elle prit le téléphone, silencieuse. Le regarda en grand. Peut-être...Peut-être qu'il allait s'en aller finalement. Mais il finit par saisir le sien.

-...Je...J'ai beaucoup hésité avant de venir, je ne savais pas si vous alliez accepter et je...je vous remercie. Je viens très tard mais je...J'ai contacté  Maître Emilia Lawson, c'est une pénaliste, une tueuse et je suis sûre que... «...Tueuse ? Oh putain ! Pourquoi j'ai dit ça ?!!! Abrutie ! ABRUTIE !!! »...qu'elle va pouvoir ré-ouvrir votre dossier. En tous cas je ferai tout ce que je peux pour ça et je...

Comme c'était difficile ! DIFFICILE !

-...Je n'ai pas les mots mais je tenais à vous dire que...Que je n'ai jamais douté de vous. Je n'y ai jamais cru. Je sais...C'est...c'est pitoyable de vous dire ça mais je ne sais pas...Enfin...Je suis désolée mais c'est nul d'être désolée, ce n'est pas ce que je veux dire... Ce...C'est pire que ça...C'est...


Elle tremblait, engluée de contradictions, d'hésitations, d'émotions ! N'y tenant plus, elle se leva, resta penchée pour pouvoir continuer à parler dans le combiné :

-Vous êtes innocent, je le sais.

Sa voix était soudain devenue...implacable, assurée.

Elle devait partir, immédiatement ! C'était trop douloureux, trop injuste, trop dégueulasse tout ça. Et ce qu'elle percevait de son commissaire tant aimé lui faisait mal, si mal. Ces traînées fraîches sur son visage...

-Au revoir Magnus, à bientôt.

Et tout l'amour qu'elle lui vouait transpira malgré elle dans son regard. Le regard...Cette chose qui paraît-il, est le miroir de l'âme...



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