Jeremiah « Jazzy » Jones.

Un matin de décembre, Jeremiah et Rachel entrèrent dans l’orphelinat de leur banlieue.
Après tant d’année à se battre pour avoir un enfant, des procédures toutes plus longues les unes que les autres, des larmes, des fausses couches, des disputes et des potentielles séparations, ils avaient pris la décision d’adopter. A quarante-cinq ans chacun, c’était la meilleure solution. Rachel était devenue stérile suite à un cancer du col de l’utérus, mais Jeremiah ne laissa pas tomber. Il voulait fonder une famille, et ils y étaient enfin arrivés.
De son regard vert, le petit garçon de deux ans qu’il voyait au loin était l’archétype de Pinocchio. Un vrai petit homme, une tenue très masculine d’un bleu marine lissé.

Rachel souhaitait qu’il prenne le nom de son mari. Et ce petit homme s’appelait donc Jeremiah.

En grandissant, Jeremiah junior se rendit compte de la différence entre les autres enfants et lui. Ses parents étaient ce qu’on appelle des « vieux ». C’était un gosse de vieux, et ces derniers n’avaient plus la patience d’être de bons parents. D’un côté Jeremiah Senior prenait sa retraite d’agriculteur en voyageant avec sa femme le plus possible, de l’autre, Rachel n’avait jamais travaillé de sa vie, ses besoins avaient toujours été comblé par l’argent de son mari. Mais Jeremiah Junior sentait que quelque chose les dérangeaient. Des réactions, des mots, des retours de l’école sur la relation qu’entretenait Jeremiah Junior avec son meilleur ami avaient commencé à détacher les parents de leur enfant adoptif.

Il avait toujours su qu’il était adopté, ses parents ne lui avaient jamais caché. Mais l’adopter, c’était pour eux le moyen de façonner un enfant à leur image. Et c’était raté. Tellement pieux, tellement croyant, ils n’avaient jamais accepté qu’adolescent, Junior avaient embrassé un homme. Son premier baiser.

Depuis ce jour, Jeremiah, qui se faisait appelé Jazzy par ses amis, vivait dans la maison familiale, ses parents s’obligeant au rôle de protection de l’enfant, mais en voyage longue durée pour ne plus à fréquenter le pêcheur qu’était Jazzy. Ce dernier choisit des études de journalisme, tout en travaillant à côté pour payer son école. Il voulait être journaliste sportif, tant il aimait le fitness, le football américain, le baseball et le rugby. Mais s’assumant pleinement homosexuel, ce n’était pas dans ces sports qu’il avait pu s’élever, rejeté à chaque fois par crainte des entraineurs et autres coéquipiers.

A vingt-quatre ans, Jazzy bossait dans un journal local, et ne gagnait pas très bien sa vie. Il aimait son métier, mais écrire l’horoscope tous les jours l’intéressaient peu. Il tentait des avancées auprès de son patron mais ce dernier ne souhaitait pour l’instant qu’aucune évolution ne se fasse auprès de Jazzy.
Mais le jour où il eut besoin de quelqu’un, le jeune homme était disponible. Il était tellement heureux de rendre service et montrer qu’il était dynamique, qu’il se jeta dans la gueule et accepta sans sourciller ni même demander ce qu’il en était.

Le voilà donc parti  pour un pays en guerre, sans se douter de ce qu’il attendrait.